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vendredi, 20 mai 2022

DOUCE PLAGE OU NAQUIT MON AME (Paul-Jean TOULET 1867-1920)

Douce plage où naquit mon âme ;

Et toi, savane en fleurs

Que l'Océan trempe de pleurs

Et le soleil de flamme ;

Douce aux ramiers, douce aux amants,

Toi de qui la ramure

Nous charmait d'ombre et de murmure,

Et de roucoulements ;

Où j'écoute frémir encore

Un aveu tendre et fier -

Tandis qu'au loin riait la mer

Sur le corail sonore.

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mardi, 22 février 2022

LE PECHEUR A LA LIGNE (Tristan DEREME)

Vainement un peuple s'indigne

Du temps que perd,

Sous son chapeau doublé de vert,

Le mortel qui pêche à la ligne.

Au soleil ou dans la fraîcheur

Qu'un bois lui verse,

Il rit à l'ombre que traverse

L'éclair d'un bleu martin-pêcheur.

Il rêve, et rêve d'une sole

Ou d'un poisson aérien ;

Mais c'est un sage : il se console

S'il ne prend rien.

A son logis, il rentre, et dîne

D'une sardine

A l'huile. Il a le coeur tremblant,

Car devant la sardine, il songe...

Il voit la dorade et l'éponge,

Et sous ses yeux un requin plonge

Dans cette boîte de fer-blanc.

Il peut être loin de la grève :

Il suffit de faire un beau rêve...

(Philippe HUC, dit Tristan DEREME, ami de Paul-Jean TOULET et de Francis CARCO, est l'auteur de poèmes fantaisistes et brillants dont le désenchantement perce sous l'humour. Il publia également des chroniques mêlées de vers, L'escargot Bleu, l'Onagre Orangé).

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mercredi, 01 décembre 2021

CHANSON GOTHIQUE (Gérard de Nerval)

Belle épousée,
J'aime tes pleurs !
C'est la rosée
Qui sied aux fleurs.

Les belles choses
N'ont qu'un printemps,
Semons de roses
Les pas du Temps !

Soit brune ou blonde
Faut-il choisir ?
Le Dieu du monde,
C'est le Plaisir.

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samedi, 23 octobre 2021

Raymond QUENEAU... un petit poème...

Quand les poètes s'ennuient alors il leur ar-

Rive de prendre une plume et d'écrire un po-

Eme on comprend dans ces conditions que ça bar-

Be un peu quelque fois la poésie la po-

Esie.

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jeudi, 17 juin 2021

QUELQUES VERS (EXTRAITS)

Voici que vient l'été la saison violente

Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps

O Soleil c'est le temps de la Raison ardente.

Guillaume APOLLINAIRE

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Ses cheveux sont d'or on dirait

Un bel éclair qui durerait

Ou ces flammes qui se pavanent

Dans les roses-thé qui se fanent.

Guillaume APOLLINAIRE.

 

 

 

 

Anne qui se mélange au drap pâle et délaisse

Des cheveux endormis sur ses yeux mal ouverts

Mire ses bras lointains tournés avec mollesse

Sur la peau sans couleur du ventre découvert.

Paul VALERY.

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On a baptisé les étoiles sans penser

Qu'elles n'avaient pas besoin de nom et les nombres

Qui prouvent que les belles comètes dans l'ombre

Passeront, ne les forceront pas à passer.

Francis JAMMES.

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Que veut-il, que veut-il, ce coeur ? malgré la cendre

Du temps, malgré les maux,

Pense-t-il reverdir, comme tige tendre

Se couvre de rameaux ?

Jean MOREAS

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jeudi, 27 mai 2021

COMPLAINTE DE LA LUNE EN PROVINCE (Jules LAFORGUE)

Ah ! la belle pleine Lune,

Grosse comme une fortune !

 

La retraite sonne au loin,

Un passant, monsieur l’adjoint  ;

 

Un clavecin joue en face,

Un chat traverse la place :

 

La province qui s’endort !

Plaquant un dernier accord,

 

Le piano clôt sa fenêtre.

Quelle heure peut-il bien être ?

 

Calme Lune, quel exil !

Faut-il dire : ainsi soit-il ?

 

Lune, ô dilettante Lune,

À tous les climats commune,

 

Tu vis hier le Missouri,

Et les remparts de Paris,

 

Les fiords bleus de la Norvège,

Les pôles, les mers, que sais-je ?

 

Lune heureuse ! ainsi tu vois,

À cette heure, le convoi

 

De son voyage de noce !

Ils sont partis pour l’Écosse.

 

Quel panneau, si, cet hiver,

Elle eût pris au mot mes vers !

 

Lune, vagabonde Lune,

Faisons cause et mœurs communes ?

 

Ô riches nuits ! je me meurs,

La province dans le cœur !

