mercredi, 17 août 2011
UN JOUR D'ETE (Maurice FOMBEURE)
Le tonnelier tonnèle,
Le bourrelier bourrèle,
Le soleil interpelle,
Frappe un bouclier d'or,
Flambe au pennon des aigles
A la cime des ifs,
Fait virer sur les murs
L'ombre bleue des centaures,
Du lézard engourdi
-Cendre et cadran solaire -
Palpitant d'émeraude
De bronze reverdi.
Sur la rivière glisse
Le chant lourd des rameurs,
La douce soie des cuisses
O nymphes du terroir !
Jusqu'au soir solitude
A l'horizon changeant,
Déclin que nul n'élude,
Gendarmerie d'argent.
La belle des jardins :
Sur ses blanches épaules
S'est égaré soudain
Le souffle frais des saules.
Voici les voix du songe
Apaisées, incertaines,
Quand les bruits de la rue
Coulent dans les fontaines.
vendredi, 21 janvier 2011
PARIS AT NIGHT
Trois allumettes une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton corps tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
Et l'obscurité toute entière pour me rappeler tout cela
En te serrant dans mes bras.
Jacques PREVERT
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jeudi, 05 août 2010
LE QUART D'HEURE DE BON TEMPS (texte trouvé dans un Almanach de 1861)
L'homme, dont la vie entière
Est de quatre-vingt-quinze ans,
Dort le tiers de sa carrière,
C'est juste trente-deux ans.
Ajoutons, pour maladie,
Procès, voyages, accidents,
Au moins un quart de la vie,
C'est encore deux fois douze ans
Par jour, deux heures d'études
Ou de travaux, font huit ans
Noirs chagrins, inquiétudes,
Pour le double, font seize
Pour affaire qu'on projette,
Demi-heure, encore deux ans,
Cinq quarts d'heure de toilette,
Barbe, et coetera, cinq ans
Par jour, pour manger et boire,
Deux heures font bien huit ans
Cela porte le mémoire
Jusqu'à quatre-vingt-quinze ans
Hélas ! comment trouver sur terre
Un quart d'heure de bon temps ?...
22:15 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : poésie, citations, poème, culture, écriture
mardi, 11 mai 2010
JE FERAI
Je ferai de ton lit un jardin de poèmes
Et au creux de tes bras tu me diras je t'aime
Je ferai de tes jours une vie de bohème
Même si parfois au loin je vois des trirèmes
Ton amour ne livre plus de batailles pour gagner
Mon coeur rassuré par tes bras pourra dédaigner
Tous les mauvais présages et toutes les critiques
Qui voyaient en nous deux un accord chimérique.
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mardi, 16 mars 2010
Christine de PISAN, Cent Ballades
Seulette suis et seulette veut être.
Seulette m'a mon doux ami laissée,
Seulette suis, dolente et affligée,
Seulette suis en langueur malheureuse,
Seulette suis plus que nulle perdue,
Seulette suis sans ami demeurée.
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jeudi, 21 janvier 2010
LE GRILLON
Un pauvre petit grillon
Caché dans l'herbe fleurie,
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie.
L'insecte aillé brillait des plus vives couleurs ;
L'azur, la pourpre et l'or éclataient sur ses ailes ;
Jeune, beau, petit maître, il court de fleurs en fleurs
Prenant et quittant les plus belles.
Ah ! disait le grillon, que son sort et le mien
Sont différents ! Dame nature
Pour lui fit tout, et pour moi rien.
Je n'ai point de talent encor moins de figure,
Nul ne prend garde à moi, l'on m'ignore ici bas :
Autant vaudrait n'exister pas.
Comme il parlait, dans la prairie
Arrive une troupe d'enfants :
Aussitôt les voilà courants
Après ce papillon dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l'attraper :
L'insecte vainement cherche à leur échapper,
Il devient bientôt leur conquête.
L'un le saisit par l'aile, un autre par le corps ;
Un troisième survient, et le prend par la tête :
Il ne fallait pas tant d'efforts
Pour déchirer la pauvre bête.
Oh ! Oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux, vivons cachés.
(JEAN PIERRE CLARIS de FLORIAN (1755-1794)
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dimanche, 10 janvier 2010
LE SAMEDI A LAUDES (Racine 1639-1699)
L'aurore brillante et vermeille
Prépare le chemin au soleil qui la suit :
Tout rit aux premiers traits du jour qui se réveille ;
Retirez-vous, démons, qui volez dans la nuit.
Fuyez songes, troupe menteuse,
Dangereux ennemis par la nuit enfantés,
Et que fuie avec vous la mémoire honteuse
Des objets qu'à nos sens vous avez présentés.
Chantons l'auteur de la lumière
Jusqu'au jour où son ordre a marqué notre fin,
Et qu'en le bénissant notre aurore dernière
Se perdre en un midi sans soir et sans matin
Gloire à toi, Trinité profonde
Père, Fils, Esprit saint : qu'on t'adore toujours,
Tant que l'astre des temps éclairera le monde.
Et quand les siècles même auront fini leurs cours !
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samedi, 07 novembre 2009
COMME DEUX FLEURS
Te regardant assise près de ta cousine
Belle comme une Aurore et toi comme un soleil
Je pensai voir deux fleurs d'un même teint pareil,
Croissantes en beauté, l'un et l'autre voisine.
La chaste, sainte, belle et unique Angevine
Vite comme un éclair jeta sur moi son oeil ;
Toi comme paresseuse et pleine de sommeil,
D'un seul petit regard tu ne t'estimas digne.
(Pierre de RONSARD - 1523-1585)
18:11 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : poésie, poème, poète, culture, littérature
vendredi, 05 juin 2009
LA MORT DU POETE
La mort du poète symbolise celle de l'homme car il n'y a pas d'humanité concevable sans poésie.
Enténébré, autant qu'anesthésié, dans les villes que qualifiait déjà Verhaeren de tentaculaires, captif d'un treillis arachnéen de barbelés, avili par le despotisme de nabots ignares et les écrans de la propagande, victime et coauteur à la fois du suicide collectif, l'être humain tétanisé par le haut voltage des artificiers désapprend la vie, et se livre à la solution finale.
L'esclavage n'est aboli que parce qu'il est devenu universel.
(Jean Claude PIROTTE)
16:28 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : poésie, poème, poète, littérature, écriture, livre
samedi, 28 mars 2009
LAISSER RIRE LE VENT
Debout, elle regardait tristement
La pluie tomber lentement
Elle se tenait d'un côté
Celui qu'elle voulait éviter
Voyait les nuages s'épaissir
Déjà elle baissait les yeux
Ellle cherchait dans le creux
De l'océan de ses pensées
Un vertige pour la bercer
Relever la tête et rentrer
Surtout ne pas chavirer
Laisser rire le vent violent
Elle le fit sur le champ
Evoquant sa vie tendrement
Elle s'habilla chaudement
Repris le cours de l'histoire
S'enferma dans son boudoir.
16:26 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : poésie, poème, littérature, culture, écriture, saisons