vendredi, 20 mai 2022
DOUCE PLAGE OU NAQUIT MON AME (Paul-Jean TOULET 1867-1920)
Douce plage où naquit mon âme ;
Et toi, savane en fleurs
Que l'Océan trempe de pleurs
Et le soleil de flamme ;
Douce aux ramiers, douce aux amants,
Toi de qui la ramure
Nous charmait d'ombre et de murmure,
Et de roucoulements ;
Où j'écoute frémir encore
Un aveu tendre et fier -
Tandis qu'au loin riait la mer
Sur le corail sonore.
vendredi, 11 mars 2022
LE PRINTEMPS ET L'AUTOMNE (Pierre Jean de BERANGER - 1780-1857)
Deux saisons règlent toutes choses,
Pour qui sait vivre en s'amusant :
Au printemps nous avons les roses,
A l'automne un jus bienfaisant.
Les jours croissent, le cœur s'éveille ;
On fait le vin quand ils sont courts.
Au printemps, adieu la bouteille !
En automne, adieu les amours !
Mieux il vaudrait unir sans doute
Ces deux penchants faits pour charmer
Mais pour ma santé je redoute
De trop boire et de trop aimer.
Or, la sagesse me conseille
De partager ainsi mes jours :
Au printemps, adieu la bouteille !
En automne, adieu les amours !
Au mois de mai, j'ai vu Rosette,
Et mon cœur a subi ses lois.
Que de caprices la coquette
M'a fait essuyer en six mois !
Pour lui rendre enfin la pareille,
J'appelle octobre à mon secours.
Au printemps, adieu la bouteille !
En automne, adieu les amours !
Je prends, quitte et reprends Adèle,
Sans façons comme sans regrets.
Au revoir, un jour me dit-elle ;
Elle revient longtemps après.
J'étais à chanter sous la treille :
Ah ! dis-je l'année a son cours.
Au printemps, adieu la bouteille !
En automne, adieu les amours !
Mais il est une enchanteresse
Qui change à son gré mes plaisirs.
Du vin elle excite l'ivresse,
Et maîtrise jusqu'aux désirs.
Pour elle ce n'est pas merveille
De troubler l'ordre de mes jours,
Au printemps avec la bouteille,
En automne avec les amours.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Jean_de_B%C3%A9ranger
19:29 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10)
dimanche, 27 février 2022
SOLEIL DE MARS (Jacques PREVERT)
à Cécile Miguel
Orange des orangers
citrons des citronniers
olives des oliviers
ronces des ronceraies
Mystères fastueux et journaliers
La vie est belle
je me tue à vous le dire
dit la fleur
et elle meurt
Sans répondre à la fleur
l’homme traverse le jardin
l’homme traverse la forêt
sans jamais adresser la parole à son chien
Survie verte
La grenade éclate pour la soif
la figue tombe
pour la faim
la fleur de l’artichaut
dans le ciel du matin
jette sa clameur mauve et dédaignée
Seulement pour la couleur
seulement pour la beauté
Secrets intacts
splendeur publique de l’histoire naturelle
Univers de Cécile Miguel
Elle était là présente
dans la lumière ardente
Le paysage s’est jeté sur elle
et lui a dit
qu’elle était amoureuse de lui
C’est vrai que je t’aime
a dit Cécile Miguel
et dans ses toiles
l’eau souterraine des Alpes-Maritimes
murmure qu’elle l’aime aussi.
23:54 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : poésie, poète, poème, culture, auteur, jacques prévert
mardi, 22 février 2022
LE PECHEUR A LA LIGNE (Tristan DEREME)
Vainement un peuple s'indigne
Du temps que perd,
Sous son chapeau doublé de vert,
Le mortel qui pêche à la ligne.
Au soleil ou dans la fraîcheur
Qu'un bois lui verse,
Il rit à l'ombre que traverse
L'éclair d'un bleu martin-pêcheur.
Il rêve, et rêve d'une sole
Ou d'un poisson aérien ;
Mais c'est un sage : il se console
S'il ne prend rien.
