vendredi, 19 décembre 2008
PETITE HISTOIRE (pour enfants de 0 à 99 ans)
LA POESIE DE PETIT CHAT
"J'ai des rimes dans la tête, je suis un grand poète. Regarde Mouna, ça y est, je suis poète" écrit Petit Chat.
"Mais c'est vrai Petit Chat, il faut que tu donnes une représentation comme les grands artistes. Nous allons faire une fête avec un grand goûter, et tu déclameras ton oeuvre" répond Mouna après avoir lu les jolis vers.
Et le lendemain, Monsieur le Maire et les habitants du village dansaient dans le jardin de Mouna.
Mais Petit Chat, tout rouge, n'a pu prononcer un mot. Il a remis son texte à Arnaud qui, solennellement a lu : "J'ai des rimes dans la tête. Je suis un grand poète".
"Et vive la fête" à conclu Petit Chat sous les applaudissements.
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vendredi, 12 décembre 2008
Tout lieu est retraite
J'ai bâti ma maison parmi les humains
Mais nul bruit de cheval ou de voiture ne m'importune.
- Comment cela se peut-il ?
- A coeur distant, tout lieu est retraite.
(T'AO YUAN MING, Poèmes)
Cet auteur Chinois est né en 365 et il est décédé en 427.
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vendredi, 31 octobre 2008
SUR LE BORD D'UNE FONTAINE (Rémy BELLEAU - 1528 - 1577 Les Pierres précieuses)
C'était une belle brune
Filant au clair de lune,
Qui laissa choir son fuseau
Sur le bord d'une fontaine,
Mais courant après la laine
Plongea la tête dans l'eau
Et se noya la pauvrette
Car à sa voix trop faiblette
Nul son désastre sentit,
Puis assez loin ses compagnes
Parmi les vertes campagnes
Gardaient leur troupeau petit.
Ah ! trop cruelle aventure !
Ah ! mort trop fière et trop dure !
Et trop cruel le flambeau
Sacré pour son hyménée,
Qui l'attendant, l'a menée
Au lieu du lit, au tombeau.
Et vous, nymphes fontainières
Trop ingrates et trop fières,
Qui ne vintes au secours
De cette jeune bergère,
Qui faisait la ménagère
Noya le fil de ses jours.
Mais en souvenance bonne
De la bergère mignonne,
Emus de pitié, les dieux
En ces pierres blanchissantes
De larmes toujours coulantes
Changent l'émail de ses yeux.
Non plus yeux, mais deux fontaines,
Dont la source et dont les veines
Sourdent du profond du coeur ;
Non plus coeur, mais une roche
Qui lamente le reproche
D'Amour et de sa rigueur.
Pierre toujours larmoyante,
A petits flots ondoyante,
Sûr témoins de ses douleurs ;
Comme le marbre de Sipyle
Qui se fond et se distille
Goutte à goutte en chaudes pleurs.
Ô chose trop admirable,
Chose vraiment non croyable,
Voir rouler dessus les bords
Une eau vive qui ruisselle
Et qui de course éternelle
Va baignant ce petit corps !
Et pour le cours de cette onde
La pierre n'est moins féconde
Ni moins grosse, et vieillissant
Sa pesanteur ne s'altère :
Ains toujours demeure entière
Comme elle était en naissant.
Mais est-ce que de nature
Pour sa rare contexture
Elle attire l'air voisin,
Ou dans soi qu'elle recèle
Cette humeur qu'elle amoncelle
Pour en faire un magasin ?
Elle est de rondeur parfaite
D'une couleur blanche et nette
Agréable et belle à voir,
Pleine d'humeur qui ballotte
Au dedans, ainsi que flotte
La gloire en l'oeuf au mouvoir
Va, pleureuse, et te souvienne
Du sang de la plaie mienne
Qui coule et coule sans fin,
Et des plaintes épandues
Que je pousse dans les nues
Pour adoucir mon destin.
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vendredi, 24 octobre 2008
LA CHAISE
Vis-à-vis la mienne
Une chaise attend :
Elle fut la sienne,
La nôtre un instant ;
D'un ruban signée
Cette chaise est là,
Toute résignée,
Comme me voilà !
(Marceline Desbordes-Valmore, Poésies)
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jeudi, 02 octobre 2008
LA BOUCLE RETROUVEE
Il retrouve dans sa mémoire
La boucle de cheveux châtains
T'en souvient-il à n'y point croire
De nos deux étranges destins.
