vendredi, 03 novembre 2006
HISTOIRE DU BANJO
Le banjo donne de lui une image gaie et populaire mais il reste néanmoins l'un des parents pauvres de la musique. Il trouve rarement sa place dans les formations musicales et n'est pas toujours reconnu comme ayant acquis ses lettres de noblesse. Pourtant, dans d'autres parties du monde, des instruments, très proches du banjo ont une situation privilégiée au sein de l'orchestre. Au Japon, le SAMISEN, ce qui signifie "trois cordes", est souvent mis en valeur et respecté ; ces instruments aux cordes de soie tressées sont joués à l'aide d'un grand plectre en bois ou en ivoire, tout comme le SAN TYEN, le trois-cordes chinois. Il est construit avec un raffinement extrême même si le principe acoustique en est simple. Les luthiers asiatiques sont si habiles que le manche est démontable en plusieurs parties sans qu'il soit possible de sentir sous les doigts les jointures de chaque pièce.
Le principe acoustique du banjo est simple : la table d'harmonie n'est pas une planche de bois comme pour la guitare mais une membrane souple, tendue. Traditionnellement, la membrane en question est une peau animale, le plus souvent des peaux de chèvre ou d'âne réputées pour leur résistance sur les tambours. Aujourd'hui, les peaux animales sont avantageusement remplacées par les "peaux" synthétiques. Le plastique est insensible à l'humidité qui détend immanquablement les peaux véritables et il est moins contraint par les variations de température. La matière utilisée est extrêmement résistante et la mise ne forme lors de la fabrication facilite le montage de peaux synthétiques sur l'instrument.
Les cordes s'appuient sur un petit chevalet tripode en bois, très léger. C'est par lui qu'elles communiquent leur énergie vibratoire à la membrane. Celle-ci, également très légère, absorbe immédiatement toute cette énergie pour la transformer en ondes sonores. Cela explique pourquoi le son du banjo est puissant mais avec une durée de chaque note relativement courte ; il n'y a pas de son soutenu ni de résonnance profonde.
Les banjos modernes sont munis d'un résonateur, sorte de disque de bois plus large que la peau, fixé au dos de l'instrument et qui réfléchit vers l'avant le son émis par le dessous de la peau.
Origines du banjo
C'est de l'Afrique que nous viennent les banjos occidentaux, mais c'est une histoire tout à fait récente ; sur le continent africain on rencontre une quantité d'instruments à cordes à membrane, les véritables ancêtres du banjo ; en Afrique occidentale ils s'appellent des Banjar.
Ce sont des instruments de ce type que les esclaves noirs d'Amérique ont tenté de reproduire.
Le désir d'implanter les traditions et les religions semblent cependant avoir été quelque peu contrarié par le danger que représentait, dès le début, une trop grande individualité de la culture noire soumise alors à une règle terrible : celle de maître à esclave... Malgré cela, les banjos artisanaux faits de bois et munis de cordes en boyaux de chat ont séduit les musiciens blancs et le mélange des cultures et des traditions s'est rapidement opéré.
Vers la fin du XVIII e siècle, le banjar est signalé partout dans les Etats du Sud. Au XIX e siècle, l'évolution des techniques de fabrications industrielles lui profitent immédiatement, le métal entre dans sa fabrication.
Les premiers banjos avaient trois ou quatre cordes puis, en 1831, Joel Sweeney prend en compte l'invention de la cinquième corde, plus courte et plus aiguë que les autres, située devant la corde la plus grave. Le fameux "five strings banjo" est né avec son "bourdon" aigu de pouce.
La musique
Le répertoire est celui de la musique rurale connue sous le nom de Old Time mais l'instrument reste toujours solitaire, sauf quelques exceptions. Il accompagne le chant et c'est typiquement le support de la tradition orale, rien n'est écrit, ni sur ni pour le banjo. Les techniques consistent à brosser ou frapper les cordes, du dos des ongles, et portent les noms de knocking, raping, frailing. Le banjo remonte alors vers le nord, il voit son manche s'équiper de barrettes tandis que les doigts du musicien recherchent de nouvelles façons de procéder pour finalement adopter un style de jeu issu de celui de la guitare, le picking.
