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dimanche, 18 août 2013

LE MENSONGE

Un menteur est un homme qui ne sait pas tromper ;

Un flatteur, celui qui ne trompe ordinairement que les sots.

Celui qui sait se servir avec adresse de la vérité, et qui en connaît

l'éloquence, peut seul se piquer d'être habile.

(VAUVENARGUES, Réflexions et Maximes)

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samedi, 10 août 2013

POSTERITE

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Celui qui parle de l'avenir est un coquin, c'est l'actuel qui compte.

Invoquer la postérité, c'est faire un discours aux asticots.

(Louis-Ferdinand CELINE - Voyage au bout de la nuit - Gallimard)

samedi, 03 août 2013

LES PROMESSES DU CIEL ET DE LA TERRE (Claude MICHELET - extrait)

Antoine atteignit Lodève en une bonne semaine. Pour économiser son modeste pécule - il possédait encore cinq cent soixante-dix francs et entendait les rogner le plus chichement et lentement possible -, il avait décidé de faire le chemin à pied. Le temps était beau, la route agréable, et il avait pu couvrir, sans trop de fatigue, ses quarante kilomètres par jour. Il est vrai qu'il avait très souvent profité de quelques attelages de paysans, de rouliers ou de commerçants, heureux de rompre la monotonie de leur parcours par un brin de conversation.

Il avait profité de son passage à Gramat, le deuxième jour, pour aller voir sa soeur. Il n'avait pas eu de mal à trouver Aimée, servante chez un important producteur d'huile de noix. Il avait été ému de la revoir, mais l'avait à peine reconnue car elle avait beaucoup changé : elle semblait fatiguée et vieillie.

Ils s'étaient regardés, un peu gênés, un peu gauches car, comme il l'avait pressenti, ils n'avaient plus grand-chose à se raconter.

- Et ton mari, j'aimerais bien le saluer, avait-il dit pour tenter d'amorcer la conversation.

- C'est pas possible, il est parti pour quelques jours, il ressuit le toit d'une bergerie du côté de Calès, avait expliqué Aimée.

- Dommage, j'aurais bien voulu le connaître ; la mère et Octavienne m'ont dit que c'était un gentil garçon. Mais, à propos, tu crois qu'il me trouverait du travail par ici ?

- Comme couvreur ? Non. Tu sais, le bourg n'est pas bien gros et mon mari est déjà obligé de courir toute la campagne pour changer quelques tuiles...

- Alors, même s'il demandait pour moi à son patron...

- Même... Ils sont déjà trois, c'est bien suffisant.

- Ah bon ! Alors, tant pis, je vais aller plus loin.

Il l'avait embrassée puis, tracassé par son air las et ses traits fatigués, avait lancé :

- Tu es heureuse, au moins ?

- Heureuse ? Oui, je crois.

- Alors, tant mieux ! Eh bien, au revoir, et dis surtout à ton mari que je regrette de ne pas l'avoir vu, mais ce n'est peut-être que partie remise.

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jeudi, 11 juillet 2013

CITATION de Jean Paul SARTRE (Situation I. Temporalité)

L'homme n'est point la somme de ce qu'il a, mais la totalité de ce qu'il n'a pas encore, de ce qu'il pourrait avoir.

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vendredi, 05 juillet 2013

STENDHAL (extrait de LUCIEN LEUWEN)

Donne-toi donc quelquefois l'air un peu sombre. Tous les hommes de ton âge cherchent l'importance ; tu y étais arrivé en vingt quatre heures, sans qu'il y eût de ta faute, pauvre garçon ! et tu la répudies de gaieté de coeur. A te voir on dirait un enfant, et, qui pis est, un enfant content. On commence à te prendre au mot, je t'en avertis, et, malgré les millions de ton père, tu ne comptes dans rien ; tu n'as pas de consistance, tu n'es qu'un écolier gentil. A vingt ans, cela est presque ridicule, et, pour t'achever, tu passes des heures entières à ta toilette, et on le sait.

