jeudi, 03 décembre 2015
UNE MAISON ABANDONNEE
Une maison abandonnée
Cherche encore ses habitants
Ce qu'elle voulait me raconter
Me paraissait si important
Que je suis revenue deux fois.
Au loin j'entendais quelques voix
Qui n'avaient rien de mystérieux
La maison ouvrait ses grands yeux
Des voix d'ouvriers qui travaillent
Au bout du jardin en broussailles
Rendaient cet endroit bien étrange.
Abandonné, ce lieu vivant ?
Sur le côté je vis une grange
Et du foin entassé dedans
Mais rien, pas d'ouvriers en vue
Préparer une entrevue
Ce n'était pas convenable
Bien que je sois très aimable
La maison abandonnée
A l'intérieur désordonné
N'appartient plus à personne
Les herbes hautes l'emprisonnent.
15:02 Publié dans Mes poèmes, Nouvelles et textes brefs | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : poésie, poèmes, poètes, écriture, auteur, livre, culture, nouvelles et textes brefs
jeudi, 10 septembre 2015
MA PETITE SOEUR
J'ai quatre ans et quatre mois, nous sommes en février 1957. Maman est partie à l'hôpital depuis quelques jours. Papa m'a dit qu'elle était partie se faire soigner, qu'elle a mal au ventre, qu'elle sera bientôt guérie. Mamie me rassure, je suis un peu triste de ne pas voir maman à la maison.
Nous partons à l'hôpital en famille. Nous montons les escaliers en silence. Je regarde les infirmières en blouse blanche qui vont et qui viennent. Dans le couloir, j'entends des gémissements. Papa me rassure et nous frappons à la porte de la chambre de maman. Allongée sur un lit blanc, habillée d'une chemise de nuit, elle nous sourit et nous dit bonjour. Dans la chambre, une dame est assise sur un autre lit blanc. Elle tient un bébé dans ses bras, un garçon. Elle nous dit bonjour. Maman me montre un petit lit près d'elle. Je vois un bébé dormir tranquillement sous une couverture. Elle me dit "encore une fille, une nouvelle petite soeur, j'espère que ce sera la dernière..."
La dame qui porte le petit garçon me demande si je suis contente. Je lui réponds oui de la tête. Un monsieur, près d'elle, me regarde en souriant. C'est le papa du petit bébé, il me parle en mâchant un bout d'allumette. Je sors de la chambre avec mon frère et mes deux autres soeurs, la pièce est bien trop petite pour jouer. Nous laissons les adultes parler entre eux. Dans le couloir, nous écoutons les bruits feutrés, nous ne faisons pas de bruit, papa nous a demandé de ne pas crier, ni de faire du bruit à cause des malades qui ont besoin de repos.
Bientôt il est l'heure de rentrer à la maison. Nous disons au revoir à maman, à la dame ainsi qu'au monsieur à l'allumette. Nous nous reverrons plusieurs fois, maman ayant sympathisé avec sa voisine de maternité. Nous visiterons l'atelier de menuiserie de son mari et admirerons les magnifiques meubles qu'il crée Ils viendront aussi nous rendre visite certains dimanches. Monsieur N. aura à chaque fois ce bout d'allumette dans la bouche, même en parlant.
Depuis, la famille ne s'est plus agrandie et, en rentrant à la maison, nous avons bien dorloté notre petite soeur si blonde et si sage.
14:59 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : souvenirs, enfance, naissance, nouvelles et textes brefs, écriture, auteur, société
mardi, 07 juillet 2015
LE GRAND-PERE DE NORBERT (ma participation au DEFI n° 148 proposé tout l'été par Enriqueta sur le thème de l'Océan)
Sur le palier de l'escalier étroit de notre maison de vacances, une porte sans serrure et sans poignée, une porte fermée résiste à mes poussées. Qui a-t-il derrière ? J'aimerais savoir....
