mardi, 13 août 2019
TANTINE
Ma tantine s'appelait Camille. Elle aurait eu 100 ans le 17 octobre prochain. Mon père était son cousin mais plus jeune qu'elle, puisque né en 1922. Tous les deux enfants uniques de deux soeurs, Thérèse et Madeleine, ils se voyaient souvent bien que n'habitant pas la même ville. Tantine ne s'était jamais mariée et n'avait donc pas eu de descendance. Est-ce parce qu'elle n'avait jamais connu son père ? Qu'était-il devenu après la grande guerre 14-18 ? Sa mère possédait des photos de son cher et tendre et Camille devait connaître leur histoire d'amour. Thérèse s'était mariée en 1935 avec Louis que j'ai vu dans ma petite enfance quand j'allais leur rendre visite avec mes parents, les dimanches, il ne nous fallait qu'un quart d'heure en voiture. Camille est décédée en 1990 et je garde, avec mon frère et mes soeurs, de merveilleux souvenirs. Elle adorait les 5 enfants de son cousin. Son rire qui fusait dès la première plaisanterie résonne encore en moi quand je regarde les nombreuses photos des années 50 à 1986, date à laquelle elle nous annonçait qu'elle faisait de la dépression mais qu'elle se soignait. Elle est décédée de la maladie de Parkinson, dix ans après sa chère maman.
Ce n'est qu'après le décès de mon père que j'ai enfin compris qui était le père de Tantine : il s'appelait Camille, comme elle. Son nom et son prénom avaient été inscrits par Thérèse au dos des quelques photos retrouvées en 2011. Sur l'une d'elles, il portait un brassard de la Croix Rouge sur la manche gauche de son manteau, assis près d'un militaire, en tête d'une charrette tirée par des chevaux. Thérèse avait marqué Camille d'une croix au stylo bille, au-dessus de son chapeau militaire.
jeudi, 08 août 2019
Mon 1er vélo
Enfant, je ne possédais pas de vélo. Je me souviens par contre avoir reçu comme cadeau de Noël une trottinette rouge qui sentait bon la peinture fraîche.
Je devais avoir 8 ans. Je roulais sur le chemin goudronné qui longeait le jardin de mes parents. Cette trottinette possédait un frein à l'angle du guidon et de la plate forme où je posais le pied. Les chats s'enfuyaient à mon passage. Je découvrais la vitesse...
Le premier vélo sur lequel j'ai fait mon apprentissage de l'équilibre, différent de celui de la trottinette, appartenait à mon grand frère. Bleu métallisé, il passait de mains en mains. La taille de ce vélo était adaptée aux enfants à partir de l'âge de 8 ans. Mais pour moi cela représentait une étape : pouvoir découvrir la ville sur une distance plus étendue. A l'époque, les voitures étaient encore assez rares. Je pouvais sans danger me rendre dans les rues et découvrir des coins perdus où mes parents ne m'emmenaient jamais.
Plus tard, vers 17 ans, j'ai pu m'acheter MON 1er VELO, avec MON argent de poche, mes parents ayant complété ce qu'il manquait pour que je puisse me l'offrir. C'était plus exactement un mini vélo de couleur blanche.
Il se pliait aisément en deux et l'on pouvait ainsi l'emmener dans le coffre d'une voiture. Ma soeur avait acheté le même mais de couleur orange métallisé. Elle m'avait demandé de la prendre en photo dans la cour, toute fière d'en posséder un.
Chaque soir d'été, avant la tombée de la nuit, j'aimais me rendre vers le carrefour d'un Calvaire ancien au bout de la rue.
Je faisais le tour du quartier et je revenais à la maison aussitôt pour que Maman ne s'inquiète pas.
(en photo, 1957, mon frère sur le vélo bleu, et ma grande soeur, dans la cour de l'usine et de la maison où habitaient mes grands parents paternels).
11:26 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : souvenirs, enfance, vélo, trottinette, enfants, rue
lundi, 20 mai 2019
APPRENDRE
Vers l'âge de 7 ans, ma mère m'a demandé d'aller chercher du lait avec un petit pot en aluminium. Je faisais attention de le tenir bien droit au retour.
A 11 ans, j'ai commencé à me laver les cheveux seule. Ma mère m'envoyait faire quelques courses à la poste. Elle m'a donné envie de tricoter et chaque année j'avais un pull, un gilet ou une robe à faire.
A 14 ans, je ne savais cuire que les steaks. Je regardais ma mère cuisiner le reste.
A 20 ans, je faisais la cuisine le soir, dans ma petite chambre à Lille. Je mangeais à la cantine de la banque le midi ou bien j'allais à la cafeteria du Printemps ou des Nouvelles Galeries.
