lundi, 01 avril 2013
Allons voir plus loin, veux-tu ? (Anny DUPEREY)
Sa hâte de partir était si grande qu'elle décida que ce devait être quinze heures. Elle pourrait sauter dans ce train si les ploucs qui étaient devant elle et la blondasse derrière son guichet voulaient bien se presser un peu au lieu de discuter un quart d'heure à chaque billet. "Dieu ! Que c'est lent ici, que tout est lent et lourd..." pensa, agacée, celle qui savourait encore il y a peu de temps le charme apaisant du rythme provincial.
Un couple de petits vieux, devant elle, sauvegardait tant bien que mal un équilibre pyramidal, les épaules appuyées l'une contre l'autre, les têtes presque jointes, deux cannes les soutenant de part et d'autre, comme des étais auraient maintenu un édifice branlant. Quand la file avançait de cinquante centimètres, on déplaçait dans l'ordre les cannes, l'une après l'autre, les pieds, deux puis quatre, péniblement, puis les épaules s'appuyaient de nouveau. Le tout vacillait, instable, souffreteux, et l'ensemble s'immobilisait dans son équilibre précaire jusqu'à la prochaine avancée. Christine les observait. A quelques centimètres de leurs dos, rien ne lui échappait de leurs efforts, de leur douleur, du petit gémissement que la vieille laissait échapper dans un souffle chaque fois qu'elle avait à déplacer son corps, et leurs soupirs conjoints quand ils s'épaulaient de nouveau. Et leur patience, et leur silence, et leur humilité. Ils attendaient, comme tout le monde, comme s'ils avaient été encore comme tout le monde... Christine avait mal pour eux.
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vendredi, 22 mars 2013
TRAVAIL
Le travail est indispensable au bonheur de l'homme ; il l'élève, il le console, et peu importe la nature du travail, pourvu qu'il profite à quelqu'un ; faire ce qu'on peut, c'est faire ce qu'on doit.
(Alexandre DUMAS Fils).
(Photo prise le 9 mars 2013, fleurs dans les chemins de garrigue)
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dimanche, 17 mars 2013
UN ETRE ACHEVE ?
Aimer sa propre personne signifie apprécier ce qu'on est, être souvent d'accord avec les actes que l'on pose, et aussi considérer que l'on n'est pas un être achevé, ce qui signifie que l'on sait que l'on peut évoluer.
(René de Lassus).
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samedi, 23 février 2013
LA PITIE
Le sentiment que l'homme supporte le plus difficilement est la pitié, surtout quand il la mérite.
La haine est un tonique, elle fait vivre, elle inspire vengeance ; mais la pitié tue, elle affaiblit encore notre faiblesse.
Honoré de BALZAC
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dimanche, 13 janvier 2013
LIEN POUR COMMANDER mon dernier livre ARTHUR ET MADELEINE
Comme le lien pour commander mon dernier livre, ARTHUR ET MADELEINE, ne fonctionne pas malgré mes multiples modifications, je vous le donne ci-dessous.
http://www.thebookedition.com/arthur-et-madeleine-elisabe...
12:52 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : livre, écriture, société, souvenirs
samedi, 05 janvier 2013
LES COURSES
Dans les années 60, peu de mères de famille possédaient le permis de conduire. Pour faire les courses, elles se rendaient à pied chez le boucher, le boulanger, le marchand de fruits et légumes, à la mercerie et à la droguerie-quincaillerie. Dans les petites villes les supermarchés n'existaient pas encore.
Les deux grands paniers en osier de ma mère pendaient à la porte de la cave avec le porte-monnaie à l'intérieur, prêts à servir chaque matin, dès 9 heures.
Après nous avoir accompagnés à l'école, maman se rendait dans la rue principale et entrait chez le boucher. Elle poussait la large porte vitrée en disant bonjour. Le boucher répondait en demandant "comment allez-vous ? que vous faut-il aujourd'hui ?". Ma mère passait sa commande en parlant de la pluie et du beau temps ou des dernières nouvelles. Une cliente entrait et ma mère, se tournant vers elle, lui disait : "bonjour Ginette ! Alors, comment vas-tu ?" pendant que le boucher préparait et coupait le morceau de viande demandé, tout en discutant avec ses deux clientes.
En sortant de la boucherie, ma mère traversait la rue et se dirigeait vers le magasin de fruits et légumes tenu par une de ses copines d'enfance, Marie Madeleine. Ce magasin était tout en profondeur, propre et bien rangé. Elles se voyaient presque tous les jours mais avaient toujours quelque chose à se raconter.
Ma mère avait le choix entre plusieurs boulangeries, mais elle se rendait toujours dans celle qui se trouvait devant la maison de sa mère Marguerite, dans une petite rue.