Le banjo s'intègre aux formations instrumentales d'alors et finit par s'y installer confortablement.
Les joueurs de banjo sont tous des virtuoses par nécessité, les notes étant courtes, il en faut beaucoup.
Les modes
On en fabrique de toutes tailles, du tout petit banjorine, ou banjo-mandoline, ou encore banjo-uke, à l'énorme banjo double-bass ; certaines formations ne sont composées ainsi que de banjos (le joueur et fabricant S.S. Stewart en fut l'un des promoteurs principaux mais ce genre de fantaisie ne passera pas le siècle, car en 1900, au moins dans le nord du pays, le banjo devient un instrument sérieux, mélodique autant que rythmique).
C'est l'époque du ragtime, des fox-trot et de la naissance du jazz. Il reste de cette période quelques enregistrements sur cylindre faits par Fred Van Eps.
C'est alors que le banjo perd sa cinquième corde et redevient rythmique dans les formations de Dixieland à la Nouvelle-Orléans aux Etats Unis mais aussi en Europe. Il conserve cette cinquième corde dans les groupes de Hillbilly qui donneront plus tard, vers 1950, sous l'impulsion de Earl SCRUGGS et du mandoliniste Bill Monroe, le style blue-grass. C'est dans le bluegrass que le banjo est le plus à l'aise. La formation complète possède un banjo, une guitare, une mandoline, un violon, une contrebasse et parfois une guitare à résonnateur.
Le folk
Dans les années 1970. le banjo évolue au sein des formations folk old time. C'est alors qu'il débarque de nouveau en Europe, en Grande-Bretagne pour commencer. Il s'intègre dans des formations nouvelles et remplace le banjo ténor qui persistait dans certaines formations irlandaises traditionnelles. Le banjo 6 cordes trouve à ce moment-là un certain développement avec les guitaristes adeptes du son du banjo mais qui ne veulent cependant pas changer leur technique de jeu.
Aujourd'hui le banjo est parfois électrifié et poursuit une carrière modeste mais toujours présente au sein de formations diverses. Il n'y a que dans les groupes de bluegrass, puis de newgrass et de jazz grass que le banjo ait une véritable place. Mais il est toujours présent dans de nombreux groupes de Country aux Etats Unis.
Musiciens
Pete SEEGER et Steve WARING nous firent connaître le banjo cinq cordes.
LES DILLARDS : un groupe de bluegrass qui fit une remarquable tournée en Europe.
Lonnie DONEGAN : s'essaie volontiers au banjo.
Buck TRENT : il a électrifié le sien.
Earl SCRUGGS : le père de "Bonnie and Clyde".
L'Incredible String Band de Robin Williamson.
The Dubliners : groupe Irlandais légendaire.
Barbara MANDRELL : une reine du Country qui ne délaisse pas le banjo
Jean Marie REDON : l'un des premiers banjos cinq cordes de France.
Marc LAFERIERE et sa formation "New Orléans".
17:25 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : culture, musique
PENDANT QUE
Je vous propose une autre poésie de Gilles VIGNEAULT puisque vous semblez l'apprécier. Je ne sais pas s'il l'a chantée mais elle est très belle.
