mercredi, 06 novembre 2024
PATER NOSTER de Jacques PREVERT
Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec son petit canal de l'Ourcq
Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai
Avec son Océan Pacifique
Et ses deux bassins aux Tuilleries
Avec ses bons enfants et ses mauvais sujets
Avec toutes les merveilles du monde
Qui sont là
Simplement sur la terre
Offertes à tout le monde
Éparpillées
Émerveillées elles-mêmes d'être de telles merveilles
Et qui n'osent se l'avouer
Comme une jolie fille nue qui n'ose se montrer
Avec les épouvantables malheurs du monde
Qui sont légion
Avec leurs légionnaires
Avec leur tortionnaires
Avec les maîtres de ce monde
Les maîtres avec leurs prêtres leurs traîtres et leurs reîtres
Avec les saisons
Avec les années
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l'acier des canons.
11:38 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : posésie, poète, pooème, religion, jacques prévert, culture
jeudi, 17 octobre 2024
LES SOUVENIRS (Henry Bataille - 1872-1922)
Les souvenirs, ce sont des chambres sans serrures,
Des chambres vides où l’on n’ose plus entrer,
Parce que de vieux parents jadis y moururent.
On vit dans la maison où sont ces chambres closes.
On sait qu’elles sont là comme à leur habitude,
Et c’est la chambre bleu, et c’est la chambre rose…
La maison se remplit ainsi de solitude,
Et l’on y continue à vivre en souriant…
J’accueille quand il veut le souvenir qui passe,
Je lui dis : « Mets-toi là… Je reviendrai te voir… »
Je sais toute ma vie qu’il est bien à sa place,
Mais j’oublie de revenir le voir,
Ils sont ainsi beaucoup dans la vieille demeure.
Ils se sont résignés à ce qu’on les oublie,
Et si je ne viens pas ce soir ni tout à l’heure.
Ne demandez pas à mon coeur plus qu’à la vie…
Je sais qu’ils dorment là, derrière les cloisons,
Je n’ai plus le besoin d’aller les reconnaître ;
De la route je vois leurs petites fenêtres,
Et ce sera jusqu’à ce que nous en mourions.
Pourtant je sens parfois, aux ombres quotidiennes,
Je ne sais quelle angoisse froide, quel frisson,
Et ne comprenant pas d’où ces douleurs proviennent,
Je passe… Or, chaque fois, c’est un deuil qui se fait
Un trouble est en secret venu nous avertir
Qu’un souvenir est mort ou qu’il s’en est allé…
On ne distingue pas très bien quel souvenir,
Parce qu’on est vieux, on ne se souvient guère…
Pourtant, je sens en moi se fermer des paupières.
16:33 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : poète, poème, poésie, henry bataille, culture, souvenirs
dimanche, 21 juillet 2024
SOIRS (Henry Bataille (1872-1922)
Il y a de grands soirs où les villages meurent
Après que les pigeons sont rentrés se coucher.
Ils meurent, doucement, avec le bruit de l'heure
Et le cri bleu des hirondelles au clocher...
Alors, pour les veiller, des lumières s'allument,
Vieilles petites lumières de bonnes soeurs,
Et des lanternes passent, là-bas dans la brume...
Au loin le chemin gris chemine avec douceur...
Les fleurs dans les jardins se sont pelotonnées,
Pour écouter mourir leur village d'antan,
Car elles savent que c'est là qu'elles sont nées...
Puis les lumières s'éteignent, cependant
Que les vieux murs habituels ont rendu l'âme,
Tout doux, tout bonnement, comme de vieilles femmes.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_Bataille
jeudi, 27 juin 2024
MINETTE (texte que j'ai écrit il y a 9 ans)
Pirouette
De Minette
Avec la chaussette
En face à face
Ou dans l'espace
Elle ne tient plus en place
La chaussette
De Minette
Se sent toute bête
Inerte sur le parquet
Ou catapultée.
11:40 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : poème, poésie, poète, chat, minette, chaussette
samedi, 15 juin 2024
LUNE ORANGE
On dit quelquefois : "qui se ressemble s'assemble".
J'ai écrit ce poème en pensant à ces couples magiques, bien soudés.
