samedi, 14 mars 2020
NICOLAS BOILEAU : A mon jardinier, Epître
Antoine, de nous deux, tu crois donc, je le voi,
Que le plus occupé dans ce jardin, c'est toi.
Oh ! que tu changerais d'avis et de langage,
Si, deux jours seulement, libre du jardinage,
Tout à coup devenu poète et bel esprit,
Tu t'allais engager à polir un écrit
Qui dît, sans s'avilir, les plus petites choses,
Fît des plus secs chardons des œillets et des roses,
Et sût même aux discours de la rusticité
Donner de l'élégance et de la dignité...
... Bientôt, de ce travail devenu sec et pâle,
Et le teint plus jauni que de vingt ans de hâle,
Tu dirais, reprenant ta pelle et ton râteau :
"J'aime mieux mettre encor cent arpents au niveau,
Que d'aller follement, égaré dans les nues,
Me lasser à chercher des visions cornues,
Et, pour lier des mots si mal s'entr'accordants,
Prendre dans ce jardin la lune avec les dents. »
Approche donc, et viens; qu'un paresseux t'apprenne,
Antoine, ce que c'est que fatigue et que peine.
L'homme ici-bas, toujours inquiet et gêné,
Est, dans le repos même, au travail condamné.
La fatigue l'y suit. C'est en vain qu'aux poètes
Les neuf trompeuses Sœurs, dans leurs douces retraites,
Promettent du repos sous leurs ombrages frais :
Dans ces tranquilles bois, pour eux plantés exprès,
La cadence aussitôt, la rime, la césure,
La riche expression, la nombreuse mesure,
Sorcières, dont l'amour sait d'abord les charmer,
De fatigues sans fin viennent les consumer.
Sans cesse, poursuivant ces fugitives fées,
On voit sous les lauriers haleter les Orphées.
15:02 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poésie, poète, poème, écriture, auteur, classique, culture, littérature
mardi, 25 février 2020
DURER DES PLOMBES
Lorsqu'une activité risque de prendre beaucoup de temps, on dit parfois familièrement qu'elle va "durer des plombes", avant d'en voir la fin.
Cette expression est apparue dans le courant du 19ème siècle, elle vient au départ du monde de l'horlogerie. A cette époque, le plomb, métal gris et très lourd, était en effet souvent utilisé dans la conception des horloges et pendules, qui étaient beaucoup plus massives que celles que l'on fabrique aujourd'hui. C'était en particulier le cas des poids dont le mouvement entraînait celui des aiguilles. On a utilisait alors le verbe "plomber" qui était synonyme de "sonner l'heure". Par extension, en argot, on a fini par associer "une plombe" et une heure. Une personne qui attend très longtemps dans une file d'attente entend donc plusieurs fois les cloches sonner.
15:03 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : citations, expressions, culture, écriture, horloges, horlogerie
samedi, 22 février 2020
PETITS TRESORS
Au fond des armoires
Des petits trésors
Que l'on a oubliés
Nous attendent.
17:09 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : poèmes, poésie, poète, écriture, vers, ma vie, placards, armoires, tiroirs
vendredi, 31 janvier 2020
FONTAINE, EAU
Il ne faut pas dire : Fontaine, je ne boirai pas de ton eau.
Il ne faut pas assurer qu'on n'aura pas besoin d'une telle personne ou telle chose. Allusion à l'aventure d'un ivrogne qui jurait sans cesse qu'il ne boirait jamais d'eau et qui se noya dans le bassin d'une fontaine.
Un homme qui ne boit que de l'eau à un secret à cacher à ses semblables (Charles BAUDELAIRE).
L'eau fait pleurer, le vin chanter.
L'eau fait pourrir la barque.
Il n'est pire eau que l'eau qui dort.
L'eau trouble est le gain du pêcheur.
10:47 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : citations, maximes, dictons, culture, écriture, auteurs
vendredi, 24 janvier 2020
TIRER A PILE OU FACE
L'origine de cette expression date du Moyen Age. Au XIIème siècle, la pile désignait l'outil destiné à graver, à "piler" la valeur de la pièce. Il s'agissait d'une sorte de petite enclume arborant les motifs désirés que l'on pressait fortement sur la pièce.
