lundi, 07 août 2023
MA GRAND-MERE (Pierre-Jean de Béranger - 1780-1857)
Ma grand-mère, un soir à sa fête,
De vin pur ayant bu deux doigts,
Nous disait en branlant la tête :
Que d'amoureux j'eus autrefois !
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !
Quoi ! maman vous n'étiez pas sage !
— Non , vraiment ; et de mes appas
Seule à quinze ans j'appris l'usage,
Car la nuit je ne dormais pas.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !
Maman, vous aviez le cœur tendre ?
— Oui, si tendre, qu'à dix-sept ans
Lindor ne se fit pas attendre,
Et qu'il n'attendit pas longtemps.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !
Maman, Lindor savait donc plaire ?
— Oui, seul il me plut quatre mois ;
Mais bientôt j'estimais Valère,
Et fis deux heureux à la fois.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !
Quoi ! maman ! deux amants ensemble !
— Oui, mais chacun d'eux me trompa.
Plus fine alors qu'il ne vous semble,
J'épousais votre grand-papa.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !
Maman, que lui dit la famille ?
— Rien ; mais un mari plus sensé
Eût pu connaître à la coquille
Que l'œuf était déjà cassé.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !
Maman, lui fûtes-vous fidèle ?
— Oh ! sur cela je me tais bien.
A moins qu'à lui Dieu ne m'appelle
Mon confesseur n'en saura rien.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !
Bien tard, maman vous fûtes veuve
— Oui ; mais, grâce à ma gaîté,
Si l'église n'était plus neuve,
Le saint n'en fut pas moins fêté.
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !
Comme vous, maman, faut il faire ?
— Hé, mes petits enfants, pourquoi,
Quand j'ai fait comme ma grand-mère,
Ne feriez-vous pas comme moi ?
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite,
Et le temps perdu !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Jean_de_B%C3%A9ranger
14:57 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : poésie, poème, poète, auteur, culture, vers, grand mère
lundi, 03 avril 2023
AU FEU ET A L'EAU ! (Jacques PREVERT)

15:49 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : poésie, poème, poète, culture, écriture, eau, feu
jeudi, 16 mars 2023
LES OUBLIETTES (Maurice ROLLINAT : 1846-1903)
Poète, Maurice ROLLINAT est né en 1846 à Châteauroux. Monté à Paris pour devenir chansonnier au Cabaret du Chat Noir, il est inclassable ; ami de George Sand, berrichon comme elle, il puise son inspiration dans le terroir mais aussi dans une hypocondrie qui l'apparente à Baudelaire. Son inspiration macabre, LES NEVROSES, Ce que dit la vie et ce que dit la mort, ira en s'accentuant. Atteint de troubles nerveux, il se retire à la campagne vers 1885 et y meurt en 1903.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Rollinat
Dans les oubliettes de l'âme
Nous jetons le meilleur de nous
Qui languit lentement dissous
Par une moisissure infâme.
Pour le vice qui nous enflamme
Et pour le gain qui nous rend fous,
Dans les oubliettes de l'âme
Nous jetons le meilleur de nous.
Comme personne ne nous blâme,
Parfois, nous nous croyons absous,
Mais un cri nous vient d'en dessous :
C'est la conscience qui clame
Dans les oubliettes de l'âme.
15:18 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : poésie, poète, poème, culture, artiste, écriture
jeudi, 09 février 2023
LA PERVENCHE (Alphonse de Lamartine :1790-1869)
Pâle fleur, timide pervenche,
Je sais la place où tu fleuris,
Le gazon où ton front se penche
Pour humecter tes yeux flétris.
C'est dans un sentier qui se cache
Sous ses deux bords de noisetiers,
Où pleut sur l'ombre qu'elle tache
La neige des fleurs d'églantiers.
L'ombre t'y voile, l'herbe égoutte
Les perles de nos nuits d'été,
Le rayon les boit goutte à goutte
Sur ton calice velouté.
Une source tout près palpite,
Où s'abreuve le merle noir,
Il y chante, et moi j'y médite
Souvent de l'aube jusqu'au soir.