- Pour te plaire, disait Lucien, il faudrait jouer un rôle, n'est-ce pas ? et celui d'un homme triste ! et qu'est-ce que la société me donnera en échange de mon ennui ? et cette contrariété serait de tous les instants. Ne faudrait-il pas écouter, sans sourciller, les longues homélies de M. le marquis D... sur l'économie politique, et les lamentations de M. l'abbé R... sur les dangers infinis du partage entre frères que prescrit le Code Civil ? D'abord, peut être, ces messieurs ne savent ce qu'ils disent ; et, en second lieu, ce qui est bien plus probable, ils se moqueraient fort des nigauds qui les croiraient.

- Eh bien, réfute-les, établis une discussion, la galerie est pour toi. Qui te dit d'approuver ? Sois sérieux ; prends un rôle grave.

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mercredi, 26 juin 2013

LE PETIT POUCET (Charles PERRAULT, extrait)

On ne s'afflige point d'avoir beaucoup d'enfants

Quand ils sont tous beaux, bien faits et bien grands,

Et d'un extérieur qui brille ;

Mais si l'un d'eux est faible ou ne dit mot,

On le méprise, on le raille, on le pille ;

Quelquefois cependant c'est ce petit marmot

Qui fera le bonheur de toute la famille.

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samedi, 22 juin 2013

J. M. G. LE CLEZIO : ANGOLI MALA

Avant la saison des pluies, John Gimson, surnommé Bravito, est arrivé sur le fleuve. Il était né là, dix huit ans auparavant, mais il ne connaissait plus rien. Quand il avait deux ou trois ans, ses parents, des Indiens nouvellement convertis à la religion baptiste, étaient morts de la typhoïde dans le petit dispensaire que le pasteur, un Noir américain du nom de John Gimson, venait de faire construire sur le fleuve, en amont de Yaviza. Le pasteur avait dû repartir aussitôt vers la ville de Panama, et il avait emmené avec lui l'enfant. Il lui avait donné son nom, et il l'avait élevé dans la religion, avec l'idée que le jeune Indien retournerait un jour parmi les siens pour répandre la bonne parole. Mais un jour, comme le pasteur lui avait reproché d'avoir bu de l'alcool dans un des tripots du Maranon, Bravito avait pris un billet sur le bateau qui partait pour le Darien, et il était arrivé sur le fleuve.

Il n'avait aucune idée de ce qu'était la vie dans la forêt. C'était un jeune Indien de la tribu des WAUNANAS, svelte et fort, avec un visage d'une grande beauté et d'épais cheveux noirs renvoyés en arrière. Bravito était le surnom que ses parents lui avaient donné à sa naissance, parce qu'il semblait coléreux, et le pasteur lui avait gardé ce surnom.

Les sociétés indiennes n'aiment pas les transfuges.

Quand il était parti le long du fleuve à la recherche de sa famille, Bravito avait été accueilli avec méfiance. Tout en haut du fleuve, un peu au-dessous de l'endroit qu'on appelait Tres Bocas (les trois bouches, à cause des trois torrents qui formaient la source du fleuve), il avait trouvé la maison de son oncle. Quand il était enfin arrivé là, après cet interminable voyage à bord de la pirogue des commerçants noirs venus vendre de l'huile et du riz aux Indiens, Bravito s'était senti un peu découragé. Le fleuve était couleur de boue, et de chaque côté s'élevaient les murailles infranchissables de la forêt.

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mercredi, 05 juin 2013

QUELQUE PART UN HERITAGE (1)

Auguste, fils de Nicolas et Pélagie, nait durant le printemps 1788 dans un petit village du Pas de Calais .

La misère était grande en France à cette époque, surtout dans les campagnes.

L'année 1788 voit une grave crise de subsistance s'installer dans la région du Nord. La médiocre récolte de 1787 est suivie d'un hiver dur qui provoque la disette.

Le jour de la naissance d'Auguste, grand-père se tient assis dans un vieux fauteuil, au milieu de l'unique pièce du rez-de-chaussée de la maison. La cheminée illumine la salle à manger. Grand-mère aide à l'accouchement pendant que des poussins entrent par la porte ouverte. Le vieux chien, couché près de grand-père, dort le museau entre les pattes.

