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mercredi, 11 novembre 2020

MON GRAND PERE PATERNEL, ARTHUR

En hommage à mon grand père Arthur qui était poilu en 1914, puis prisonnier en Allemagne, je mets ci-dessous un extrait de son Journal de Guerre, paru dans mon livre ARTHUR et MADELEINE.

https://www.thebookedition.com/fr/arthur-et-madeleine-p-8...

 

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Le 31 juillet au soir, étant de garde à l’Hôtel de Ville de Paris, je revois mon frère Fernand qui était aux achats au siège des Nouvelles Galeries de Paris.

A la fin de juillet, le conflit s’aggravait. Aussi la guerre prenait-elle de plus en plus dans les cerveaux. Quoique la France et l’Angleterre faisaient tout pour l’éviter. Seule l’Allemagne activait et déclarait la guerre à la Russie. La mobilisation fut décrétée chez nous le samedi soir à compter du dimanche 2 août !

A la caserne on était consigné depuis la semaine et l’on s’attendait au dénouement. Tous les effets neufs furent distribués, les revues passées et l’on rendit tout son paquetage. Aussitôt les réservistes arrivèrent pour compléter l’effectif des Compagnies. La cour de la caserne est pleine de parents et d’amis qui viennent voir leurs enfants, leurs maris ou leurs neveux.

Et tous les jours c’est un défilé ininterrompu. Dès le début, je suis embusqué (militaire affecté à un poste sans danger) au bureau pour mettre tout en ordre et finir le dossier de mobilisation.

Le 2ème jour, je suis de garde à la Gare de Bercy-ceinture et tout le monde nous regarde passer. Je suis avec le Sergent Focquenoy qui sera tué à Cosnes et Romain (54) le 22 août en réparant la ligne téléphonique. La gare se trouve au-dessus de la ligne Paris-Lyon au moment où elle sort des fortifications. Là on voit partir les trains de réservistes. Tous passent en chantant, ce n’est qu’un enthousiasme indescriptible. On prend une espèce d’espion qui se balade sur les voies de la Gare de Bercy (PLM) et on le conduit au poste du Commissaire le plus voisin. La garde se passe sans d’autres incidents.

La veille de partir, le 5 août, Georges part en convalescence (Georges est un autre frère de mon grand père). Je l’accompagne à Bégin (hôpital des armées sis à Saint Mandé). Pendant qu’il prend sa permission, je rends visite à Mr Revel, l’aumônier de Vincennes et là je reçois la bénédiction. Lui aussi part comme aumônier sur la Marine et il se rend au Ministère où il a mission d’organiser les aumôneries de la Marine.

Ensuite, on mange dans un restaurant et je l’accompagne jusque la Concorde car on a pris le métro à la Porte de Vincennes. De là, je lui fais mes adieux et je vais jusqu’à la Porte de Clichy et je fais aussi mes adieux aux cousins qui en sont très contents.

De là, je reprends le train jusqu’à la Gare du Nord. Je redescends le boulevard Magenta, la place de la République, la rue Voltaire et reviens à Reuilly par la rue Paul Bert. Je m’endors et le lendemain réveil à 6 heures.

Nous partons de Reuilly à 9 h et demi. Le 1er bataillon est parti avec la musique à minuit. Quelle émotion nous étreint au moment où sonne le rassemblement. Il est vite fait. Hâtivement on part. Partout sur notre passage ce n’est qu’une foule en délire, on chante la Marseillaise, le Chant du Départ, Sambre et Meuse. On part par la rue Faidherbe, le boulevard Voltaire, la place de la République, le boulevard Magenta et ensuite on se dirige vers la Gare de Pantin où on arrive à 12 h. Sur notre passage les Parisiens nous prodiguent leurs bravos. On nous offre des fleurs, du vin, du chocolat et même de l’argent. De pauvres vieilles pleurent, d’autres chantent avec nous. Arrivés, on nous embarque pour une destination inconnue. On suit la Marne, on passe Troyes, Bar le Duc et enfin on arrive à St Mihiel à 8 h et demi.

Commentaires

Un témoignage qui recoupe ce que les historiens ont décrit, mais ici dans un récit plus personnel. Une chose m’étonnera toujours et qui est un peu anachronique à notre époque, c’est cet enthousiasme à partir à la guerre, verrions-nous ça à notre époque ? On peu répondre non sans hésiter, mon grand-père y est mort en 1915 et cela a laissé une trace dans l’histoire familiale.
Merci Élisabeth de rappeler cet évènement en ce jour du 11 novembre où il y a 74 ans naissait un certain Dan…

Écrit par : DAN | mercredi, 11 novembre 2020

Bien sûr je ne connais pas les protagonistes de l'histoire mais cette lecture me "prend aux tripes".

Écrit par : Chinou | mercredi, 11 novembre 2020

Chinou : et ce n'est que le début du Journal de mon grand père. Bonne soirée.
Dan : bon anniversaire alors et bonne soirée.

Écrit par : ELISABETH | mercredi, 11 novembre 2020

Merci Élisabeth

Écrit par : DAN | mercredi, 11 novembre 2020

C'est un récit prenant et émouvant. Ton grand-père écrivait bien. Bisous

Écrit par : écureuil bleu | jeudi, 12 novembre 2020

Bonjour Elisabeth,

Quelques lignes, et la mort partout déjà, presque anecdotique, acceptée.
Le récit est prenant, au-delà du témoignage.
Ton grand-père écrivait très bien, sans emphase, précisément.
Notre émotion, à nous qui ne retenons que le tragique de l’histoire, se heurte à l’enthousiasme de 14.

Bonne journée, douce et pluvieuse.
Geontran

Écrit par : Geontran | vendredi, 13 novembre 2020

beau travail de toi que j'ai lu

Écrit par : laura | samedi, 14 novembre 2020

Laura : merci, il m'a fallu déchiffrer ce que mon grand père avait écrit à la main, l'encre devenait pâle à certains endroits. Il était temps de le publier.
Géontran : bon week end, sous la grisaille aussi. On reste dedans. Merci.

Écrit par : ELISABETH | samedi, 14 novembre 2020

Bonjour,
quelle chance d'avoir entre les mains un tel document, de tels souvenirs.
j'espère une fin heureuse...

Bon dimanche

Écrit par : Pierrette Richard | dimanche, 15 novembre 2020

Pierrette : oui, mon grand père a vécu jusqu'à ses 88 ans. Bonne semaine.

Écrit par : ELISABETH | lundi, 16 novembre 2020

Mon grand père maternel Jean Fernand 1914-1918 au Maroc lieutenant , il était louvetier de profession, Mon grand père paternel je n'ai pas de renseignements sur lui , je sait quà la 2ème guerre mondiale il était maire à st Léger sur Dheune , a été dénoncé puis blanchi par un conseil de discipline (ce n'est pas forcement le terme exact)à la fin des hostilités dcd en 1959

Écrit par : celadon7 | mardi, 17 novembre 2020

Les commentaires sont fermés.