Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 06 mars 2024

L'HIVER DES ALPES (Marc-Antoine Girard de Saint-Amant)

Ces atomes de feu, qui sur la neige brillent,
Ces étincelles d'or, d'azur et de cristal
Dont l'hiver, au soleil, d'un lustre oriental,
Pare ses cheveux blancs que les vents éparpillent ;

Ce beau coton du ciel de quoi les monts s'habillent,
Ce pavé transparent fait du second métal ; 
Et cet air net et sain, propre à l'esprit vital,
Sont si doux à mes yeux que d'aise ils en pétillent.

Cette saison me plaît, j'en aime la froideur ;
Sa robe d'innocence et de pure candeur
Couvre en quelque façon les crimes de la terre.

Aussi l'Olympien la voit d'un front humain,
Sa colère l'épargne, et jamais le tonnerre
Pour désoler ses jours ne partit de sa main.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc-Antoine_Girard_de_Sain...

poésie,poète,poème,culture,auteur,de saint-amant

 

vendredi, 12 janvier 2024

SONNET (Alfred de Musset)

Que j’aime le premier frisson d’hiver ! le chaume,
Sous le pied du chasseur, refusant de ployer !
Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume,
Au fond du vieux château s’éveille le foyer ;

C’est le temps de la ville. — Oh ! lorsque, l’an dernier,
J’y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme,
Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume
(J’entends encore au vent les postillons crier),

Que j’aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine
Sous ses mille falots assise en souveraine !
J’allais revoir l’hiver. — Et toi, ma vie, et toi,

Oh ! dans tes longs regards j’allais tremper mon âme ;
Je saluais tes murs. — Car, qui m’eût dit, madame,
Que votre cœur sitôt avait changé pour moi ?

poésie,poète,poème,hiver,château,chaume,culture,alfred de musset

 

Août 1829.

mardi, 12 décembre 2023

LA COUSINE (Gérard de Nerval)

L'hiver a ses plaisirs ; et souvent, le dimanche,
Quand un peu de soleil jaunit la terre blanche,
Avec une cousine on sort se promener...
- Et ne vous faites pas attendre pour dîner,

Dit la mère. Et quand on a bien, aux Tuileries,
Vu sous les arbres noirs les toilettes fleuries,
La jeune fille a froid... et vous fait observer
Que le brouillard du soir commence à se lever.

Et l'on revient, parlant du beau jour qu'on regrette,
Qui s'est passé si vite... et de flamme discrète :
Et l'on sent en rentrant, avec grand appétit,
Du bas de l'escalier, - le dindon qui rôtit.

poésie,poème,poète,écriture,vers,culture,famille

dimanche, 12 novembre 2023

LA ROMANCE DE LA TARTE AUX POMMES (Pierre GAMARRA)

Fleur de farine et pommes douces,
il va neiger,
je pense aux arbres pleins de mousse
au vieux berger.
Graisse légère et sucre blanc,
des étincelles
sautent du feu rouge et tremblant
comme des lèvres de demoiselle.
La neige va couvrir ce soir
les fronts des hommes,
on entend pleurer dans le noir
la tarte aux pommes.
Elle se dore au fond du four
gonflé d’arômes.
Je pense à l’hiver, au ciel lourd
et je pense à la tarte aux pommes.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Gamarra

poésie,poème,poète,culture,vers,cuisine,pâtisserie,tarte,pommes

vendredi, 06 octobre 2023

LE BRAVE, BRAVE AUTOMNE ! (Jules Laforgue)

Quand reviendra l'automne,
Cette saison si triste,
Je vais m' la passer bonne,
Au point de vue artiste.

Car le vent, je l' connais,
Il est de mes amis !
Depuis que je suis né
Il fait que j'en gémis...

Et je connais la neige,
Autant que ma chair même,
Son froment me protège
Contre les chairs que j'aime...

Et comme je comprends
Que l'automnal soleil
Ne m'a l'air si souffrant
Qu'à titre de conseil !...

Puis rien ne saurait faire
Que mon spleen ne chemine
Sous les spleens insulaires
Des petites pluies fines....

Ah ! l'automne est à moi,
Et moi je suis à lui,
Comme tout à " pourquoi ?"
Et ce monde à " et puis ? "

Quand reviendra l'automne,
Cette saison si triste,
Je vais m' la passer bonne
Au point de vue artiste.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Laforgue

poésie,poème,poète,culture,jules laforgue,poésie française

lundi, 07 août 2023

MA GRAND-MERE (Pierre-Jean de Béranger - 1780-1857)

Ma grand-mère, un soir à sa fête,
De vin pur ayant bu deux doigts,
Nous disait en branlant la tête :
Que d'amoureux j'eus autrefois !
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !

Quoi ! maman vous n'étiez pas sage !
— Non , vraiment ; et de mes appas
Seule à quinze ans j'appris l'usage,
Car la nuit je ne dormais pas.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !

Maman, vous aviez le cœur tendre ?
— Oui, si tendre, qu'à dix-sept ans
Lindor ne se fit pas attendre,
Et qu'il n'attendit pas longtemps.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !

