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jeudi, 23 avril 2020

COLETTE - La Maison de Claudine

"Il y eut un temps où avant de savoir lire, je me logeais en boule entre deux tomes du Larousse comme un chien dans sa niche. Labiche et Daudet se sont insinués tôt dans mon enfance heureuse, maîtres condescendants qui jouent avec un élève familier. Mérimée vint en même temps, séduisant et dur, et qui éblouit parfois mes huit ans d'une lumière inintelligible. Les Misérables aussi, oui, Les Misérables, malgré Gavroche ; mais je parle là d'une passion raisonneuse qui connut des froideurs et de longs détachements. Point d'amour entre Dumas et moi, sauf que Le Collier de la Reine rutila, quelques nuits, dans mes songes, au col condamné de Jeanne de la Motte. Ni l'enthousiasme fraternel, ni l'étonnement désapprobateur de mes parents n'obtinrent que je prisse de l'intérêt aux Mousquetaires..."

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mardi, 31 mars 2020

FRANCOIS COPPEE : LA MORT DES OISEAUX

Le soir, au coin du feu, j'ai pensé bien des fois

A la mort d'un oiseau, quelque part, dans les bois,

Pendant les tristes jours de l'hiver monotone,

Les pauvres nids déserts, les nids qu'on abandonne,

Se balancent au vent sur le ciel gris de fer.

Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l'hiver !

Pourtant, lorsque viendra le temps des violettes,

Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes

Dans le gazon d'avril, où nous irons courir.

Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Copp%C3%A9e

 

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vendredi, 20 mars 2020

JOURNAL de Anne Frank (extraits)

Dimanche 11 juillet 1943 : les gens libres ne pourraient jamais concevoir ce que les livres représentent pour les gens cachés. Des livres, encore des livres, et la radio - c'est toute notre distraction.
Mercredi 17 novembre 1943 : il y a une épidémie dans la maison d'Elli ; elle est en quarantaine et ne pourra donc venir chez nous pendant six semaines. C'est très embarrassant, car elle est responsable de notre ravitaillement et des courses ; puis, elle nous remonte le moral et elle nous manque terriblement.
Samedi 12 février 1944 : le soleil brille, le ciel est d'un bleu intense, le vent est alléchant, et j'ai une envie folle - une envie folle - de tout... De bavardages, de liberté, d'amis, de solitude.
Mercredi 23 février 1944 : beaucoup de choses nous manquent ici, beaucoup et depuis longtemps, et j'en suis privée autant que toi. Je ne veux pas dire physiquement, nous avons ce qu'il nous faut. Non, je parle des choses qui se passent en nous, tels les pensées et les sentiments. J'ai la nostalgie autant que toi de l'air, de la liberté. Mais je me suis mise à croire que nous avons une compensation énorme à toutes ces privations. Je m'en suis rendu compte tout à coup, ce matin, devant la fenêtre ouverte. Je veux dire une compensation de l'âme. En regardant au-dehors, donc Dieu, et en embrassant d'un regard droit et profond la nature, j'étais heureuse, rien d'autre qu'heureuse.

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samedi, 14 mars 2020

NICOLAS BOILEAU : A mon jardinier, Epître

Antoine, de nous deux, tu crois donc, je le voi,

Que le plus occupé dans ce jardin, c'est toi.

Oh ! que tu changerais d'avis et de langage,

Si, deux jours seulement, libre du jardinage,

Tout à coup devenu poète et bel esprit,

Tu t'allais engager à polir un écrit

Qui dît, sans s'avilir, les plus petites choses,

Fît des plus secs chardons des œillets et des roses,

Et sût même aux discours de la rusticité

Donner de l'élégance et de la dignité...

... Bientôt, de ce travail devenu sec et pâle,

Et le teint plus jauni que de vingt ans de hâle,

Tu dirais, reprenant ta pelle et ton râteau :

"J'aime mieux mettre encor cent arpents au niveau,

Que d'aller follement, égaré dans les nues,

Me lasser à chercher des visions cornues,

Et, pour lier des mots si mal s'entr'accordants,

Prendre dans ce jardin la lune avec les dents. »

Approche donc, et viens; qu'un paresseux t'apprenne,

Antoine, ce que c'est que fatigue et que peine.

L'homme ici-bas, toujours inquiet et gêné,

Est, dans le repos même, au travail condamné.

La fatigue l'y suit. C'est en vain qu'aux poètes

Les neuf trompeuses Sœurs, dans leurs douces retraites,

Promettent du repos sous leurs ombrages frais :

Dans ces tranquilles bois, pour eux plantés exprès,

La cadence aussitôt, la rime, la césure,

La riche expression, la nombreuse mesure,

Sorcières, dont l'amour sait d'abord les charmer,

De fatigues sans fin viennent les consumer.

