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dimanche, 15 décembre 2013

LE PAPILLON

Emile s'étira sur son lit de paille. Il sentait la chaleur monter dans la maison. Il se leva et se dirigea vers la fenêtre. Un ciel bleu azur le réveilla tout à fait. Il ouvrit la porte ; pas un bruit dehors, seulement des abeilles qui passaient devant lui en bourdonnant. La chaleur déjà pesante le décida à s'envoler à la recherche de ces fleurs dont il raffolait.

Sur son chemin il rencontra le gros hanneton qui faillit le couper en deux. "Oh là !", lui cria-t-il. Mais le gros hanneton poursuivit sa route sans s'occuper de lui. Plus loin un lézard le regardait reprendre ses esprits. "Je vais l'attraper en moins de 2"...

Emile s'envola aussitôt sans même avoir conscience du danger auquel il venait d'échapper.

Il se dirigea vers un bouquet d'oeillets rouges qui fleurissaient devant une maison jaune. 

"Ils ont l'air bien sympathiques". 

A peine avait-il posé ses pattes sur une des fleurs qu'un nuage d'abeilles se jeta sur lui.

Il fut déséquilibré et tomba sur le sol.

"Elles sont folles ! Comment vais-je faire maintenant ?"

Les pattes en l'air, les ailes cassées, il se voyait déjà mort, dévoré par un lézard qui passerait par là. 

Un ombre se pencha vers lui. C'était la petite fille de la maison. Elle s'agenouilla pour le regarder.

"Qu'est-il arrivé papillon ?"

"J'ai été attaqué par un nuage d'abeilles".

"Alors, reste ici, je reviens".

"Je crois que c'est perdu d'avance".

"Tu crois ça ? l'été n'est pas encore terminé, tu peux vivre encore un peu".

"Je voudrais bien le croire mais je crois que c'est fini pour moi, laisse-moi, tu perds ton temps fillette".

"Je reviens tout de suite"

En regardant la petite fille s'éloigner, il se dit :"c'est bien dommage, l'été commençait bien"

La petite fille revint avec un pot de fleurs dans les mains qu'elle posa près d'Emile.

Elle lui dit : "ces fleurs vont te guérir, l'une d'elles sera ton lit et quand elle fanera, une autre plus belle encore la remplacera".

C'est ainsi qu'Emile passa le reste de sa vie dans la maison de la petite fille.

Après la mort d'Emile, la petite fille s'affaiblit de jour en jour. Les médecins qui se succédèrent à son chevet se déclarèrent impuissants à la sauver.

Dans tout le pays on parla longtemps de la maladie étrange puis de la mort de la petite fille qui vivait dans la maison jaune.

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jeudi, 05 décembre 2013

LA SALLE A MANGER (FRANCIS JAMMES)

Il y a une armoire à peine luisante

Qui a entendu les voix de mes grand'tantes,

Qui a entendu la voix de mon grand'père,

Qui a entendu la voix de mon père.

A ces souvenirs l'armoire est fidèle.

On a tort de croire qu'elle ne sait que se taire,

Car je cause avec elle.

Il y a aussi un coucou en bois

Je ne sais pourquoi, il n'a plus de voix

Je ne veux pas le lui demander.

Peut être bien qu'elle est cassée

La voix qui était dans son ressort,

Tout bonnement comme celle des morts.

Il y a aussi un vieux buffet

Qui sent la cire, la confiture,

La viande, le pain et les poires mûres.

C'est un serviteur fidèle qui sait

Qu'il ne doit rien nous voler.

Il est venu chez moi bien des hommes et des femmes

Qui n'ont pas cru à ces petites âmes.

Et je souris que l'on me pense seul vivant

Quand un visiteur me dit en entrant :

- Comment allez-vous, monsieur Jammes ?

 

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jeudi, 12 septembre 2013

CHANSON DE GRAND-PERE

Dansez, les petites filles,

Toutes en rond.

En vous voyant si gentilles,

Les bois riront.

