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mercredi, 10 juin 2015

PROMENADES DU JEUDI

Les promenades du jeudi après midi avec notre grand-mère se ressemblaient : une seule destination, la forêt. Il fallait savoir marcher pendant une bonne heure, en prenant son temps. Aidée de sa canne, elle aimait se promener avec nous, ses petits-enfants. C'était le seul jour avec le dimanche où elle pouvait profiter un peu de nous. 

A force de prendre toujours le même chemin, nous avions des repères et nous nous faisions des amis. Tel ce cheval, derrière la haie, dont je ne me souviens plus du nom, et que nous aimions appeler. Il nous regardait le regarder. Ce n'était pas tous les jours que l'on pouvait voir un cheval dans une prairie ou un enclos dans ce pays de vaches.

Une grande maison, un petit manoir, attirait également nos regards curieux. Le vaste jardin, bien entretenu pas ses propriétaires, était garni d'objets : nains, lapins, champignons et petits sujets en céramique. Combien de fois sommes-nous passés devant et avoir eu envie de rester un moment à regarder ces objets ? Pour nous, enfants, une telle vision ne pouvait que faire rêver. Et au retour de la promenade, nous nous arrêtions pour regarder encore.

Mon frère qui était l'aîné, farceur, aimait jouer au chef. Un jour il nous montre un petit chemin sur la gauche et nous dit : "par là on va à Paris". Nous regardions aussi loin que nos yeux nous portaient pour essayer de voir le bout du chemin. Nous ne connaissions rien de la géographie. Nous attendions la suite de son histoire. Mais il se mettait à rire en disant : "tous les chemins mènent à Paris, bien sûr"... Ma grand-mère répondait : "oui, si on veut, mais c'est un peu loin ; on n'ira pas aujourd'hui".

Au retour, elle nous payait un petit verre de limonade dans un café, à la sortie de la forêt. Elle discutait un peu avec la propriétaire. Elle était fière de montrer ses cinq petits-enfants. Nous repartions ensuite heureux de cette belle promenade. Nous retrouvions grand-père qui avait passé l'après midi au bord de la rivière. Il avait déjà rangé sa canne à pêche dans le garage et nous rejoignait dans la maison pour boire un bon café.

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dimanche, 31 mai 2015

MAMANS

Je souhaite une très BONNE FETE à toutes les mamans !

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15:17 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (7)

samedi, 23 mai 2015

BALADES DANS LA VILLE DE MON ENFANCE

J'aime me promener dans ma ville natale, celle où j'ai grandi, aller de quartier en quartier, retrouver des instants enfouis au plus profond de moi. Je prends les petites rues, je tourne à droite ou à gauche. Je fais une boucle et reviens à l'endroit où je m'étais trouvée quelques instants auparavant. J'ai le coeur plein de souvenirs heureux. Des images défilent dans ma tête. Je me pose aussi quelques questions : pourquoi a-t-on élevé ce monument ? Ces maisons anciennes appartenaient à qui ? Appartiennent à qui maintenant ? L'histoire se perd dans le visage quotidien de ces murs. Je me retrouve à la maison, je tourne les pages du livre retraçant la vie de cette petite ville où je suis née et où j'ai grandi.

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samedi, 16 mai 2015

LA FRITURE (souvenir d'enfance).

Maman prépare le repas de midi, nous l'aidons à mettre la table. C'est un beau jour de printemps, le soleil brille. Nous partons jouer dans la cour en attendant qu'elle nous appelle pour le repas. 

Soudain, derrière le mur de clôture, nous entendons le voisin qui crie. Nous appelons maman qui sort de la cuisine et vient nous demander ce qui se passe. La voisine se met également à crier. Nous ne savons pas ce qui se déroule derrière le mur. Les cris étouffés continuent. Quelques minutes s'écoulent puis les pompiers arrivent. Nous n'osons pas bouger, nous sommes angoissés. La voisine sort en courant vers les pompiers et en criant : "c'est mon mari, vite !" Ils s'engouffrent à l'intérieur de la maison. Maman ouvre la porte d'entrée puis la repousse en nous disant de rentrer. Nous nous mettons à table avec la gorge nouée.

Dans la soirée, nous apprenons que le voisin a renversé l'huile bouillante de la friteuse sur son bras et sa jambe. Dans ma tête j'imagine l'accident plusieurs fois de suite. Je ne comprends pas. Nous en parlons pendant quelques jours. Maman demande chaque matin des nouvelles à la voisine jusqu'à ce que son mari rentre de l'hôpital où il a reçu les soins.