Ne me demandez pas de l'oublier
Sa peau et la mienne sont soeurs
Elles s'attirent, se connaissent par coeur
Nos regards ne peuvent le nier
Tous deux enfants de la lune
Nos pages se tournent une à une
Un jour nous rejoindrons la poussière
D'une lune orange et claire.
16:36 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : poésie, poème, poète, vers, couple, amour
mercredi, 06 mars 2024
L'HIVER DES ALPES (Marc-Antoine Girard de Saint-Amant)
Ces atomes de feu, qui sur la neige brillent,
Ces étincelles d'or, d'azur et de cristal
Dont l'hiver, au soleil, d'un lustre oriental,
Pare ses cheveux blancs que les vents éparpillent ;
Ce beau coton du ciel de quoi les monts s'habillent,
Ce pavé transparent fait du second métal ;
Et cet air net et sain, propre à l'esprit vital,
Sont si doux à mes yeux que d'aise ils en pétillent.
Cette saison me plaît, j'en aime la froideur ;
Sa robe d'innocence et de pure candeur
Couvre en quelque façon les crimes de la terre.
Aussi l'Olympien la voit d'un front humain,
Sa colère l'épargne, et jamais le tonnerre
Pour désoler ses jours ne partit de sa main.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc-Antoine_Girard_de_Sain...
07:07 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : poésie, poète, poème, culture, auteur, de saint-amant
vendredi, 12 janvier 2024
SONNET (Alfred de Musset)
Que j’aime le premier frisson d’hiver ! le chaume,
Sous le pied du chasseur, refusant de ployer !
Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume,
Au fond du vieux château s’éveille le foyer ;
C’est le temps de la ville. — Oh ! lorsque, l’an dernier,
J’y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme,
Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume
(J’entends encore au vent les postillons crier),
Que j’aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine
Sous ses mille falots assise en souveraine !
J’allais revoir l’hiver. — Et toi, ma vie, et toi,
Oh ! dans tes longs regards j’allais tremper mon âme ;
Je saluais tes murs. — Car, qui m’eût dit, madame,
Que votre cœur sitôt avait changé pour moi ?
14:41 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : poésie, poète, poème, hiver, château, chaume, culture, alfred de musset
mardi, 12 décembre 2023
LA COUSINE (Gérard de Nerval)
L'hiver a ses plaisirs ; et souvent, le dimanche,
Quand un peu de soleil jaunit la terre blanche,
Avec une cousine on sort se promener...
- Et ne vous faites pas attendre pour dîner,
Dit la mère. Et quand on a bien, aux Tuileries,
Vu sous les arbres noirs les toilettes fleuries,
La jeune fille a froid... et vous fait observer
Que le brouillard du soir commence à se lever.
Et l'on revient, parlant du beau jour qu'on regrette,
Qui s'est passé si vite... et de flamme discrète :
Et l'on sent en rentrant, avec grand appétit,
Du bas de l'escalier, - le dindon qui rôtit.
15:15 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : poésie, poème, poète, écriture, vers, culture, famille
dimanche, 12 novembre 2023
LA ROMANCE DE LA TARTE AUX POMMES (Pierre GAMARRA)
Fleur de farine et pommes douces,
il va neiger,
je pense aux arbres pleins de mousse
au vieux berger.
Graisse légère et sucre blanc,
des étincelles
sautent du feu rouge et tremblant
comme des lèvres de demoiselle.
La neige va couvrir ce soir
les fronts des hommes,
on entend pleurer dans le noir
la tarte aux pommes.
Elle se dore au fond du four
gonflé d’arômes.
Je pense à l’hiver, au ciel lourd
et je pense à la tarte aux pommes.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Gamarra
15:59 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : poésie, poème, poète, culture, vers, cuisine, pâtisserie, tarte, pommes
mercredi, 11 octobre 2023
LA BEAUTE
La beauté est dans le jardin
Dans le geste de l'enfant
Dans le regard enfantin
Dans la caresse du vent
Sur un grand tapis de fleurs
Dans les vagues qui se meurent.
16:16 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : poésie, poème, poète, chanson, culture, écriture, beauté