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jeudi, 22 mars 2007

GUITARE ET LITTERATURE (2)

GUITARE OU LUNE

(Vicente Aleixandre)

Guitare comme lune

Est-ce la lune ou son sang ?

C'est un coeur minuscule qui s'est échappé

Et qui sur les bois passe, laissant sa musique bleue et insomniaque.

Une voix ou son sang

Une passion ou son horreur,

Un poisson ou une lune sèche

 qui frétille dans la nuit, éclaboussant les vallées.

Main profonde, en colère menacée,

la lune est-elle rouge ou jaune ?

Non, ce n'est pas un oeil injecté de fureur

à pressentir les limites de la terre, petite.

Main qui dans les cieux cherche la vie même,

Cherche le pouls d'un ciel qui perd son sang,

Cherche dans les entrailles, parmi les vieilles planètes

charmées par la guitare qui s'allume dans la nuit.

Peine, peine d'un coeur que personne ne définit

quand les fauves sentent leurs poils hérissés

Quand ils se sentent trempés dans la lumière froide

qui cherche leur peau comme une main chimérique.

 

Ecoutons pour finir la voix de Federico Garcia Lorca. La guitare, souvent présente dans son oeuvre, y devient progressivement métaphore, archétype et symbole :

La guitare

 

Commencent les pleurs

de la guitare.

Se brisent les coupes de l'aube.

Commencent les pleurs

de la guitare.

Il est inutile

de la faire taire.

Il est impossible

de la faire taire.

Elle pleure monotone,

Comme pleure l'eau

Comme pleure le vent

sur la névée.

Elle pleure pour des choses

lointaines.

Sable du Sud chaud

qui demande des camélias blancs.

Elle pleure, flèche sans cible,

le soir sans matin

et le premier oiseau mort

sur la branche.

Oh, guitare !

coeur blessé à mort,

par cinq épées.

 

Les six cordes

La guitare

fait pleurer les rêves

le sanglot des âmes

perdues

s'échappe par sa bouche

ronde

Et comme la tarentule,

elle tisse une grande étoile,

pour chasser les soupirs

qui flottent dans sa noire

citerne de bois.

(à suivre)

07:00 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Culture, musique, guitare

mercredi, 21 mars 2007

GUITARE ET LITTERATURE (1)

Si l'on met de côté les biographies et autobiographies de guitaristes célèbres, la guitare et ses instrumentistes ne semblent pas fournir aux écrivains une inépuisable source d'inspiration ! Jazzmen, mais aussi pianistes romantiques sembleraient mieux côtés que le guitariste et sa guitare, que l'on trouve souvent à un moment de l'intrigue pour décrire un milieu d'artistes ou camper un cadre. F. Morris dans THE OCTOPUS en 1901, décrit des Hispano-Américains à Guadalajara "traînant du saloon au restaurent et du restaurant à la plaza, vestiges d'une génération précédente, représentants d'un ordre des choses différent, totalement oisifs, vivant heureux avec leur cigarette, leur guitare, leur verre de mescal et leur sieste".

Et A. CARPENTIER, dans Concerto baroque en 1974, fait appel à la guitare comme élément du cadre mexicain qui marque le début du roman : "pour se mettre dans l'ambiance, le domestique prit sa guitare de Paracho et se mit à chanter les aubades du Roi David avant d'aborder les chansons du jour".

Mais de toute façon, guitare et guitaristes n'ont d'existence littéraire un peu conséquente que dans les oeuvres issues d'une société dans laquelle la guitare à une existence significative et la littérature un contact avec la réalité. Littérature de la "beat génération", du folk ? Non, ou si peu, au hasard de lignes de Jack KEROUAC, Léonard COHEN ou Wooody GUTHRIE. L'Angleterre punk ou rock ... peu aussi rejoignant en cela une certaine tradition "poétique" de la chanson française (BRASSENS, DUTEIL...).

Nous irons donc chercher en Espagne la première et la plus conséquente présence littérature de la guitare.

CASTILLANE ET ANDALOUSE

La présence de la guitare dans la littérature espagnole est systématiquement liée à l'évocation de la musique et des danses populaires andalouses, très souvent assimilées à la culture gitane. Ainsi, l'instrument subit-il les vicissitudes des rapports entre les intellectuels ibériques et le sud de la péninsule : alternativement, l'austère Vieille-Castille ou la sensuelle Andalousie dominent les forces politiques et les valeurs artistiques du moment, entraînant dans leur triomphe le rejet ou l'exaltation de la culture andalouse, de ses chants et de la guitare.