Du boulevard de la Chapelle
Du joli Montmartre et d'Auteuil
Je me souviens, murmure-t-elle
Du jour où j'ai franchi ton seuil
Il y tomba comme un automne
La boucle de mon souvenir
Et notre destin qui t'étonne
Se joint au jour qui va finir.
(G. Apollinaire)
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lundi, 15 septembre 2008
PARCE QUE TU ES TOI
C'est vrai que tu es fort et grand
C'est vrai que tu es très charmant
Mais tu n'es pas le seul ainsi
Non, tu n'es pas le seul. Pourtant,
Je n'ai pas un regard pour les autres ; aussi
Je crois que la raison pour laquelle je t'aime
C'est l'attrait de ce qui ne peut être qu'à toi
Un sourire, un regard, le timbre de ta voix
Ce que tu dis ou fais, ce que tu penses ... même.
Tu veux savoir pourquoi je t'aime ?
Et bien parce que tu es "toi".
(Je ne sais pas qui a écrit ce texte, je l'ai trouvé il y a très longtemps...)
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jeudi, 04 septembre 2008
EBAUCHE D'UN SERPENT (P. VALERY)
Soleil, soleil ! Faute éclatante !
Toi qui masques la mort, Soleil,
Sous l'azur et l'or d'une tente
Où les fleurs tiennent leur conseil ;
Par d'impénétrables délices,
Toi, le plus fier de mes complices,
Et de mes pièges le plus haut
Tu gardes les coeurs de connaître
Que l'univers n'est qu'un défaut
Dans la pureté du Non-être !
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samedi, 23 août 2008
DANS LE CIEL VERT
Dans le ciel vert le jour va naître,
Il fait très doux ;
L'aube blanchit votre fenêtre,
Eveillez-vous.
Voyez : la ligne des collines
Est d'or, là-bas,
Ecoutez au fond des glycines
Et des lilas,
Ecoutez au profond des treilles
Et des roseaux,
Ecoutez toutes les abeilles,
Tous les oiseaux.
La vie est là qui vous appelle,
Voyez : tout luit.
La vie est là, la vie est belle,
Souriez-lui
(Emile DESPAX La maison des glycines -1881-1915)
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jeudi, 07 août 2008
LES COMPLAINTES de Jules LAFORGUE L'Imitation de Notre Dame La lune - Pierrots (1860-1887)
Il me faut vos yeux ! Dès que je perds leur étoile,
Le mal des calmes plats s'engouffre dans ma voile,
Le frisson du Vae Soli ! gargouille en mes moelles...
Vous auriez dû me voir après cette querelle !
J'errais dans l'agitation la plus cruelle,
Criant aux murs : Mon dieu ! mon dieu ! que dira-t-elle ?
Mais aussi, vrai, vous me blessâtes aux antennes
De l'âme, avec les mensonges de votre traîne.
Et votre tas de complications mondaines.
Je voyais que vos yeux me lançaient sur des pistes ;
Je songeais : oui, divins, ces yeux ! mais rien n'existe
Derrière ! Son âme est affaire d'oculiste.
Moi, je suis laminé d'esthétiques loyales !
Je hais les trémolos, les phrases nationales ;
Bref, le violet gros deuil est ma couleur locale.
Je ne suis point "ce gaillard-là !" ni le Superbe !
Mais mon âme, qu'un cri un peu cru exacerbe,
Est au fond distinguée et franche comme une herbe.
J'ai des nerfs encor sensibles au son des cloches,
Et je vais en plein air sans peur et sans reproche,
Sans jamais me sourire en un miroir de poche,
C'est vrai, j'ai bien roulé ! j'ai râlé dans des gites
Peu vous ; mais n'en ai-je pas plus de mérite
A en avoir sauvé la foi en vos yeux ? Dites ...
- Allons, faisons la paix, venez, que je vous berce,
Enfant, Eh, bien ?
- C'est que, votre pardon me verse
Un mélange (confus) d'impressions diverses ...
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mercredi, 06 août 2008
LE REGNE DU SILENCE
Douceur du soir ! Douceur de la chambre sans lampe !
Le crépuscule est doux comme une bonne mort
Et l'ombre lentement qui s'insinue et rampe
Se déroule en pensée au plafond. Tout s'endort.
(Georges RODENBACH - 1855 - 1898)
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