Les courses de ma mère duraient ainsi presque 2 heures chaque matin car elle rencontrait toujours dans la rue les mêmes personnes qui faisaient leurs courses à la même heure. Elles prenaient le temps de bavarder.
C'est ainsi qu'au repas de midi elle nous racontait les dernières nouvelles du quartier.
(en photo, la maison où je suis née).
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dimanche, 02 décembre 2012
SOLITUDE DE LA PITIE de Jean GIONO (extrait)
Joselet s'est assis en face du soleil.
L'autre est en train de descendre en plein feu. Il a allumé tous les nuages ; il fait saigner le ciel sur le bois. Il vendange tout ce maquis d'arbres, il le piétine, il en fait sortir un jus doré et tout chaud qui coule dans les chemins. Quand un oiseau passe dans le ciel il laisse un long trait noir tout enlacé comme les tortillons de la vigne. On entend sonner les cloches dans les clochers des villages, là-bas derrière les collines. On entend rentrer les troupeaux et ceux qui olivaient les dernières olivettes des hautes-terres s'appellent de verger en verger avec des voix qui font comme quand on tape sur des verres.
- Oh ! Joselet, je lui dis.
- Oh ! Monsieur, il me répond sans détourner la tête.
- Alors tu regardes le soleil ?
- Alors oui, vous voyez.
Le soleil est maintenant en train de se battre avec un gros nuage tout en ventre. Il le déchire à grands coups de couteau. Joselet a du soleil plein la barbe comme du jus de pêche. Ca lui barbouille tout l'alentour de la bouche. Il en a plein les yeux et plein les joues. On a envie de lui dire : "Essuie-toi."
- Alors, tu le manges ce soleil ? je lui dis encore.
-Eh oui, je le mange, dit Joselet.
Vraiment il s'essuie la bouche du revers de la main et il avale sa salive comme s'il l'avait parfumée d'un gros fruit du ciel.
Et quand il n'est plus resté que ce jour vert de devant le soir et, là-bas dans les pins de la colline, une petite goutte de lumière toute tremblante comme un pigeon, Joselet m'a expliqué.
-Ca, il m'a dit, c'est ce que j'ai su avant tout le reste. Vous avez entendu dire que je suis le maître de la pluie et que j'endors les brûlures rien qu'avec la salive ? Vous avez entendu dire que, quand on a le cordon de Saint-Antoine et qu'on a tout fait, et qu'on est fatigué de tout, on vient me voir, que je touche juste un peu l'homme ou la femme à l'endroit de la ceinture et que le mal s'en va ? Je m'essuie à un torchon, on brûle le torchon et c'est fini. On a dû vous dire aussi qu'avec le mot, si on a un membre déboîté, je le remboîte. Si vous avez de l'amour, à vous tourner, à vous retourner comme sur le gril, alors vous venez me voir, nous nous entendons, je vous fais la grande lecture des étoiles, je vous mets un peu la main derrière la tête, et la femme, la voilà dessous vous, tout de suite, dans le moment, même si elle est au fond des êtres. Bien entendu, je vous fais ça une fois, pour vous contenter, puis après c'est vous qui avez la parole. Je vous donne le nécessaire, c'est mon secret, et si vous faites bien ce que je vous dis, elle ne peut pas résister, elle vient et vous vous arrangez avec elle...
16:42 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : culture, écriture, livre, société
samedi, 24 novembre 2012
UNE GORGEE DE VIN
Oh ! qui me donnera une gorgée d'un vin
Longtemps refroidi dans la terre profonde,
D'un vin qui sente Flore et la campagne verte,
La danse et les chansons provençales,
Et l'allégresse brûlée du soleil !
(John KEATS, Ode au rossignol)
16:46 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : citations, vin, livre, auteur, société
vendredi, 09 novembre 2012
LIVRES
Il faut que la fin d'un ouvrage fasse toujours souvenir du commencement (Joseph JOUBERT, Pensées)
Les ans ont beaucoup plus vu que les livres n'en ont connu.
Il faut feuilleter tous les livres et n'en lire qu'un ou deux (Jules Renard, Journal)
21:27 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : livre, citations, écriture, société
mercredi, 07 novembre 2012
ARTHUR ET MADELEINE (mon 6ème livre)
Mon dernier livre est enfin paru.
Après 6 mois de travail, j'ai terminé de le finaliser ce week end. Je vous le présente ci-dessous. (cliquer sur le lien). Vous pouvez en lire quelques extraits en cliquant dans la catégorie "1893-2011" de ce blog.
http://www.thebookedition.com/arthur-et-madeleine-elisabe...
18:58 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : écriture, livre, société, culture, littérature, souvenirs, journal intime