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vendredi, 28 janvier 2011

CHAPITRE XXII (CINQ SEMAINES EN BALLON de Jules VERNE)

Fergusson projeta vers les divers points de l'espace son puissant rayon de lumière et l'arrêta sur un endroit où des cris d'épouvante se firent entendre. Ses deux compagnons y jetèrent un regard avide.

Le baobab au-dessus duquel se maintenait le Victoria presque immobile s'élevait au centre d'une clairière ; entre des champs de sésame et de cannes à sucre, on distinguait une cinquantaine de huttes basses et coniques autour desquelles fourmillait une tribu nombreuse.

A cent pieds au-dessous du ballon se dressait un poteau. Au pied de ce poteau gisait une créature humaine, un jeune homme de trente ans au plus, avec de longs cheveux noirs, à demi nu, maigre, ensanglanté, couvert de blessures, la tête inclinée sur la poitrine, comme le Christ en croix. Quelques cheveux plus ras sur le sommet du crâne indiquaient encore la place d'une tonsure à demi effacée.

- Un missionnaire ! un prêtre ! s'écria Joe.

- Pauvre malheureux ! répondit le chasseur.

- Nous le sauverons, Dick ! fit le docteur, nous le sauverons !

La foule des nègres, en apercevant le ballon, semblable à une comète énorme avec une queue de lumière éclatante, fut prise d'une épouvante facile à concevoir. A ses cris, le prisonnier releva la tête. Ses yeux brillèrent d'un rapide espoir, et, sans trop comprendre ce qui se passait, il tendit ses mains vers ces sauveurs inespérés.

- Il vit ! Il vit ! s'écria Fergusson ; Dieu soit loué ! Ces sauvages sont plongés dans un magnifique effroi ! Nous le sauverons ! Vous êtes prêts, mes amis ?

- Nous sommes prêts, Samuel.

- Joe, éteins le chalumeau.

L'ordre du docteur fut exécuté. Une brise à peine saisissable poussait doucement le Victoria au-dessus du prisonnier, en même temps qu'il s'abaissait insensiblement avec la contraction du gaz......

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