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samedi, 15 novembre 2008

Extrait de DOUBLER LE CAP de John Maxwell Coetzee

Nous écrivons parce que nous ne savons pas ce que nous voulons dire. Ecrire nous le révèle. L'écriture nous écrit, elle montre ou fabrique ce qu'était notre désir, un instant plus tôt.

J.M. Coetzee a obtenu le Prix Nobel de littérature en 2003. Il vient de sortir un nouveau roman : JOURNAL D'UNE ANNEE NOIRE.

dimanche, 09 novembre 2008

CARNET D'ASIES par Chris-tian Vidal

J'ai lu ce livre au mois de Juin et j'ai tout de suite été conquise par l'écriture de son auteur et l'histoire qu'il nous raconte. Je vous donne quelques extraits ci-dessous. 

"L'essentiel est à l'intérieur de soi, le reste n'a aucune espèce d'importance".

"Rentrer d'Asie et se dire qu'on était aveugle avant de fouler cette terre jaune. Et bien sûr, le reste compte moins, c'est ce qui s'appelle relativiser".

"Aujourd'hui, je me sens "trumain". Avant je ne savais pas ce que voulait dire ce mot étrange".

"En Asie, j'ai eu, en effet, l'impression de me fondre dans les choses et les êtres. J'ai alors eu la certitude de beaucoup de sensualités vécues, d'échanges avec les hommes et leurs espaces, des immensités".

carnet d'Asie.JPGL'auteur, Chris-tian VIDAL, est en 2ème position pour le concours du Prix Gros Sel qui se déroule en Belgique.

Allez visiter son blog : http://www.chris-tian-vidal.org/article-24262263.html

Et votez ici pour lui (vous avez jusqu'au début décembre) afin qu'il se retrouve en 1ère position : http://www.prixgrossel.com

Pour acheter son livre : http://www.publibook.com/boutique2006/detail-3691-PB.html

Je vous en remercie à l'avance pour lui.

mardi, 28 octobre 2008

L'AME l'âge de nylon (Elsa TRIOLET)

(Nous sommes à l'Age de Nylon. Les enfants d'aujourd'hui commencent leur vie naturellement dans un monde qui stupéfie les générations précédentes. Christo, dix douze ans, appartient à l'ère cybernétique où la machine se met à avoir une vie propre, et c'est à partir de données mystérieuses que commence la quête de l'âme. Cela se passe dans un tiroir secret de Paris. Il y a là Nathalie et son mari Luigi-l'inventeur, propriétaire d'une petite usine de jouets mécaniques. Dans sa cave pleine d'automates, il essaye d'approcher l'homme artificiel. Nathalie règne, par la grâce de la bonté, dans son logis, lieu de passage, refuge des solitaires, des traqués. Bizarre milieu où un enfant se tient sur le seuil de l'inconnaissable.)

Si Christo n'était pas venu coucher dans la cave-resserre-sous-sol de Luigi Petracci, il n'aurait pas passé ses nuits seul, en compagnie d'automates, de billards mécaniques, d'appareils à sous, de juke-boxes, et de tout un matériel de bricolage : tournevis, pinces, clefs anglaises, lampes, fils et piles électriques, débris de verre, morceaux d'étoffe, tôle, coton, carton, ficelles, fil de fer, papier d'or et d'argent, têtes de poupées, avec et sans perruques, pieds et mains, bras et jambes en carton-pâte, en porcelaine... Seul entre quatre murs ... Il n'avait encore jamais été seul, ni de jour, ni de nuit. Il couchait avec P'tit et Mignonne, dans la même pièce, Mignonne derrière un paravent. Et le voilà seul, avec toute cette place, et tout ce silence ... Profond, grand, ténébreux même de jour, rien que ces quarts de fenêtres au ras du trottoir, avec la nuit le sous-sol perdait ses limites. Paillettes, tarlatanes, satins, se mettaient à briller d'un éclat théatral, clowns, musiciennes, danseuses, polichinelles, singes, oiseaux, prenaient des poses spectaculaires... Christo n'avait pas peur, ce n'étaient que des poupées, aussi sottes que celle de Mignonne, des hommes adroits leur avaient fait faire quelques mouvements qu'ils répétaient sans se lasser. Christo remontait des ressorts, mettait la prise des automates électriques, mais la répétition des mêmes gestes, le sourire, le regard, l'illusion figée, le mettaient vite dans un état d'étrange exaspération. Les premiers jours qu'il habitait chez Nathalie, il était très pâle et nerveux.

