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jeudi, 05 décembre 2013

LA SALLE A MANGER (FRANCIS JAMMES)

Il y a une armoire à peine luisante

Qui a entendu les voix de mes grand'tantes,

Qui a entendu la voix de mon grand'père,

Qui a entendu la voix de mon père.

A ces souvenirs l'armoire est fidèle.

On a tort de croire qu'elle ne sait que se taire,

Car je cause avec elle.

Il y a aussi un coucou en bois

Je ne sais pourquoi, il n'a plus de voix

Je ne veux pas le lui demander.

Peut être bien qu'elle est cassée

La voix qui était dans son ressort,

Tout bonnement comme celle des morts.

Il y a aussi un vieux buffet

Qui sent la cire, la confiture,

La viande, le pain et les poires mûres.

C'est un serviteur fidèle qui sait

Qu'il ne doit rien nous voler.

Il est venu chez moi bien des hommes et des femmes

Qui n'ont pas cru à ces petites âmes.

Et je souris que l'on me pense seul vivant

Quand un visiteur me dit en entrant :

- Comment allez-vous, monsieur Jammes ?

 

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jeudi, 12 septembre 2013

CHANSON DE GRAND-PERE

Dansez, les petites filles,

Toutes en rond.

En vous voyant si gentilles,

Les bois riront.

Dansez, les petites reines,

Toutes en rond.

Les amoureux sous les frênes,

S'embrasseront.

Dansez, les petites folles,

Toutes en rond.

Les bouquins dans les écoles,

Bougonneront.

Dansez, les petites belles,

Toutes en rond.

Les oiseaux avec leurs ailes,

Applaudiront.

Dansez les petites fées,

Toutes en rond.

Dansez, de bleuets coiffées,

L'aurore au front.

Dansez, les petites femmes,

Toutes en rond.

Les messieurs diront aux dames,

Ce qu'ils voudront.

(Victor HUGO)

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samedi, 06 avril 2013

PETITE MORT POUR RIRE (Tristan CORBIERE)

Va vite, léger peigneur de comètes !

Les herbes au vent seront tes cheveux ;

De ton oeil béant jailliront les feux

Follets, prisonniers dans les pauvres têtes...

Les fleurs de tombeau qu'on nomme Amourettes

Foisonneront plein ton rire terreux...

Et les myosotis, ces fleurs d'oubliettes...

Ne fais pas le lourd : cercueils de poètes

Pour les croque-morts sont de simples jeux,

Boites à violon qui sonnent le creux...

Ils te croiront mort - Les bourgeois sont bêtes -

Va vite, léger peigneur de comètes !

 

(Edouard-Joachim Corbière, dit Tristan Corbière, né en Bretagne au manoir de Coat Congar, est le fils d'un homme de lettres, capitaine au long cours et directeur de la chambre de commerce de Morlaix. Comme son père, Edouard voulait naviguer, mais des crises de rhumatismes l'obligent à interrompre ses études à 15 ans. Installé près de Roscoff, il en hante les cabarets. On se moque de sa longue silhouette, de sa laideur. Malgré ses problèmes pulmonaires, il sort en mer par tous les temps. S'étant lié à des peintres en vacances, il suit l'un d'entre eux en Italie et, lors du voyage, qui le déçoit, renconre Armida Joséfina Cuchiani, qu'il rebaptise Marcelle. Elle est déjà la maîtresse d'un hobereau français et devient sa muse avec la complicité de l'amant en titre.

Il suit le couple à Paris, collabore à une revue et fait publier à compte d'auteur son unique recueil poétiques, Les Amours jaunes, qui passe complètement inaperçu (1873).

L'année suivante, on le trouve, un soir de décembre, gisant dans sa chambre en tenue de soirée. Marcelle tente de le soigner avant que la mère du poète ne le fasse revenir à Morlaix, où il s'éteint le 1er mars 1875, l'année de ses 30 ans, en pressant sur sa poitrine une touffe de bruyères en fleur.

Ce n'est que 10 ans après leur parution que Verlaine, touché par le destin et le génie de ce poète maudit, révèlera Les Amours jaunes au public).

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jeudi, 14 février 2013

LA BOUCLE RETROUVEE (Guillaume Apollinaire)

Il retrouve dans sa mémoire

La boucle de cheveux châtains

T'en souvient-il à n'y point croire

De nos deux étranges destins.

Du boulevard de la Chapelle

Du joli Montmartre et d'Auteuil

Je me souviens murmure-t-elle

Du jour où j'ai franchi ton seuil

Il y tomba comme un automne

La boucle de mon souvenir

Et notre destin qui t'étonne

Se joint au jour qui va finir.

