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mercredi, 17 mai 2023

MAI

Qu'il est doux, dit la vieille ballade, d'errer parmi les bocages verts, dans les beaux jours de l'aimable mois de mai, quand les oiseaux voltigeant de branche en branche vous y invitent par leur sauvage mélodie (Sir W. SCOTT, Harold l'indomptable).

Le mois de mai siégeait couronné de fleurs, fardant les campagnes de couleurs variées, habillant de fête les jeunes filles et chantant les amours, faisant poindre l'épi des moissons qu'ont semées les laboureurs (J. L. SEGURA, Poème d'Alexandre).

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lundi, 03 avril 2023

AU FEU ET A L'EAU ! (Jacques PREVERT)

Ils ont crié A l’eau
comme Au feu ou Au fou
 
L’eau gagnant du terrain,
sous son oreiller d’herbes
le cachait dans son lit
tout comme un chien un os
le planque dans son trou
Ils ont crié A l’eau
comme Au voleur on crie
 
C’est alors qu’arrivèrent
les Grands Bouilleurs de Crue
 
Descendant de voiture ils incendièrent la ville
 
et l’eau à toute vapeur disparut dans le ciel
 
Et la voiture s’en fut avec comme à une bouée
 
un noyé accroché à sa roue de secours
 
et dans sa malle arrière un coffre plein d’argent
 
tout l’argent de la ville
 
sans aucun survivant.
 
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jeudi, 16 mars 2023

LES OUBLIETTES (Maurice ROLLINAT : 1846-1903)

Poète, Maurice ROLLINAT est né en 1846 à Châteauroux. Monté à Paris pour devenir chansonnier au Cabaret du Chat Noir, il est inclassable ; ami de George Sand, berrichon comme elle, il puise son inspiration dans le terroir mais aussi dans une hypocondrie qui l'apparente à Baudelaire. Son inspiration macabre, LES NEVROSES, Ce que dit la vie et ce que dit la mort, ira en s'accentuant. Atteint de troubles nerveux, il se retire à la campagne vers 1885 et y meurt en 1903.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Rollinat

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Dans les oubliettes de l'âme

Nous jetons le meilleur de nous

Qui languit lentement dissous

Par une moisissure infâme.

Pour le vice qui nous enflamme

Et pour le gain qui nous rend fous,

Dans les oubliettes de l'âme

Nous jetons le meilleur de nous.

Comme personne ne nous blâme,

Parfois, nous nous croyons absous,

Mais un cri nous vient d'en dessous :

C'est la conscience qui clame

Dans les oubliettes de l'âme.

jeudi, 09 février 2023

LA PERVENCHE (Alphonse de Lamartine :1790-1869)

Pâle fleur, timide pervenche,

Je sais la place où tu fleuris,
Le gazon où ton front se penche
Pour humecter tes yeux flétris.

C'est dans un sentier qui se cache
Sous ses deux bords de noisetiers,
Où pleut sur l'ombre qu'elle tache
La neige des fleurs d'églantiers.

L'ombre t'y voile, l'herbe égoutte
Les perles de nos nuits d'été,
Le rayon les boit goutte à goutte
Sur ton calice velouté.

Une source tout près palpite,
Où s'abreuve le merle noir,
Il y chante, et moi j'y médite
Souvent de l'aube jusqu'au soir.

Ô fleur, que tu dirais de choses
À mon amour, si tu retiens
Ce que je dis à lèvres closes
Quand tes yeux me peignent les siens !

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jeudi, 13 octobre 2022

LA LUNE DES FLEURS (Marceline DESBORDES VALMORE - 1786-1859)

Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !
Je ne sais quel orage a passé sur ces bords.
Des chants de l'espérance il éteint les accords,
Et dans la nuit qui m'environne,
Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne.

Jette-moi tes présents, lune mystérieuse,
De mon front qui pâlit ranime les couleurs ;
J'ai perdu ma couronne et j'ai trouvé des pleurs ;
Loin de la foule curieuse,
Jette-moi tes présents, lune mystérieuse.

Entrouvre d'un rayon les noires violettes,
Douces comme les yeux du séduisant amour.
Tes humides baisers hâteront leur retour.
Pour cacher mes larmes muettes,
Entrouvre d'un rayon les noires violettes !

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jeudi, 15 septembre 2022

Charles CROS - RONDE FLAMANDE

À Mademoiselle Mauté de Fleurville.
 
 
Si j’étais roi de la forêt,
   Je mettrais une couronne
Toute d’or ; en velours bleuet
           J’aurais un trône,
 
En velours bleu, garni d’argent
   Comme un livre de prière,
J’aurais un verre en diamant
           Rempli de bière,
 
Rempli de bière ou de vin blanc.
   Je dormirais sur des roses.
Dire qu’un roi peut avoir tant
           De belles choses.
 
                     *
 
Dire qu’un roi prend quand il veut
   La plus belle fille au monde
Dont les yeux sont du plus beau bleu.
           Et la plus blonde,
 
Avec des tresses comme en a
   Jusqu’aux genoux, Marguerite.
Si j’étais roi, c’est celle-là
           Que j’aurais vite.
 