Les vacances passent lentement rythmées, l'après midi, par les bains au bord de la mer, le matin, par quelques courses et la préparation des repas. Maman est occupée en haut dans l'appartement. Je joue avec mes soeurs dans la cour, nous montons et descendons plusieurs fois par jour l'escalier raide qui mène au 1er étage où nous logeons. Nous passons chaque fois devant cette porte fermée en nous interrogeant.
Un jour, en s'aidant des épaules et poussant plus fort, elle s'entrouve.
Nous nous glissons sans faire de bruit, les unes après les autres, dans le grenier découvert. Une lucarne laisse passer un peu de lumière et l'on distingue les quelques cartons, sacs et valises posés en désordre sur le plancher en bois. J'ouvre une valise : des lettres pliées ou dans des enveloppes, des photos, des chansons griffonnées sur du papier et des partitions de musique. Dans un coin, un accordéon se tient droit. Avec les deux mains, je le saisis lentement. L'accordéon joue. Nous nous regardons en souriant. Il faut faire silence. Le grand-père de Norbert travaille dans son atelier de menuiserie, en-dessous, il va s'inquiéter et nous gronder s'il monte ici.
Les lettres parlent d'amour, de voyages dans des mers lointaines, d'escales et de retours.
Les photos montrent de joyeux marins posant en groupe devant un port ou des bateaux. Nous découvrons la jeunesse du grand-père, ses voyages, ses copains, les bals au son de l'accordéon et ses amourettes.
Nous entendons des bruits sourds, nous rangeons et fermons la valise. Nous ne dirons rien à maman, n'est-ce pas ? Nous tirons sur la porte et regardons de chaque côté de l'escalier : personne. Nous pouvons sortir sans crainte et repartir jouer tranquillement dans la cour avec, dans la tête, de nouveaux secrets à garder.
14:48 Publié dans Jeux | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : nouvelles et textes brefs, écriture, culture, océan, mer, marins, vacances, société
mardi, 21 avril 2015
LA CASE "FOLIE"
Elle se servait très peu de la case "folie" qui se trouvait dans un coin de sa tête. Elle connaissait parfaitement les conséquences d'une attitude faussement irresponsable.
La folie, c'était bien entre amis. Elle se le permettait quelquefois quand l'ambiance était douce et feutrée. On disait d'elle : "elle est sérieuse". Mais elle était comme tout le monde.
(03.12.08).
(Photo : peinture de Salvador DALI : tête raphaëlesque éclatée)
16:56 Publié dans Nouvelles et textes brefs | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : nouvelles et textes brefs, culture, société, psychologie, auteur, livre, essai
samedi, 11 avril 2015
UNE FOULE
Une foule d'hommes, de femmes et d'enfants descend l'avenue. Elle se mêle à la marée humaine qu'elle rencontre et forme un tourbillon à l'entrée du centre commercial. Sans fin, le tourbillon évolue dans un sens ou dans un autre. Le flux ne faiblit qu'à certains points de la place où un musicien se donne en spectacle pour le bonheur de quelques passants ou à l'occasion de rencontres entre amis. Je suis dans la foule et je me revois dans la même rue, celle de cette grande ville que je connais depuis très longtemps, certains jours d'automne où les couleurs sont moins vives dans les vitrines, dans les tenues portées par les passants et dans le ciel dévoilant sa fine couverture de nuages blancs. Je marche vers le centre commercial où je dois faire quelques achats après avoir avalé un plat chaud et un dessert dans un petit restaurant accueillant
(03.10.08)
14:17 Publié dans Nouvelles et textes brefs | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : nouvelles et textes brefs, souvenir, ville, société, auteur, écriture, recueil, livre, culture, littérature
samedi, 07 mars 2015
LA LETTRE
Un matin, maman reçoit une lettre non affranchie, à mon nom. Le facteur lui demande de régler les frais de timbre et la taxe de non affranchissement. Cela met de mauvaise humeur maman. Qui peut bien écrire à sa fille qui n'a que 11 ans et sans mettre de timbre ? A l'ouverture, elle pousse des : "Oh ! Eh bien !". Elle la montre à toute la famille. J'en prends connaissance avec surprise : il s'agit d'une lettre d'un jeune garçon qui me donne rendez-vous à telle heure et à tel lieu de la ville. Il n'a pas signé. Je me demande qui a pu écrire. Bien sûr il n'est pas question que je me rende à ce rendez-vous car je n'ai pas de fiancé, ni d'amoureux. A cet âge là, pas encore. La lettre va jusque chez la voisine, ainsi mes petites copines sont mises au courant. Je suspecte bien un garçon qu'elles fréquentent. Il s'agit du fils du propriétaire du cinéma qui se trouve de l'autre côté de la rue. Mes voisines en sont amoureuses et aimeraient bien sortir avec lui. A chaque fois qu'il sort dans son jardin, elles filent lui parler.