- Tu t'amuses trop avec les automates, devina Nathalie, infaillible, je parie que tu les fais marcher toute la nuit.

- Un peu ... reconnut Christo. Ils m'agacent.

- Alors n'y touche pas, nigaud ... dit Luigi, vexé.

C'est quant Luigi se mit à réparer devant lui la ronde des danseuses, pas plus grandes qu'une petite main, que tout le reste s'évanouit pour Christo. A partir de ces petites danseuses qui tournaient sur elles-mêmes dans un sens et puis dans l'autre au son d'une musiquette fine, toujours comme sur le point de s'arrêter, il avait mis la main dans l'engrenage. Tout le reste n'existait plus, plus rien que ces cames et ressorts, la façon dont tout cela s'enclenchait, s'entraînait, projetait, tournait, avançait, reculait, faisait basculer.

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lundi, 20 octobre 2008

LE BRIQUET A ESSENCE (Henri Jurquet)

Dans la tête de Romain, kaléidoscope accéléré, les souvenirs défilaient.

Les bancs et les odeurs de l'école communale. Ceux du couvent de Lunet, son silence, sa quiétude. Le braconnage des truites que l'on pêchait à la main dans les ruisseaux. Le temps des fenaisons où l'on partageait la salade et le jambon sous un arbre près d'une source dans les combes.

Apollonie, leur grand mère, si généreuse, qui leur avait donné la foi et le goût du travail. Et Marie, Marie l'Occitane, souple et vive, fine et brune, avec sa guitare, ses airs d'oiseau fragile, mais taillée dans un roc intérieur. Marie, celle qui lui avait permis d'exprimer sa révolte et qui avait compris où l'enfant de vingt ans avait mal. Celle pour qui tout était simple à force de travail et de méditation.

Celle qui lui avait appris à goûter l'air, le nuage, l'arbre et la fleur, à se référer au détail ou au signe. Celle qui lui avait enseigné l'attention, l'éveil, le réveil, la délicatesse, l'intelligence du coeur, Dieu, l'amour. Celle qui l'avait enrichi de choses gratuites parce que naturelles.

Celle à qui, mieux qu'un coup de téléphone, le reliait une télépathie si forte qu'il lui semblait que ses yeux venaient se poser derrière les siens quand il lisait un texte. Celle qui le protégeait à distance pour le soulager d'une douleur à une dent, d'un rhumatisme, d'un mal de gorge, plus simplement du mal de vivre. Marie, toujours en quête de lumière, en même temps qu'un peu sorcière, qui, pour lui, disait des prières ou récitait une patuffe, une formule magique ou cabalistique. Marie vers qui il revenait en pensée chaque fois que le doute s'installait en lui pour puiser ses certitudes. Marie qui avait voulu être l'amie, la soeur, la mère, le double, le rêve, l'impossible. Marie qui guiderait toujours ses pas jusqu'à partager avec lui l'éternité, puisqu'ils étaient inséparables, secrètement unis dans l'immortalité stellaire, comme les jumeaux Castor et Pollux.

Marie, jardin secret, car elle en avait épousé un autre, mais que, même pris dans les courants de la vie, Romain n'avait jamais oubliée, et qu'il désirait, à présent, brusquement revoir. Autre étape obligatoire, il irait frapper à sa porte en repartant du village.

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lundi, 29 septembre 2008

LE PRE AUX NARCISSES

narcisses pré.jpgAu pied du village de Suviane, en Provence, s'étend un pré humide où foisonnent les narcisses au printemps. C'est là qu'un colporteur a découvert le corps d'une jeune fille morte. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Qui l'a tuée ? Autant de questions qui troublent les habitants du pays et en particulier deux adolescents, Arnaud et sa soeur jumelle, la narratrice.

Il s'en fallu de peu que nous fussions les premiers à faire la macabre découverte ; nous avions projeté de nous rendre tôt le matin au pré des narcisses, mais notre mère, levée avant nous, surgit dans la cuisine où nous préparions notre déjeuner, et nous intima l'ordre de regagner nos chambres. Nous n'osâmes pas désobéir et nous remontâmes en maugréant l'escalier. Et ce fut le marchand ambulant qui traversait la plaine pour aller de Suviane à Rouvier, sa boîte de colifichets en bandoulière, qui trouva la jeune fille morte.