Pendant que les bateaux
Font l'amour et la guerre
Avec l'eau qui les broie
Pendant que les ruisseaux
Dans les secrets des bois
Deviennent des rivières
Moi, moi je t'aime
Moi, moi je t'aime
Pendant que le soleil
Plus haut que les nuages
Fait ses nuits et ses jours
Pendant que ses pareils
Continuent des voyages
Chargés de leurs amours
Moi, moi je t'aime
Moi, moi je t'aime
Pendant que les grands vents
Imaginent des ailes
Aux coins secrets de l'air
Pendant qu'un soleil blanc
Aux sables des déserts
Dessine des margelles
Moi, moi je t'aime
Moi, moi je t'aime
Pendant que les châteaux
En toutes mes Espagnes
Se font et ne sont plus
Pendant que les chevaux
Aux cavaliers perdus
Traversent les montagnes
Moi, moi je t'aime
Moi, moi je t'aime
Pendant qu'un peu de temps
Habite un peu d'espace
En forme de deux coeurs
Pendant que sous l'étang
La mémoire des fleurs
Dort sous son toit de glace
Moi, moi je t'aime
Moi, moi je t'aime
12:40 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Poésie, amour, culture
mercredi, 01 novembre 2006
EN ROUTE POUR LES REVES
Tu as mis en route les rêves
Que l'on capte à la lueur
D'une nuit aux heures brèves
Tant de moments de bonheur
Sous une nuit étoilée !
Dans les draps tu t'es faufilé
Tu vis dans ton univers
Tu refais le monde à ta manière
Le monde tel que tu l'aimes
Le monde tel que je l'aime
Plein d'amitié, plein de tendresse
Voilà notre seule richesse.
22:25 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : poésie, amour
mardi, 31 octobre 2006
A L'HOPITAL
J'ai quatre ans et quatre mois. Ma maman est partie à l'hôpital depuis quelques jours. Mon papa m'a dit qu'elle était partie se faire soigner car elle avait mal au ventre, mais qu'elle serait bientôt guérie. Ma mamie me rassure car je suis un peu triste qu'elle ne soit pas à la maison.
Aujourd'hui nous partons à l'hôpital en famille pour la voir Dans le couloir tout blanc, je vois des infirmières en blouse blanche qui vont et viennent. J'entends une voix crier derrière une porte, c'est une dame qui a mal. Mon papa me rassure et nous tapons à la porte de la chambre de maman. Je la vois en chemise de nuit allongée sur un lit blanc. Une dame est aussi allongée dans un lit blanc près d'elle. Elle tient un bébé dans ses bras, un garçon. Ma maman me montre le petit lit à côté d'elle. J'y vois un bébé dormir. Elle me dit : "c'est encore une fille, c'est une nouvelle petite soeur".
La dame qui porte le petit garçon me demande si je suis contente et je lui réponds de la tête. Un monsieur est près d'elle et me regarde en souriant. C'est le papa du petit garçon et il me parle en machant un bout d'allumette.
Comme la chambre est trop petite pour contenir une déjà grande famille comme la notre, je sors de la chambre avec mon frère et ma soeur aînée. Nous ne faisons pas de bruit car on nous a dit d'être calme, de ne pas crier car des personnes dorment derrière les portes. Le couloir est étroit et nous écoutons les bruits feutrés de l'hôpital. Nous laissons les adultes parler entre eux.
Puis, il est l'heure de rentrer à la maison. Nous disons au revoir à maman et à sa voisine de chambre ainsi qu'au monsieur à l'allumette que j'ai revu plusieurs fois. Maman avait sympathisé et nous sommes allés souvent leur rendre visite. J'ai ainsi pu voir son atelier de menuiserie et les magnifiques meubles qu'il créait. Ils sont également venus à la maison plusieurs fois. Mais il avait toujours ce bout d'allumette dans la bouche, même en parlant.
Ma petite soeur est rentrée 4 jours après notre visite et nous l'avons bien dorlotée. Elle était sage et dormait bien. Elle avait les cheveux blonds comme moi. Elle partageait sa chambre avec mon autre petite soeur. Moi je dormais dans l'autre chambre avec ma grande soeur et la famille ne s'est plus agrandie depuis ce jour.
