jeudi, 04 septembre 2008
EBAUCHE D'UN SERPENT (P. VALERY)
Soleil, soleil ! Faute éclatante !
Toi qui masques la mort, Soleil,
Sous l'azur et l'or d'une tente
Où les fleurs tiennent leur conseil ;
Par d'impénétrables délices,
Toi, le plus fier de mes complices,
Et de mes pièges le plus haut
Tu gardes les coeurs de connaître
Que l'univers n'est qu'un défaut
Dans la pureté du Non-être !
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samedi, 23 août 2008
DANS LE CIEL VERT
Dans le ciel vert le jour va naître,
Il fait très doux ;
L'aube blanchit votre fenêtre,
Eveillez-vous.
Voyez : la ligne des collines
Est d'or, là-bas,
Ecoutez au fond des glycines
Et des lilas,
Ecoutez au profond des treilles
Et des roseaux,
Ecoutez toutes les abeilles,
Tous les oiseaux.
La vie est là qui vous appelle,
Voyez : tout luit.
La vie est là, la vie est belle,
Souriez-lui
(Emile DESPAX La maison des glycines -1881-1915)
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jeudi, 07 août 2008
LES COMPLAINTES de Jules LAFORGUE L'Imitation de Notre Dame La lune - Pierrots (1860-1887)
Il me faut vos yeux ! Dès que je perds leur étoile,
Le mal des calmes plats s'engouffre dans ma voile,
Le frisson du Vae Soli ! gargouille en mes moelles...
Vous auriez dû me voir après cette querelle !
J'errais dans l'agitation la plus cruelle,
Criant aux murs : Mon dieu ! mon dieu ! que dira-t-elle ?
Mais aussi, vrai, vous me blessâtes aux antennes
De l'âme, avec les mensonges de votre traîne.
Et votre tas de complications mondaines.
Je voyais que vos yeux me lançaient sur des pistes ;
Je songeais : oui, divins, ces yeux ! mais rien n'existe
Derrière ! Son âme est affaire d'oculiste.
Moi, je suis laminé d'esthétiques loyales !
Je hais les trémolos, les phrases nationales ;
Bref, le violet gros deuil est ma couleur locale.
Je ne suis point "ce gaillard-là !" ni le Superbe !
Mais mon âme, qu'un cri un peu cru exacerbe,
Est au fond distinguée et franche comme une herbe.
J'ai des nerfs encor sensibles au son des cloches,
Et je vais en plein air sans peur et sans reproche,
Sans jamais me sourire en un miroir de poche,
C'est vrai, j'ai bien roulé ! j'ai râlé dans des gites
Peu vous ; mais n'en ai-je pas plus de mérite
A en avoir sauvé la foi en vos yeux ? Dites ...
- Allons, faisons la paix, venez, que je vous berce,
Enfant, Eh, bien ?
- C'est que, votre pardon me verse
Un mélange (confus) d'impressions diverses ...
14:08 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : poésie, poèmes, écriture, littérature, culture
mercredi, 06 août 2008
LE REGNE DU SILENCE
Douceur du soir ! Douceur de la chambre sans lampe !
Le crépuscule est doux comme une bonne mort
Et l'ombre lentement qui s'insinue et rampe
Se déroule en pensée au plafond. Tout s'endort.
(Georges RODENBACH - 1855 - 1898)
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lundi, 14 juillet 2008
SAISIR
Saisir, saisir le soir, la pomme et la statue,
Saisir l'ombre et le mur et le bout de la rue.
Saisir le pied, le cou de la femme couchée
Et puis ouvrir les mains. Combien d'oiseaux lachés
Combien d'oiseaux perdus qui deviennent la rue,
L'ombre, le mur, le soir, la pomme et la statue !
(Jules SUPERVIELLE)
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mercredi, 09 juillet 2008
FLEUR
Vous avez dit, tel soir, des paroles si belles
Que sans doute les fleurs qui se penchaient vers vous,
Soudain nous ont aimés et que l'une d'entre elles,
Pour nous toucher tous deux, tomba sur nos genoux.
(E. VERHAEREN, Heures d'après midi)
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jeudi, 12 juin 2008
SI TU VEUX NOUS NOUS AIMERONS
Si tu veux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire
Cette rose ne l'interromps
Qu'à verser un silence pire
Jamais de chants ne lancent prompts
Le scintillement du sourire
Si tu veux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire
Muet muet entre les ronds
Sylphe dans la pourpre d'empire
Un baiser flambant se déchire
Jusqu'aux pointes des ailerons
Si tu veux nous nous aimerons
(Stéphane MALLARME - 1842 - 1898 - )
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vendredi, 09 mai 2008
EXTRAIT de LE SOLEIL LEVANT (Marc-Antoine de SAINT AMANT)
L'abeille, pour boire des pleurs,
Sort de sa ruche aimée,
Et va sucer l'âme des fleurs
Dont la plaine est semée ;
Puis de cet aliment du ciel
Elle fait la cire et le miel.
Le gentil papillon la suit
D'une aile trémoussante,
Et, voyant le soleil qui luit,
Vole de plante en plante,
Pour les avertir que le jour
En ce climat est de retour.
Là, dans nos jardins embellis
De mainte rare chose,
Il porte de la part du lys
Un baiser à la rose,
Et semble, en messager discret,
Lui dire un amoureux secret.
Au même temps, il semble à voir
Qu'en éveillant ses charmes,
Cette belle lui fait savoir,
Le teint baigné de larmes,
Quel ennui la va consumant
D'être si loin de son amant.
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samedi, 26 avril 2008
LES YEUX
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux,
Et le soleil se lève encore.
Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.
Oh ! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;
Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent :
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.
(Sully Prudhomme)
22:51 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : littérature, culture, écriture, poésie, poèmes
samedi, 29 mars 2008
QUELQUES REPONSES AUX DEUX QUESTIONS : Pourquoi des poètes ? Pourquoi la poésie ?
Le poète utilise davantage ses sens que son intellect.
Le poète s'efforce de réveiller le poète endormi en nous.
ELUARD dit que le poète est "un professeur des sens"
La poésie demande de montrer plutôt que de raconter.
La poésie fait appel aux images.
Elle permet de faire partager des émotions.
La poésie est un art à part entière.
La poésie est un jeu de langage.
Antonin ARTAUD disait :
"j'appelle poésie aujourd'hui connaissance de ce destin interne et dynamique de la pensée."
Elle sert à rétablir un juste équilibre entre les différentes forces psychiques qui nous tiraillent.
La poésie est le langage d'un coeur habillé par l'esprit.
Un poème est une pensée bohème.
Un poème c'est un peu comme un gant qui s'ajuste toujours aux circonstances du présent et permet de façonner sa propre histoire à tout moment.
18:02 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, culture, poésie, poèmes