La première grande référence que nous possédons concernant la guitare dans la littérature espagnole nous est fournie par CERVANTES. Son oeuvre maîtresse, DON QUICHOTTE, reste muette sur ce point. Même les NOUVELLES EXEMPLAIRES évitent ce thème, à l'exception de la Gitanilla, dont le personnage principal, Preciosa, est une jeune chanteuse et danseuse. Par contre, les entremeses et les comédies de CERVANTES abondent en notations sur le rôle de la guitare dans la musique populaire de l'époque.

L'instrument paraît indispensable pour l'accompagnement des danses (La Eleccion de los Alcades de Daganzo et Pedro de Urdemalas). Dans cette dernière oeuvre, Maldonado, "comte" des gitans, adresse ses encouragements aux danseuses.

Dans le "Prologue au lecteur" de ses comédies, CERVANTES écrit que derrière la vieille couverture qui sert de rideau se tiennent les musiciens chantant sans guitare quelque ancienne romance. Cette coutume opposait d'ailleurs les gitans aux Andalous pour lesquels la guitare était l'accompagnement quasi obligatoire du chant.

A la mort de CERVANTES (1616), l'Espagne est entrée dans l'austérité morale imposée par ses monarques, depuis Charles QUINT et son petit-fils, Philippe II. Dès lors, le peuple et les gitans ne sont plus à la mode et il faudra attendre les débuts d'une législation plus "éclairée", à la fin du XVIIIè siècle, pour voir réapparaître une littérature s'attachant à la description des traditions populaires.

Les Cartas marruecas de José Cadalso, écrivain gaditain, publiées en 1774, sont à l'origine d'une longue série d'oeuvres littéraires folkloriques.

Dans la lettre n° 7, Nuno, qui représente l'auteur, prétend stigmatiser la licence des moeurs de la jeunesse de l'époque et prend pour cible une réunion dans une taverne sur la route de Cadix.

On trouverait dans de nombreuses autres oeuvres mineures de la première moitié du XIXè siècle l'association entre la guitare et ces réunions spontanées qui rappelent le carnaval et les rites païens. Mais apparaît vers la même époque un autre personnage : le rebelle populaire, souvent un contrebandier ; la guitare est souvent sa confidente et devient cette fois personnage tragique. Dans El Diablo Mumdo, de ESPRONCEDA, publié vers 1840, le personnage principal apprend en prison à jouer de la guitare.

Dans ses Poesias andaluzas en 1841, Tomas RODRIGUEZ Y DIAS RUBI met lui aussi en scène des bandits-héros populaires environnés de guitares.

Même adéquation de la guitare tragique et de la délinquance-protestation sociale dans Cuentos et romances andaluces de Manuel MARIA DE SANTA ANA, publiés en 1844 et dont succès provoqua une réédition en 1869. Contrebandiers, voleurs, vagabonds, prostituées ... se rencontrent dans le cadre traditionnel de la taverne.

L'Andalousie est d'ailleurs à cette époque à la mode dans toute l'Europe. Les souvenirs de voyages laissés par les Anglais, Georges B0RROW et Richard FORD, l'Italien Carlo DEMBROWSKI, les Français Prosper MERIMEE, Théophile GAUTIER, Alexandre DUMAS notent tous l'omniprésence de la guitare.

Une telle attention des écrivains pour la guitare et la musique populaire andalouses correspondait à un véritable engouement du public. Mais, dans la seconde moitié du XIXè siècle, l'abus fut tel et servit de prétexte à des oeuvres d'une si piètre valeur que les intellectuels réagirent violemment contre cette nouvelle mode littéraire.

Dès 1856, dans son prologue à Souvenirs et beautés de l'Espagne, MADRAZO signale que le thème des coutumes andalouses est épuisé et provoque le dégoût. Des auteurs comme Armando PALACIO VALDES et Leopoldo ALAS CLARIN partagent ce sévère jugement, qui se transforme en hostilité déclarée chez les écrivains de la génération de 1898.

La guitare retourne aux oubliettes de la littérature ibérique. Cest que la situation n'est plus propice aux fêtes, ni à la contestation : désastres coloniaux, misère dans les campagnes, révoltes et répressions partout.