13:25 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Journal intime, écriture
lundi, 30 octobre 2006
LE DOCTEUR
Maman a appelé le docteur car aujourd'hui je ne vais pas à l'école, je suis très malade. J'ai de la fièvre et je suis couchée dans mon petit lit bleu. De temps en temps, maman monte dans ma chambre et vient me demander si je vais bien. Elle m'apporte un verre d'eau fraîche et tâte mon front pour savoir si je n'ai pas trop chaud. Je ne fais que dormir et quand j'ouvre les yeux, avec difficulté, je vois l'armoire devant moi qui bouge. Je pense que j'ai beaucoup de fièvre car je me sens très fatiguée. Le docteur arrive enfin avec sa valise pleine d'instruments. Il me dit d'ouvrir la bouche. Il regarde avec une lampe dans mes oreilles et parle avec ma maman. Il descend avec elle les escaliers pour rédiger une ordonnance afin que ma maman aille chercher les médicaments. J'ai hâte de guérir car c'est vraiment épuisant d'être malade et je ne peux même pas jouer avec mes poupées.
15:05 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Journal intime
dimanche, 29 octobre 2006
UN POETE ET CHANTEUR CANADIEN
Gilles VIGNEAULT est né en 1928 à NATASHQUAN au Nord du QUEBEC, dans un village de pêcheurs isolé.
Il écrit des poèmes pendant ses années collège et fonde une revue de poésie pendant ses années d'études de lettres à l'Université LAVAL de QUEBEC.
Il fait aussi du théatre.
En 1959, il enregistre ses premières chansons "à personnages", un hommage à des gens "vrais".
En août 1960, il se produit pour la première fois en public sur la scène de la Boîte à Chanson au QUEBEC.
En février 1962, il enregistre son premier album, "Gilles VIGNEAULT" qui remporte le Grand Prix du disque canadien avec des titres comme "Jack Monoly" ou "La danse de Saint Dilon". En 1965, il écrit "Mon pays" pour le film "il a neigé sur la Manicouagan" d'Arthur LAMOTHE. La chanson remporte de nombreux prix et devient pendant un temps l'hymne des indépendantistes québécois ardemment soutenus par Gilles Vigneault. Son militantisme ne l'empêche pas de parcourir le monde : en 1969 il était à l'Olympia à Paris. En août 1974, il se produit devant 100 000 personnes au Québec avec Robert CHARLEBOIS et Félix LECLERC. En 1977, il était à Bobino pour 50 spectacles.
Il produit environ un album par an jusqu'à la fin des années 1980.
Parallèlement, il publie des recueils de poésies, des contes, écrit des spectacles notamment pour les enfants; écrit des textes pour d'autres interprètes, écrit pour le cinéma quand il n'est pas lui même l'objet de films (Miroir de Gilles Vigneault, en 1972) ou de livres (Gilles Vigneault le poète qui danse - de Jean Paul Sermonte en 1991).
Gilles Vigneault collectionne les prix et les décorations.
UN POEME DE GILLES VIGNEAULT
J'AI POUR TOI UN LAC (1962)
J'ai pour toi un lac quelquepart au monde
Un beau lac tout bleu
Comme un oeil ouvert sur la nuit profonde
Un cristal frileux
Qui tremble à ton nom comme tremble feuille
A brise d'automne et chanson d'hiver
S'y mire le temps, s'y meurent et s'y cueillent
Mes jours à l'endroit, mes nuits à l'envers
J'ai pour toi, très loin
Une promenade sur un sable doux
Des milliers de pas sans bruits, sans parade
Vers on ne sait où
Et les doigts du vent des saisons entières
Y ont dessiné comme sur nos fronts
Les vagues du jour fendues des croisières
Des beaux naufrages que nous y feront
J'ai pour toi défait
Mais refait sans cesse les mille châteaux
D'un nuage ami qui pour ma princesse
Se ferait bateau
Se ferait pommier, se ferait couronne
Se ferait panier plein de fruits vermeils
Et moi je serai celui qui te donne
La terre et la lune avec le soleil
J'ai pour toi l'amour quelquepart au monde
Ne le laisse pas se perdre à la ronde.
22:30 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Culture, musique
vendredi, 27 octobre 2006
A L'ECOLE MATERNELLE
De mes années passées à l'école maternelle, il me reste peu de souvenirs.
Ce dont je me souviens c'est que je n'ai pas pleuré le premier jour.
Les maîtresses que j'ai eues étaient très sympathiques, très gentilles.
