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lundi, 29 septembre 2008

LE PRE AUX NARCISSES

narcisses pré.jpgAu pied du village de Suviane, en Provence, s'étend un pré humide où foisonnent les narcisses au printemps. C'est là qu'un colporteur a découvert le corps d'une jeune fille morte. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Qui l'a tuée ? Autant de questions qui troublent les habitants du pays et en particulier deux adolescents, Arnaud et sa soeur jumelle, la narratrice.

Il s'en fallu de peu que nous fussions les premiers à faire la macabre découverte ; nous avions projeté de nous rendre tôt le matin au pré des narcisses, mais notre mère, levée avant nous, surgit dans la cuisine où nous préparions notre déjeuner, et nous intima l'ordre de regagner nos chambres. Nous n'osâmes pas désobéir et nous remontâmes en maugréant l'escalier. Et ce fut le marchand ambulant qui traversait la plaine pour aller de Suviane à Rouvier, sa boîte de colifichets en bandoulière, qui trouva la jeune fille morte.

Il dit plus tard qu'elle lui était apparue d'abord comme une vague tache blanche au moment où un souffle de vent soulevant la brume. Il avait pensé à une roche pâle, à un tronc de bouleau couché parmi les herbes, puis au cadavre d'une chèvre. Il allait passer son chemin quand une curiosité le prit d'aller observer de plus près l'objet insolite. Il s'approcha davantage, il vit les cheveux noirs répandus autour du visage livide aux yeux ouverts et fixes, les membres épars, comme lancés dans une course immobile, le corps nu. Il jeta les hauts cris, appelant à l'aide, comme si on avait pu l'entendre au-delà de la plaine cotonneuse. Puis il prit peur, se voyant seul avec une morte, et il remonta en courant vers le village où il donna l'alarme. On ne le crut pas d'abord : il avait l'habitude de raconter des histoires rocambolesques, et s'il roulait des yeux exorbités, si sa voix chevrotait d'émotion, on crut à des mimiques destinées à rendre plus dramatique son récit. Mais il n'arrêtait pas de trembler, et il fallut se rendre à l'évidence : son trouble n'était pas feint. D'ailleurs il s'évanouit à moitié et le tenancier du Café de France dut le faire coucher sur une de ses tables.

(Extrait du livre de Suzanne PROU, LE PRE AUX NARCISSES)

jeudi, 25 septembre 2008

REPRISE DES COURS (Le journal de Juliette, lycéenne n° 38)

Juliette n'a pas revu Lionel, elle ne l'a pas oublié. Elle a repris les cours au lycée sans aucune appréhension, pour la dernière année avant le baccalauréat en juin. Le jour de la rentrée s'est passé "en un éclair". Elle retrouve ce jour là Aurélie et Annie ainsi que Jocelyne.

Alain n'est plus dans sa classe mais elle le retrouve en cours d'allemand chaque semaine, toutes les sections étant regroupées. Le professeur interroge souvent Juliette, peut être parce que, quelques jours avant la rentrée des classes, elle l'avait vu au supermarché. Il cherchait des cahiers de textes. Il lui avait demandé où elle avait trouvé le sien. Malheureusement il n'y en avait plus en stock, Juliette ayant pris le dernier.

Le professeur d'Anglais demande aux élèves de ne pas changer de place en ce début d'année, le temps de les connaître un peu mieux. Juliette qui se trouve seule à une table attend avec impatience de pouvoir se remettre à côté d'Aurélie.

Alain sort toujours avec Caroline, sa nouvelle petite amie depuis le mois de mars. Juliette se retrouve souvent à côté d'elle en cours d'Allemand. Et surtout elle lui prête son livre de cours, car Caroline ne l'a pas encore acheté et Alain non plus.