Dansez, les petites reines,

Toutes en rond.

Les amoureux sous les frênes,

S'embrasseront.

Dansez, les petites folles,

Toutes en rond.

Les bouquins dans les écoles,

Bougonneront.

Dansez, les petites belles,

Toutes en rond.

Les oiseaux avec leurs ailes,

Applaudiront.

Dansez les petites fées,

Toutes en rond.

Dansez, de bleuets coiffées,

L'aurore au front.

Dansez, les petites femmes,

Toutes en rond.

Les messieurs diront aux dames,

Ce qu'ils voudront.

(Victor HUGO)

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vendredi, 30 août 2013

PROVERBES et EXPRESSIONS PROVERBIALES SUR LE VIN

Vin de cerf (qui fait pleurer)

Vin de lion (qui rend furieux et querelleur)

Vin de renard (qui rend subtil et malicieux)

Vin de singe (qui fait sauter et rire)

Vin à la saveur et pain à la couleur

Le vin est bon qui en prend par raison

Où l'hôtesse est belle le vin est bon

Qui bon vin boit, Dieu voit.

(Proverbes ou expressions cités par Le Roux de Lincy)

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dimanche, 18 août 2013

LE MENSONGE

Un menteur est un homme qui ne sait pas tromper ;

Un flatteur, celui qui ne trompe ordinairement que les sots.

Celui qui sait se servir avec adresse de la vérité, et qui en connaît

l'éloquence, peut seul se piquer d'être habile.

(VAUVENARGUES, Réflexions et Maximes)

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samedi, 10 août 2013

POSTERITE

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Celui qui parle de l'avenir est un coquin, c'est l'actuel qui compte.

Invoquer la postérité, c'est faire un discours aux asticots.

(Louis-Ferdinand CELINE - Voyage au bout de la nuit - Gallimard)

samedi, 03 août 2013

LES PROMESSES DU CIEL ET DE LA TERRE (Claude MICHELET - extrait)

Antoine atteignit Lodève en une bonne semaine. Pour économiser son modeste pécule - il possédait encore cinq cent soixante-dix francs et entendait les rogner le plus chichement et lentement possible -, il avait décidé de faire le chemin à pied. Le temps était beau, la route agréable, et il avait pu couvrir, sans trop de fatigue, ses quarante kilomètres par jour. Il est vrai qu'il avait très souvent profité de quelques attelages de paysans, de rouliers ou de commerçants, heureux de rompre la monotonie de leur parcours par un brin de conversation.

Il avait profité de son passage à Gramat, le deuxième jour, pour aller voir sa soeur. Il n'avait pas eu de mal à trouver Aimée, servante chez un important producteur d'huile de noix. Il avait été ému de la revoir, mais l'avait à peine reconnue car elle avait beaucoup changé : elle semblait fatiguée et vieillie.

Ils s'étaient regardés, un peu gênés, un peu gauches car, comme il l'avait pressenti, ils n'avaient plus grand-chose à se raconter.

- Et ton mari, j'aimerais bien le saluer, avait-il dit pour tenter d'amorcer la conversation.

- C'est pas possible, il est parti pour quelques jours, il ressuit le toit d'une bergerie du côté de Calès, avait expliqué Aimée.

- Dommage, j'aurais bien voulu le connaître ; la mère et Octavienne m'ont dit que c'était un gentil garçon. Mais, à propos, tu crois qu'il me trouverait du travail par ici ?

- Comme couvreur ? Non. Tu sais, le bourg n'est pas bien gros et mon mari est déjà obligé de courir toute la campagne pour changer quelques tuiles...

- Alors, même s'il demandait pour moi à son patron...

- Même... Ils sont déjà trois, c'est bien suffisant.

- Ah bon ! Alors, tant pis, je vais aller plus loin.

Il l'avait embrassée puis, tracassé par son air las et ses traits fatigués, avait lancé :

- Tu es heureuse, au moins ?

- Heureuse ? Oui, je crois.