J'ai très peu de souvenirs de la première année de maternelle. Je me revois, avec mes petites camarades, essayer de dessiner, de recopier ce que la maîtresse avait écrit. Nous faisions des collages de papiers de couleurs, nous chantions et la maîtresse nous initiait à la musique avec des tambourins que nous frappions du poing.
J'ai plus de souvenirs de la dernière année car la maîtresse avait décoré la salle de classe avec : des filets de pêche, des étoiles de mer, des photos de bateaux, de mer, de coquillages, de sable, d'algues.
Et surtout, elle nous avait appris à chanter une chanson de Charles TRENET : LA MER !
Elle nous faisait écouter la chanson puis nous apprenait les paroles.
Je ne sais plus si c'était le disque de TRENET qui passait sur son électrophone (chaine HIFI de l'époque). Comme j'aimais chanter, ces moments là étaient les plus marquants pour moi.
A la fin de l'année scolaire, nous avons chanté devant nos papa et maman et nous avons été chaleureusement applaudis.
Je me souviens également de l'odeur de la peinture. Chaque enfant avait une poterie à décorer. La maîtresse nous avait donné un pot à peindre sur lequel elle avait fait des dessins. A nous de peindre le pot et le laisser sécher toute une journée. Le lendemain ou le jour suivant, nous devions y ajouter les motifs avec une peinture d'une autre couleur.
J'ai gardé ce pot et il se trouve actuellement dans ma cuisine, comme souvenir. Bien sûr, il est abimé mais c'est merveilleux de savoir que je l'ai peint quand j'avais 5 ans. Il est rose et les dessins représentent des bateaux verts à voiles blanches.
Je me souviens du cadeau que j'ai reçu au moment du Noël de l'école : une dinette en métal ! J'ai ramené ce cadeau à la maison toute fière...toute heureuse !
Comme l'école était mixte, les filles avaient des petits amoureux, ou fiancés, et les garçons aussi.
Je me souviens être rentrée un soir de l'école en disant à ma mère :"je veux un petit frère qui s'appelle Pascal M...."
Ma mère s'est mise à rire et a compris que j'étais amoureuse de ce petit garçon que je trouvais très beau. Il avait les cheveux blonds et les yeux bleus... Je ne sais pas ce qu'il est devenu ensuite car l'école primaire, à partir de 6 ans, n'était plus mixte. Je crois savoir qu'il avait quitté la ville quelques années après avec ses parents. Mais je ne m'intéressais déjà plus à lui.
18:00 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : journal intime, de tout et de rien
mardi, 24 octobre 2006
LA "FIN'AMOR"
Au XIIe siècle naît en Languedoc, Auvergne, Limousin et Provence le grand élan de l'amour courtois. Avec sa conception très originale de la relation amoureuse, la "fin'amor".
Dans l'opulence des grandes cours du Midi d'un XIIe siècle inspiré, des poètes-chanteurs vont se mettre au service d'un nouvel ordre amoureux : la "fin'amor".
Amour raffiné, amour quête d'absolu, à jamais insatisfait puisqu'il exclut l'acte charnel.
La poésie du trobar, poésie libre, se déclame et se chante, s'organise en école, au rythme d'une étonnante mutation sociale. Les inventeurs -trobadors- vont propager leurs idées dans toute l'Europe à travers leurs interprètes, les joglars, et investir tous les domaines. Ils chantent leur Dame, mais critiquent aussi les rois, fustigent l'Inquisition. Ce grand vent libertaire donne naissance - et ce n'est pas le moindre de ses mérites - à une vision nouvelle de la femme, en rupture avec le passé : la chair impure, la peur de la féminité s'estompent pour quelques siècles. Sous l'influence de cette éducation sentimentale, la tentatrice, l'Eve fatale, la femme objet sexuel est transcendée : elle devient maîtresse raffinée. La Domna, la Dame de noble lignée, se fait inspiratrice, muse. Le projet de l'amour courtois est lumineux : "Plaire aux dames et les conquérir avec des mots, inventer les vers de la séduction avec les sous-entendus les plus imagés". (Gérard Zuccheto)
La fin'amor - c'est là que s'épanouit son chant lyrique, en partie influencé par l'ambiance cathare - se veut sublimation du désir, inachèvement de la conquête, idéalisation de l'amour charnel. L'amor, c'est l'éros supérieur qui transcende et élève l'âme. Il suppose chasteté. Ce "jeu subtil avec le désir contrarié" (Pierre Bec) s'appuie sur les leys d'amor, lois d'amour parfaitement codifiées qui reposent sur la joi (extase, allégresse, bonheur, jouissance), la cortezia (qui consiste à courtiser, honorer, se montrer gracieux) et la mezura (mesure, longue patience, ce qui purifie le désir).
