mardi, 17 août 2010
UN JOUR MON BEAU SOLEIL
Un jour mon beau Soleil mirait sa tresse blonde
Aux rais du grand Soleil qui n'a point de pareil ;
Le grand Soleil aussi mirait son teint vermeil
Au rai de mon Soleil que nul rais ne seconde.
Mon Soleil au Soleil était Soleil et onde
Le grand Soleil était son onde et son Soleil ;
Le Soleil se disait le Soleil non pareil,
Mon Soleil se disait le seul Soleil du monde.
Soleils ardents, laissez ces bruits contentieux ;
L'un est Soleil en terre et l'autre luit aux Cieux ;
L'un est Soleil des corps, l'autre Soleil de l'âme.
Mais si vous débattez, Soleils, qui de vous deux
Est Soleil plus luisant et plus puissant de feux,
Soleil, tes jours sont nuits comparés à ma Dame.
(Abraham de VERMEIL - 1555-1620)
Originaire de BUGEY, Abraham de VERMEIL fut un poète protégé par Henri IV, pour lequel il s'était battu pendant les guerres civiles. Poète apprécié en son époque, il écrivit une Histoire de Saint Louis, aujourd'hui perdue, et de nombreux sonnets d'inspiration "pétrarquiste".
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jeudi, 12 août 2010
MON AME
Mon âme est une infante en robe de parade,
Dont l'exil se reflète, éternel et royal,
Aux grands miroirs déserts d'un vieil Escurial,
Ainsi qu'une galère oubliée en la rade.
Albert SAMAIN, Au Jardin de l'infante
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mercredi, 14 juillet 2010
ERRANCE (Arthur RIMBAUD)
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
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lundi, 21 juin 2010
ICI-BAS (Sully Prud'homme)
Ici-bas tous les lilas meurent,
Tous les chants des oiseaux sont courts,
Je rêve aux étés qui demeurent
Toujours...
Ici-bas les lèvres effleurent,
Sans rien laisser voir de leur velours,
Je rêve aux baisers qui demeurent
Toujours...
Ici-bas tous les hommes pleurent,
Leurs amitiés et leurs amours,
Je rêve aux couples qui demeurent
Toujours...
10:33 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : poésie, culture, littérature, livres
lundi, 07 juin 2010
SI VOUS AIMEZ...
Longtemps, longtemps que mon coeur soit rempli de tels souvenirs
Comme le vase dans lequel, jadis, furent distillées des roses,
Brisez ce vase, réduisez-le en éclats, si vous aimez ;
Longtemps encore persistera le parfum des roses.
(Thomas MOORE)
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mardi, 16 mars 2010
Christine de PISAN, Cent Ballades
Seulette suis et seulette veut être.
Seulette m'a mon doux ami laissée,
Seulette suis, dolente et affligée,
Seulette suis en langueur malheureuse,
Seulette suis plus que nulle perdue,
Seulette suis sans ami demeurée.
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mardi, 02 février 2010
PERNETTE DU GUILLET (1520-1545)
Non que je veuille ôter la liberté
A qui est né pour être sur moi maître ;
Non que je veuille abuser de fierté
Qui à lui humble et à tous je devrais être ;
Non que je veuille à dextre et à senestre
Le gouverner et faire à mon plaisir :
Mais je voudrais pour nos deux coeurs repaître
Que son vouloir fût joint à mon désir.
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jeudi, 21 janvier 2010
LE GRILLON
Un pauvre petit grillon
Caché dans l'herbe fleurie,
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie.
L'insecte aillé brillait des plus vives couleurs ;
L'azur, la pourpre et l'or éclataient sur ses ailes ;
Jeune, beau, petit maître, il court de fleurs en fleurs
Prenant et quittant les plus belles.
Ah ! disait le grillon, que son sort et le mien
Sont différents ! Dame nature
Pour lui fit tout, et pour moi rien.
Je n'ai point de talent encor moins de figure,
Nul ne prend garde à moi, l'on m'ignore ici bas :
Autant vaudrait n'exister pas.
Comme il parlait, dans la prairie
Arrive une troupe d'enfants :
Aussitôt les voilà courants
Après ce papillon dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l'attraper :
L'insecte vainement cherche à leur échapper,
Il devient bientôt leur conquête.
L'un le saisit par l'aile, un autre par le corps ;
Un troisième survient, et le prend par la tête :
Il ne fallait pas tant d'efforts
Pour déchirer la pauvre bête.
Oh ! Oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux, vivons cachés.
(JEAN PIERRE CLARIS de FLORIAN (1755-1794)
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dimanche, 10 janvier 2010
LE SAMEDI A LAUDES (Racine 1639-1699)
L'aurore brillante et vermeille
Prépare le chemin au soleil qui la suit :
Tout rit aux premiers traits du jour qui se réveille ;
Retirez-vous, démons, qui volez dans la nuit.
Fuyez songes, troupe menteuse,
Dangereux ennemis par la nuit enfantés,
Et que fuie avec vous la mémoire honteuse
Des objets qu'à nos sens vous avez présentés.
Chantons l'auteur de la lumière
Jusqu'au jour où son ordre a marqué notre fin,
Et qu'en le bénissant notre aurore dernière
Se perdre en un midi sans soir et sans matin
Gloire à toi, Trinité profonde
Père, Fils, Esprit saint : qu'on t'adore toujours,
Tant que l'astre des temps éclairera le monde.
Et quand les siècles même auront fini leurs cours !
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dimanche, 13 décembre 2009
METANEC (Léo FERRE)
Ces oiseaux que tu portes en toi depuis septembre
Cette pâleur jalouse où tu mets tes pensées
Ce ventre qui te prend comme un enfant de cendre
Ces souvenirs gâchés qui t'ont pris tes années
Regarde cette église au bout de l'habitude
Regarde ce dessin de Rembrand dans la nuit
Regarde cette femme en allée vers le Sud
Regarde ce printemps et son sourire appris
Ces parfums qui t'assaillent et qui te désapprennent
Ces routes perforées dans ton programmateur
Ce silence ordonné dans ton coeur qui se traîne
Cette mort de l'oubli comme venue d'ailleurs
Ecoute l'horizon dans les bras d'une femme
Ecoute la seconde éternelle qui tue
Ecoute la lueur qui regarde ton âme
Ecoute l'analyse et prends-toi par la rue
Ces chiens partis ailleurs dans ton enfance double
Cet horizon doublé par tes pensées de chien
Ce hasard muselé dans ta télévitrouble
Ce linge larmoyant où sèchent tes chagrins
Goûte cette Raison qui se prend pour ta tête
Goûte dans la Folie ta tête de Raison
Goûte cette chanson qui s'en va dans la fête
Goûte le flot rendu sur la plage des cons.....
16:55 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : culture, poésie, poèmes, écriture, chansons