vendredi, 05 juillet 2013
STENDHAL (extrait de LUCIEN LEUWEN)
Donne-toi donc quelquefois l'air un peu sombre. Tous les hommes de ton âge cherchent l'importance ; tu y étais arrivé en vingt quatre heures, sans qu'il y eût de ta faute, pauvre garçon ! et tu la répudies de gaieté de coeur. A te voir on dirait un enfant, et, qui pis est, un enfant content. On commence à te prendre au mot, je t'en avertis, et, malgré les millions de ton père, tu ne comptes dans rien ; tu n'as pas de consistance, tu n'es qu'un écolier gentil. A vingt ans, cela est presque ridicule, et, pour t'achever, tu passes des heures entières à ta toilette, et on le sait.
- Pour te plaire, disait Lucien, il faudrait jouer un rôle, n'est-ce pas ? et celui d'un homme triste ! et qu'est-ce que la société me donnera en échange de mon ennui ? et cette contrariété serait de tous les instants. Ne faudrait-il pas écouter, sans sourciller, les longues homélies de M. le marquis D... sur l'économie politique, et les lamentations de M. l'abbé R... sur les dangers infinis du partage entre frères que prescrit le Code Civil ? D'abord, peut être, ces messieurs ne savent ce qu'ils disent ; et, en second lieu, ce qui est bien plus probable, ils se moqueraient fort des nigauds qui les croiraient.
- Eh bien, réfute-les, établis une discussion, la galerie est pour toi. Qui te dit d'approuver ? Sois sérieux ; prends un rôle grave.
10:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature, livre, écriture, culture, société
Commentaires
Belle journée Amicalement
Écrit par : patriarch | samedi, 06 juillet 2013
Quel écrivain ce Stendhal. En un paragraphe, il dit beaucoup sur l'apparence. Amitiés.
Écrit par : ariaga | samedi, 06 juillet 2013
Il est un peu sévère cet extrait, je préfère ton bouquet de lavande qui sent bon ! Bises Elisabeth
Écrit par : danae | samedi, 06 juillet 2013
J'ai commencé du même auteur:Histoire de la peinture en Italie
en vue de mon voyage que j'ai encore plus travaillé qu'Istanbul
cf mon blog
J'en ferais un livre puisque le précédent marche bien
bonne baignade
bisous
Écrit par : laura | samedi, 06 juillet 2013
J'ai lu ce livre adolescente, et il m'avait plu... En relisant ces lignes, je suis un peu étonnée: est-ce que réellement à 15 ans j'étais en âge d'apprécier quelque chose d'aussi sérieux????
Écrit par : sister for ever | samedi, 06 juillet 2013
Je suis pour l'éloge de l'ennui ! On ne s'ennuie jamais assez. S'ennuyer c'est prolonger la vie, ou plutôt c'est avoir l'impression que le temps s'écoule moins vite. Qu'est ce qui passe le plus vite : Une heure à faire l'amour, ou une heure chez le dentiste ? Vous voyez où je veux en venir ! Jetez votre montre, passez une semaine dans un hôtel minable, sans radio, sans télé, sans lecture à Méru (ma ville natale) et vous verrez que le mercredi vous semblera être le samedi. Vous aurez donc gagné 3 jours de vacances...
Écrit par : Jeanmi | lundi, 08 juillet 2013
Jeanmi : les otages doivent se trouver une occupation pendant leur enfermement et là il faut se creuser les méninges pour, dans cette situation, ne pas flancher sous l'ennui.
Sister : tu as dû lire ce livre conseillé par tes professeurs ? Peut être une ouverture pour comprendre l'être humain et la société.
Laura : bon courage pour l'écriture de ton livre et bon succès !
Danae : mais il reflète un peu la vie qui nous attend quelquefois dans le monde du travail.
Ariaga : il dit tout ce que l'on mettrait des heures en mots sur le papier.
Patriarch : merci et belle journée également !
Écrit par : elisabeth | lundi, 08 juillet 2013
IL existe bien des enfants gâtés qui correspondent à cette description, " tout pour moi et rien pour les autres". S ils ont hérité, ils ont bouffé leurs millions sans le faire exprès, par habitude de satisfaire leurs caprices, ce qui peut coûter cher aujourd’hui. Ils arrivent a se faire mépriser par chacun, et si par hasard, une femme veut bien d eux, ils ne la gardent pas longtemps, ou ils se la font piquer ou elle s en va de son plein gré et rarement les mains vides.
Bonne soirée Elisabeth
Latil
Écrit par : Latil | mercredi, 10 juillet 2013
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