Pudeur des sentiments certes, mais crudité des termes qui ne choquent pas dans une époque dénuée de puritarisme bourgeois : "jamais par amour du con/ Je n'ai demandé son amour à ma Dame/ Mais bien pour sa fraîche couleur/ Et sa bouche souriante/ Car je trouverais assez de cons/ Auprès de bien des femmes si je leur demandais/ C'est pourquoi je préfère la bouche que je baise souvent/ Au conin qui tue le désir..." poétise Raimont Rigaut.
Pour les amants courtois, l'amour est-il dans la joi du désir plutôt que dans la joi de l'assouvissement ? Qu'à cela ne tienne, la Dame va mettre son amant à l'épreuve d'un rite suprêmement tentateur, l'asag, pour éprouver la loyauté de son amour. Selon René Nelli, dans cette "cérémonie conforme à l'usage", l'amante va le convier à son bain ou l'inviter à s'étendre nu après d'elle. Rappelons qu'au Moyen Age le nu en soi n'est pas impudique, et bien connu est l'aspect convivial du bain privé. Dans l'asag, le bain donne accès au corps de la Dame tant désirée, qui devient objet de rêve érotique. C'est aussi un lieu de rendez-vous amoureux dont on trouve trace dans "Flamenca", le plus beau roman d'amour occitan du XIIe siècle. "Puisse-t-elle de corps non d'âme/ Me recevoir en secret dans sa chambre" rêve le troubadour Arnaut Daniel. Mais l'amant devra se suffire de reposer sur "le coussin (de ma poitrine) et de recevoir un bais amoros (baiser d'amour), s'enflamme la charmante contesse de Die, "pourvu seulement que vous me promettiez d'abord par serment de ne faire que ce que je voudrai". Des échanges sensuels, oui, mais toujours continents.
Si, dans cette épreuve, l' "union des coeurs" triomphe de celle des corps, l'amant, "mis au rand de preux", reçoit en gage d'amour un anneau d'or. Cette union sacrée se révèle indissoluble, la Dame règne sur son coeur et sur son âme. Le poète lui jure une éternelle fidélité, en vassal amoureux. La joi des troubadours ne dura, selon l'expression fleurie des Languedociens, que "le temps d'un déjeuner au soleil". A la fin du XIIIè siècle, l'Eglise rejetait la doctrine de l'amour courtois, selon elle incompatible avec le christianisme. Mais ce qu'elle voulut proscrire parce qu'elle lui échappait, c'est toute la subtilité d'un attachement à la fois affectif, érotique et spirituel, là ou l'Eglise ne reconnut jamais que le dichotomique désordre libertin/ordre conjugal.
Florence Quentin (Diplômée d'égyptologie. Journaliste et écrivain, elle a participé au recueil "Egyptes, de l'Ancien Empire à nos jours" - Maisonneuve et Larose, 1997)
23:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : Culture, amour
lundi, 23 octobre 2006
EN VELO AVEC MON PAPA
Mon papa s'apprête à partir travailler. Il y va en vélo car c'est à l'autre bout de la ville. Pour faire plaisir à sa maman et comme je suis trop petite pour aller à l'école, il me prend avec lui. Il m'assied sur le siège attaché au porte bagage. Cela permet de soulager maman qui a beaucoup de travail avec ma petite soeur.