A son logis, il rentre, et dîne
D'une sardine
A l'huile. Il a le coeur tremblant,
Car devant la sardine, il songe...
Il voit la dorade et l'éponge,
Et sous ses yeux un requin plonge
Dans cette boîte de fer-blanc.
Il peut être loin de la grève :
Il suffit de faire un beau rêve...
(Philippe HUC, dit Tristan DEREME, ami de Paul-Jean TOULET et de Francis CARCO, est l'auteur de poèmes fantaisistes et brillants dont le désenchantement perce sous l'humour. Il publia également des chroniques mêlées de vers, L'escargot Bleu, l'Onagre Orangé).
20:00 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : poème, poète, poésie, écriture, culture, vers, passe temps, pêche à la ligne
dimanche, 23 janvier 2022
PAUL VALERY (extrait de UNE CHAMBRE CONJECTURALE)
Le livre fermé, ivre de l'ivresse supérieure des imaginations rapides assimilées, je courus à travers la campagne en un torrent de pensées emporté.
Et je ne voyais rien. Ma vie s'opposait à moi et je la regardais hors de moi comme un roman, lu dans mon cerveau.
Si bien que soudain réveillé par un coup de soleil entre des buissons, ou un sifflet de machine - qu'importe - Je vis ! et de suite, s'écrivit le paysage apparu, dans mon esprit.
"La ville", maintenant, brillait au loin - Suite réelle aux imaginaires chapitres déjà parcourus.
17:32 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : livre, auteur, culture, recueil, paul valery, poèmes, poète, poésies
mercredi, 01 décembre 2021
CHANSON GOTHIQUE (Gérard de Nerval)
Belle épousée,
J'aime tes pleurs !
C'est la rosée
Qui sied aux fleurs.
Les belles choses
N'ont qu'un printemps,
Semons de roses
Les pas du Temps !
Soit brune ou blonde
Faut-il choisir ?
Le Dieu du monde,
C'est le Plaisir.
samedi, 23 octobre 2021
Raymond QUENEAU... un petit poème...
Quand les poètes s'ennuient alors il leur ar-
Rive de prendre une plume et d'écrire un po-
Eme on comprend dans ces conditions que ça bar-
Be un peu quelque fois la poésie la po-
Esie.
17:31 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poésie, poème, poète, écriture, texte, vers, culture, raymond queneau
lundi, 11 octobre 2021
UNE PEINTURE D'EUGENE DELACROIX : LE GIAOUR
Giaour : nom que les Turcs donnent aux chrétiens pour désigner les 'infidèles".
C'est en 1824 que Delacroix eut l'envie de représenter sur ses toiles l'un des poèmes de Lord Byron, Le Giaour, extrait d'un conte turc publié en 1813. Ce poème raconte le conflit entre le riche Hassan et le Giaour, un vénitien amoureux d'une des esclaves du harem d'Hassan.
http://musee-delacroix.fr/fr/actualites/expositions/un-du...
17:01 Publié dans Histoire, poésie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : peinture, art, eugène delacroix, tableau, culture, artiste peintre
mardi, 21 septembre 2021
LE RELAIS (Gérard de Nerval - recueil Odelettes 1853)
En voyage, on s'arrête, on descend de voiture ;
Puis entre deux maisons on passe à l'aventure,
Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,
L'oeil fatigué de voir et le corps engourdi.
Et voici tout à coup, silencieuse et verte,
Une vallée humide et de lilas couverte,
Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, —
Et la route et le bruit sont bien vite oubliés !
On se couche dans l'herbe et l'on s'écoute vivre,
De l'odeur du foin vert à loisir on s'enivre,
Et sans penser à rien on regarde les cieux...
Hélas ! une voix crie : « En voiture, messieurs ! »
18:13 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : poète, poésie, poème, culture, auteur livre, gérard de nerval
mercredi, 15 septembre 2021
Jacques PREVERT
Chanson des escargots qui vont à l'enterrement.
12:39 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (14)