- Alors, tant mieux ! Eh bien, au revoir, et dis surtout à ton mari que je regrette de ne pas l'avoir vu, mais ce n'est peut-être que partie remise.

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mardi, 11 juin 2013

LA PENSEE

L'homme digne d'être écouté est celui qui ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pensée que pour dire la vérité et la vertu.

FENELON

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mardi, 09 avril 2013

BONJOUR TRISTESSE (Françoise SAGAN)

Je passais par toutes les affres de l'introspection sans, pour cela, me réconcilier avec moi-même. "Ce sentiment, pensais-je, ce sentiment à l'égard d'Anne est bête et pauvre, comme ce désir de la séparer de mon père est féroce".

Mais, après tout, pourquoi me juger ainsi ? Etant simplement moi, n'étais-je pas libre d'éprouver ce qui arrivait. Pour la première fois de ma vie, ce "moi" semblait se partager et la découverte d'une telle dualité m'étonnait prodigieusement. Je trouvais de bonnes excuses, je me les murmurais à moi-même, me jugeant sincère, et brusquement un autre "moi" surgissait, qui s'inscrivait en faux contre mes propres arguments, me criant que je m'abusais moi-même, bien qu'ils eussent toutes les apparences de la vérité. Mais n'était-ce pas, en fait, cet autre qui me trompait ? Cette lucidité n'était-elle pas la pire des erreurs ? Je me débattais des heures entières dans ma chambre pour savoir si la crainte, l'hostilité que m'inspirait Anne à présent se justifiaient ou si je n'étais qu'une petite jeune fille égoïste et gâtée en veine de fausse indépendance.

En attendant, je maigrissais un peu plus chaque jour, je ne faisais que dormir sur la plage et, aux repas, je gardais malgré moi un silence anxieux qui finissait par les gêner. Je regardais Anne, je l'épiais sans cesse, je me disais tout au long du repas : "Ce geste qu'elle a eu vers lui, n'est-ce pas l'amour, un amour comme il n'en aura jamais d'autre ? Et ce sourire vers moi avec ce fond d'inquiétude dans les yeux, comment pourrais-je lui en vouloir ?" Mais, soudain, elle disait : "Quand nous serons rentrés, Raymond..." Alors l'idée qu'elle allait partager notre vie, y intervenir, me hérissait.

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lundi, 01 avril 2013

Allons voir plus loin, veux-tu ? (Anny DUPEREY)

Sa hâte de partir était si grande qu'elle décida que ce devait être quinze heures. Elle pourrait sauter dans ce train si les ploucs qui étaient devant elle et la blondasse derrière son guichet voulaient bien se presser un peu au lieu de discuter un quart d'heure à chaque billet. "Dieu ! Que c'est lent ici, que tout est lent et lourd..." pensa, agacée, celle qui savourait encore il y a peu de temps le charme apaisant du rythme provincial.

Un couple de petits vieux, devant elle, sauvegardait tant bien que mal un équilibre pyramidal, les épaules appuyées l'une contre l'autre, les têtes presque jointes, deux cannes les soutenant de part et d'autre, comme des étais auraient maintenu un édifice branlant. Quand la file avançait de cinquante centimètres, on déplaçait dans l'ordre les cannes, l'une après l'autre, les pieds, deux puis quatre, péniblement, puis les épaules s'appuyaient de nouveau. Le tout vacillait, instable, souffreteux, et l'ensemble s'immobilisait dans son équilibre précaire jusqu'à la prochaine avancée. Christine les observait. A quelques centimètres de leurs dos, rien ne lui échappait de leurs efforts, de leur douleur, du petit gémissement que la vieille laissait échapper dans un souffle chaque fois qu'elle avait à déplacer son corps, et leurs soupirs conjoints quand ils s'épaulaient de nouveau. Et leur patience, et leur silence, et leur humilité. Ils attendaient, comme tout le monde, comme s'ils avaient été encore comme tout le monde... Christine avait mal pour eux.

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