Il dit plus tard qu'elle lui était apparue d'abord comme une vague tache blanche au moment où un souffle de vent soulevant la brume. Il avait pensé à une roche pâle, à un tronc de bouleau couché parmi les herbes, puis au cadavre d'une chèvre. Il allait passer son chemin quand une curiosité le prit d'aller observer de plus près l'objet insolite. Il s'approcha davantage, il vit les cheveux noirs répandus autour du visage livide aux yeux ouverts et fixes, les membres épars, comme lancés dans une course immobile, le corps nu. Il jeta les hauts cris, appelant à l'aide, comme si on avait pu l'entendre au-delà de la plaine cotonneuse. Puis il prit peur, se voyant seul avec une morte, et il remonta en courant vers le village où il donna l'alarme. On ne le crut pas d'abord : il avait l'habitude de raconter des histoires rocambolesques, et s'il roulait des yeux exorbités, si sa voix chevrotait d'émotion, on crut à des mimiques destinées à rendre plus dramatique son récit. Mais il n'arrêtait pas de trembler, et il fallut se rendre à l'évidence : son trouble n'était pas feint. D'ailleurs il s'évanouit à moitié et le tenancier du Café de France dut le faire coucher sur une de ses tables.

(Extrait du livre de Suzanne PROU, LE PRE AUX NARCISSES)

jeudi, 25 septembre 2008

ART

Par l'art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n'est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu'il peut y avoir dans la lune.

(Marcel PROUST -  A la recherche du temps perdu)

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mercredi, 10 septembre 2008

DEUX EXTRAITS du Livre de Bona MANGANGU que je viens de terminer

CARNETS D'AILLEURS :

"On ne change pas. On fait des bonds, des sauts périlleux, par-ci par-là. On élargit les angles de vue. Le regard est figé ou se porte au lointain, essayant de transcender le réel, mais on évolue toujours dans les mêmes cercles. On ne modifie pas le mouvement giratoire du vent. On regarde tourner les cercles en parlant à soi, au reste du monde. Parfois on se tait. La voix change, prend d'autres intonation, des inflexions cristallines, rauques ou claires. Les cercles concentriques s'agrandissent pour ceux qui voyagent. L'être véritable ne change pas". (page 9)

"L'amour est en lui-même musique. Le tout est de savoir pincer les bonnes cordes, si je puis m'exprimer ainsi, jouer la bonne partition, user de bons accords, de l'accord parfait. Lorsque cela arrive, c'est une grâce. Et aux détours d'un chant, d'une note bleue, parfois un miracle, des sources de joie. J'avoue que cela ne m'est jamais arrivé". (page 143)

IL EST PARU

Pour ceux qui ont aimé mes poèmes et apprécié mon univers poétique tout au long de cette année, je les ai regroupés dans un Recueil illustré.

Il est à votre disposition sur simple commande  :

- à mon adresse e-mail habituelle

- ou simplement en laissant ici un commentaire.

Son prix : 13 euros (tous frais compris).

Je vous en remercie à l'avance.

Les mots après les autres 2 ème.JPG

mardi, 17 juin 2008

LUDOVIC

VOILIERS ECOSSE.jpgLudovic était un garçonnet longiligne au visage émacié. Il avait les épaules tombantes, les bras musclés, les cheveux châtain clair taillés au bol par Madame Blanchard qui craignait les poux. Les yeux étaient verts, démesurément. Le regard s'y mouvait, craintif, comme une bête forcée.

Depuis sept ans qu'il vivait au bord de la mer, Ludovic ne l'avait jamais vue. Il l'entendait. Mais au grenier la lucarne donnait sur la cour, sur le fournil, et là-bas sur des pins monotones que les brouillards matinaux calfeutraient. Rugissement, murmure, le bruit se poursuivait jour et nuit, si fort par mauvais temps que même les ronflements du boulanger s'effaçaient. L'enfant serait bien allé voir ; mais la porte était fermée à clé.

(LES NOCES BARBARES - Yann QUEFFELEC)

mercredi, 04 juin 2008

LARME

Dieu sait que nous n'avons jamais à rougir de nos larmes, car elles sont comme une pluie sur la poussière aveuglante de la terre qui recouvre nos coeurs endurcis.

(Charles DICKENS, Les Grandes Espérances)