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lundi, 22 avril 2013

LE PROCES (Franz KAFKA)

On avait sûrement calomnié Joseph K..., car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin.

La cuisinière de sa logeuse, Mme GRUBACH, qui lui apportait tous les jours son déjeuner à 8 heures, ne se présenta pas ce matin là. Ce n'était jamais arrivé, K... attendit encore un instant, regarda du fond de son oreiller la vieille femme qui habitait en face de chez lui et qui l'observait avec une curiosité surprenante, puis, affamé et étonné tout à la fois, il sonna la bonne. A ce moment on frappa à la porte et un homme entra qu'il n'avait encore jamais vu dans la maison. Ce personnage était svelte, mais solidement bâti, il portait un habit noir et collant, pourvu d'une ceinture et de toutes sortes de plis, de poches, de boucles et de boutons qui donnaient à ce vêtement une apparence particulièrement pratique sans qu'on pût cependant bien comprendre à quoi tout cela pouvait servir.

"Qui êtes-vous ?" demanda K... en se dressant sur son séant.

Mais l'homme passa sur la question, comme s'il était tout naturel qu'on le prit quand il venait, et se contenta de demander de son côté :

"Vous avez sonné ?

- Anna doit me porter le déjeuner", dit K... essayant d'abord muettement de découvrir par déduction qui pouvait être ce monsieur. Mais l'autre ne s'attarda pas à se laisser examiner ; il se retourna vers la porte et l'entrouvrit pour dire à quelqu'un qui devait se trouver juste derrière :

"Il veut qu'Anna lui apporte le déjeuner !"

Un petit rire suivit dans la pièce voisine ; à en juger d'après le bruit, il pouvait se faire qu'il y eût là plusieurs personnes. Bien que l'étranger n'eût pu apprendre de ce rire rien qu'il ne sût auparavant, il déclara : "C'est impossible..." à K... sur un ton de commandement.

"Voilà qui est fort, répondit K... en sautant à bas de son lit pour enfiler son pantalon. Je voudrais bien voir qui sont ces gens de la pièce à côté, et comment Mme GRUBACH m'expliquera qu'elle puisse tolérer qu'on vienne me déranger de la sorte".

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mardi, 09 avril 2013

BONJOUR TRISTESSE (Françoise SAGAN)

Je passais par toutes les affres de l'introspection sans, pour cela, me réconcilier avec moi-même. "Ce sentiment, pensais-je, ce sentiment à l'égard d'Anne est bête et pauvre, comme ce désir de la séparer de mon père est féroce".

Mais, après tout, pourquoi me juger ainsi ? Etant simplement moi, n'étais-je pas libre d'éprouver ce qui arrivait. Pour la première fois de ma vie, ce "moi" semblait se partager et la découverte d'une telle dualité m'étonnait prodigieusement. Je trouvais de bonnes excuses, je me les murmurais à moi-même, me jugeant sincère, et brusquement un autre "moi" surgissait, qui s'inscrivait en faux contre mes propres arguments, me criant que je m'abusais moi-même, bien qu'ils eussent toutes les apparences de la vérité. Mais n'était-ce pas, en fait, cet autre qui me trompait ? Cette lucidité n'était-elle pas la pire des erreurs ? Je me débattais des heures entières dans ma chambre pour savoir si la crainte, l'hostilité que m'inspirait Anne à présent se justifiaient ou si je n'étais qu'une petite jeune fille égoïste et gâtée en veine de fausse indépendance.

En attendant, je maigrissais un peu plus chaque jour, je ne faisais que dormir sur la plage et, aux repas, je gardais malgré moi un silence anxieux qui finissait par les gêner. Je regardais Anne, je l'épiais sans cesse, je me disais tout au long du repas : "Ce geste qu'elle a eu vers lui, n'est-ce pas l'amour, un amour comme il n'en aura jamais d'autre ? Et ce sourire vers moi avec ce fond d'inquiétude dans les yeux, comment pourrais-je lui en vouloir ?" Mais, soudain, elle disait : "Quand nous serons rentrés, Raymond..." Alors l'idée qu'elle allait partager notre vie, y intervenir, me hérissait.

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