Il faudra attendre l'explosion d'espoir des premières années de la République espagnole pour que les écrivains redécouvrent la culture populaire, et avec elle la guitare.

Les poètes, surtout, sauront exprimer ce nouveau visage de la guitare.

(à suivre)

(Editions Atlas "Ma guitare")

dimanche, 18 mars 2007

L'ESTIME DE SOI

Quelques phrases tirées du petit livre sur l'ESTIME DE SOI de Christophe ANDRE, médecin psychiatre à PARIS.

 

"Deux grandes nourritures de l'estime de soi : sentir que l'on réussit ce que l'on entreprend et se sentir apprécié des autres".

"L'estime de soi n'a de sens que dans le cadre de relations sociales. A quoi nous servirait de nous estimer pour mener une vie de solitude?".

"Toutes les manifestations de la souffrance de l'estime de soi sont normales tant qu'elles restent occasionnelles. Le problème ne se pose que si elles deviennent fréquentes, voire constantes, intenses, disproportionnées par rapport à ce qui les a déclenchées. Elles témoignent alors d'un échec de mécanismes de régulation "normaux" de l'estime de soi".

"L'estime de soi commence par l'acceptation de soi".

"On est toujours inférieur, imparfait en quelque chose".

"On se trompe toujours, ou à peu près toujours, lorsqu'on veut se juger soi-même".

"Les valeurs des personnes ayant des problèmes d'estime de soi sont toxiques car trop élevées et trop rigides : leur désir de perfection sert à apaiser leur désir de protection".

"La bonne estime de soi est finalement plus proche de l'amitié qu'elle ne l'est de l'amour : seule l'amitié arrive à associer exigence et bienveillance, présence et tolérance".

"Alfred ADLER, un contemporain de Freud, écrivait : "Etre humain, c'est se sentir inférieur". "On pense que l'on sera mieux accepté et estimé si l'on est parfait, si l'on brille, si l'on est irréprochable. La solution : l'affirmation de soi négative. Car le problème ne vient pas de nos faiblesses mais de notre incapacité à les assumer".

"Le travail sur l'affirmation de soi négative consiste à prendre peu à peu l'habitude d'être prêt à reconnaître ses faiblesses et ses limites, sans s'inférioriser".

"Plus on se compare aux autres, plus on a tendance à ressentir des états d'âme négatifs".

"Ne pas faire confiance, c'est consacrer beaucoup d'énergie à se méfier, observer, surveiller, vérifier. C'est vivre dans une tension physique et une vision du monde négative qui vont s'avérer épuisantes et toxiques".

"Nous ne voyons pas les choses comme elles sont, nous les voyons comme nous sommes" nous enseigne le Talmud.

"L'action est l'oxygène de l'estime de soi. La véritable estime de soi ne se révèle que dans l'action et la confrontation à la réalité, et l'action nourrit, façonne, constuit l'estime de soi. L'évitement n'apprend rien".

"Arrêter son travail quelques instants pour parler à un ami, regarder le ciel, respirer, rentrer chez soi plus tôt pour profiter de ses enfants, est-ce intelligence ou médiocrité ?".

 

 

22:15 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : Culture, psychologie

jeudi, 15 mars 2007

ERNEST N'EST PAS CONTENT...

Les enfants aiment explorer. Tout ou presque.

A l'âge de dix ans, avec mes petits voisins ou mes petites voisines, j'aimais me glisser à plat ventre sous le grillage qui fermait la pâture au bout du petit chemin qui longeait le jardin de mes parents. L'herbe tendre et la vue immense qui s'ouvrait derrière ce grillage nous attiraient. Seulement, il fallait être prudent à cause des vaches qui se trouvaient là mais également à cause d'Ernest, le fermier, qui pouvait nous voir. Pour passer sous le grillage, il fallait d'abord être certain que les vaches étaient loin et ne pouvaient pas arriver de si tôt.  Il fallait aussi regarder si Ernest n'était pas à l'horizon.

Quelquefois, on entendait son tracteur aller et venir dans le champ près de sa ferme. Alors, nous nous préparions à passer sous le fil de fer. Pour montrer que nous étions capables d'accomplir ce petit exploit. Mais un jour, il se mit à crier de sa maison : "voulez-vous vous en aller, partez tout de suite".

