vendredi, 09 mai 2025
LE PARESSEUX (poème de Marc Antoine Girard, Sieur de Saint Amant - 1594-1661)
Accablé de paresse et de mélancolie,
Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.
Là, sans me soucier des guerres d'Italie,
Du comte Palatin, ni de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie.
Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je vois déjà s'en enfler ma bedaine,
Et hais tant le travail, que, les yeux entrouverts,
Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine
Ai-je pu me résoudre à t'écrire ces vers.
11:33 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : poésie, poème, poète, culture, écriture, vers, saint amant
lundi, 05 mai 2025
CHAPITRE XXII (CINQ SEMAINES EN BALLON de Jules VERNE)
Fergusson projeta vers les divers points de l'espace son puissant rayon de lumière et l'arrêta sur un endroit où des cris d'épouvante se firent entendre. Ses deux compagnons y jetèrent un regard avide.
Le baobab au-dessus duquel se maintenait le Victoria presque immobile s'élevait au centre d'une clairière ; entre des champs de sésame et de cannes à sucre, on distinguait une cinquantaine de huttes basses et coniques autour desquelles fourmillait une tribu nombreuse.
A cent pieds au-dessous du ballon se dressait un poteau. Au pied de ce poteau gisait une créature humaine, un jeune homme de trente ans au plus, avec de longs cheveux noirs, à demi nu, maigre, ensanglanté, couvert de blessures, la tête inclinée sur la poitrine, comme le Christ en croix. Quelques cheveux plus ras sur le sommet du crâne indiquaient encore la place d'une tonsure à demi effacée.
- Un missionnaire ! un prêtre ! s'écria Joe.
- Pauvre malheureux ! répondit le chasseur.
- Nous le sauverons, Dick ! fit le docteur, nous le sauverons !
La foule des nègres, en apercevant le ballon, semblable à une comète énorme avec une queue de lumière éclatante, fut prise d'une épouvante facile à concevoir. A ses cris, le prisonnier releva la tête. Ses yeux brillèrent d'un rapide espoir, et, sans trop comprendre ce qui se passait, il tendit ses mains vers ces sauveurs inespérés.
- Il vit ! Il vit ! s'écria Fergusson ; Dieu soit loué ! Ces sauvages sont plongés dans un magnifique effroi ! Nous le sauverons ! Vous êtes prêts, mes amis ?
- Nous sommes prêts, Samuel.
- Joe, éteins le chalumeau.
L'ordre du docteur fut exécuté. Une brise à peine saisissable poussait doucement le Victoria au-dessus du prisonnier, en même temps qu'il s'abaissait insensiblement avec la contraction du gaz......
16:07 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : jules verne, livre, auteur, culture, écriture, roman
jeudi, 10 avril 2025
OPPORTUNISME
Il est bon d'être ferme par tempérament, et flexible par réflexion (VAUVENARGUES).
Je sais, quand il le faut, quitter la peau du lion et prendre celle du renard (NAPOLEON 1er).
Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent (Edgar FAURE).
Les gens faibles ne plient jamais quand ils doivent (Paul de GONDI, Cardinal de RETZ).
17:37 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : citations, expressions, culture, écriture, auteur
dimanche, 30 mars 2025
LA MORT DES OISEAUX (François Coppée)
Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois,
A la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois,
Pendant les tristes jours de l’hiver monotone
Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,
Se balancent au vent sur le ciel gris de fer.
Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver !
Pourtant lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes.
Dans le gazon d’avril où nous irons courir.
Est-ce que » les oiseaux se cachent pour mourir ? »
(En photo, un chardonneret trouvé mort sous mon carport, devant ma voiture, vendredi dernier).
lundi, 24 février 2025
FAIRE UNE CROIX
Faire une croix à la porte de quelqu'un :
Cette expression, dont on se sert pour dire qu'on ne veut plus aller dans une maison, est fondée sur un usage des chevaliers qui, passant devant un château où ils ne daignaient pas entrer, traçaient sur la porte une croix d'infamie.
11:01 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : citations, expressions, culture, écriture, passé, histoire
dimanche, 19 janvier 2025
LE TEMPS
Gardez-vous de demander du temps : le malheur n'en accorde jamais (Mirabeau).
Le temps passe par le trou de l'aiguille des heures (Jules Renard).
Le temps est comme un fleuve, il ne remonte pas vers sa source (Rivarol).
Quand on se propose un but, le temps, au lieu d'augmenter, diminue (Rivarol).
17:02 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : citations, expressions, mots, vérité, culture, écriture, auteur, livre
jeudi, 16 janvier 2025
Extrait de L'OISEAU BAGUE de Jean GIONO
Quand on attend violemment quelque chose, toujours, toujours, il faut être très équilibré pour ne pas devenir fou, et, à la fin, prendre soi-même la force de ne plus attendre.