 

Et la lune a, bonne vieille,

Du coton dans les oreilles.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Laforgue

 

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mercredi, 12 mai 2021

LE COUCHER DU SOLEIL ROMANTIQUE (Charles BAUDELAIRE)

Que le soleil est beau quand tout frais il se lève,

Comme une explosion nous lançant son bonjour !

- Bienheureux celui-là qui peut avec amour

Saluer son coucher plus glorieux qu'un rêve !

 

Je me souviens !... J'ai vu tout, fleur, source, sillon,

Se pâmer sous son oeil comme un coeur qui palpite...

- Courons vers l'horizon, il est tard, courons vite,

Pour attraper au moins un oblique rayon !

(photo personnelle, en Auvergne)

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mardi, 20 avril 2021

Fernando PESSOA

Suis ta destinée,
Arrose les plantes,
Aime les roses.
Le reste est l’ombre
D’arbres étrangers.

La réalité
Est toujours plus ou moins
Que ce que nous voulons.
Nous seuls sommes toujours
Égaux à nous-mêmes.

Vivre seul est doux,
Vivre simplement,
Toujours, est noble et grand,
Sur les autels, en ex-voto
Pour les dieux, laisse la douleur.

Regarde la vie de loin.
Ne l’interroge jamais.
Elle ne peut rien
Te dire. La réponse
Est au-delà des dieux.

Mais sereinement
Imite l’Olympe
Au fond de ton coeur.
Les dieux sont dieux
Parce qu’ils ne se pensent pas.

6 juillet 1935

Je ne pense à rien,
et cette chose centrale, qui n’est rien,
m’est agréable comme l’air de la nuit,
frais en contraste avec le jour caniculaire.

Je ne pense à rien, et que c’est bon !

Ne penser à rien,
c’est avoir une âme à soi et intégrale.
Ne penser à rien,
c’est vivre intimement
le flux et le reflux de la vie…
Je ne pense à rien.

C’est comme si je m’étais appuyé
dans une fausse posture.
Un mal aux reins, ou d’un côté des reins,
mon âme a la bouche amère :
c’est que, tout bien compté,
je ne pense à rien,
mais vraiment à rien,
à rien…

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fernando_Pessoa

 

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vendredi, 09 avril 2021

CHANCE (Paul GERALDY)

Et pourtant, nous pouvions ne jamais nous connaître !

Mon amour, imaginez-vous

tout ce que le Sort dut permettre

pour qu’on soit là, qu’on s’aime et pour que ce soit nous ?

 

Tu dis : << Nous étions nés l'un pour l'autre. >> Mais pense

à ce qu’il dut falloir de chances, de concours,

de causes, de coïncidences,

pour réaliser ça, simplement, notre amour !

 

Songe qu’avant d’unir nos têtes vagabondes

nous avons vécu seuls, séparés, égarés,

et que c’est long, le temps, et que c’est grand, le monde,

et que nous aurions pu ne pas nous rencontrer.

 

As-tu jamais pensé, ma jolie aventure,

aux dangers que courut notre pauvre bonheur

quand l’un vers l’autre, au fond de l’infinie nature,

mystérieusement gravitaient nos deux coeurs ?

 

Sais-tu que cette course était bien incertaine

qui vers un soir nous conduisait,

et qu’un caprice, une migraine

pouvaient nous écarter l’un de l’autre à jamais ?

 

Je ne t’ai jamais dit cette chose inouïe :

lorsque je t’aperçus pour la première fois,

je ne vis pas d’abord que tu étais jolie.

Je pris à peine garde à toi.

 

Ton amie m’occupait bien plus, avec son rire.

C’est tard, très tard, que nos regards se sont croisés.

Songe, nous aurions pu ne pas savoir y lire,

et toi ne pas comprendre, et moi ne pas oser.

 

Où serions-nous ce soir si, ce soir-là, ta mère

t’avait reprise un peu plus tôt ?

Et si tu n’avais pas rougi, sous les lumières,

quand je voulus t’aider à remettre ton manteau ?

 

Car, souviens-toi, ce furent là toutes les causes.

Un retard, un empêchement,

et rien n’aurait été du cher enivrement,

de l’exquise métamorphose !

 

Notre amour aurait pu ne jamais advenir !

Tu pourrais aujourd’hui n’être pas dans ma vie !…

 

Mon petit coeur, mon coeur, ma petite chérie,

je pense à cette maladie

dont vous avez failli mourir… 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_G%C3%A9raldy

 

paul géraldy.jpg

 

vendredi, 02 avril 2021

FILS DE LA VIE

La vie se tricote

Et se détricote

Le bonheur se défile

Les soucis s'enfilent

Ils te piquent ton coeur

Tu dessines des fleurs

Au fil de tes toiles

Sur des échantillons

Des croix en médaillon

Gondolent les motifs

De tes soucis chétifs.

(Un de mes poèmes écrit le 24 août 2013 illustré par un de mes dessins)

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