Sans cesse, poursuivant ces fugitives fées,

On voit sous les lauriers haleter les Orphées.

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mercredi, 05 février 2020

En lecture, HARRICANA de Bernard CLAVEL

RESUME :

A la fin du 19ème siècle, la famille Robillard vit sur des terres arides au Canada. Raoul vient annoncer à sa famille qu'il a trouvé un endroit plus intéressant se trouvant à 20 jours de marche, de canotage et de portage, dans une nature vierge et sauvage. La famille composée du père, de la mère, soeur de Raoul, de leur fils aîné, Stéphane, 12 ans, d'un autre fils et d'une fille, se rend dès le lendemain sur le chemin découvert par Raoul. Leur acharnement finit par payer, ils arrivent sur le tracé de la voie ferrée en construction qui reliera l'atlantique au pacifique.

Ce livre est le tome 1 d'une série romanesque en 6 volumes que Bernard CLAVEL a écrite de 1983 à 1989. Le récit se passe au Canada, dans la province du Québec où l'écrivain a résidé.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Royaume_du_Nord

 

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lundi, 20 janvier 2020

En lecture, LES CHASSEURS DE PAPILLONS de Gilbert BORDES

Depuis qu'il a surpris sa maman en train de faire des bêtises avec le jeune homme qui se cache dans la ferme voisine, Claude, 12 ans, sent qu'il faut faire quelque chose. En ce printemps 1944, son père, dont il s'est fait un héros, est toujours prisonnier en Allemagne. Alors c'est décidé, “Il faut aller chercher papa.”
Muni de cartes et armé d'une boussole, son petit frère trottinant derrière lui, le gamin s'engage sur les chemins de Corrèze, vers quelque incertaine Poméranie. Et si on nous interroge ? On dira qu'on est juifs. Et si on nous rattrape ? On dira qu'on allait à la chasse aux papillons.

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vendredi, 18 octobre 2019

ZIZANIE

Semer la zizanie, vient d'une expression du 16ème siècle au sein du monde agricole. La zizanie désignait la plante de l'ivraie enivrante, aussi appelée Zizanion en grec, graminée sauvage considérée comme de la mauvaise herbe qui, si elle est consommée en petites quantités, peut provoquer des effets similaires à l'ivresse. Elle était redoutée par les paysans car sa toxicité pouvait se répandre dans les champs de céréales. Si un homme mangeait du pain préparé avec du blé ainsi contaminé, il pouvait tomber malade, parfois jusqu'à en mourir. "Semer la zizanie" pouvait donc avoir des conséquences désastreuses pour son entourage.

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samedi, 14 septembre 2019

BELLA (Jean Giraudoux)

BELLA est l'histoire de deux familles sous la 3ème République. Deux familles ennemies et puissantes que la politique oppose. Au milieu de ces familles, Bella et Philippe qui s'aiment et désirent se marier. Ce livre a été publié en 1926.

Extrait : La seule table vide était près de la nôtre. Bella eut une hésitation dans sa marche ; je sentais qu'elle se demandait si elle aurait le courage de se placer face à moi, pour m'éviter la vue de son beau-père. Mais Rebendart déjà s'installait, et je la voyais de dos. Elle était ployée, elle m'offrait le fermoir de son collier, le laçage de sa robe, le noeud de ses cheveux, les boutons de sa tunique, car elle aimait être boutonnée par-derrière, jamais par-devant ou par côté. Elle sentait mes regards sur elle, elle sentait que tous ses sentiments, toute sa résistance avaient leur fermoir derrière elle, j'avais sous les yeux tout ce qui pouvait la rendre nue et défaillante. Rien de plus lourd que le chagrin sur des épaules de femme ; cet affaissement de champion qui lève cent vingt kilos, l'idée de ma présence le provoquait sur Bella. Ah ! comme le record en poids de la mélancolie était battu ! Ah ! que les épinards renommés furent les bienvenus ! Elle se laissa aller dès qu'ils furent servis, elle se courba sur eux comme sur une prairie. Par-devant elle bavardait, elle riait, mais ses épaules et ses reins succombaient. Parfois d'une main qui semblait venir d'une amie elle tâtait le fermoir du collier, le premier bouton de la blouse, le peigne. Puis la main, sentant mon regard, disparaissait. On eût dit une main de voleuse, mais elle partait toujours vide. Que la peine est belle sur un être beau ! Bella était plus forte, plus épanouie que lorsqu'elle m'avait quitté. Notre rupture lui avait valu ce que cause aux autres femmes un enfant. Le souci avait arrondi ses épaules, donné à son dos ce beau volume, gonflé un peu ses bras, chassé les muscles de son cou, la renfermant toute dans une gaine. Jamais plus je n'étreindrais ce corps léger et remuant, il était cousu dans une peau plus charnue et veloutée. Je ne pourrais plus que le sentir se débattre au sein de cette autre femme, qui le retenait par une couture sans marque, que la main surgissant à nouveau semblait chercher. Elle était à peu près immobile. Elle savait que si elle s'inclinait d'un côté ou de l'autre, elle me dévoilait la tête de Rebendart...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Giraudoux

