mardi, 22 février 2022
LE PECHEUR A LA LIGNE (Tristan DEREME)
Vainement un peuple s'indigne
Du temps que perd,
Sous son chapeau doublé de vert,
Le mortel qui pêche à la ligne.
Au soleil ou dans la fraîcheur
Qu'un bois lui verse,
Il rit à l'ombre que traverse
L'éclair d'un bleu martin-pêcheur.
Il rêve, et rêve d'une sole
Ou d'un poisson aérien ;
Mais c'est un sage : il se console
S'il ne prend rien.
A son logis, il rentre, et dîne
D'une sardine
A l'huile. Il a le coeur tremblant,
Car devant la sardine, il songe...
Il voit la dorade et l'éponge,
Et sous ses yeux un requin plonge
Dans cette boîte de fer-blanc.
Il peut être loin de la grève :
Il suffit de faire un beau rêve...
(Philippe HUC, dit Tristan DEREME, ami de Paul-Jean TOULET et de Francis CARCO, est l'auteur de poèmes fantaisistes et brillants dont le désenchantement perce sous l'humour. Il publia également des chroniques mêlées de vers, L'escargot Bleu, l'Onagre Orangé).
20:00 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : poème, poète, poésie, écriture, culture, vers, passe temps, pêche à la ligne
dimanche, 23 janvier 2022
PAUL VALERY (extrait de UNE CHAMBRE CONJECTURALE)
Le livre fermé, ivre de l'ivresse supérieure des imaginations rapides assimilées, je courus à travers la campagne en un torrent de pensées emporté.
Et je ne voyais rien. Ma vie s'opposait à moi et je la regardais hors de moi comme un roman, lu dans mon cerveau.
Si bien que soudain réveillé par un coup de soleil entre des buissons, ou un sifflet de machine - qu'importe - Je vis ! et de suite, s'écrivit le paysage apparu, dans mon esprit.
"La ville", maintenant, brillait au loin - Suite réelle aux imaginaires chapitres déjà parcourus.
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mercredi, 01 décembre 2021
CHANSON GOTHIQUE (Gérard de Nerval)
Belle épousée,
J'aime tes pleurs !
C'est la rosée
Qui sied aux fleurs.
Les belles choses
N'ont qu'un printemps,
Semons de roses
Les pas du Temps !
Soit brune ou blonde
Faut-il choisir ?
Le Dieu du monde,
C'est le Plaisir.
samedi, 23 octobre 2021
Raymond QUENEAU... un petit poème...
Quand les poètes s'ennuient alors il leur ar-
Rive de prendre une plume et d'écrire un po-
Eme on comprend dans ces conditions que ça bar-
Be un peu quelque fois la poésie la po-
Esie.
17:31 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poésie, poème, poète, écriture, texte, vers, culture, raymond queneau
lundi, 11 octobre 2021
UNE PEINTURE D'EUGENE DELACROIX : LE GIAOUR
Giaour : nom que les Turcs donnent aux chrétiens pour désigner les 'infidèles".
C'est en 1824 que Delacroix eut l'envie de représenter sur ses toiles l'un des poèmes de Lord Byron, Le Giaour, extrait d'un conte turc publié en 1813. Ce poème raconte le conflit entre le riche Hassan et le Giaour, un vénitien amoureux d'une des esclaves du harem d'Hassan.
http://musee-delacroix.fr/fr/actualites/expositions/un-du...
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mardi, 21 septembre 2021
LE RELAIS (Gérard de Nerval - recueil Odelettes 1853)
En voyage, on s'arrête, on descend de voiture ;
Puis entre deux maisons on passe à l'aventure,
Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,
L'oeil fatigué de voir et le corps engourdi.
Et voici tout à coup, silencieuse et verte,
Une vallée humide et de lilas couverte,
Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, —
Et la route et le bruit sont bien vite oubliés !
On se couche dans l'herbe et l'on s'écoute vivre,
De l'odeur du foin vert à loisir on s'enivre,
Et sans penser à rien on regarde les cieux...
Hélas ! une voix crie : « En voiture, messieurs ! »
18:13 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : poète, poésie, poème, culture, auteur livre, gérard de nerval
mercredi, 15 septembre 2021
Jacques PREVERT
Chanson des escargots qui vont à l'enterrement.
12:39 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (14)
jeudi, 17 juin 2021
QUELQUES VERS (EXTRAITS)
Voici que vient l'été la saison violente
Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps
O Soleil c'est le temps de la Raison ardente.
Guillaume APOLLINAIRE
Ses cheveux sont d'or on dirait
Un bel éclair qui durerait
Ou ces flammes qui se pavanent
Dans les roses-thé qui se fanent.
Guillaume APOLLINAIRE.
Anne qui se mélange au drap pâle et délaisse
Des cheveux endormis sur ses yeux mal ouverts
Mire ses bras lointains tournés avec mollesse
Sur la peau sans couleur du ventre découvert.
Paul VALERY.
On a baptisé les étoiles sans penser
Qu'elles n'avaient pas besoin de nom et les nombres
Qui prouvent que les belles comètes dans l'ombre
Passeront, ne les forceront pas à passer.
Francis JAMMES.
Que veut-il, que veut-il, ce coeur ? malgré la cendre
Du temps, malgré les maux,
Pense-t-il reverdir, comme tige tendre
Se couvre de rameaux ?
Jean MOREAS
14:31 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : poésie, poème, poète, culture, vers, apollinaire
jeudi, 27 mai 2021
COMPLAINTE DE LA LUNE EN PROVINCE (Jules LAFORGUE)
Ah ! la belle pleine Lune,
Grosse comme une fortune !
La retraite sonne au loin,
Un passant, monsieur l’adjoint ;
Un clavecin joue en face,
Un chat traverse la place :
La province qui s’endort !
Plaquant un dernier accord,
Le piano clôt sa fenêtre.
Quelle heure peut-il bien être ?
Calme Lune, quel exil !
Faut-il dire : ainsi soit-il ?
Lune, ô dilettante Lune,
À tous les climats commune,
Tu vis hier le Missouri,
Et les remparts de Paris,
Les fiords bleus de la Norvège,
Les pôles, les mers, que sais-je ?
Lune heureuse ! ainsi tu vois,
À cette heure, le convoi
De son voyage de noce !
Ils sont partis pour l’Écosse.
Quel panneau, si, cet hiver,
Elle eût pris au mot mes vers !
Lune, vagabonde Lune,
Faisons cause et mœurs communes ?
Ô riches nuits ! je me meurs,
La province dans le cœur !
Et la lune a, bonne vieille,
Du coton dans les oreilles.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Laforgue
mercredi, 12 mai 2021
LE COUCHER DU SOLEIL ROMANTIQUE (Charles BAUDELAIRE)
Que le soleil est beau quand tout frais il se lève,
Comme une explosion nous lançant son bonjour !
- Bienheureux celui-là qui peut avec amour
Saluer son coucher plus glorieux qu'un rêve !
Je me souviens !... J'ai vu tout, fleur, source, sillon,
Se pâmer sous son oeil comme un coeur qui palpite...
- Courons vers l'horizon, il est tard, courons vite,
Pour attraper au moins un oblique rayon !
(photo personnelle, en Auvergne)
11:33 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : poèmes, poésie, poète, soleil, vers, romantisme, romantique, culture, écriture