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mercredi, 17 août 2011

UN JOUR D'ETE (Maurice FOMBEURE)

Le tonnelier tonnèle,

Le bourrelier bourrèle,

Le soleil interpelle,

Frappe un bouclier d'or,

Flambe au pennon des aigles

A la cime des ifs,

Fait virer sur les murs

L'ombre bleue des centaures,

Du lézard engourdi

-Cendre et cadran solaire -

Palpitant d'émeraude

De bronze reverdi.

Sur la rivière glisse

Le chant lourd des rameurs,

La douce soie des cuisses

O nymphes du terroir !

Jusqu'au soir solitude

A l'horizon changeant,

Déclin que nul n'élude,

Gendarmerie d'argent.

La belle des jardins :

Sur ses blanches épaules

S'est égaré soudain

Le souffle frais des saules.

Voici les voix du songe

Apaisées, incertaines,

Quand les bruits de la rue

Coulent dans les fontaines.

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vendredi, 29 juillet 2011

LE RAT

Le rat, après deux heures en plein soleil, est perdu.

Il va faire du cancer solaire.

Qui ne l'excusera, après cela, de préférer à la lumière l'ombre fortifiante des égouts....

(Henri MICHAUX - Passages)

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vendredi, 15 juillet 2011

CONSEILS AU BON VOYAGEUR (VICTOR SEGALEN 1878-1912)

Ville au bout de la route et route prolongeant la ville : ne choisis donc pas l'une ou l'autre, mais l'une et l'autre bien alternées.

Montagne encerclant ton regard le rabat et le contient que la plaine ronde libère.

Aime à sauter roches et marches ; mais caresse les dalles où le pied pose bien à plat.

Repose-toi du son dans le silence et, du silence, daigne revenir au son.

Seul si tu peux, si tu sais être seul, déverse-toi parfois jusqu'à la foule.

Garde bien d'élire un asile.

Ne crois pas à la vertu d'une vertu durable ; romps-la de quelque forte épice qui brûle et morde et donne un goût même à la fadeur.

Ainsi, sans arrêt ni faux pas, sans licol et sans étable, sans mérites, ni peines, tu parviendras, non point, ami, au marais des joies immortelles,

Mais aux remous pleins d'ivresses du grand fleuve Diversité.

 

Né à BREST le 14 janvier 1878, médecin de la marine, Victor SEGALEN fit paraître le Recueil "STELES" en 1912, dont ce poème qui se trouve dans la section STELES DU BORD DU CHEMIN.

http://www.scribd.com/doc/2324485/Steles


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jeudi, 07 juillet 2011

OCEAN'S SONGS (Olivier de Kersauson)

La terre ne m'intéresse pas du tout. Sauf quand elle est frangée par la mer, alors elle est belle : un champ de blé agité par les brises marines où se mêlent l'odeur du blé qui est en train de mûrir et l'air frais qui vient de la mer, ça c'est extraordinaire.

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(En photo, une peinture de Vincent VAN GOGH, Champs de blé derrière l'hospice)

 

samedi, 18 juin 2011

ANNA (QUATRE FILLES - 4 )

Pendant que Noémie se débattait dans sa relation avec Eric, Anna se pressait aux cours de Monsieur DAUGET, l'un de ses professeurs. Depuis la rentrée universitaire où elle avait eu soudain un immense flash en le voyant apparaître, elle ne manquait aucune des séances du jeudi après midi.

Elle s'y rendait avec une régularité extrême. Et pour cause ... Tous les soirs quand elle se couchait, elle revivait avec émotion l'explosion qui s'était produite encore une fois ce jeudi, comme chaque jeudi.

Il devait y avoir une explication, quelqu'un pouvait peut être donner un nom à ce bonheur intense.

Elle voulut en savoir plus et questionna Nathalie. Mais cette dernière ne lui posa que des questions. Nathalie n'avait pas de réponse directe à offrir à Anna. Elle l'invitait simplement à fouiller dans sa mémoire, dans sa propre vie.

Anna en fut très déçue...

Son moral atteignait des sommets durant un moment, puis retombait 10 mètres sous terre dans l'instant qui suivait.

Elle regarda les feuilles tombées au sol qui tourbillonnaient dans la cour de la fac. Elle frisonna et releva le col de son manteau. Elle arriva à la bibliothèque où le silence régnait. Elle sourit à Judith et à Noémie. Leurs yeux plongèrent à nouveau dans les livres étalés devant elles.

Anna vint s'asseoir à leur table et ouvrit son classeur...

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samedi, 04 juin 2011

LA RENCONTRE (Quatre filles - 3 )

La liaison de Noémie et d'Eric avait débuté le jour où il fêtait son anniversaire. Elle ne l'aimait pas plus qu'un autre ; elle voyait leur relation comme une erreur de parcours.

Il avait tout préparé : les gâteaux, les assiettes en carton et le champagne. Lui brûlait d'amour pour elle, du moins c'est ce qu'il lui répétait chaque jour depuis cette date. Seulement, il ne savait pas aimer, il était maladroit comme un enfant. Car il restait un enfant malgré ses 23 ans fêtés avec quelques amis, un beau jour d'été.

Le champagne aidant, il avait réussi à la conduire dans un coin retiré de l'appartement et à la faire rire. "L'alcool fait tomber les barrières", lui avait-il dit un jour.

Après le départ des autres, il avait pris soin de tourner le verrou de la porte d'entrée. Elle avait pris peur à ce moment là.

