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lundi, 17 mars 2025

DANS LA RUE (François COPPEE)

À JULES BONNASSIES

Les deux petites sont en deuil,
Et la plus grande — c’est la mère —
A conduit l’autre jusqu’au seuil
Qui mène à l’école primaire.

Elle inspecte, dans le panier,
Les tartines de confiture,
Et jette un coup d’œil au dernier
Devoir du cahier d’écriture.


Puis comme c’est un matin froid
Où l’eau gèle dans la rigole,
Et comme il faut que l’enfant soit
En état d’entrer à l’école,

Écartant le vieux châle noir
Dont la petite s’emmitouffle,
L’aînée alors tire un mouchoir,
Lui prend le nez et lui dit : — Souffle.

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jeudi, 20 février 2025

LA VOIX (Robert DESNOS)

Une voix, une voix qui vient de si loin
Qu'elle ne fait plus tinter les oreilles,
Une voix, comme un tambour, voilée,
Parvient pourtant, distinctement, jusqu'à nous.


Bien qu'elle semble sortir d'un tombeau
Elle ne parle que d'été et de printemps.
Elle emplit le corps de joie,
Elle allume aux lèvres le sourire.


Je l'écoute. Ce n'est qu'une voix humaine
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,
L'écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.


Et vous ? Ne l'entendez-vous pas ?
Elle dit "La peine sera de courte durée"
Elle dit "La belle saison est proche."


Ne l'entendez-vous pas ?  

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lundi, 17 février 2025

QUELQUES CHATS DES VOISINS

Chats des voisins

Ce matin

Dans mon jardin.

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mardi, 04 février 2025

Pierre REVERDY "C'est aujourd'hui que je vous aime"

La vie est simple et gaie
Le soleil clair tinte avec un bruit doux
Le son des cloches s'est calmé
Ce matin la lumière traverse tout
Ma tête est une lampe rallumée
Et la chambre où j'habite est enfin éclairée


Un seul rayon suffit
Un seul éclat de rire
Ma joie qui secoue la maison
Retient ceux qui voudraient mourir
Par les notes de sa chanson


Je chante faux
Ah que c'est drôle
Ma bouche ouverte à tous les vents
Lance partout des notes folles
Qui sortent je ne sais comment
Pour voler vers d'autres oreilles


Entendez je ne suis pas fou
Je ris au bas de l'escalier
Devant la grande porte ouverte
Dans le soleil éparpillé
Au mur parmi la vigne verte
Et mes bras sont tendus vers vous


C'est aujourd'hui que je vous aime


Pierre REVERDY 

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samedi, 07 décembre 2024

LE BONHEUR EST PARTOUT

Une table en bois blanc,

Une pomme et un couteau ;

À travers le carreau,

Un grand champ de froment.

 

Tu te tournes à droite,

Le bonheur est à droite ;

Tu te tournes à gauche,

Le bonheur est à gauche.

 

Inutile, je crois,

De demander pourquoi.

Pas plus que toi, l'horloge

Que le temps interroge

N'élève ici la voix.

(Maurice Carême)

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mercredi, 06 novembre 2024

PATER NOSTER de Jacques PREVERT

Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie

Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec son petit canal de l'Ourcq

Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai
Avec son Océan Pacifique

Et ses deux bassins aux Tuilleries
Avec ses bons enfants et ses mauvais sujets
Avec toutes les merveilles du monde
Qui sont là

Simplement sur la terre
Offertes à tout le monde
Éparpillées
Émerveillées elles-mêmes d'être de telles merveilles

Et qui n'osent se l'avouer
Comme une jolie fille nue qui n'ose se montrer
Avec les épouvantables malheurs du monde
Qui sont légion

Avec leurs légionnaires
Avec leur tortionnaires
Avec les maîtres de ce monde
Les maîtres avec leurs prêtres leurs traîtres et leurs reîtres

Avec les saisons
Avec les années
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l'acier des canons.

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jeudi, 17 octobre 2024

LES SOUVENIRS (Henry Bataille - 1872-1922)

Les souvenirs, ce sont des chambres sans serrures,
Des chambres vides où l’on n’ose plus entrer,
Parce que de vieux parents jadis y moururent.
On vit dans la maison où sont ces chambres closes.
On sait qu’elles sont là comme à leur habitude,
Et c’est la chambre bleu, et c’est la chambre rose…
La maison se remplit ainsi de solitude,
Et l’on y continue à vivre en souriant…
J’accueille quand il veut le souvenir qui passe,
Je lui dis : « Mets-toi là… Je reviendrai te voir… »
Je sais toute ma vie qu’il est bien à sa place,
Mais j’oublie de revenir le voir,
Ils sont ainsi beaucoup dans la vieille demeure.
Ils se sont résignés à ce qu’on les oublie,
Et si je ne viens pas ce soir ni tout à l’heure.
Ne demandez pas à mon coeur plus qu’à la vie…
Je sais qu’ils dorment là, derrière les cloisons,
Je n’ai plus le besoin d’aller les reconnaître ;
De la route je vois leurs petites fenêtres,
Et ce sera jusqu’à ce que nous en mourions.
Pourtant je sens parfois, aux ombres quotidiennes,
Je ne sais quelle angoisse froide, quel frisson,
Et ne comprenant pas d’où ces douleurs proviennent,
Je passe…             Or, chaque fois, c’est un deuil qui se fait
Un trouble est en secret venu nous avertir
Qu’un souvenir est mort ou qu’il s’en est allé…
On ne distingue pas très bien quel souvenir,
Parce qu’on est vieux, on ne se souvient guère…
Pourtant, je sens en moi se fermer des paupières.

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dimanche, 21 juillet 2024

SOIRS (Henry Bataille (1872-1922)

Il y a de grands soirs où les villages meurent
Après que les pigeons sont rentrés se coucher.
Ils meurent, doucement, avec le bruit de l'heure
Et le cri bleu des hirondelles au clocher...
Alors, pour les veiller, des lumières s'allument,
Vieilles petites lumières de bonnes soeurs,
Et des lanternes passent, là-bas dans la brume...
Au loin le chemin gris chemine avec douceur...
Les fleurs dans les jardins se sont pelotonnées,
Pour écouter mourir leur village d'antan,
Car elles savent que c'est là qu'elles sont nées...
Puis les lumières s'éteignent, cependant
Que les vieux murs habituels ont rendu l'âme,
Tout doux, tout bonnement, comme de vieilles femmes.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_Bataille

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jeudi, 27 juin 2024

MINETTE (texte que j'ai écrit il y a 9 ans)

Pirouette

De Minette

Avec la chaussette

En face à face

Ou dans l'espace

Elle ne tient plus en place

La chaussette

De Minette

Se sent toute bête

Inerte sur le parquet

Ou catapultée.

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samedi, 15 juin 2024

LUNE ORANGE

On dit quelquefois : "qui se ressemble s'assemble".

J'ai écrit ce poème en pensant à ces couples magiques, bien soudés.

Ne me demandez pas de l'oublier

Sa peau et la mienne sont soeurs

Elles s'attirent, se connaissent par coeur

Nos regards ne peuvent le nier

Tous deux enfants de la lune

Nos pages se tournent une à une

Un jour nous rejoindrons la poussière

D'une lune orange et claire.

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