En cours de sciences, Juliette connaît bien sa professeur, Madame Monneveux, car celle-ci était venue cet été chercher Patricia à la location de vacances en Bretagne. Madame Monneveux a également besoin des services du papa de Juliette pour son antenne de télévision. Elle sonne donc à la porte de la maison cet après midi. "Il paraît que vous avez tué des souris en cours ce matin ?" demande la maman de Juliette. "Oui, il y en a qui n'aiment pas toucher",  répond-t-elle en riant. Car Juliette avait raconté à sa maman qu'elle avait disséqué une souris blanche en cours ce matin. Maman fait une grimace et dit que c'est bien cruel.

lundi, 15 septembre 2008

PARCE QUE TU ES TOI

C'est vrai que tu es fort et grand

C'est vrai que tu es très charmant

Mais tu n'es pas le seul ainsi

Non, tu n'es pas le seul. Pourtant,

Je n'ai pas un regard pour les autres ; aussi

Je crois que la raison pour laquelle je t'aime

C'est l'attrait de ce qui ne peut être qu'à toi

Un sourire, un regard, le timbre de ta voix

Ce que tu dis ou fais, ce que tu penses ... même.

Tu veux savoir pourquoi je t'aime ?

Et bien parce que tu es "toi".

(Je ne sais pas qui a écrit ce texte, je l'ai trouvé il y a très longtemps...)

mercredi, 10 septembre 2008

DEUX EXTRAITS du Livre de Bona MANGANGU que je viens de terminer

CARNETS D'AILLEURS :

"On ne change pas. On fait des bonds, des sauts périlleux, par-ci par-là. On élargit les angles de vue. Le regard est figé ou se porte au lointain, essayant de transcender le réel, mais on évolue toujours dans les mêmes cercles. On ne modifie pas le mouvement giratoire du vent. On regarde tourner les cercles en parlant à soi, au reste du monde. Parfois on se tait. La voix change, prend d'autres intonation, des inflexions cristallines, rauques ou claires. Les cercles concentriques s'agrandissent pour ceux qui voyagent. L'être véritable ne change pas". (page 9)

"L'amour est en lui-même musique. Le tout est de savoir pincer les bonnes cordes, si je puis m'exprimer ainsi, jouer la bonne partition, user de bons accords, de l'accord parfait. Lorsque cela arrive, c'est une grâce. Et aux détours d'un chant, d'une note bleue, parfois un miracle, des sources de joie. J'avoue que cela ne m'est jamais arrivé". (page 143)

dimanche, 17 août 2008

RENTREE A LA MAISON (Le journal de Juliette, lycéenne n° 37)

(Dans l'épisode précédent, Juliette était sur la route du retour après un mois passé en Bretagne où elle avait fait la connaissance d'Evelyne et Didier, ainsi que de Lionel dont elle était tombée amoureuse).

Le samedi 1er août, le réveil fut douloureux pour Juliette, elle ne voulait pas admettre qu'elle était chez elle. Elle repassait dans sa tête les meilleurs souvenirs de ce mois de juillet.

Elle se décide alors à écrire une lettre à Evelyne et Didier qui sont rentrés à Paris ce jour même. Elle envoie une carte souvenir de sa ville aux parents de Lionel.

Les jours suivants ne sont pas plus heureux : elle a beaucoup de mal à "refaire surface". Pour se distraire, elle va danser au bal de la ducasse avec ses soeurs. Alain est devant les auto-tamponneuses mais Juliette ne l'a pas vu. Dans ses rêves la nuit, elle voit Lionel puis Alain... Alain puis Lionel. Elle se pose tant de questions sans avoir de réponses.

pots peinture.jpgLe temps est orageux en cette première semaine d'août. Pour aider ses parents, elle fait quelques travaux de peinture dans la maison et à l'extérieur. Elle gratte les fenêtres qui ont besoin d'être repeintes. Elle gratte et gratte avec un couteau tous les après midi et un soir elle ne sent pas bien, elle manque de force.

Heureusement, la famille est là pour la distraire : elle va chez sa tante, chez la cousine de son père, elle retrouve ses grands parents. Puis elle range les photos de Bretagne dans un album après les avoir datées.

boite aux lettres.jpgElle guette tous les jours le facteur. Enfin, le 12 août, elle reçoit une carte de Paris écrite de la main de la maman de Lionel où elle renouvelle son invitation et ses amitiés. Lionel y a juste apposé sa signature à côté de celle de sa soeur et de ses parents. Une autre lettre envoyée par Didier et Evelyne arrive le même jour. Didier réclame des photos en souvenir de ces merveilleux jours passés ensemble. La maman de Lionel demande un petit service : qu'on lui cherche un apprenti boulanger-patissier pour la rentrée de septembre. Juliette prépare l'affiche qu'elle mettra chez les commerçants de sa ville et se rend chez son photographe afin de commander un nouveau tirage de photos de vacances.

mardi, 17 juin 2008

LUDOVIC

VOILIERS ECOSSE.jpgLudovic était un garçonnet longiligne au visage émacié. Il avait les épaules tombantes, les bras musclés, les cheveux châtain clair taillés au bol par Madame Blanchard qui craignait les poux. Les yeux étaient verts, démesurément. Le regard s'y mouvait, craintif, comme une bête forcée.