A 21 ans, avec mon mari, je préparais les repas de la journée, dans une cocotte minute offerte pour notre mariage. Je suivais les recettes du livre joint à ce cadeau.
Les croques monsieur, les crêpes ou le pain perdu, c'était pour le soir, avec une bonne soupe de légumes. Nous n'avions pas de four, la cuisine était petite et juste aménagée d'un évier à un bac, de deux plaques électriques et d'un petit réfrigérateur.
Nous avions acheté une table pliante pour deux personnes et deux chaises ainsi qu'un meuble bas avec un tiroir pour y ranger les couverts.
11:21 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : souvenir, enfance, adolescence, cuisine, plats, légumes, viande
lundi, 11 mars 2019
LE DOCTEUR (souvenir d'enfance)
Maman a appelé le docteur car aujourd'hui je ne vais pas à l'école, je suis très malade. J'ai de la fièvre et je suis couchée dans mon petit lit bleu. De temps en temps, maman monte dans ma chambre et vient me demander si je vais bien. Elle m'apporte un verre d'eau fraîche et tâte mon front pour savoir si je n'ai pas trop chaud. Je ne fais que dormir et quand j'ouvre les yeux, avec difficulté, je vois l'armoire devant moi qui bouge. Je pense que j'ai beaucoup de fièvre car je me sens très fatiguée.
Le docteur arrive enfin avec sa valise pleine d'instruments. Il me dit d'ouvrir la bouche. Il regarde avec une lampe dans mes oreilles et parle avec ma maman. Il descend avec elle les escaliers pour rédiger une ordonnance afin que ma maman aille chercher les médicaments. J'ai hâte de guérir car c'est vraiment épuisant d'être malade et je ne peux pas jouer avec mes poupées.
10:22 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : médecin, santé, souvenirs, enfance, maladie, fièvre, écriture
lundi, 28 janvier 2019
HOMMAGE
Elle s'appelait Andrée, comme sa tante et marraine. Sa tante, fermière et cousine de ma mère, chez qui nous allions chercher du beurre et du fromage blanc le jeudi, était sa confidente. Elle n'avait que la rue à traverser pour se rendre chez elle.
Son père, mon parrain, m'avait offert pour ma communion solennelle un pendentif en croix que j'avais choisi avec maman et Renée, sa maman, à la bijouterie de la grand'rue de notre petite ville du nord de la France. J'étais consciente du sacrifice financier que cela représentait à l'époque, pour mon parrain et Renée, parents de 4 enfants. Je garde précieusement ce bijou car la famille restera toujours importante pour moi.
Ma cousine Andrée sera enterrée cet après midi, je ne pourrai pas faire les 975 kms pour me rendre au cimetière de notre ville de naissance.
Nous nous étions revues en 2012 chez elle, ainsi qu'à l'enterrement de mon père en 2011 et de ma mère en 2016.
Je lui souhaitais encore la bonne année au début du mois. Nous nous parlions de temps en temps par la messagerie FB. Nous avons remué des souvenirs anciens ou plus récents, parlé des secrets de famille, des problèmes et heurts dans sa famille suite au décès de son frère en décembre 2005.
Le temps passe, les souvenirs restent, rien ne s'efface.
11:15 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : souvenirs, hommage, écriture, enfance, cousine, relations, famille
mardi, 15 janvier 2019
JUSTE UN SOUVENIR...
Quand vers 17 h, les soirs d'été, le soleil éclairait ma chambre jaune d'enfant, je ne désirais plus descendre à la salle à manger. Je savais que j'avais encore un peu de temps pour profiter des rayons du soleil, avant d'aider maman qui se trouvait à la cuisine et qui pensait déjà au repas du soir...
19:02 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : souvenir, écriture, raconter, enfance
samedi, 09 juin 2018
LA VILLE OU JE SUIS NEE
Je suis née dans le Nord de la France, à Landrecies. Mon grand-père paternel s'y est installé vers 1920, 1921, juste avant la naissance de mon père. Ma grand-mère paternelle était originaire de Graincourt Lez Havrincourt (Pas de Calais), par son père, mais elle avait vécu à Marcoing où mon grand-père a passé son enfance (bien que les parents de mon grand-père étaient originaires d'Aubigny au Bac, toujours dans le Nord de la France). Du côté de ma mère, mes grands-parents étaient originaires de Landrecies, Papleux (Aisne) et Etroeung, pour mon grand-père, et de Landrecies, Hon Hergies et Maresches pour ma grand-mère.
Hon Hergies : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hon-Hergies
Maresches : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maresches
Aubigny au Bac : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aubigny-au-Bac
Papleux : https://fr.wikipedia.org/wiki/Papleux
Etroeung : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tr%C5%93ungt
Graincourt les Havrincourt : https://fr.wikipedia.org/wiki/Graincourt-l%C3%A8s-Havrinc...