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mercredi, 18 mars 2015

LA DROGUERIE

J'entre dans la droguerie avec maman. La lourde porte en bois annonce notre arrivée : une petite cloche est accrochée tout en haut. Ce qui frappe en entrant, c'est l'odeur de vernis, de peintures, de cires, le mélange de tout ce qui s'y vend.

Le droguiste nous accueille en lançant un bonjour un peu traînant. Il nous dévisage en abaissant ses petites lunettes. Il porte une blouse grise et nous demande ce que nous désirons. Maman a fait sa liste qu'elle débite aussitôt. Le droguiste la conseille pendant que je regarde les étagères qui grimpent jusqu'au plafond et la profondeur du magasin. Il disparaît derrière une porte, au fond de sa boutique, tout en parlant. Il en revient avec un pot : c'est la cire d'abeille que maman appliquera sur le bois de ses armoires. Elle cherche également des pinceaux pour repeindre la grille du jardin. Elle ne sait quelle taille prendre. Là encore, le droguiste lui montre un choix en la conseillant. Elle demande combien elle doit pour tous ses achats. En payant, ils parlent tous les deux du beau temps qui nous permettra de refaire les peintures extérieures. Nous aiderons papa et maman pendant les grandes vacances. Ainsi nous ne nous ennuierons pas et gagnerons notre argent de poche.

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samedi, 07 mars 2015

LA LETTRE

Un matin, maman reçoit une lettre non affranchie, à mon nom. Le facteur lui demande de régler les frais de timbre et la taxe de non affranchissement. Cela met de mauvaise humeur maman. Qui peut bien écrire à sa fille qui n'a que 11 ans et sans mettre de timbre ? A l'ouverture, elle pousse des : "Oh ! Eh bien !". Elle la montre à toute la famille. J'en prends connaissance avec surprise : il s'agit d'une lettre d'un jeune garçon qui me donne rendez-vous à telle heure et à tel lieu de la ville. Il n'a pas signé. Je me demande qui a pu écrire. Bien sûr il n'est pas question que je me rende à ce rendez-vous car je n'ai pas de fiancé, ni d'amoureux. A cet âge là, pas encore. La lettre va jusque chez la voisine, ainsi mes petites copines sont mises au courant. Je suspecte bien un garçon qu'elles fréquentent. Il s'agit du fils du propriétaire du cinéma qui se trouve de l'autre côté de la rue. Mes voisines en sont amoureuses et aimeraient bien sortir avec lui. A chaque fois qu'il sort dans son jardin, elles filent lui parler.

Nous faisons notre enquête jour après jour mais nous ne parvenons pas à trouver le coupable.

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vendredi, 27 février 2015

MON PETIT JARDIN

C'est le printemps, Mon père achète des graines pour son potager. Il a préparé la terre et creuse des sillons. Il me montre comment placer ces graines. Quand il a terminé, il replace la terre délicatement, tasse le tout avec ses bottes et passe l'arrosoir pour bien mouiller le sillon.

Il attache le paquet vide en tête de ligne sur un petit piquet en bois.

Quelquefois il me donne les paquets presque vides. Il me montre une petite parcelle où je suis autorisée à planter quelques graines de carottes, de persil et même de fleurs. Je divise la parcelle en quatre parties et, avec ma pelle en plastique, je retourne la terre. Je dessine deux allées avec des petits cailloux.

Mon premier jardin est minuscule, je ne peux pas bêcher comme mon père car je ne suis pas aussi forte que lui mais je suis fière du résultat. Avec mon arrosoir en plastique, je mouille la terre chaque soir en rentrant de l'école. Je guette les premières pousses. Le jour où elles se décident à montrer le bout de leur nez, j'appelle mes parents et leur montre ces petites tiges fragiles qui fendent la croûte terreuse.

Je suis heureuse.

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samedi, 07 février 2015

Mr ROUSSEAU

Un de mes professeurs m'a marqué plus particulièrement. Proche de la retraite, il enseignait le français en 5ème au collège que je fréquentais, collège qui était également un lycée. 

Trois lieux ont marqué son existence : sa ville natale, l'Afrique et la ville où il a passé la fin de sa vie.

Les jeunes de mon âge se souviennent de la célèbre 2 CV rouge qui se garait le matin et l'après midi devant l'établissement. Le professeur emmenait quelquefois des élèves avec lui.

Il commençait son cours avec sérieux puis, voulant partager ses souvenirs, il parlait de sa vie passée à Bamako, capitale du Soudan, l'actuel Mali. Il nous racontait des anecdotes sur les Touaregs, comment ils vivaient, quelles étaient leurs coutumes. 