                     *
 
J’irais la prendre à son jardin,
   Sur l’eau, dans ma barque noire.
Mât de nacre et voile en satin.
           Rames d’ivoire.
 
Satin blanc, nacre et câbles d’or...
   Des flûtes, des mandolines
Pour bercer la belle qui dort
           Sur des hermines !
 
                     *
 
Hermine, agrès d’or et d’argent.
   Doux concert, barque d’ébène,
Couronne et verre en diamant...
           J’en suis en peine.
 
Je n’ai que mon coeur de garçon.
   Marguerite se contente
D’être ma reine en la chanson
           Que je lui chante.
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jeudi, 14 juillet 2022

LE FOU (ALOYSIUS BERTRAND)

La lune peignait ses cheveux avec un démêloir d'ébène
qui argentait d'une pluie de vers luisants les collines,
les prés et les bois.

Scarbo, gnome dont les trésors foisonnent, vannait sur
mon toit, au cri de la girouette, ducats et florins qui
sautaient en cadence, les pièces fausses jonchant la rue.

Comme ricana le fou qui vague, chaque nuit, par la cité
déserte, un oeil à la lune et l'autre - crevé !

- " Foin de la lune ! grommela-t-il, ramassant les jetons
du diable, j'achèterai le pilori pour m'y chauffer au
soleil ! "

Mais c'était toujours la lune, la lune qui se couchait. -
Et Scarbo monnoyait sourdement dans ma cave ducats et
florins à coups de balancier.

Tandis que, les deux cornes en avant, un limaçon qu'avait
égaré la nuit, cherchait sa route sur mes vitraux lumineux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Aloysius_Bertrand

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mardi, 31 mai 2022

REVEIL (Georges CHENNEVIERE 1884-1927)

Je n'ai pas ouvert les yeux,

Et je sens que le jour point.

Mon corps reste dans le lit,

Mais mon âme est déjà loin.

 

Elle goûte parmi l'aube

Un bonheur aérien,

Et revient de temps en temps

Me rappeler que j'existe.

 

La fenêtre est grande ouverte

Avec le store baissé.

Je suis baigné du même air

Que les feuilles et les nids...

 

On dirait que les oiseaux

Chantent tous dans le même arbre,

Et j'entends le bruit d'épingles

De leurs pattes sur les toits.

 

On n'a pas encor marché

Sur le sable des jardins,

Et toutes les rues sans hommes

Sont pareilles à des routes.

 

On arrose la chaussée ;

Mes draps me semblent plus frais.

Je sens l'odeur du savon

Qui est près de la cuvette.

 

Le fleuve s'est rajeuni

D'une eau qui a traversé

Les campagnes et la nuit.

Remorqueur, tu peux chanter.

 

Le canal n'a plus de rides :

Marinier, tu peux partir.

L'aube est pleine de voyages

Qui ne devraient pas finir...

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Chennevi%C3%A8re

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vendredi, 20 mai 2022

DOUCE PLAGE OU NAQUIT MON AME (Paul-Jean TOULET 1867-1920)

Douce plage où naquit mon âme ;

Et toi, savane en fleurs

Que l'Océan trempe de pleurs

Et le soleil de flamme ;

Douce aux ramiers, douce aux amants,

Toi de qui la ramure

Nous charmait d'ombre et de murmure,

Et de roucoulements ;

Où j'écoute frémir encore

Un aveu tendre et fier -

Tandis qu'au loin riait la mer

Sur le corail sonore.

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vendredi, 11 mars 2022

LE PRINTEMPS ET L'AUTOMNE (Pierre Jean de BERANGER - 1780-1857)

Deux saisons règlent toutes choses,
Pour qui sait vivre en s'amusant :
Au printemps nous avons les roses,
A l'automne un jus bienfaisant.
Les jours croissent, le cœur s'éveille ;
On fait le vin quand ils sont courts.
Au printemps, adieu la bouteille !
En automne, adieu les amours !

Mieux il vaudrait unir sans doute
Ces deux penchants faits pour charmer
Mais pour ma santé je redoute
De trop boire et de trop aimer.
Or, la sagesse me conseille
De partager ainsi mes jours :
Au printemps, adieu la bouteille !
En automne, adieu les amours !

Au mois de mai, j'ai vu Rosette,
Et mon cœur a subi ses lois.
Que de caprices la coquette
M'a fait essuyer en six mois !
Pour lui rendre enfin la pareille,
J'appelle octobre à mon secours.
Au printemps, adieu la bouteille !
En automne, adieu les amours !

Je prends, quitte et reprends Adèle,
Sans façons comme sans regrets.
Au revoir, un jour me dit-elle ;
Elle revient longtemps après.
J'étais à chanter sous la treille :
Ah ! dis-je l'année a son cours.
Au printemps, adieu la bouteille !
En automne, adieu les amours !

Mais il est une enchanteresse
Qui change à son gré mes plaisirs.
Du vin elle excite l'ivresse,
Et maîtrise jusqu'aux désirs.
Pour elle ce n'est pas merveille
De troubler l'ordre de mes jours,
Au printemps avec la bouteille,
En automne avec les amours.

PIERRE JEAN DE BERANGER.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Jean_de_B%C3%A9ranger

 

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