samedi, 30 novembre 2019
ETRE PATRAQUE
Cette expression est apparue dans le courant du XVIIème siècle en France, qui tire son origine de la langue italienne. Le mot "patraque" dérive de "patacca" que les habitants de la Botte employaient notamment pour désigner une pièce de monnaie sans grande valeur. Les habitants de Provence qui réalisaient à l'époque de nombreuses affaires avec leurs voisins transalpins, ont repris ce terme et l'ont transformé en "patraca" pour parler d'un objet usé, qui ne fonctionne pas très bien. Par analogie, le sens de ce mot a évolué avec le temps pour faire référence à une personne dont l'état de santé est mauvais, tandis que son orthographe a fini par être totalement francisée.
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samedi, 23 novembre 2019
IDEES (Raymond QUENEAU)
Les oiseaux bleus dans l'air sont verts dans la prairie
Qui les entend les voit qui les voit les entend
Leur aile déployée élargit leur patrie
Mais à travers leur plume un feu toujours s'étend.
Caméléons du ciel agiles que l'œil transperce nuages qui vivants assument tour à tour la forme d'une idée et puis l'idée adverse protéens dont l'azur ne limite aucun tour.
Ils volent à travers la sublime excellence des principes divins scellés sur l'horizon les étoiles parfois dénotent leur présence et les jeux de la lune au cours d'une saison.
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mardi, 12 novembre 2019
ORIGINE DU TERME "CHOMAGE"
L'origine du terme "chômage" remonte au Moyen Age. Dès le XIIème siècle, ce mot tiré du latin "caumare", était en effet employé pour désigner un temps de pause que les hommes - et le bétail - prenaient en cas de forte chaleur. Puis son sens s'est élargi progressivement pour faire référence à tous les types de repos, volontaires ou forcés, ainsi qu'aux dimanches et jours fériés où les fidèles ne travaillaient pas et allaient à l'église. Ce n'est qu'à partir du XIXème siècle que le "chômage" a fini par prendre le sens que l'on connait, notamment après la grave crise économique de 1846-1847.
17:22 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : citations, culture, proverbes, chômage, société, travail
lundi, 28 octobre 2019
SECRET DE POLICHINELLE
Lorsqu'une information censée être cachée est en réalité connue de tous, on dit qu'il s'agit d'un "secret de polichinelle". Son origine vient du théâtre italien. Elle fait référence à un personnage de la commedia dell'arte : Polichinelle, inventé au XVIème siècle. Il est représenté par un valet disgracieux, vêtu de blanc et portant un masque au long bec noir. Polichinelle est si bavard qu'il n'hésite pas à révéler les secrets des uns et des autres pour faire la conversation, tout en demandant de ne pas en parler aux autres. La personne qui s'est confiée à lui est persuadée que son secret est bien gardé alors qu'il est connu de tous.
23:47 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : culture, citations, expression, secret, polichinelle, personnage
vendredi, 18 octobre 2019
ZIZANIE
Semer la zizanie, vient d'une expression du 16ème siècle au sein du monde agricole. La zizanie désignait la plante de l'ivraie enivrante, aussi appelée Zizanion en grec, graminée sauvage considérée comme de la mauvaise herbe qui, si elle est consommée en petites quantités, peut provoquer des effets similaires à l'ivresse. Elle était redoutée par les paysans car sa toxicité pouvait se répandre dans les champs de céréales. Si un homme mangeait du pain préparé avec du blé ainsi contaminé, il pouvait tomber malade, parfois jusqu'à en mourir. "Semer la zizanie" pouvait donc avoir des conséquences désastreuses pour son entourage.
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mardi, 08 octobre 2019
MI-FIGUE, MI-RAISIN
Lorsqu'une personne a un avis mitigé sur un sujet, elle peut le définir comme mi-figue, mi-raisin, c'est à dire aussi bon que mauvais. Cette expression apparue au début du Moyen Age est issue de la popularité des deux aliments qui faisaient partie des fruits secs le plus souvent consommés par les chrétiens lors du carême. Toutefois, le raisin était considéré comme un mets raffiné, et donc très apprécié, tandis que la figue était beaucoup moins courante et bon marché, sa forme était souvent comparée à celle d'un excrément d'animal. Il arrivait même que les marchands ajoutent des morceaux de figues, lourds et peu chers, dans les raisins secs qu'ils vendaient pour duper les clients. On disait donc qu'une situation était "moitié-figue, moitié-raisin". Puis le terme "moitié" a été simplifié en "mi" au 18ème siècle.
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samedi, 05 octobre 2019
LA CIGALE (Paul-Jean TOULET)
Quand nous fûmes hors des chemins
Où la poussière est rose,
Aline, qui riait sans cause
En me touchant les mains ; -
L’Écho du bois riait. La terre
Sonna creux au talon.
Aline se tut : le vallon
Etait plein de mystère…
Mais toi, sans lymphe ni sommeil,
Cigale en haut posée,
Tu jetais, ivre de rosée,
Ton cri triste et vermeil.
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mercredi, 02 octobre 2019
AU JARDIN CETTE SEMAINE: fleurs de topinambours
23:05 Publié dans Loisirs | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : fleurs, topinambours, saison, automne, culture, nature, jardinage., jardin
samedi, 14 septembre 2019
BELLA (Jean Giraudoux)
BELLA est l'histoire de deux familles sous la 3ème République. Deux familles ennemies et puissantes que la politique oppose. Au milieu de ces familles, Bella et Philippe qui s'aiment et désirent se marier. Ce livre a été publié en 1926.