Ô fleur, que tu dirais de choses
À mon amour, si tu retiens
Ce que je dis à lèvres closes
Quand tes yeux me peignent les siens !
18:30 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : poésie, poème, poète, écriture, vers, 19ème siècle, lamartine
samedi, 28 janvier 2023
DE LA MUSIQUE VITE
De la musique
Vite
De beaux sourires
Vite
Pour oublier le pire
Musique épidermique
Musique pacifique
Musique d'Amérique
Musique bucolique
Musique pathétique
Progressive
Primitive
Invisible
Accessible
Qui enjolive
Qui lessive
Qui enroue
Qui secoue
Qui éveille
Qui conseille
Martelée
Endiablée.
17:39 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : poésie, poème, poète, écriture, auteur, texte libre, musique
lundi, 21 novembre 2022
MA MEME
Pour lire mon poème en hommage à ma Mémé Marguerite, née en décembre 1898, c'est ici, sur mon 2ème blog :
http://depoesiesenpoesies.hautetfort.com/archive/2022/11/...
Photo de ma Mémé en décembre 1972, elle avait 74 ans.
16:33 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : poésie, poème, poète, culture, grand-mère, mémé, souvenirs
mercredi, 19 octobre 2022
FRANCK ET LES AUTRES
Franck a voulu faire le cacou
Il s'est cassé le cou
Jeanne mène une vie bien rangée
Elle inspire la confiance
Rose n'a jamais eu de chance
Elle vit de solidarité
Marc est toujours le premier
A sortir et danser
Nabil chante le soir
Avec quatre copains
Joe travaille dans le noir
C'est son gagne-pain
Lise vend sur Leboncoin
Pour une bouchée de pain
Tom n'écoute plus les infos
Il est désabusé
Edouard vend son petit bateau
Il tire un trait sur le passé.
12:28 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : poésie, poème, poète, culture, vers, vie de famille, vie sociale
jeudi, 13 octobre 2022
LA LUNE DES FLEURS (Marceline DESBORDES VALMORE - 1786-1859)
Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !
Je ne sais quel orage a passé sur ces bords.
Des chants de l'espérance il éteint les accords,
Et dans la nuit qui m'environne,
Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne.
Jette-moi tes présents, lune mystérieuse,
De mon front qui pâlit ranime les couleurs ;
J'ai perdu ma couronne et j'ai trouvé des pleurs ;
Loin de la foule curieuse,
Jette-moi tes présents, lune mystérieuse.
Entrouvre d'un rayon les noires violettes,
Douces comme les yeux du séduisant amour.
Tes humides baisers hâteront leur retour.
Pour cacher mes larmes muettes,
Entrouvre d'un rayon les noires violettes !
16:13 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : poésie, poème, poète, vers, marceline desbordes valmore
jeudi, 15 septembre 2022
Charles CROS - RONDE FLAMANDE

15:34 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : poésie, poème, poète, culture, charles cros, vers, auteur
jeudi, 14 juillet 2022
LE FOU (ALOYSIUS BERTRAND)
La lune peignait ses cheveux avec un démêloir d'ébène
qui argentait d'une pluie de vers luisants les collines,
les prés et les bois.
Scarbo, gnome dont les trésors foisonnent, vannait sur
mon toit, au cri de la girouette, ducats et florins qui
sautaient en cadence, les pièces fausses jonchant la rue.
Comme ricana le fou qui vague, chaque nuit, par la cité
déserte, un oeil à la lune et l'autre - crevé !
- " Foin de la lune ! grommela-t-il, ramassant les jetons
du diable, j'achèterai le pilori pour m'y chauffer au
soleil ! "
Mais c'était toujours la lune, la lune qui se couchait. -
Et Scarbo monnoyait sourdement dans ma cave ducats et
florins à coups de balancier.
Tandis que, les deux cornes en avant, un limaçon qu'avait
égaré la nuit, cherchait sa route sur mes vitraux lumineux.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Aloysius_Bertrand
14:00 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poésie, poème, poète, culture, lune, fou, folie cité déserte