jeudi, 14 juillet 2022
LE FOU (ALOYSIUS BERTRAND)
La lune peignait ses cheveux avec un démêloir d'ébène
qui argentait d'une pluie de vers luisants les collines,
les prés et les bois.
Scarbo, gnome dont les trésors foisonnent, vannait sur
mon toit, au cri de la girouette, ducats et florins qui
sautaient en cadence, les pièces fausses jonchant la rue.
Comme ricana le fou qui vague, chaque nuit, par la cité
déserte, un oeil à la lune et l'autre - crevé !
- " Foin de la lune ! grommela-t-il, ramassant les jetons
du diable, j'achèterai le pilori pour m'y chauffer au
soleil ! "
Mais c'était toujours la lune, la lune qui se couchait. -
Et Scarbo monnoyait sourdement dans ma cave ducats et
florins à coups de balancier.
Tandis que, les deux cornes en avant, un limaçon qu'avait
égaré la nuit, cherchait sa route sur mes vitraux lumineux.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Aloysius_Bertrand
14:00 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poésie, poème, poète, culture, lune, fou, folie cité déserte
mercredi, 09 mars 2022
FAIRE UN TROU DANS LA LUNE
C'est manquer à ses engagements, faire faillite. Jusqu'au règne de Charles IX, le terme des contrats et des paiements était ordinairement fixé à la lune qui précède et détermine la fête de Pâques, avec laquelle commençait l'année. C'est pourquoi les débiteurs qui ne payaient pas à l'échéance de la pleine lune, ou qui déclinaient cette échéance par une banqueroute, étaient supposés faire une brèche à la lune.
14:53 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : citation, expression, culture, lune, charles ix, histoire
jeudi, 27 mai 2021
COMPLAINTE DE LA LUNE EN PROVINCE (Jules LAFORGUE)
Ah ! la belle pleine Lune,
Grosse comme une fortune !
La retraite sonne au loin,
Un passant, monsieur l’adjoint ;
Un clavecin joue en face,
Un chat traverse la place :
La province qui s’endort !
Plaquant un dernier accord,
Le piano clôt sa fenêtre.
Quelle heure peut-il bien être ?
Calme Lune, quel exil !
Faut-il dire : ainsi soit-il ?
Lune, ô dilettante Lune,
À tous les climats commune,
Tu vis hier le Missouri,
Et les remparts de Paris,
Les fiords bleus de la Norvège,
Les pôles, les mers, que sais-je ?
Lune heureuse ! ainsi tu vois,
À cette heure, le convoi
De son voyage de noce !
Ils sont partis pour l’Écosse.
Quel panneau, si, cet hiver,
Elle eût pris au mot mes vers !
Lune, vagabonde Lune,
Faisons cause et mœurs communes ?
Ô riches nuits ! je me meurs,
La province dans le cœur !
Et la lune a, bonne vieille,
Du coton dans les oreilles.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Laforgue
samedi, 20 juillet 2019
DANS LE SILENCE D'UN ETE
Dans le silence
D'un été
Devenu rouge
Comme un fruit
Bien mûr
La lune
Et la mer
S'attirent
Dans le silence
Les enfants
Lisent
Quand d'autres
Jouent et crient
S'évaporent
Les soucis
Egoïstement.
14:18 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : été, saison, vacances, lecture, enfants, mer, lune