Le mot "face" faisait référence au portrait du souverain frappé sur l'autre côté. Une tradition qui existait depuis l'Antiquité, et seulement interrompue au Moyen Age car le clergé les avait fait remplacer par une croix, symbole de l'Eglise. On jouait d'ailleurs à cette époque à "croix et pile". Les portraits des monarques sont réapparus en France en 1548, sous Henry II. Ils ont fini par être remplacés, après la Révolution, par des symboles, comme Marianne ou la Semeuse.
14:17 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : expressions, citations, culture, écriture, monnaies, pièces de monnaie
lundi, 20 janvier 2020
En lecture, LES CHASSEURS DE PAPILLONS de Gilbert BORDES
Depuis qu'il a surpris sa maman en train de faire des bêtises avec le jeune homme qui se cache dans la ferme voisine, Claude, 12 ans, sent qu'il faut faire quelque chose. En ce printemps 1944, son père, dont il s'est fait un héros, est toujours prisonnier en Allemagne. Alors c'est décidé, “Il faut aller chercher papa.”
Muni de cartes et armé d'une boussole, son petit frère trottinant derrière lui, le gamin s'engage sur les chemins de Corrèze, vers quelque incertaine Poméranie. Et si on nous interroge ? On dira qu'on est juifs. Et si on nous rattrape ? On dira qu'on allait à la chasse aux papillons.
16:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : livre, auteur, lecture, gilbert bordes, culture, écriture, littérature, guerre, 1945
samedi, 19 octobre 2019
LE PLUS LONGTEMPS POSSIBLE
Les vagues frôlent le quai
On remonte au port
Sous un ciel de nuages
Et de doux paysages.
Il me dit : vis le plus
Longtemps possible
Je voudrais oui, mais
Le corps décide
Et sans volonté
De moi, des autres
Tout s'épuise un jour.
21:42 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : poésie, poèmes, poète, paysages, écriture, nuages, vivre
mardi, 08 octobre 2019
MI-FIGUE, MI-RAISIN
Lorsqu'une personne a un avis mitigé sur un sujet, elle peut le définir comme mi-figue, mi-raisin, c'est à dire aussi bon que mauvais. Cette expression apparue au début du Moyen Age est issue de la popularité des deux aliments qui faisaient partie des fruits secs le plus souvent consommés par les chrétiens lors du carême. Toutefois, le raisin était considéré comme un mets raffiné, et donc très apprécié, tandis que la figue était beaucoup moins courante et bon marché, sa forme était souvent comparée à celle d'un excrément d'animal. Il arrivait même que les marchands ajoutent des morceaux de figues, lourds et peu chers, dans les raisins secs qu'ils vendaient pour duper les clients. On disait donc qu'une situation était "moitié-figue, moitié-raisin". Puis le terme "moitié" a été simplifié en "mi" au 18ème siècle.
14:52 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : citations, culture, dictons, écriture, bon à savoir, expression ancienne
samedi, 05 octobre 2019
LA CIGALE (Paul-Jean TOULET)
Quand nous fûmes hors des chemins
Où la poussière est rose,
Aline, qui riait sans cause
En me touchant les mains ; -
L’Écho du bois riait. La terre
Sonna creux au talon.
Aline se tut : le vallon
Etait plein de mystère…
Mais toi, sans lymphe ni sommeil,
Cigale en haut posée,
Tu jetais, ivre de rosée,
Ton cri triste et vermeil.
23:50 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poésie, poème, poète, vers, culture, écriture, recueil, cigale, paul-jean toulet
samedi, 28 septembre 2019
ELLE AIME LE SILENCE
Elle aime le silence
Y puise la vraie vie
Et les souvenirs heureux
Elle veut vivre comme un chat
Et poussière du monde
Bruyant qui se transforme
Alors elle ouvre un livre
Et plus rien ne la distrait.
07:51 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poésie, poète, poème, vers, mots, écriture, silence