jeudi, 14 février 2013
LA BOUCLE RETROUVEE (Guillaume Apollinaire)
Il retrouve dans sa mémoire
La boucle de cheveux châtains
T'en souvient-il à n'y point croire
De nos deux étranges destins.
Du boulevard de la Chapelle
Du joli Montmartre et d'Auteuil
Je me souviens murmure-t-elle
Du jour où j'ai franchi ton seuil
Il y tomba comme un automne
La boucle de mon souvenir
Et notre destin qui t'étonne
Se joint au jour qui va finir.
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lundi, 04 février 2013
A UN AMI
Qu'il est doux d'être au monde, et quel bien que la vie !
Tu le disais ce soir par un beau jour d'été.
Tu le disais, ami, dans un site enchanté.
Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.
Nos chevaux, au soleil, foulaient l'herbe fleurie :
Et moi, silencieux, courant à ton côté,
Je laissais au hasard flotter ma rêverie ;
Mais dans le fond du coeur je me suis répété :
- oui, la vie est un bien, la joie est une ivresse ;
Il est doux d'en user sans crainte et sans soucis ;
Il est doux de fêter les dieux de la jeunesse,
De couronner de fleurs son verre et sa maîtresse,
D'avoir vécu trente ans comme Dieu l'a permis,
Et, si jeunes encor, d'être de vieux amis.
(Alfred de MUSSET)
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samedi, 08 septembre 2012
LA ROMANCE DE LA TARTE AUX POMMES (Pierre GAMARRA - 1919-2009)
Fleur de farine et pommes douces,
Il va neiger,
Je pense aux arbres pleins de mousse
Au vieux berger.
Graisse légère et sucre blanc,
Des étincelles
Sautent du feu rouge et tremblant
Comme des lèvres de demoiselle.
La neige va couvrir ce soir
Les fronts des hommes,
On entend pleurer dans le noir
La tarte aux pommes.
Elle se dore au fond du four
Gonflé d'arômes.
Je pense à l'hiver, au ciel lourd
Et je pense à la tarte aux pommes.
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samedi, 01 septembre 2012
LA PERVENCHE (Alphonse de LAMARTINE (1790 -1869)
Pâle fleur, timide pervenche,
Je sais la place où tu fleuris,
Le gazon où ton front se penche
Pour humecter tes yeux flétris
C'est dans un sentier que se cache
Sous ses deux bords de noisetiers,
Où pleut sur l'ombre qu'elle tache
La neige des blancs églantiers.
L'ombre t'y voile, l'herbe égoutte
Les perles de nos nuits d'été,
Le rayon les boit goutte à goutte
Sur ton calice velouté.
Une source tout près palpite,
Où s'abreuve le merle noir,
Il y chante, et moi j'y médite
Souvent de l'aube jusqu'au soir.
Ô fleur, que tu dirais des choses
A mon amour, si tu retiens
Ce que je dis à lèvres closes
Quand tes yeux me peignent les siens !
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dimanche, 05 août 2012
SAGESSE (Paul GERALDY)
Ne soyons pas trop exigeants,
Le Bonheur n'est pas accessible
A toutes sortes de gens.
Il faudrait être moins sensible,
Ou bien avoir beaucoup d'argent...
Ne demandons pas l'impossible,
Nous devons nous trouver contents
D'être les êtres que nous sommes :
Des amoureux intermittents
Qui sont fous l'un de l'autre en somme
De temps en temps.
C'est déjà beaucoup d'être deux,
Deux côte à côte sur la Terre,
Qui peuvent souffrir entre eux
Et vivre sant trop se taire.
Et si l'on est plus exigeant,
Si l'on se sent en y songeant
L'âme encor trop célibataire,
C'est qu'on a mauvais caractère...
Ou qu'on est trop intelligent.
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samedi, 02 juin 2012
LA LUNE DES FLEURS (Marceline DESBORDES VALMORE - 1786-1859)
Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !
Je ne sais quel orage a passé sur ces bords.
Des chants de l'espérance il éteint les accords.
Et dans la nuit qui m'environne,
Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !
Jette-moi tes présents, lune mystérieuse.
De mon front qui pâlit ranime les couleurs ;
J'ai perdu ma couronne et j'ai trouvé des pleurs ;
Loin de la foule curieuse,
Jette-moi tes présents, lune mystérieuse.