Elle regretta amèrement, mais bien trop tard, cette soirée passée avec lui car, à partir de ce jour là, il lui dicta tous ses désirs et l'inonda de cadeaux.

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mercredi, 04 mai 2011

LA BATAILLE FUT PERDUE

Faute d'un clou le fer fut perdu

Faute d'un fer le cheval fut perdu

Faute d'un cheval le cavalier fut perdu

Faute d'un cavalier la bataille fut perdue

Faute d'une bataille le royaume fut perdu,

Et tout cela faute d'un clou de fer à cheval.

(FRANKLIN)

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jeudi, 21 avril 2011

LA VIE SEMBLE ETRANGE

Ils se sont raconté leur vie.

Ils se sont quittés, tristes et fatigués.

Maintenant l'été est là.

Entre le soleil, l'herbe,

Les fleurs et le ciel bleu,

La vie semble étrange

Elle est sans dessus, dessous....

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vendredi, 15 avril 2011

EN VELO AVEC MON PAPA

Mon papa s'apprête à partir travailler. Il y va en vélo car c'est à l'autre bout de la ville. Pour faire plaisir à sa maman, et comme je suis trop petite pour aller à l'école, il me prend avec lui. Il m'assied sur le siège attaché au porte-bagages. Cela permet de soulager maman qui a beaucoup de travail avec ma petite soeur.

Et nous voilà partis après le repas de midi. Je m'accroche fort à son manteau car j'ai un peu peur. Je ne vois pas la rue qui défile devant moi. Je regarde les maisons qui défilent sur le côté. Arrivés au portail en fer de l'usine, il me laisse sur le vélo et descend pour ouvrir. Derrière le portail, se trouve à droite la maison de mon grand père et de ma grand mère. A gauche, ce sont les bâtiments de l'usine puis les bureaux. Au fond de la cour se trouvent aussi des bâtiments où les ouvriers travaillent. Au fond à droite, se dressent de vieux bâtiments qui servent de garage et une grange en bois, comme dans les films de cow-boys.

Mon grand père est déjà au bureau, il travaille comme comptable avec une dame. Je peux le voir car il a son bureau près de la fenêtre qui donne sur la cour. Il me fait signe bonjour. Le dimanche, il m'emmène voir son bureau quand il n'y a personne.

Mon papa me dépose chez sa maman qui m'embrasse très fort et il s'en va.

J'aide ma grand mère à ranger sa cuisine comme je peux. Elle me lit une histoire. Je dessine sur du vieux papier avec de vieux crayons de couleurs. Nous allons ensuite ramasser les oeufs que les poules ont laissés un peu partout : dans la paille de la réserve à charbon, dans certains coins du jardin. Il faut bien regarder et surtout ne pas les laisser tomber. Je m'amuse aussi quelquefois avec les poules qui s'échappent dès que je veux les toucher. Mais, j'ai l'habitude. Ensuite, ma grand mère me donne un biscuit pour le goûter car l'air de la campagne ça creuse. Elle m'emmène dans le potager car il faut penser au repas du soir. J'y vois des salades, des poireaux et d'autres légumes ainsi que quelques fleurs.

Quand mon papa a fini sa journée de travail, il rentre avec mon grand père qui m'embrasse et nous buvons un verre de jus de fruit pour moi et du café pour mon papa et mes grands parents. Ils parlent de choses que je ne comprends pas.

Maintenant, il est l'heure de rentrer pour retrouver mon frère et ma soeur qui sont déjà revenus de l'école. Je fais la route en sens inverse ce qui me permet de voir les maisons de l'autre côté de la rue.

J'aime avoir les cheveux dans le vent, même s'il fait quelquefois très froid. Mais je suis bien couverte.

L'après-midi s'est bien passée et je suis contente de revenir à ma maison. La table est déjà mise et je sens l'odeur de la soupe dès que j'arrive.

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samedi, 02 avril 2011

PIERROT MON AMI (Raymond QUENEAU) extrait.

livre,littérature,écriture,queneau,société,cirqueLa salle finit par se remplir et le rideau se leva sur tout un matériel de quincaillerie. Pierrot se trouvait également là, non moins figé que tout à l'heure. Lorsque le fakir entra, il croisa les bras sur la poitrine et s'inclina très profondément. Celui-là, de salut, je l'ai réussi, pensa-t-il. L'autre lui fit un signe. Pierrot d'un geste plein de soumission lui offrit une épingle à chapeau longue de cinquante centimètres que Crouïa-Bey s'enfonça dans la joue droite. La pointe ressortait par la bouche. Sur un nouveau signe, Pierrot lui tendit une nouvelle épingle qui s'en alla perforer l'autre joue. Une troisième épingle transperça encore une fois la joue droite, et ainsi de suite.

Absorbé par son travail, Pierrot ne fit tout d'abord guère attention à ce que devenaient les premières. Mais avant d'offrir la sixième, il leva les yeux. Dans un brouillard, il aperçut des espèces de dards d'acier qui émergeaient de la belle barbe du fakir. Il blémit. Il suivit des yeux la tige de la nouvelle épingle : elle s'éleva en l'air, et, lentement, après avoir percé la peau, pénétra dans la chair. Les yeux tout grands, Pierrot regardait ça, pâle d'horreur. Puis la pointe réapparut entre les deux lèvres. Pierrot ne put plus y tenir. Pierrot s'évanouit. Dans la salle, on se marait.