Il nous avaient vus et nous n'étions pas fier de nous. Nous sommes partis en courant vers la maison tous honteux et nous avions surtout peur de nous faire gronder par nos parents. Car Ernest connaissait bien ma maman. Ils étaient enfants quand ils se connus, à l'école maternelle plus exactement. Un jour, cependant, j'ai raconté à maman ce que nous avions fait. Elle nous a dit de ne plus recommencer et que ce serait grave si nous étions piétinnés par ces grosses bêtes. Moi, j'avais tellement peur d'elles qu'il n'était pas question que je reste plus de deux secondes dans la pâture d'Ernest. C'était juste pour accomplir un petit exploit...

mercredi, 14 mars 2007

UNE PETITE POESIE-CHANSON

WHEN

When I was 17, I've missed the first love train

When I was 21, I've taken up the second love train

Now, it's always roll

It's always roll.

I want to take advantage of life

And nothing to regret like before

When we love somebody, we must tell it

I cannot travel over the world

To embrace those I love

I must tell it

I want to take advantage of life

But I sing songs to comfort me, those I love.

(1988)

mardi, 13 mars 2007

JE ME DEMANDE

Je me demande ce que vont devenir tous mes écrits sur ce blog, toutes ces notes que j'accumule depuis plus d'un an.

J'ai créé un autre blog qui regroupe déjà tous mes poèmes, ceux que vous avez pu lire (depuis un an que vous me suivez) et d'autres que je n'ai jamais mis en ligne.

Pour le reste qui sont tous ces visiteurs qui viennent chaque jour, qui passent sans laisser de commentaires ?

Il y a ceux qui cherchent de la documentation, ceux qui se posent des questions sur tel ou tel sujet, ceux qui viennent par curiosité et s'en vont sur la pointe des pieds...

A quoi sert ce blog ? Mon blog ?

A passer le temps ? A regrouper tout ce que j'aime ? Certainement. Mais quoi encore ?

La vie est faite de périodes, nous avons plusieurs vies dans nos vies. J'ai eu une période jardinage où je voulais tout apprendre sur les plantes, une période décoration de la maison quand je me suis installée dans "ma maison". J'ai eu d'autres périodes où j'ai voulu approfondir mes connaissances sur les enfants (c'est normal quand on devient jeune maman) etc ... puis la période "apprentissage sérieux de la guitare" avec un vrai professeur (je ne suis pas lassée de cet instrument car il m'arrive encore de passer des heures à jouer).

Alors, je ne sais pas répondre à ma première question : que vont devenir mes écrits ?

Pour l'instant je poursuis ma route....

 

07:10 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : Ecriture, journal intime

vendredi, 09 mars 2007

PACO DE LUCIA

Paco de LUCIA est né le 21 décembre 1947 à Algésiras dans une famille modeste.

Il reçoit très jeune les premiers rudiments de son art. Son père et ses frères participent à son éducation flamenco.

Son frère aîné, qui deviendra lui-même un guitariste professionnel renommé, Ramon de Algésiras, lui donne ses premières leçons et Paco le cite toujours comme l'un de ses principaux maîtres, avec Niko Ricardo. A la fin des années cinquante, le flamenco est pour beaucoup d'Andalous un moyen de gagner les quelques pesetas qui assureront le repas du lendemain : Paco passera ses années d'enfance à travailler la guitare avec acharnement, il consacrera chaque jour des heures à répéter gammes et arpèges. Avec le prix national de Cordoba et le prix de la Catedra de flamencologia de Jerez, il reçoit les premières reconnaissances officielles de son travail et de ses dons innés.

A l'âge de treize ans, il entreprend la carrière professionnelle habituelle : accompagnement de la plupart des chanteurs de flamenco de l'époque (mais bientôt il ne jouera plus que pour Fosforito et Camaron de la Isla) et participation à des troupes de ballet espagnol (José Greco-Antonio Gades) avec lesquelles il parcourt le monde et obtient ses premiers triomphes en tant que soliste.

Il tente alors une carrière de concertiste, qui culmine très vite par un concert au Teatro Real de Madrid, jusqu'alors réservé à la musique classique (1975) et il poursuit aujourd'hui avec le succès que l'on sait.

Il est l'auteur d'une discographie pléthorique qui a culminé commercialement en 1986 avec Entre dos aguas ou, dans un autre univers, avec le trio qu'il forma avec Al Di Meola et John McLaughlin dans un rapport au jazz qui enrichira sa vision d'un flamenco moderniste.

http://www.dailymotion.com/video/x11kui_black-orpheus-cor...

