mardi, 21 septembre 2021
LE RELAIS (Gérard de Nerval - recueil Odelettes 1853)
En voyage, on s'arrête, on descend de voiture ;
Puis entre deux maisons on passe à l'aventure,
Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,
L'oeil fatigué de voir et le corps engourdi.
Et voici tout à coup, silencieuse et verte,
Une vallée humide et de lilas couverte,
Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, —
Et la route et le bruit sont bien vite oubliés !
On se couche dans l'herbe et l'on s'écoute vivre,
De l'odeur du foin vert à loisir on s'enivre,
Et sans penser à rien on regarde les cieux...
Hélas ! une voix crie : « En voiture, messieurs ! »
18:13 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : poète, poésie, poème, culture, auteur livre, gérard de nerval
vendredi, 23 juillet 2021
LES BEAUX VOYAGES
Ah les beaux reportages
Où l'on voyage
Devant son écran !
On passe du bon temps
Hier en Albanie
Puis en Mauritanie
Je mange en Bohème
Je dors au Yémen
Je pèche la sardine
Je marche aux Philippines
Je visite l'Autriche
Monte dans une péniche
Je ne suis pas riche
Mais je m'en fiche.
10:44 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : poésie, poète, poème, écriture, culture, voyages, pays, vacances
jeudi, 17 juin 2021
QUELQUES VERS (EXTRAITS)
Voici que vient l'été la saison violente
Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps
O Soleil c'est le temps de la Raison ardente.
Guillaume APOLLINAIRE
Ses cheveux sont d'or on dirait
Un bel éclair qui durerait
Ou ces flammes qui se pavanent
Dans les roses-thé qui se fanent.
Guillaume APOLLINAIRE.
Anne qui se mélange au drap pâle et délaisse
Des cheveux endormis sur ses yeux mal ouverts
Mire ses bras lointains tournés avec mollesse
Sur la peau sans couleur du ventre découvert.
Paul VALERY.
On a baptisé les étoiles sans penser
Qu'elles n'avaient pas besoin de nom et les nombres
Qui prouvent que les belles comètes dans l'ombre
Passeront, ne les forceront pas à passer.
Francis JAMMES.
Que veut-il, que veut-il, ce coeur ? malgré la cendre
Du temps, malgré les maux,
Pense-t-il reverdir, comme tige tendre
Se couvre de rameaux ?
Jean MOREAS
14:31 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : poésie, poème, poète, culture, vers, apollinaire
jeudi, 27 mai 2021
COMPLAINTE DE LA LUNE EN PROVINCE (Jules LAFORGUE)
Ah ! la belle pleine Lune,
Grosse comme une fortune !
La retraite sonne au loin,
Un passant, monsieur l’adjoint ;
Un clavecin joue en face,
Un chat traverse la place :
La province qui s’endort !
Plaquant un dernier accord,
Le piano clôt sa fenêtre.
Quelle heure peut-il bien être ?
Calme Lune, quel exil !
Faut-il dire : ainsi soit-il ?
Lune, ô dilettante Lune,
À tous les climats commune,
Tu vis hier le Missouri,
Et les remparts de Paris,
Les fiords bleus de la Norvège,
Les pôles, les mers, que sais-je ?
Lune heureuse ! ainsi tu vois,
À cette heure, le convoi
De son voyage de noce !
Ils sont partis pour l’Écosse.
Quel panneau, si, cet hiver,
Elle eût pris au mot mes vers !
Lune, vagabonde Lune,
Faisons cause et mœurs communes ?
Ô riches nuits ! je me meurs,
La province dans le cœur !
Et la lune a, bonne vieille,
Du coton dans les oreilles.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Laforgue
mercredi, 12 mai 2021
LE COUCHER DU SOLEIL ROMANTIQUE (Charles BAUDELAIRE)
Que le soleil est beau quand tout frais il se lève,
Comme une explosion nous lançant son bonjour !
- Bienheureux celui-là qui peut avec amour
Saluer son coucher plus glorieux qu'un rêve !
Je me souviens !... J'ai vu tout, fleur, source, sillon,
Se pâmer sous son oeil comme un coeur qui palpite...
- Courons vers l'horizon, il est tard, courons vite,
Pour attraper au moins un oblique rayon !
(photo personnelle, en Auvergne)
11:33 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : poèmes, poésie, poète, soleil, vers, romantisme, romantique, culture, écriture
vendredi, 30 avril 2021
LEVER DE LUNE (Paul VALERY) extrait de UNE CHAMBRE CONJECTURALE
Dans un ciel couleur de violette claire, des nuages d'un rose crémeux et plumeux et gonflés et pleins de majesté.
Soudain derrière l'un d'eux apparaît un morceau de cuivre pâle et léger, qui flotte. Il se démasque et s'arrondit et c'est la Cymbale de la Lune.
Des oiseaux volent autour...
(En photos : le recueil d'où est tiré ce poème, et la tombe de Paul Valéry à SETE, photos personnelles).