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lundi, 04 février 2013

A UN AMI

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Qu'il est doux d'être au monde, et quel bien que la vie !

Tu le disais ce soir par un beau jour d'été.

Tu le disais, ami, dans un site enchanté.

Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.

Nos chevaux, au soleil, foulaient l'herbe fleurie :

Et moi, silencieux, courant à ton côté,

Je laissais au hasard flotter ma rêverie ;

Mais dans le fond du coeur je me suis répété :

- oui, la vie est un bien, la joie est une ivresse ;

Il est doux d'en user sans crainte et sans soucis ;

Il est doux de fêter les dieux de la jeunesse,

De couronner de fleurs son verre et sa maîtresse,

D'avoir vécu trente ans comme Dieu l'a permis,

Et, si jeunes encor, d'être de vieux amis.

(Alfred de MUSSET)

 

samedi, 08 septembre 2012

LA ROMANCE DE LA TARTE AUX POMMES (Pierre GAMARRA - 1919-2009)

Fleur de farine et pommes douces,

Il va neiger,

Je pense aux arbres pleins de mousse

Au vieux berger.

Graisse légère et sucre blanc,

Des étincelles

Sautent du feu rouge et tremblant

Comme des lèvres de demoiselle.

La neige va couvrir ce soir

Les fronts des hommes,

On entend pleurer dans le noir

La tarte aux pommes.

Elle se dore au fond du four

Gonflé d'arômes.

Je pense à l'hiver, au ciel lourd

Et je pense à la tarte aux pommes.

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samedi, 01 septembre 2012

LA PERVENCHE (Alphonse de LAMARTINE (1790 -1869)

Pâle fleur, timide pervenche,

Je sais la place où tu fleuris,

Le gazon où ton front se penche

Pour humecter tes yeux flétris

C'est dans un sentier que se cache

Sous ses deux bords de noisetiers,

Où pleut sur l'ombre qu'elle tache

La neige des blancs églantiers.

L'ombre t'y voile, l'herbe égoutte

Les perles de nos nuits d'été,

Le rayon les boit goutte à goutte

Sur ton calice velouté.

Une source tout près palpite,

Où s'abreuve le merle noir,

Il y chante, et moi j'y médite

Souvent de l'aube jusqu'au soir.

Ô fleur, que tu dirais des choses

A mon amour, si tu retiens

Ce que je dis à lèvres closes

Quand tes yeux me peignent les siens !

PERVENCHE.jpg

 

14:56 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (5)

dimanche, 05 août 2012

SAGESSE (Paul GERALDY)

Ne soyons pas trop exigeants,

Le Bonheur n'est pas accessible

A toutes sortes de gens.

Il faudrait être moins sensible,

Ou bien avoir beaucoup d'argent...

Ne demandons pas l'impossible,

Nous devons nous trouver contents

D'être les êtres que nous sommes :

Des amoureux intermittents

Qui sont fous l'un de l'autre en somme

De temps en temps.

C'est déjà beaucoup d'être deux,

Deux côte à côte sur la Terre,

Qui peuvent souffrir entre eux

Et vivre sant trop se taire.

Et si l'on est plus exigeant,

Si l'on se sent en y songeant

L'âme encor trop célibataire,

C'est qu'on a mauvais caractère...

Ou qu'on est trop intelligent.

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samedi, 02 juin 2012

LA LUNE DES FLEURS (Marceline DESBORDES VALMORE - 1786-1859)

Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !

Je ne sais quel orage a passé sur ces bords.

Des chants de l'espérance il éteint les accords.

Et dans la nuit qui m'environne,

Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !

 

Jette-moi tes présents, lune mystérieuse.

De mon front qui pâlit ranime les couleurs ;

J'ai perdu ma couronne et j'ai trouvé des pleurs ;

Loin de la foule curieuse,

Jette-moi tes présents, lune mystérieuse.

 

Entrouve d'un rayon les noires violettes,

Douces comme les yeux d'un séduisant amour.

Tes humides baisers hâteront leur retour.

Pour cacher mes larmes muettes

Entrouve d'un rayon les noires violettes.

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mardi, 03 avril 2012

Paul Jean TOULET : CHEVAUX DE BOIS

A Pau, les foires Saint Martin,

C'est à la Haute Plante

Des poulains, crinière volante,

Virent dans le crottin.

Là-bas, c'est une autre entreprise

Les chevaux sont en bois,

L'orgue enrhumé comme un hautbois,

Zo' sur un bai cerise.

Le soir tombe. Elle dit : "Merci,

Pour la bonne journée !

Mais j'ai la tête bien tournée..."

Ah, Zo' : la jambe aussi.

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