 

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mercredi, 11 septembre 2019

VIEILLIR (un texte de Bernard Pivot)

J'aurais pu dire:

Vieillir, c'est désolant, c'est insupportable,

C'est douloureux, c'est horrible,

C'est déprimant, c'est mortel.

Mais j'ai préféré «chiant»

Parce que c'est un adjectif vigoureux

Qui ne fait pas triste.

Vieillir, c'est chiant parce qu'on ne sait pas quand ça a commencé et l'on sait encore moins quand ça finira.

Non, ce n'est pas vrai qu'on vieillit dès notre naissance.

On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant.

On était bien dans sa peau.

On se sentait conquérant. Invulnérable.

La vie devant soi. Même à cinquante ans, c'était encore très bien….Même à soixante.

Si, si, je vous assure, j'étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.

Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps j'ai vu le regard des jeunes…

Des hommes et des femmes dans la force de l'âge qui ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté, même à la marge.

J'ai lu dans leurs yeux qu'ils n'auraient plus jamais d'indulgence à mon égard.

Qu'ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables.

Sans m'en rendre compte, j'étais entré dans l'apartheid de l'âge.

Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants.

"Avec respect", "En hommage respectueux", "Avec mes sentiments très respectueux".

Les salauds! Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur stylo plein de respect? Les cons!

Et du « cher Monsieur Pivot » long et solennel comme une citation à l'ordre des Arts et Lettres qui vous fiche dix ans de plus !

Un jour, dans le métro, c'était la première fois, une jeune fille s'est levée pour me donner sa place…..

J'ai failli la gifler. Puis la priant de se rasseoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué. !!!... ?

 

-- "Non, non, pas du tout, a-t-elle répondu, embarrassée. J'ai pensé que…".

-- Moi aussitôt : «Vous pensiez que?

-- "Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous asseoir".

- "Parce que j'ai les cheveux blancs"?

- "Non, c'est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que moi, çà été un réflexe, je me suis levée".

-- "Je parais beaucoup…beaucoup plus âgé que vous"?

-"Non, oui, enfin un peu, mais ce n'est pas une question d'âge".

-- "Une question de quoi, alors?"

- "Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois".»

J'ai arrêté de la taquiner, je l'ai remerciée de son geste généreux et l'ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre.

Lutter contre le vieillissement c'est, dans la mesure du possible, ne renoncer à rien.

Ni au travail, ni aux voyages, ni aux spectacles, ni aux livres, ni à la gourmandise, ni à l'amour, ni au rêve.

Rêver, c'est se souvenir tant qu'à faire, des heures exquises.

C'est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent.

C'est laisser son esprit vagabonder entre le désir et l'utopie.

La musique est un puissant excitant du rêve. La musique est une drogue douce.

J'aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant soit l'adagio du Concerto no 23 en la majeur de Mozart,

soit, du même, l'andante de son Concerto no 21 en ut majeur,

musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l'au-delà.

Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés.

Nous allons prendre notre temps.

Avec l'âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement.

Nous ignorons à combien se monte encore notre capital. En années? En mois? En jours?

Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital.

Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut jouir sans modération.

Après nous, le déluge?....Non, Mozart.

Voilà, ceci est bien écrit, mais cela est le lot de tous, nous vieillissons !...

Bien ou mal, mais le poids des ans donne de son joug au quotidien

 

Bernard Pivot

Extrait de son livre paru en avril 2011 : Les mots de ma vie.

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vendredi, 06 septembre 2019

Raymond QUENEAU : PAUVRE TYPE

Toto a un nez de chèvre et un pied de porc

Il porte des chaussettes

En bois d'allumette

Et se peigne les cheveux

Avec un coupe-papier qui a fait long feu

S'il s'habille les murs deviennent gris

S'il se lève le lit explose

S'il se lave l'eau s'ébroue

Il a toujours dans sa poche

Un vide-poche

Pauvre type.

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