lundi, 22 février 2016
LA FREGATE "LA SERIEUSE" (Alfred de Vigny) - Extrait
Qu'elle était belle, ma Frégate,
Lorsqu'elle voguait dans le vent !
Elle avait, au soleil levant,
Toutes les couleurs de l'agate ;
Ses voiles luisaient le matin
Comme des ballons de satin ;
Sa quille mince, longue et plate,
Portait deux bandes d'écarlate
Sur vingt-quatre canons cachés ;
Ses mâts, en arrière penchés,
Paraissaient à demi-couchés.
Dix fois plus vive qu'un pirate,
En cent jours du Havre à Surate
Elle nous emporta souvent.
- Qu'elle était belle, ma Frégate,
Lorsqu'elle voguait dans le vent !
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samedi, 13 février 2016
SONNET de Louise LABE
Louise LABE est née en 1524 à LYON, et décédée le 25 avril 1566 à PARCIEUX EN DOMBES.

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie,
J'ai chaud extrême en endurant froidure ;
La vie m'est et trop molle et trop dure ;
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
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vendredi, 29 janvier 2016
Paul-Jean TOULET (1867-1920) Plage
Douce plage où naquit mon âme ;
Et toi, savane en fleurs
Que l'Océan trempe de pleurs
Et le soleil de flamme ;
Douce aux ramiers, douce aux amants,
Toi de qui la ramure
Nous charmait d'ombre et de murmure,
Et de roucoulements ;
Où j'écoute frémir encore
Un aveu tendre et fier -
Tandis qu'au loin riait la mer
Sur le corail sonore.
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samedi, 14 novembre 2015
THEODORE DE BANVILLE (1823-1891)
Né à Moulins, fils d'aristocrates républicains refusant l'ordre bourgeois, Théodore de Banville affirme très tôt son engouement pour la poésie. Ami de Baudelaire, ses poèmes, salués comme des chefs-d'oeuvre par Hugo et Gautier, en font un chef de file des jeunes poètes, des Parnassiens notamment. Daudet, Mallarmé, Maupassant, Verlaine, Courteline, Coppée fréquentent son salon. Il imite les genres poétiques moyenâgeux, écrit des pièces de théatre en vers...
Mais son étoile pâlit avec l'arrivée, sur le devant de la scène poétique, des symbolistes. Sur la fin de sa vie, la prose l'emporte sur la poésie.

LE THE
Miss Hellen, versez-moi le Thé
Dans la belle tasse chinoise,
Où des poissons d'or cherchent noise
Au monstre rose épouvanté.
J'aime la folle cruauté
Des chimères qu'on apprivoise :
Miss Hellen, versez-moi le Thé
Dans la belle tasse chinoise.
Là sous un ciel rouge irrité,
Une dame fière et sournoise
Montre en ses longs yeux de turquoise
L'extase et la naïveté
Miss Hellen, versez-moi le Thé.
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lundi, 11 mai 2015
Paul-Jean TOULET (1867-1920) : IRIS, A SON BRILLANT MOUCHOIR
Iris, à son brillant mouchoir,
De sept feux illumine
La molle averse qui chemine
Harmonieuse à choir.
Ah, sur les roses de l'été,
Sois la mouvante robe,
Molle averse, qui me dérobe
Leur aride beauté.
Et vous, dont le rire joyeux
M'a caché tant d'alarmes,
Puisé-je voir enfin des larmes
Monter jusqu'à vos yeux.



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samedi, 26 juillet 2014
QUE DEVIENNENT LES POETES après leur mort ?
Photo prise au Cimetière marin de SETE.
jeudi, 01 mai 2014
SOIRS (Henry BATAILLE -1872-1922)
D'origine nimoise, fils de magistrat, il fait les Beaux-Arts de Paris et commence à peindre. Après son 1er recueil poétique, La Chambre Blanche en 1895, il se tourne vers la poésie et le théâtre. L'oeuvre de BATAILLE, nostalgique, se veut une critique virulente des moeurs et de la morale figés des classes élevées de la France de l'avant-guerre.
Il y a de grands soirs où les villages meurent
Après que les pigeons sont rentrés se coucher.
Ils meurent, doucement, avec le bruit de l'heure
Et le cri bleu des hirondelles au clocher...
Alors, pour les veiller, des lumières s'allument,
Vieilles petites lumières de bonnes soeurs,
Et des lanternes passent, là-bas dans la brume...
Au loin le chemin gris chemine avec douceur...
Les fleurs dans les jardins se sont pelotonnées,
Pour écouter mourir leur village d'antan,
Car elles savent que c'est là qu'elles sont nées...
Puis les lumières s'éteignent, cependant
Que les vieux murs habituels ont rendu l'âme
Tout doux, tout bonnement, comme de vieilles femmes.

22:00 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : poésie, poète, poème, auteur, culture, société, livre, littérature
lundi, 07 avril 2014
HEURES SEREINES (Charles CROS)
J'ai pénétré bien des mystères
Dont les humains sont ébahis ;
Grimoires de tous les pays
Etres et lois élémentaires.
Les mots morts, les nombres austères
Laissaient mes espoirs engourdis ;
L'amour m'ouvrit ses paradis
Et l'étreinte de ses panthères.
Le pouvoir magique à mes mains
Se dérobe encore. Aux jasmins
Les chardons ont mêlé leurs haines.
Je n'en pleure pas ; car le Beau
Que je rêve, avant le tombeau,
M'aura fait des heures sereines.

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jeudi, 05 décembre 2013
LA SALLE A MANGER (FRANCIS JAMMES)
Il y a une armoire à peine luisante
Qui a entendu les voix de mes grand'tantes,
Qui a entendu la voix de mon grand'père,
Qui a entendu la voix de mon père.
A ces souvenirs l'armoire est fidèle.
On a tort de croire qu'elle ne sait que se taire,
Car je cause avec elle.
Il y a aussi un coucou en bois
Je ne sais pourquoi, il n'a plus de voix
Je ne veux pas le lui demander.
Peut être bien qu'elle est cassée
La voix qui était dans son ressort,
Tout bonnement comme celle des morts.
Il y a aussi un vieux buffet
Qui sent la cire, la confiture,
La viande, le pain et les poires mûres.
C'est un serviteur fidèle qui sait
Qu'il ne doit rien nous voler.
Il est venu chez moi bien des hommes et des femmes
Qui n'ont pas cru à ces petites âmes.
Et je souris que l'on me pense seul vivant
Quand un visiteur me dit en entrant :
- Comment allez-vous, monsieur Jammes ?
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jeudi, 12 septembre 2013
CHANSON DE GRAND-PERE
Dansez, les petites filles,
Toutes en rond.
En vous voyant si gentilles,
Les bois riront.
Dansez, les petites reines,
Toutes en rond.
Les amoureux sous les frênes,
S'embrasseront.
Dansez, les petites folles,
Toutes en rond.
Les bouquins dans les écoles,
Bougonneront.
Dansez, les petites belles,
Toutes en rond.
Les oiseaux avec leurs ailes,
Applaudiront.
Dansez les petites fées,
Toutes en rond.
Dansez, de bleuets coiffées,
L'aurore au front.
Dansez, les petites femmes,
Toutes en rond.
Les messieurs diront aux dames,
Ce qu'ils voudront.
(Victor HUGO)

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