Mr Rousseau avait exercé dans le cadre de l'éducation des fonctions de professeur, d'inspecteur en brousse et de directeur de cabinet au sein du ministère. Il interrompait ses cours quand un détail lui rappelait cette vie loin de la France qui devait certainement lui manquer. Nous écoutions ces récits qui nous semblaient d'un autre monde. A treize ans, nous étions si jeunes que nous ne connaissions presque rien.

Notre professeur ressemblait à Jean Gabin et impressionnait quand ses grands yeux clairs s'écarquillaient ou quand ses sourcils se fronçaient. Il était extraordinaire. Nous l'aimions bien ce "papy" sympathique. Pendant les grandes vacances, comme certaines de mes camarades, je lui ai envoyé une carte postale de Bretagne. Il venait de prendre sa retraite et il nous manquait déjà.

Dans sa ville, il était connu : il avait plusieurs cordes à son arc. Il animait d'ailleurs un club de tir à l'arc. Il était à la fois musicien, peintre, animateur, acteur, orateur, conteur et historien. Il a touché à tout avec réussite. En tant que peintre, il participait à de nombreuses expositions prestigieuses. Sa maison était tapissée de ses toiles. En tant qu'animateur, il participait à la mise en place de défilés en costumes historiques. En tant qu'acteur, il avait monté plusieurs pièces de théâtre dans sa commune.

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mercredi, 14 janvier 2015

VA CHERCHER DU LAIT (souvenirs d'enfance)

Maman me donne un pot en aluminium et quelques pièces que je mets dans la poche de mon manteau. Elle me demande d'aller chercher du lait chez la mère d'Ernest. 

Tout au long du chemin, je répète ce que Maman me dit quelquefois : "tu as 7 ans, tu es grande maintenant...". Oui, car je vais à la grande école.

Je passe devant la Gendarmerie où un drapeau flotte, puis devant le magasin de vélos. Je regarde la vitrine. Je remue les pièces dans ma poche et je repars.

Arrivée devant la lourde porte de la grand-mère, je tourne la grosse poignée et pousse de toutes mes forces pour ouvrir. La porte se referme derrière moi.

Je marche sur le carrelage où mes souliers résonnent. Je monte trois marches qui mènent à la table où je dépose mon pot à lait. La vieille dame arrive et je lui dit bonjour en lui tendant mes quelques pièces. Elle me répond et prend mon pot. Dans la pièce mal éclairée sous l'immense plafond, je regarde les vitres de toutes les couleurs de la grande porte derrière laquelle la dame a disparu. Elle revient avec mon pot que je reprends délicatement.

J'aime l'odeur chaude du lait.

Je ne reste pas plus longtemps car je ne sais pas quoi dire à la dame, à part "au revoir et merci", comme Maman m'a appris.

Je suis soulagée de rentrer à la maison, je n'ai pas renversé le lait...

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samedi, 13 décembre 2014

La Foire St Luc

Chaque année, le 18 octobre, a lieu la foire St Luc, un événement important pour la ville où je suis née. Des commerçants ambulants envahissent la rue principale et les deux places, mettant de l'animation pour une journée. De chaque côté de la rue, les étalages attirent petits et grands. On entend ici et là différentes musiques. Les commerçants crient devant les passants en vantant leurs produits. On trouve de la vaisselle, des batteries de cuisine, des disques, des livres, des jouets, du linge de maison, des oignons, de l'ail, des gâteaux, des chaussures, des vêtements, des oiseaux, des lapins, des toupies, des peluches, du nougat, tout ce que vous pouvez imaginer pour combler le monde qui se presse dans le fouillis.

Au bout de cette artère principale, est exposé du bétail, des tracteurs et du matériel agricole. Les fermiers y font des affaires.

En ce jour de fête, ma mère et ma grand mère me donnaient quelques francs afin que je puisse acheter le jouet de mes rêves. Pour le trouver, je faisais plusieurs fois le tour des étalages. Maman profitait de la Foire pour habiller ses 5 enfants car l'hiver était déjà là à cette époque de l'année. C'était aussi l'occasion de bavarder avec des amis.

Sur les deux places, les forains avaient installé leur manège. J'essayais de ne pas dépenser tout ce que j'avais dans mon porte monnaie. La tentation était grande partout. Autour des manèges, des bijoux de princesses étaient vendus dans des distributeurs automatiques. Les garçons pouvaient s'essayer au fusil sur les cartons des stands de tir avec leur père et tenter de gagner d'immenses peluches. 

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