Marcoing : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcoing
Landrecies : https://fr.wikipedia.org/wiki/Landrecies
15:23 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : nouvelles et textes brefs, souvenirs, enfance, adolescence, chemin, ville, rue
mardi, 01 mai 2018
DESSINS
Quelques uns de mes dessins faits au cours de l'année 1957-1958, pendant ma dernière année de maternelle. J'avais donc 5 ans.
18:00 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : souvenirs, enfance, école, école maternelle, coloriage, loisirs
mercredi, 14 mars 2018
LES GRANDES, LES PETITES
Mes parents ont eu 5 enfants, un garçon et quatre filles.
Quand ils parlaient de leurs filles, mes parents disaient : les grandes, les petites. Certainement que c'était plus rapide que de nous appeler par nos prénoms.
Les grandes dont je faisais partie couchaient dans la même chambre, et les petites dans la chambre bleue.
Ainsi, mon père ou ma mère disaient : la chambre des petites, la chambre des grandes, il va falloir rhabiller les petites, les grandes vont terminer leurs études, se fiancer, se marier. On peut payer la colonie de vacances aux petites, le chat est passé par la fenêtre de la chambre des grandes pour aller chez la voisine, il faut accompagner les petites à la messe...
11:16 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : souvenirs, enfance, écriture, famille, auteur, nouvelles et textes brefs
vendredi, 12 janvier 2018
TANTINE
La cousine de mon père s'appelait Camille, mais tout le monde dans la famille l'appelait TANTINE.
Elle était fille unique et n'avait jamais connu son père. Elle vivait seule avec sa mère depuis le décès de son beau-père, Louis. J'ai gardé un souvenir flou de Louis du temps où nous allions en famille rendre visite à Tantine et tante Thérèse, sa maman, je devais avoir 7 ou 8 ans. C'était un homme doux et discret.
Tantine était secrétaire de direction dans une grande société de chauffage. Elle avait toujours les ongles vernis, le rouge aux lèvres et les cheveux noirs impeccablement coiffés. Dans sa grande maison, un peu bourgeoise, qu'elle avait décorée avec beaucoup de goût, elle nous recevaient le dimanche après-midi autour d'un café ou d'un chocolat au lait et de bons petits gâteaux. Toujours souriante et enthousiaste, elle nous maquillait et nous offrait ses rouges à lèvres un peu usés qui faisaient notre bonheur.
N'ayant jamais eu d'enfant, elle les remplaçaient par les enfants de son unique cousin (mon père). Elle s'habillait avec une grande classe et quelquefois nous emmenaient faire du "lèche-vitrine" dans sa ville. Elle avait trois grandes armoires pleines de toilettes de toutes sortes, dans les deux chambres à l'étage. Une fois par an, au mois d'août, elle nous invitaient à passer une journée entière avec elle et sa maman. Nous prenions le train le matin pour nous rendre dans sa ville. Elle achetait des plats "en gelée" chez le traiteur car elle ne faisait pas beaucoup la cuisine. Quelquefois, elle nous emmenaient au cinéma ou faire un tour dans le jardin public du château et du Musée. Puis, vers 17 heures, elle nous raccompagnait à la gare.
Quand nous étions encore petits, elle nous demandait de préparer un petit spectacle de danse ou de chansons que nous devions jouer devant nos parents et sa maman. Pour cela, nous fermions la double porte qui séparait la salle à manger et le salon. Les spectateurs se tenaient dans la salle à manger et nous, les acteurs ou danseurs, nous nous tenions dans le salon. Elle savait que j'aimais la danse classique et il ne fallait pas me prier trop longtemps pour que je m'élance sur les pointes et me donner ainsi en spectacle. Elle mettait un de ses disques de musique classique et, avec mes soeurs, nous imitions les petits rats en sautant, tournant, levant les bras avec grâce au son du piano ou d'un orchestre entier. Quand le spectacle était terminé, après les applaudissements, nous refermions la double porte, en saluant comme les petits rats de l'Opéra nos parents, Tantine et tante Thérèse.
Tante Thérèse est décédée en 1979 et Tantine en 1990 mais je garde de nombreux souvenirs d'elles : une fleur faite avec des plumes d'oiseaux qui venait d'un des grands vases de Tantine, deux petits cadres représentant des fleurs, l'un en imitation cuivre, l'autre en platre recouvert de peinture dorée et des photos car mon père aimait nous prendre en photo les dimanches. J'ai gardé également un des manteaux de Tantine, écossais bleu, indémodable et je ne suis pas prête de m'en séparer.
16:32 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : souvenirs, enfance, écriture, famille, auteur, recueil