Extrait : La seule table vide était près de la nôtre. Bella eut une hésitation dans sa marche ; je sentais qu'elle se demandait si elle aurait le courage de se placer face à moi, pour m'éviter la vue de son beau-père. Mais Rebendart déjà s'installait, et je la voyais de dos. Elle était ployée, elle m'offrait le fermoir de son collier, le laçage de sa robe, le noeud de ses cheveux, les boutons de sa tunique, car elle aimait être boutonnée par-derrière, jamais par-devant ou par côté. Elle sentait mes regards sur elle, elle sentait que tous ses sentiments, toute sa résistance avaient leur fermoir derrière elle, j'avais sous les yeux tout ce qui pouvait la rendre nue et défaillante. Rien de plus lourd que le chagrin sur des épaules de femme ; cet affaissement de champion qui lève cent vingt kilos, l'idée de ma présence le provoquait sur Bella. Ah ! comme le record en poids de la mélancolie était battu ! Ah ! que les épinards renommés furent les bienvenus ! Elle se laissa aller dès qu'ils furent servis, elle se courba sur eux comme sur une prairie. Par-devant elle bavardait, elle riait, mais ses épaules et ses reins succombaient. Parfois d'une main qui semblait venir d'une amie elle tâtait le fermoir du collier, le premier bouton de la blouse, le peigne. Puis la main, sentant mon regard, disparaissait. On eût dit une main de voleuse, mais elle partait toujours vide. Que la peine est belle sur un être beau ! Bella était plus forte, plus épanouie que lorsqu'elle m'avait quitté. Notre rupture lui avait valu ce que cause aux autres femmes un enfant. Le souci avait arrondi ses épaules, donné à son dos ce beau volume, gonflé un peu ses bras, chassé les muscles de son cou, la renfermant toute dans une gaine. Jamais plus je n'étreindrais ce corps léger et remuant, il était cousu dans une peau plus charnue et veloutée. Je ne pourrais plus que le sentir se débattre au sein de cette autre femme, qui le retenait par une couture sans marque, que la main surgissant à nouveau semblait chercher. Elle était à peu près immobile. Elle savait que si elle s'inclinait d'un côté ou de l'autre, elle me dévoilait la tête de Rebendart...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Giraudoux
15:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : livre, auteur, écriture, roman, jean giraudoux, culture, littérature
mercredi, 11 septembre 2019
VIEILLIR (un texte de Bernard Pivot)
J'aurais pu dire:
Vieillir, c'est désolant, c'est insupportable,
C'est douloureux, c'est horrible,
C'est déprimant, c'est mortel.
Mais j'ai préféré «chiant»
Parce que c'est un adjectif vigoureux
Qui ne fait pas triste.
Vieillir, c'est chiant parce qu'on ne sait pas quand ça a commencé et l'on sait encore moins quand ça finira.
Non, ce n'est pas vrai qu'on vieillit dès notre naissance.
On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant.
On était bien dans sa peau.
On se sentait conquérant. Invulnérable.
La vie devant soi. Même à cinquante ans, c'était encore très bien….Même à soixante.
Si, si, je vous assure, j'étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.
Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps j'ai vu le regard des jeunes…
Des hommes et des femmes dans la force de l'âge qui ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté, même à la marge.
J'ai lu dans leurs yeux qu'ils n'auraient plus jamais d'indulgence à mon égard.
Qu'ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables.
Sans m'en rendre compte, j'étais entré dans l'apartheid de l'âge.
Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants.
"Avec respect", "En hommage respectueux", "Avec mes sentiments très respectueux".
Les salauds! Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur stylo plein de respect? Les cons!
Et du « cher Monsieur Pivot » long et solennel comme une citation à l'ordre des Arts et Lettres qui vous fiche dix ans de plus !
Un jour, dans le métro, c'était la première fois, une jeune fille s'est levée pour me donner sa place…..
J'ai failli la gifler. Puis la priant de se rasseoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué. !!!... ?
-- "Non, non, pas du tout, a-t-elle répondu, embarrassée. J'ai pensé que…".
-- Moi aussitôt : «Vous pensiez que?
-- "Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous asseoir".
- "Parce que j'ai les cheveux blancs"?
- "Non, c'est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que moi, çà été un réflexe, je me suis levée".
-- "Je parais beaucoup…beaucoup plus âgé que vous"?
-"Non, oui, enfin un peu, mais ce n'est pas une question d'âge".
-- "Une question de quoi, alors?"
- "Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois".»
J'ai arrêté de la taquiner, je l'ai remerciée de son geste généreux et l'ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre.
Lutter contre le vieillissement c'est, dans la mesure du possible, ne renoncer à rien.
Ni au travail, ni aux voyages, ni aux spectacles, ni aux livres, ni à la gourmandise, ni à l'amour, ni au rêve.
Rêver, c'est se souvenir tant qu'à faire, des heures exquises.
C'est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent.
C'est laisser son esprit vagabonder entre le désir et l'utopie.
La musique est un puissant excitant du rêve. La musique est une drogue douce.
J'aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant soit l'adagio du Concerto no 23 en la majeur de Mozart,
soit, du même, l'andante de son Concerto no 21 en ut majeur,
musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l'au-delà.
Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés.
Nous allons prendre notre temps.
Avec l'âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement.
Nous ignorons à combien se monte encore notre capital. En années? En mois? En jours?
Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital.
Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut jouir sans modération.
Après nous, le déluge?....Non, Mozart.
Voilà, ceci est bien écrit, mais cela est le lot de tous, nous vieillissons !...
Bien ou mal, mais le poids des ans donne de son joug au quotidien
Bernard Pivot
Extrait de son livre paru en avril 2011 : Les mots de ma vie.
22:30 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : senior, vieillesse, grand âge, bernard pivot, texte, auteur, livre, culture