Maman, Lindor savait donc plaire ?
— Oui, seul il me plut quatre mois ;
Mais bientôt j'estimais Valère,
Et fis deux heureux à la fois.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !

Quoi ! maman ! deux amants ensemble !
— Oui, mais chacun d'eux me trompa.
Plus fine alors qu'il ne vous semble,
J'épousais votre grand-papa.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !

Maman, que lui dit la famille ?
— Rien ; mais un mari plus sensé
Eût pu connaître à la coquille
Que l'œuf était déjà cassé.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !

Maman, lui fûtes-vous fidèle ?
— Oh ! sur cela je me tais bien.
A moins qu'à lui Dieu ne m'appelle
Mon confesseur n'en saura rien.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !

Bien tard, maman vous fûtes veuve
— Oui ; mais, grâce à ma gaîté,
Si l'église n'était plus neuve,
Le saint n'en fut pas moins fêté.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !

Comme vous, maman, faut il faire ?
— Hé, mes petits enfants, pourquoi,
Quand j'ai fait comme ma grand-mère,
Ne feriez-vous pas comme moi ?
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Jean_de_B%C3%A9ranger

 

poésie,poème,poète,auteur,culture,vers,grand mère

mercredi, 17 mai 2023

MAI

Qu'il est doux, dit la vieille ballade, d'errer parmi les bocages verts, dans les beaux jours de l'aimable mois de mai, quand les oiseaux voltigeant de branche en branche vous y invitent par leur sauvage mélodie (Sir W. SCOTT, Harold l'indomptable).

Le mois de mai siégeait couronné de fleurs, fardant les campagnes de couleurs variées, habillant de fête les jeunes filles et chantant les amours, faisant poindre l'épi des moissons qu'ont semées les laboureurs (J. L. SEGURA, Poème d'Alexandre).

mai,printemps,saison,nature,poésie

mai,printemps,saison,nature,poésie

 

lundi, 03 avril 2023

AU FEU ET A L'EAU ! (Jacques PREVERT)

Ils ont crié A l’eau
comme Au feu ou Au fou
 
L’eau gagnant du terrain,
sous son oreiller d’herbes
le cachait dans son lit
tout comme un chien un os
le planque dans son trou
Ils ont crié A l’eau
comme Au voleur on crie
 
C’est alors qu’arrivèrent
les Grands Bouilleurs de Crue
 
Descendant de voiture ils incendièrent la ville
 
et l’eau à toute vapeur disparut dans le ciel
 
Et la voiture s’en fut avec comme à une bouée
 
un noyé accroché à sa roue de secours
 
et dans sa malle arrière un coffre plein d’argent
 
tout l’argent de la ville
 
sans aucun survivant.
 
poésie,poème,poète,culture,écriture,eau,feu

jeudi, 16 mars 2023

LES OUBLIETTES (Maurice ROLLINAT : 1846-1903)

Poète, Maurice ROLLINAT est né en 1846 à Châteauroux. Monté à Paris pour devenir chansonnier au Cabaret du Chat Noir, il est inclassable ; ami de George Sand, berrichon comme elle, il puise son inspiration dans le terroir mais aussi dans une hypocondrie qui l'apparente à Baudelaire. Son inspiration macabre, LES NEVROSES, Ce que dit la vie et ce que dit la mort, ira en s'accentuant. Atteint de troubles nerveux, il se retire à la campagne vers 1885 et y meurt en 1903.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Rollinat

poésie,poète,poème,culture,artiste,écriture

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans les oubliettes de l'âme

Nous jetons le meilleur de nous

Qui languit lentement dissous

Par une moisissure infâme.

Pour le vice qui nous enflamme

Et pour le gain qui nous rend fous,

Dans les oubliettes de l'âme

Nous jetons le meilleur de nous.

Comme personne ne nous blâme,

Parfois, nous nous croyons absous,

Mais un cri nous vient d'en dessous :

C'est la conscience qui clame

Dans les oubliettes de l'âme.

jeudi, 09 février 2023

LA PERVENCHE (Alphonse de Lamartine :1790-1869)

Pâle fleur, timide pervenche,

Je sais la place où tu fleuris,
Le gazon où ton front se penche
Pour humecter tes yeux flétris.

C'est dans un sentier qui se cache
Sous ses deux bords de noisetiers,
Où pleut sur l'ombre qu'elle tache
La neige des fleurs d'églantiers.

L'ombre t'y voile, l'herbe égoutte
Les perles de nos nuits d'été,
Le rayon les boit goutte à goutte
Sur ton calice velouté.

Une source tout près palpite,
Où s'abreuve le merle noir,
Il y chante, et moi j'y médite
Souvent de l'aube jusqu'au soir.

Ô fleur, que tu dirais de choses
À mon amour, si tu retiens
Ce que je dis à lèvres closes
Quand tes yeux me peignent les siens !

poésie,poème,poète,écriture,vers,19ème siècle,lamartine