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jeudi, 05 août 2010

LE QUART D'HEURE DE BON TEMPS (texte trouvé dans un Almanach de 1861)

L'homme, dont la vie entière

Est de quatre-vingt-quinze ans,

Dort le tiers de sa carrière,

C'est juste trente-deux ans.

Ajoutons, pour maladie,

Procès, voyages, accidents,

Au moins un quart de la vie,

C'est encore deux fois douze ans

Par jour, deux heures d'études

Ou de travaux, font huit ans

Noirs chagrins, inquiétudes,

Pour le double, font seize

Pour affaire qu'on projette,

Demi-heure, encore deux ans,

Cinq quarts d'heure de toilette,

Barbe, et coetera, cinq ans

Par jour, pour manger et boire,

Deux heures font bien huit ans

Cela porte le mémoire

Jusqu'à quatre-vingt-quinze ans

Hélas ! comment trouver sur terre

Un quart d'heure de bon temps ?...HORLLOGE.jpg

mardi, 11 mai 2010

JE FERAI

Je ferai de ton lit un jardin de poèmes

Et au creux de tes bras tu me diras je t'aime

Je ferai de tes jours une vie de bohème

Même si parfois au loin je vois des trirèmes

Ton amour ne livre plus de batailles pour gagner

Mon coeur rassuré par tes bras pourra dédaigner

Tous les mauvais présages et toutes les critiques

Qui voyaient en nous deux un accord chimérique.

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mardi, 16 mars 2010

Christine de PISAN, Cent Ballades

Seulette suis et seulette veut être.

Seulette m'a mon doux ami laissée,

Seulette suis, dolente et affligée,

Seulette suis en langueur malheureuse,

Seulette suis plus que nulle perdue,

Seulette suis sans ami demeurée.

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jeudi, 21 janvier 2010

LE GRILLON

Un pauvre petit grillon

Caché dans l'herbe fleurie,

Regardait un papillon

Voltigeant dans la prairie.

L'insecte aillé brillait des plus vives couleurs ;

L'azur, la pourpre et l'or éclataient sur ses ailes ;

Jeune, beau, petit maître, il court de fleurs en fleurs

Prenant et quittant les plus belles.

Ah ! disait le grillon, que son sort et le mien

Sont différents ! Dame nature

Pour lui fit tout, et pour moi rien.

Je n'ai point de talent encor moins de figure,

Nul ne prend garde à moi, l'on m'ignore ici bas :

Autant vaudrait n'exister pas.

Comme il parlait, dans la prairie

Arrive une troupe d'enfants :

Aussitôt les voilà courants

Après ce papillon dont ils ont tous envie.

Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l'attraper :

L'insecte vainement cherche à leur échapper,

Il devient bientôt leur conquête.

L'un le saisit par l'aile, un autre par le corps ;

Un troisième survient, et le prend par la tête :

Il ne fallait pas tant d'efforts

Pour déchirer la pauvre bête.

Oh ! Oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;

Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.

Combien je vais aimer ma retraite profonde !

Pour vivre heureux, vivons cachés.

(JEAN PIERRE CLARIS de FLORIAN (1755-1794)

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dimanche, 10 janvier 2010

LE SAMEDI A LAUDES (Racine 1639-1699)

L'aurore brillante et vermeille

Prépare le chemin au soleil qui la suit :

Tout rit aux premiers traits du jour qui se réveille ;

Retirez-vous, démons, qui volez dans la nuit.

Fuyez songes, troupe menteuse,

Dangereux ennemis par la nuit enfantés,

Et que fuie avec vous la mémoire honteuse

Des objets qu'à nos sens vous avez présentés.

Chantons l'auteur de la lumière

Jusqu'au jour où son ordre a marqué notre fin,

Et qu'en le bénissant notre aurore dernière

Se perdre en un midi sans soir et sans matin

Gloire à toi, Trinité profonde

Père, Fils, Esprit saint : qu'on t'adore toujours,

Tant que l'astre des temps éclairera le monde.

Et quand les siècles même auront fini leurs cours !

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samedi, 07 novembre 2009

COMME DEUX FLEURS

Te regardant assise près de ta cousine

Belle comme une Aurore et toi comme un soleil

Je pensai voir deux fleurs d'un même teint pareil,

Croissantes en beauté, l'un et l'autre voisine.

La chaste, sainte, belle et unique Angevine

Vite comme un éclair jeta sur moi son oeil ;

Toi comme paresseuse et pleine de sommeil,

D'un seul petit regard tu ne t'estimas digne.

(Pierre de RONSARD - 1523-1585)

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vendredi, 05 juin 2009

LA MORT DU POETE

La mort du poète symbolise celle de l'homme car il n'y a pas d'humanité concevable sans poésie.

Enténébré, autant qu'anesthésié, dans les villes que qualifiait déjà Verhaeren de tentaculaires, captif d'un treillis arachnéen de barbelés, avili par le despotisme de nabots ignares et les écrans de la propagande, victime et coauteur à la fois du suicide collectif, l'être humain tétanisé par le haut voltage des artificiers désapprend la vie, et se livre à la solution finale.

L'esclavage n'est aboli que parce qu'il est devenu universel.

(Jean Claude PIROTTE)

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samedi, 28 mars 2009

LAISSER RIRE LE VENT

Debout, elle regardait tristement

La pluie tomber lentement

Elle se tenait d'un côté

Celui qu'elle voulait éviter

Voyait les nuages s'épaissir

Déjà elle baissait les yeux

Ellle cherchait dans le creux

De l'océan de ses pensées

Un vertige pour la bercer

Relever la tête et rentrer

Surtout ne pas chavirer

Laisser rire le vent violent

Elle le fit sur le champ

Evoquant sa vie tendrement

Elle s'habilla chaudement

Repris le cours de l'histoire

S'enferma dans son boudoir.

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mardi, 24 mars 2009

CACHE TES BLESSURES

Quand tu parles de tes soucis

Même si ton coeur saigne ici

Ou là cache tes blessures

Car tu sais que rien ne dure

Pense aux jours heureux

Et tu verras que tout est prodigieux.

samedi, 14 mars 2009

AUTOUR DE HUIT HEURES

Autour de huit heures s'ouvrent les fenêtres

Défilent les filles brunes ou blondes

Sur les routes en forme de rondes

Les voitures engouffrent les kilomètres

Autour de huit heures je voudrais t'appeler

Je pense à ma longue journée

Je voudrais ne pas m'angoisser

Sera-t-elle grise ou ensoleillée ?

Autour de huit heures les trains entrent en gare

Le soleil brille les voitures démarrent

Les fenêtres s'ouvrent les portes claquent

Et s'emballe mon rythme cardiaque.

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