Nous faisons notre enquête jour après jour mais nous ne parvenons pas à trouver le coupable.
15:20 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : souvenirs, nouvelles et textes brefs, écriture, journal intime, enfance, société, livre, recueil, elisa raconte
vendredi, 27 février 2015
MON PETIT JARDIN
C'est le printemps, Mon père achète des graines pour son potager. Il a préparé la terre et creuse des sillons. Il me montre comment placer ces graines. Quand il a terminé, il replace la terre délicatement, tasse le tout avec ses bottes et passe l'arrosoir pour bien mouiller le sillon.
Il attache le paquet vide en tête de ligne sur un petit piquet en bois.
Quelquefois il me donne les paquets presque vides. Il me montre une petite parcelle où je suis autorisée à planter quelques graines de carottes, de persil et même de fleurs. Je divise la parcelle en quatre parties et, avec ma pelle en plastique, je retourne la terre. Je dessine deux allées avec des petits cailloux.
Mon premier jardin est minuscule, je ne peux pas bêcher comme mon père car je ne suis pas aussi forte que lui mais je suis fière du résultat. Avec mon arrosoir en plastique, je mouille la terre chaque soir en rentrant de l'école. Je guette les premières pousses. Le jour où elles se décident à montrer le bout de leur nez, j'appelle mes parents et leur montre ces petites tiges fragiles qui fendent la croûte terreuse.
Je suis heureuse.
18:41 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (26) | Tags : souvenirs, nouvelles et textes brefs, enfance, société, jardin, saison, jardinnage, jardin potager
jeudi, 09 octobre 2014
MON 1er DEMENAGEMENT (Extrait de mon livre ELISA RACONTE)
J'ai 2 ans 1/2 et ma mère attend son 4ème enfant. Elle a 27 ans. Mon père nous prend en photo, mon frère, ma soeur, ma mère et moi, devant ce qui fût notre maison. Car aujourd'hui nous déménageons. Nous partons dans une nouvelle maison, à l'autre bout de la ville, une maison que mes parents ont fait construire dans un quartier calme, près des écoles de filles et de garçons. Ma mère porte un long manteau qui cache sa grossesse arrivée à terme.
Elle me donne la main gauche et, de la main droite, je tiens mon petit sac à main rouge. J'ai mis mes chaussures blanches. Je porte aussi un manteau comme mon frère et ma soeur.
Nous sommes photographiés devant la porte d'entrée, sur les marches qui donnent sur le trottoir et la route pavée. Mon frère se tient tout droit comme un soldat au "garde à vous". Il porte un manteau clair et ma soeur se tient entre ma mère et mon frère, en penchant la tête, car elle s'est mise un peu derrière ma mère. Elle tient son petit sac beige dans la main droite.
Nous voilà partis pour notre nouvelle maison.