15:14 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : paul valery, poèmes, poète, poésie, culture, écriture, recueil
mardi, 20 avril 2021
Fernando PESSOA
Suis ta destinée,
Arrose les plantes,
Aime les roses.
Le reste est l’ombre
D’arbres étrangers.
La réalité
Est toujours plus ou moins
Que ce que nous voulons.
Nous seuls sommes toujours
Égaux à nous-mêmes.
Vivre seul est doux,
Vivre simplement,
Toujours, est noble et grand,
Sur les autels, en ex-voto
Pour les dieux, laisse la douleur.
Regarde la vie de loin.
Ne l’interroge jamais.
Elle ne peut rien
Te dire. La réponse
Est au-delà des dieux.
Mais sereinement
Imite l’Olympe
Au fond de ton coeur.
Les dieux sont dieux
Parce qu’ils ne se pensent pas.
6 juillet 1935
Je ne pense à rien,
et cette chose centrale, qui n’est rien,
m’est agréable comme l’air de la nuit,
frais en contraste avec le jour caniculaire.
Je ne pense à rien, et que c’est bon !
Ne penser à rien,
c’est avoir une âme à soi et intégrale.
Ne penser à rien,
c’est vivre intimement
le flux et le reflux de la vie…
Je ne pense à rien.
C’est comme si je m’étais appuyé
dans une fausse posture.
Un mal aux reins, ou d’un côté des reins,
mon âme a la bouche amère :
c’est que, tout bien compté,
je ne pense à rien,
mais vraiment à rien,
à rien…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fernando_Pessoa
08:07 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : poésie, poète, poème, culture, vers, écriture, lisbonne, fernando pessoa
vendredi, 09 avril 2021
CHANCE (Paul GERALDY)
Et pourtant, nous pouvions ne jamais nous connaître !
Mon amour, imaginez-vous
tout ce que le Sort dut permettre
pour qu’on soit là, qu’on s’aime et pour que ce soit nous ?
Tu dis : << Nous étions nés l'un pour l'autre. >> Mais pense
à ce qu’il dut falloir de chances, de concours,
de causes, de coïncidences,
pour réaliser ça, simplement, notre amour !
Songe qu’avant d’unir nos têtes vagabondes
nous avons vécu seuls, séparés, égarés,
et que c’est long, le temps, et que c’est grand, le monde,
et que nous aurions pu ne pas nous rencontrer.
As-tu jamais pensé, ma jolie aventure,
aux dangers que courut notre pauvre bonheur
quand l’un vers l’autre, au fond de l’infinie nature,
mystérieusement gravitaient nos deux coeurs ?
Sais-tu que cette course était bien incertaine
qui vers un soir nous conduisait,
et qu’un caprice, une migraine
pouvaient nous écarter l’un de l’autre à jamais ?
Je ne t’ai jamais dit cette chose inouïe :
lorsque je t’aperçus pour la première fois,
je ne vis pas d’abord que tu étais jolie.
Je pris à peine garde à toi.
Ton amie m’occupait bien plus, avec son rire.
C’est tard, très tard, que nos regards se sont croisés.
Songe, nous aurions pu ne pas savoir y lire,
et toi ne pas comprendre, et moi ne pas oser.
Où serions-nous ce soir si, ce soir-là, ta mère
t’avait reprise un peu plus tôt ?
Et si tu n’avais pas rougi, sous les lumières,
quand je voulus t’aider à remettre ton manteau ?
Car, souviens-toi, ce furent là toutes les causes.
Un retard, un empêchement,
et rien n’aurait été du cher enivrement,
de l’exquise métamorphose !
Notre amour aurait pu ne jamais advenir !
Tu pourrais aujourd’hui n’être pas dans ma vie !…
Mon petit coeur, mon coeur, ma petite chérie,
je pense à cette maladie
dont vous avez failli mourir…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_G%C3%A9raldy
14:20 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : poésie, poème, poète, culture, écriture, auteur, paul géraldy, vers, amour, couple, amoureux, coeurs
vendredi, 02 avril 2021
FILS DE LA VIE
La vie se tricote
Et se détricote
Le bonheur se défile
Les soucis s'enfilent
Ils te piquent ton coeur
Tu dessines des fleurs
Au fil de tes toiles
Sur des échantillons
Des croix en médaillon
Gondolent les motifs
De tes soucis chétifs.
(Un de mes poèmes écrit le 24 août 2013 illustré par un de mes dessins)
12:17 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : poésie, poème, poète, vie, tricot, fleurs, toiles médaillons, vers, rimes
vendredi, 26 mars 2021
QUARTIER LIBRE (Paroles Jacques Prévert)
J'ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête
Alors
on ne salue plus
a demandé le commandant
Non
on ne salue plus
a répondu l'oiseau
Ah bon
excusez moi je croyais qu'on saluait
a dit le commandant
Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper
a dit l'oiseau.
12:10 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : poésie, poème, poète, culture, prévert, paroles