Entre l'automne et l'hiver, les longues pluies passent. Ici la terre est d'argile et de schiste. Presque pas d'arbres, presque pas d'herbe. C'est vite une boue épaisse dont l'eau ne peut jamais trouver le fond. Il reste à faire quelques charrois de raves pour les bêtes. Les tombereaux sont enchapés de terre grasse jusqu'aux moyeux. Les mulets, les ânes, les boeufs, les hommes portent des bottes de boue jusqu'à la moitié des cuisses. La ville a beau être pavée, elle finit par être toute gluante. L'hiver n'est pas un hiver de neige dure ; c'est une lutte entre la montagne et la mer. Pendant la nuit, la montagne descend et elle gèle tout, pendant le jour la mer monte à travers le ciel, elle se couche sur nous avec son eau tiède, tout s'amollit, les arbres s'arrachent tout seuls le long des talus, les coteaux se déchaînent en longs glissements d'argilières, sans jamais trouver l'os du rocher. Il n'y a plus que le bruit de la boue et de la pluie, le long des jours, le long des jours, le long des jours, sans jamais d'arrêts.
10:57 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : livre, culture, jean giono, écriture, roman
mardi, 01 octobre 2024
J'AI COMMENCE HIER SOIR : UNE FUMEE SUR LE TOIT de Edouard ROY
Au début du 20ème siècle, Charlou, un paysan de la région de Carmaux, doit quitter la terre pour aller travailler à la mine.
Son père d’abord sabotier a essayé de se reconvertir comme vendeur de chevaux mais sans grand succès. Dès l’âge de 12 ans, il doit quitter la petite ferme familiale pour aller s’engager à la mine. Il y travaillera de 1889 à 1929 à l’entretien des chevaux puis comme porion. De trop petite taille, il est dispensé de service militaire et échappe à la grande boucherie de la Première Guerre Mondiale. Il se marie avec Orancie qui sera sa fidèle compagne pendant des années. Ils n’auront qu’une fille car Orancie, victime d’un très grave accident ne pourra plus avoir d’enfant. À la fois mineur et paysan, Charlou mènera une double vie. Double travail, double peine. Il connaîtra les grands mouvements sociaux de l’époque, verra l’armée tirer sur le peuple et découvrira l’exploitation, la misère de ceux et celles qui n’ont pas comme lui quelques arpents de terre et quelques animaux qui lui permettront de toujours améliorer l’ordinaire, ce qui sera particulièrement le cas pendant l’Occupation.
A la fin de sa vie, il reviendra à la terre, riche d'une expérience qui illustre le passage de la société rurale à la société industrielle. Un témoignage direct, prenant, qui restitue avec force et vérité une tranche de l'histoire sociologique de la France.
Livre sorti en janvier 1986.
15:12 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : livre, auteur, écriture, culture, mineur de fond, ouvrier de la mine, aveyron
vendredi, 20 septembre 2024
LE BUREAU DE GRAND PERE
Le bureau de grand père, dans les années 50 et en 1960, était une pièce assez sombre, éclairée seulement par une fenêtre donnant sur la rue.
Grand père y tenait des comptes sur des grands livres. Il y lisait également le journal local en fumant la pipe. Tout était bien ordonné, bien rangé, chaque chose avait une place bien déterminée.
Je le retrouvais là, le dimanche midi, quand nous arrivions en famille pour le repas préparé par grand mère.
Dès qu'il discutait sérieusement avec papa, je partais jouer dans le jardin.
Une bibliothèque vitrée se tenait dans le coin gauche de cette pièce où régnait le calme absolu. J'ai bien essayé de m'intéresser à ce qui s'y trouvait aligné sagement, mais je n'aimais que les livres de mon grand frère.
Un canapé en cuir marron, adossé au mur près de la porte, était le seul endroit où j'aimais m'asseoir. C'est là que le Père Noël déposait ses cadeaux chaque fin d'année. Cette idée ne me semblait pas étrange, au contraire, il avait la bonne idée de ne déranger personne dans la maison, lors de son bref passage.
Des bibelots anciens donnaient à ce bureau une ambiance d'un autre siècle.
Quand grand père a pris sa retraite, j'avais 8 ans, un autre bureau plus petit l'attendait dans sa nouvelle maison. Il avait gardé chaque meuble mais l'ambiance et les activités restaient les mêmes.
16:19 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : souvenirs, écriture, enfance, grand père, retraite, comptable, usine
samedi, 17 août 2024
EN LECTURE : L'EPERVIER DE MAHEUX
17:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : livre, auteur, écriture, cévennes, jean carrière, lozère