Virtuose inoui, Paco de Lucia est l'un des plus grands instrumentistes de notre époque, tous genres confondus, et il continue à se produire avec un septet novateur qui comprend : guitare basse et harmonica, mais aussi le génial Cantaor Duquende tout en ponctuant ses concerts de solos extraterrestres.

Il est de retour dans le midi après avoir fait une nouvelle fois la preuve de son génie.

LUNDI 12 MARS au ZENITH de MONTPELLIER à 20 h 30.

 

16:00 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : guitare, musique, culture

mercredi, 07 mars 2007

LA NUIT

Loin des villes, loin des foules

Quand les heures coulent

Ta présence, sans un mot,

Est pour moi un cadeau. 

L'envie me poursuit

Comment résister à la nuit ?

Fuir, peut être fuir

Pour ne rien détruire ?

Mais la nuit ensorceleuse

Reviens, majestueuse,

Mesquine et apaisante,

Galante et enivrante.

mardi, 06 mars 2007

LES ETOILES ET LES FLEURS

Depuis six mille ans, la guerre

Plait aux peuples querelleurs

Et Dieu perd son temps à faire

Les étoiles et les fleurs.

(Victor Hugo - Les chansons des rues et des bois)

07:20 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Poésie, poèmes, culture

lundi, 05 mars 2007

ENFANTS EN VACANCES

Quand j'étais enfant, les vacances se passaient simplement. Nous ne partions qu'un été sur deux en Bretagne. Et un été sur deux, mes soeurs allaient en colonie de vacances. Moi, j'ai toujours refusé d'y aller. Ma mère n'insistait pas.

Pour passer le temps, pendant les autres vacances, celles d'hiver et de printemps, j'aimais aller vers le terrain de sport du Collège qui était à 100 mètres et nous y passions des après midi entières.

Un jour de printemps, nos deux petits voisins (Sylvère et David) jouaient sur un portique qui servait à pendre des cordres à noeuds. Le plus jeune (David) qui devait avoir 6 ans, était monté tout en haut par l'échelle droite qui se trouvait sur un des côtés. Sous le portique, le sable étalé servait à amortir les chutes des élèves qui grimpaient sur ces cordes. Malheureusement, de là haut il fit une chute, pas grave, mais il s'est ouvert la bouche sur son petit camion en métal qu'il avait posé sur le sable et avec lequel il avait joué quelques minutes plus tôt. Sa lèvre était coupée et, voyant tout le sang couler, nous sommes allés en courant le reconduire chez lui. Il habitait à 5 mètres de là. Nous connaissions bien ses parents et quand ils nous ont vus arriver si vite, sa mère et sa grand mère se sont affolées. Nous avons su le lendemain que David avait eu 4 points de suture à la lèvre. Comme nous avions eu très peur, nous sommes restés à la maison pendant quelques jours en demandant de temps en temps de ses nouvelles.

Quelquefois, ces petits voisins venaient jouer chez nous aux cartes, au Nain Jaune, aux petits chevaux, Aux Milles Bornes ou aux dames ou au Jeu de l'Oie.

Ce que j'aimais, c'est quand ils nous invitaient chez eux. Sa mère, sosie de "Maguy" (feuilleton des années 90's), portait de grandes boucles d'oreilles très lourdes. Elle nous offrait de la limonade, boisson que nous n'avions pas chez nous. Ayant eu 3 garçons, elle était heureuse de nous accueillir, nous les filles. Elle aimait plaisanter avec tous ces enfants. Je la revois dans sa cuisine, avec sa belle-mère, tous les jours en visite chez elle. Son mari était très sévère, il était instituteur et ses élèves le craignaient.

Quand ils partaient "en cure" au mois d'août, ils nous envoyaient une carte postale de là-bas et quelquefois un petit souvenir. J'ai gardé la petite cloche de St Claude où ils avaient passé un été.

Puis, le terrain de sport a été démoli pour faire place à la route qui menait au nouveau Lycée. Nous avons grandi comme tous les enfants. Sylvère, qui était dans ma classe en seconde, pensait à ses études et nous nous parlions peu pendant les cours. Je savais que son père lui mettait la pression pour qu'il réussisse ses études. Cependant, je me souviens qu'à la fin de cette année là, vers les derniers jours de classe, nous avions joué une dernière fois aux cartes avec les 4 autres élèves qui étaient encore présents.

 

 
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