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dimanche, 20 novembre 2016

INQUIETUDE (Paul GERALDY)

Enfantine, tu fais bruire

D'un rire clair, aérien,

L'ombre inquiète où je respire

Je n'aime pas t'entendre rire.

Tu ris trop fort. Tu ris trop bien.

Dans la maison lorsque tu sèmes

Tant de santé, tant de clarté,

Tu dois te suffire à toi-même.

Il faut à ma sécurité

Que tu sois plaintive, dolente

Et câline, et que tu te sentes

Toute petite. J'ai besoin

De te savoir faible et fragile.

Je t'aime aussitôt beaucoup moins.

Et je suis beaucoup plus tranquille.

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samedi, 24 septembre 2016

CHANT D'AUTOMNE - Charles BAUDELAIRE

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;

Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !

J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres

Le bois retentissant sur le pavé des cours.

Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,

Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,

Et, comme le soleil dans son enfer polaire,

Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.

J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;

L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.

Mon esprit est pareil à la tour qui succombe

Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

Il me semble, bercé par ce choc monotone,

Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part...

Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne !

Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

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lundi, 22 février 2016

LA FREGATE "LA SERIEUSE" (Alfred de Vigny) - Extrait

Qu'elle était belle, ma Frégate,

Lorsqu'elle voguait dans le vent !

Elle avait, au soleil levant,

Toutes les couleurs de l'agate ;

Ses voiles luisaient le matin

Comme des ballons de satin ;

Sa quille mince, longue et plate,

Portait deux bandes d'écarlate

Sur vingt-quatre canons cachés ;

Ses mâts, en arrière penchés,

Paraissaient à demi-couchés.

Dix fois plus vive qu'un pirate,

En cent jours du Havre à Surate

Elle nous emporta souvent.

- Qu'elle était belle, ma Frégate,

Lorsqu'elle voguait dans le vent !

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samedi, 13 février 2016

SONNET de Louise LABE

Louise LABE est née en 1524 à LYON, et décédée le 25 avril 1566 à PARCIEUX EN DOMBES.

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Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie,

J'ai chaud extrême en endurant froidure ;

La vie m'est et trop molle et trop dure ;

J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,

Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;

Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;

Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;

Et quand je pense avoir plus de douleur,

Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,

Et être au haut de mon désiré heur,

Il me remet en mon premier malheur.

vendredi, 29 janvier 2016

Paul-Jean TOULET (1867-1920) Plage

Douce plage où naquit mon âme ;

Et toi, savane en fleurs

Que l'Océan trempe de pleurs

Et le soleil de flamme ;

Douce aux ramiers, douce aux amants,

Toi de qui la ramure

Nous charmait d'ombre et de murmure,

Et de roucoulements ;

Où j'écoute frémir encore

Un aveu tendre et fier -

Tandis qu'au loin riait la mer

Sur le corail sonore.

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samedi, 14 novembre 2015

THEODORE DE BANVILLE (1823-1891)

Né à Moulins, fils d'aristocrates républicains refusant l'ordre bourgeois, Théodore de Banville affirme très tôt son engouement pour la poésie. Ami de Baudelaire, ses poèmes, salués comme des chefs-d'oeuvre par Hugo et Gautier, en font un chef de file des jeunes poètes, des Parnassiens notamment. Daudet, Mallarmé, Maupassant, Verlaine, Courteline, Coppée fréquentent son salon. Il imite les genres poétiques moyenâgeux, écrit des pièces de théatre en vers...

Mais son étoile pâlit avec l'arrivée, sur le devant de la scène poétique, des symbolistes. Sur la fin de sa vie, la prose l'emporte sur la poésie.

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LE THE

 

Miss Hellen, versez-moi le Thé

Dans la belle tasse chinoise,

Où des poissons d'or cherchent noise

Au monstre rose épouvanté.

J'aime la folle cruauté

Des chimères qu'on apprivoise :

Miss Hellen, versez-moi le Thé

Dans la belle tasse chinoise.

Là sous un ciel rouge irrité,

Une dame fière et sournoise

Montre en ses longs yeux de turquoise

L'extase et la naïveté

Miss Hellen, versez-moi le Thé.

lundi, 11 mai 2015

Paul-Jean TOULET (1867-1920) : IRIS, A SON BRILLANT MOUCHOIR

Iris, à son brillant mouchoir,

De sept feux illumine

La molle averse qui chemine

Harmonieuse à choir.

 

Ah, sur les roses de l'été,

Sois la mouvante robe,

Molle averse, qui me dérobe

Leur aride beauté.

 

Et vous, dont le rire joyeux

M'a caché tant d'alarmes,

Puisé-je voir enfin des larmes

Monter jusqu'à vos yeux.

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samedi, 26 juillet 2014

QUE DEVIENNENT LES POETES après leur mort ?

Photo prise au Cimetière marin de SETE.

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jeudi, 01 mai 2014

SOIRS (Henry BATAILLE -1872-1922)

D'origine nimoise, fils de magistrat, il fait les Beaux-Arts de Paris et commence à peindre. Après son 1er recueil poétique, La Chambre Blanche en 1895, il se tourne vers la poésie et le théâtre. L'oeuvre de BATAILLE, nostalgique, se veut une critique virulente des moeurs et de la morale figés des classes élevées de la France de l'avant-guerre.

Il y a de grands soirs où les villages meurent

Après que les pigeons sont rentrés se coucher.

Ils meurent, doucement, avec le bruit de l'heure

Et le cri bleu des hirondelles au clocher...

Alors, pour les veiller, des lumières s'allument,

Vieilles petites lumières de bonnes soeurs,

Et des lanternes passent, là-bas dans la brume...

Au loin le chemin gris chemine avec douceur...

Les fleurs dans les jardins se sont pelotonnées,

Pour écouter mourir leur village d'antan,

Car elles savent que c'est là qu'elles sont nées...

Puis les lumières s'éteignent, cependant

Que les vieux murs habituels ont rendu l'âme

Tout doux, tout bonnement, comme de vieilles femmes.

Bataille_Henri-001.jpg

lundi, 07 avril 2014

HEURES SEREINES (Charles CROS)

J'ai pénétré bien des mystères

Dont les humains sont ébahis ;

Grimoires de tous les pays

Etres et lois élémentaires.

Les mots morts, les nombres austères

Laissaient mes espoirs engourdis ;

L'amour m'ouvrit ses paradis

Et l'étreinte de ses panthères.

Le pouvoir magique à mes mains

Se dérobe encore. Aux jasmins

Les chardons ont mêlé leurs haines.

Je n'en pleure pas ; car le Beau

Que je rêve, avant le tombeau,

M'aura fait des heures sereines.

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