Dans le jardin, je ne vois aucun arbre, aucune fleur, même pas une herbe qui pousse dans ce qui fût un chantier de construction. En entrant dans la maison, je sens l'odeur du plâtre et du bois neufs. Quand nous nous parlons, nos voix résonnent car mes parents n'ont pas beaucoup de meubles. Je n'aime pas cette maison. Les murs sont blancs et les fenêtres sans peinture, elle est impersonnelle.
Je dis à ma mère que je veux revenir dans l'autre maison car j'y ai mes souvenirs. Mais elle me répond que ce n'est pas possible.
Mon frère et ma soeur partent à l'école et je reste seule avec ma mère. Je ne veux pas manger, je ne veux pas jouer, je m'ennuie toute seule.
Puis, quelques semaines après le déménagement, je m'en vais passer quelques jours chez mon grand père et ma grand mère, à l'autre bout de la ville, accompagnée de mon frère et de ma soeur.
Ma grand mère s'absente une demi-journée et mon grand père nous garde tous les trois. Il nous fait des clins d'oeil complices en sortant un paquet de bonbons du vieux buffet de la cuisine. Il m'apprend à écrire, à lire, je joue avec les voitures de mon frère. Ma soeur joue aux cartes avec mon grand père qui fume la pipe.
Quand nous revenons, nous découvrons un bébé aux cheveux noirs, dans un berceau là-haut, dans une des chambres. C'est ma petite soeur, mignonne. C'est la 1ère fois que je vois un bébé. On dirait une poupée. Je suis heureuse. Je voudrais la prendre dans mes bras comme le fait ma maman. Je l'aime tellement cette petite soeur que je retrouve l'appétit et j'oublie ma peine causée par le déménagement.
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mardi, 16 septembre 2014
L'AUTOMNE S'INSTALLE
L'automne s'installe, le ciel gris nous accompagne et quelquefois la pluie. Il faut ranger petit à petit les tenues de la belle saison, le maillot de bain, mais pas encore les sandalettes.
En faisant un tour au jardin, je m'aperçois que les pétunias font triste mine, ils ont bien donné de mai à maintenant. Ils sont épuisés d'avoir tant fleuri... Je note les travaux à faire (taille des haies et du lierre envahissant, plantes à rentrer avant mi-novembre...)
Les feuilles tombent, il faut les ramasser à la main ou avec le balai. J'espère encore quelques beaux jours. Il faut en profiter dès maintenant. Je vais passer à d'autres activités (rangement des armoires, des étagères, un peu de couture, balades à la campagne, j'ai repris les cours de gym).
En même temps, je n'avance plus ces derniers jours dans l'écriture de mon dernier livre. Mais je vais y arriver, l'inspiration va revenir. Je n'ai pas de date limite pour rendre mon manuscrit.
Je vous souhaite tous une bonne fin d'été.
16:02 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : journal intime, blogs, internet, réseaux sociaux, écriture, auteur, nouvelles et textes brefs
samedi, 06 septembre 2014
MES 14 ANS (Extrait de mon livre ELISA RACONTE)
Le jour de mes 14 ans, j'étais heureuse. Je n'ai pas eu de cadeau pour mon anniversaire, mes parents n'avaient pas les moyens d'offrir un cadeau tous les ans à chacun de leurs cinq enfants.
J'étais simplement heureuse d'avoir 14 ans. Je trouvais que cet âge était très important. Quand je me regardais dans le miroir, je me disais : tu n'es plus une enfant...
Je devenais vraiment une jeune fille. Le chiffre 14 me plaisait, je ne saurais pas dire pourquoi.
Je voyais mon corps se transformer, je pouvais maintenant choisir des robes de jeune fille et tirer un trait sur les socquettes et les jupes imposées par ma mère. Je pouvais enfin porter des bas et des chaussures à petit talon.
12:27 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : souvenirs, histoires, nouvelles et textes brefs, écriture, auteur, livre, culture, littérature, recueil, anecdotes