Depuis sept ans qu'il vivait au bord de la mer, Ludovic ne l'avait jamais vue. Il l'entendait. Mais au grenier la lucarne donnait sur la cour, sur le fournil, et là-bas sur des pins monotones que les brouillards matinaux calfeutraient. Rugissement, murmure, le bruit se poursuivait jour et nuit, si fort par mauvais temps que même les ronflements du boulanger s'effaçaient. L'enfant serait bien allé voir ; mais la porte était fermée à clé.

(LES NOCES BARBARES - Yann QUEFFELEC)

dimanche, 15 juin 2008

DEVOIR

Avec le mot devoir, on fait danser le citoyen comme un ours avec une musette.

(Rémy de Gourmont)

mercredi, 04 juin 2008

LARME

Dieu sait que nous n'avons jamais à rougir de nos larmes, car elles sont comme une pluie sur la poussière aveuglante de la terre qui recouvre nos coeurs endurcis.

(Charles DICKENS, Les Grandes Espérances)

vendredi, 29 février 2008

SYLVAIN (extrait de LA MAISON DANS LA DUNE de Maxence VAN DER MEERSCH )

Il est ainsi des coins dont, on ne sait pourquoi, l'aspect vous charme, vous prend sans résistance, vous fait soudainement reconnaître et aimer la beauté. Souvenirs inconscients, rappelés obscurément dans les profondeurs de la mémoire ? Rappel de vieilles images ? Réalisation d'un idéal lentement formé au fond de l'être ? Sylvain ne savait pas où il avait déjà vu ce coin, pourquoi il le reconnaissait, l'aimait, en retrouvait avec plaisir les détails. Mais indiscutablement, tout cela lui était familier. Il en avait dû rêver déja. C'était dans ce décor que se passaient les histoires que jadis on racontait à son enfance. Tout était comme il fallait que ce fût. Et, sans étonnement, Sylvain quitta sa route, descendit le chemin herbeux qui menait à l'auberge, et s'assit sur une chaise rustique, devant une vieille table de chêne dont le bois raclé au verre se creusait et se vallonnait par place. Et il attendit l'aubergiste, il laissa errer son regard autour de lui, sur ces choses inconnues et cependant familières.

jeudi, 31 janvier 2008

POURQUOI ECRIRE ? (LE JOURNAL DE JULIETTE, LYCEENNE - 18)

Pourquoi écrire ? Pourquoi Juliette s'est-elle décidée à écrire un jour sur un minuscule agenda ? Un agenda qui est devenu son Journal Intime ?

Elle venait sans doute de franchir un cap important dans sa vie : l'entrée au Lycée et l'avenir qui commence à se dessiner avec une prise en main de sa propre vie. Mais aussi, ne désirant plus se confier à sa mère, il était devenu normal qu'elle se confie à quelqu'un d'autre... Mais à quelqu'un qui ne parle pas, qui ne la juge pas. Elle devenait une jeune femme, elle avait un avenir à se construire, toute seule.

Pourtant, certains jours elle pensait que ce qu'elle y écrivait était trop banal. Sa vie ressemblait à celle des autres filles de son âge.... Et dans quelques années, elle n'aurait aucune envie de le relire. Pourtant, elle continait presque chaque jour à le noircir, page par page, date après date. Il était si petit qu'elle pouvait facilement le cacher. Elle devait ne pas le montrer.... Elle avait rendez-vous avec lui chaque soir. Certains jours, elle manquait volontairement ce rendez-vous car elle jugeait qu'elle n'avait rien à lui raconter. Il lui est même arrivé de sauter 30 pages, 30 pages qui sont restées définitivement nues, muettes, recto-verso ....