Et nous voilà partis après le repas de midi. Je m'accorche fort à son manteau car j'ai un peu peur. Je ne vois pas la rue qui défile devant moi. Je regarde les maisons qui défilent sur le côté. Arrivé au portail en fer de l'usine, il me laisse sur le vélo et descend pour ouvrir. Derrière le portail, il y a à droite la maison de mon grand père et de ma grand mère. A gauche, ce sont les bâtiments de l'usine puis les bureaux. Au fond de la cour se trouvent aussi des bâtiments où les ouvriers travaillent. Au fond à droite, se dressent de vieux bâtiments qui servent de garage et une grange en bois, comme dans les films de cow-boys, où l'on stocke des cartons.
Mon grand père est déjà au bureau, il travaille comme comptable avec d'autres personnes. Je peux le voir car il a son bureau près de la fenêtre qui donne sur la cour de l'usine. Il me fait signe bonjour. Le dimanche, il m'emmène voir son bureau quand il n'y a personne. Mon papa me dépose chez sa maman qui m'embrasse très fort et mon papa s'en va. Je l'aide à ranger sa cuisine comme je peux. Elle me lit une histoire. Je dessine sur du vieux papier avec des vieux crayons de couleurs. Nous allons ensuite ramasser les oeufs que les poules ont laissé un peu partout : dans la paille de la réserve à charbon, dans certains coins du jardin. Il faut bien regarder et surtout ne pas les laisser tomber. Je m'amuse aussi quelquefois avec les poules qui s'échappent dès que je veux les toucher. Mais j'ai l'habitude. Ensuite, ma grand mère me donne un biscuit pour le gouter car l'air de la campagne ça creuse. Elle m'emmène dans le jardin potager car il faut penser au repas du soir. J'y vois des salades, des poireaux et d'autres légumes ainsi que quelques fleurs.
Quand mon papa a fini sa journée de travail, il rentre avec mon grand-père qui m'embrasse et nous buvons un verre de jus de fruit pour moi et du café pour mes grands-parents et mon papa. Ils parlent de choses que je ne comprends pas.
Il est l'heure de rentrer pour retrouver mon frère et ma soeur qui sont déjà revenus de l'école. Je fais la route en sens inverse ce qui me permet de voir les maisons de l'autre côté de la rue. J'aime avoir les cheveux dans le vent, même s'il fait quelquefois très froid. Mais je suis bien couverte. L'après-midi s'est bien passée et je suis contente de revenir à ma maison. La table est déjà mise et je sens l'odeur de la soupe dès que j'arrive. Bon appétit.
23:35 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Journal intime, de tout et de rien
vendredi, 20 octobre 2006
UNE CHANSON écrite par BOBY
Si l'on ne voit pas pleurer les poissons
Qui sont dans l'eau profonde
C'est que jamais quand ils sont polissons
Leur maman ne les gronde
Quand ils s'oublient à faire pipi au lit
Ou bien sur leurs chaussettes
Ou à cracher comme des pas polis
Elle reste muette
La maman des poissons elle est bien gentille !
Ell'ne leur fait jamais la vie
Ne leur fait jamais de tartines
Ils mangent quand ils ont envie
Et quand ça a dîné ça r'dine
S'ils veulent prendre un petit vers
Elle les approuve des deux ouïes
Leur montrant comment sans ennuis
On les décroch' de leur patère
S'ils veulent être maquereaux
C'est pas elle qui les empêche
De s'faire des raies bleues sur le dos
Dans un banc de peinture fraîche
J'en connais un qui s'est marié
A une grande Raie publique
Il dit quand elle lui fait la nique
"Ah ! qu'est-ce que tu me fais, ma raie !"
La maman des poissons elle a l'oeil tout rond
On ne la voit jamais froncer les sourcils
Ses petits l'aiment bien, elle est bien gentille
Et moi je l'aime bien avec du citron
LA MAMAN
DES POISSONS
ELLE EST BIEN GENTILLE !
(Paroles et musique de Boby LAPOINTE)
21:45 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : poésie, poésie et chanson, culture