Entrouve d'un rayon les noires violettes,
Douces comme les yeux d'un séduisant amour.
Tes humides baisers hâteront leur retour.
Pour cacher mes larmes muettes
Entrouve d'un rayon les noires violettes.
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mardi, 03 avril 2012
Paul Jean TOULET : CHEVAUX DE BOIS
A Pau, les foires Saint Martin,
C'est à la Haute Plante
Des poulains, crinière volante,
Virent dans le crottin.
Là-bas, c'est une autre entreprise
Les chevaux sont en bois,
L'orgue enrhumé comme un hautbois,
Zo' sur un bai cerise.
Le soir tombe. Elle dit : "Merci,
Pour la bonne journée !
Mais j'ai la tête bien tournée..."
Ah, Zo' : la jambe aussi.
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samedi, 17 mars 2012
MA MERE (THEODORE DE BANVILLE - 1823-1891)
Bien que né à Moulins, Théodore de Banville se veut poète parisien.
Venu dans la capitale à l'âge de 7 ans, ce fils d'aristocrates républicains, refusant l'ordre bourgeois, cette "apothéose de l'épicerie", affirme très tôt son engouement pour la poésie.
Ami de Baudelaire, ses poèmes, salués comme des chefs-d'oeuvre par Hugo et Gautier, en font un chef de file des jeunes poètes, des Parnassiens notamment. Daudet, Mallarmé, Maupassant, Verlaine, Courteline, Coppée fréquentent son salon.
Il imite les genres poétiques moyenâgeux, écrit des pièces de théâtre en vers... Mais son étoile pâlit avec l'arrivée, sur le devant de la scène poétique, des symbolistes.
Sur la fin de sa vie, la prose l'emporte sur la poésie.
Le maître a été dépassé par ses disciples mais n'en éprouve aucune amertume.
A MA MERE
Lorsque ma soeur et moi, dans les forêts profondes,
Nous avions déchiré nos pieds sur les cailloux,
En nous baisant au front tu nous appelais fous,
Après avoir maudit nos courses vagabondes.
Puis, comme un vent d'été confond les fraîches ondes
De deux petits ruisseaux sur un lit calme et doux,
Lorsque tu nous tenais tous deux sur tes genoux,
Tu mêlais en riant nos chevelures blondes.
Et pendant bien longtemps nous restions là blottis,
Heureux, et tu disais parfois : O chers petits !
Un jour vous serez grands, et moi je serai vieille !
Les jours se sont enfuis, d'un vol mystérieux,
Mais toujours la jeunesse éclatante et vermeille
Fleurit dans ton sourire et brille dans tes yeux.
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samedi, 18 février 2012
DUALISME (Paul GERALDY)
Chérie, explique-moi pourquoi
Tu dis "MON piano, MES roses",
et : "TES livres, TON chien"... pourquoi
Je t'entends déclarer parfois :
"c'est avec MON argent à MOI
Que je veux acheter ces choses."
Ce qui m'appartient t'appartient.
Pourquoi ces mots qui nous opposent :
le tien, le mien, le mien, le tien ?
Si tu m'aimais tout à fait bien,
Tu dirais : "LES livres, LE chien"
Et : "NOS roses".
(En photo : pigeons dans une rue de Montpellier)
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mardi, 08 novembre 2011
PAR UN MAUVAIS TEMPS (Alfred de Musset)
Elle a mis, depuis que je l'aime
(Bien longtemps, peut être toujours),
Bien des robes, jamais la même ;
Palmire a dû compter les jours.
Mais, quand vous êtes revenue,
Votre bras léger sous le mien,
Il faisait, dans cette avenue,
Un froid de loup, un temps de chien.
Vous m'aimiez un peu, mon bel ange.
Et, tandis que vous bavardiez,
Dans cette pluie et cette fange
Se mouillaient vos chers petits pieds.
Songeait-elle, ta jambe fine,
Quand tu parlais de nos amours,
Qu'elle allait porter sous l'hermine
Le satin, l'or et le velours ?
Si jamais mon coeur désavoue
Ce qu'il sentit en ce moment,
Puisse à mon front sauter la boue
Où tu marchais si bravement !
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