mardi, 24 mai 2016
OREILLE
Les oreilles dans l'homme sont mal défendues. On dirait que les voisins n'ont pas été prévus. (Henri MICHAUX - Face aux Verroux).
L'oreille est le sens préféré de l'attention. Elle garde, en quelque sorte, la frontière du côté où la vue ne voit pas. (Paul VALERY - Tel quel).
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jeudi, 19 mai 2016
Extrait de UN DE BAUMUGNES, livre de Jean GIONO
De toute l'après-midi, bien sûr, il ne fallut pas penser à mettre la main sur Saturnin. Il était là-bas - je le voyais - dans le fin fond du verger à regarder dans la ramure des vieux arbres et, comme une fois je faisais mine d'y aller aussi, il s'écarta vers la saulaie en marchant comme les canards. Le grain, vous pensez bien, ça avait été trié et mesuré très vite, on avait à peine foulé un jour, et, quant à faire autre chose, il n'y fallait pas compter. A cette époque de l'année, toutes les heures c'est pour le blé ; alors je restai là, à regarder mon aire bien propre de goût d'artiste en fait d'aire, et souple au pied, et dure aux épis, et puis sa rondeur juste et l'air heureux qu'elle avait avec son poids de paille et de grain. C'était réussi. Je regardais aussi à quoi elle ressemblait dans le milieu de cette terre méchante : à un bouquet. Je regardais aussi la maison, la maison en pierre, les murs et les tuiles et le bois des volets, et le bois des portes, tout cela bien joint, bien fermé sur l'air noir du dedans et je ne pouvais pas arriver à comprendre pourquoi c'était si bien fermé, pourquoi on avait mis cet air du dedans à l'abri de nos mains et de notre oeil.
(Résumé : À la Buvette du Piémont, un vieux journalier est attiré par un grand gars qui paraît affreusement triste ; il provoque ses confidences : Albin vient de la montagne, de Baumugnes. Trois ans auparavant, il était tombé amoureux fou d’une fille qui s’est laissé séduire par le Louis, «un type de Marseille, un jeune tout creux comme un mauvais radis». Le Louis ne lui avait pas caché que son intention était de mettre la fille sur le trottoir. Depuis, Albin est inconsolable, traînant de ferme en ferme, sans se résoudre à remonter à Baumugnes. Alors le vieux, qui n’est que bonté, décide d’aider Albin.
Un de Baumugnes est le deuxième roman de la trilogie de Pan, les deux autres étant Colline et Regain.)
12:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : culture, écriture, livre, littérature, giono
jeudi, 07 avril 2016
RESOLUTION
Les résolutions sont comme les anguilles ; on les prend aisément. Le diable est de les tenir. (Alexandre DUMAS fils).
Les bonnes résolutions sont des chèques tirés sur une banque où l'on n'a pas de compte ouvert (Oscar WILDE - Le portrait de Dorian Gray).
On trouve toujours les responsabilités trop lourdes, le jour où l'on peut s'y soustraire. (Jakob WASSERMANN - L'affaire Maurizius).
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lundi, 22 février 2016
LA FREGATE "LA SERIEUSE" (Alfred de Vigny) - Extrait
Qu'elle était belle, ma Frégate,
Lorsqu'elle voguait dans le vent !
Elle avait, au soleil levant,
Toutes les couleurs de l'agate ;
Ses voiles luisaient le matin
Comme des ballons de satin ;
Sa quille mince, longue et plate,
Portait deux bandes d'écarlate
Sur vingt-quatre canons cachés ;
Ses mâts, en arrière penchés,
Paraissaient à demi-couchés.
Dix fois plus vive qu'un pirate,
En cent jours du Havre à Surate
Elle nous emporta souvent.
- Qu'elle était belle, ma Frégate,
Lorsqu'elle voguait dans le vent !
11:57 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : poésie, poèmes, poètes, écriture, frégate, voilier, mer, culture, littérature, livres
samedi, 13 février 2016
SONNET de Louise LABE
Louise LABE est née en 1524 à LYON, et décédée le 25 avril 1566 à PARCIEUX EN DOMBES.
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie,
J'ai chaud extrême en endurant froidure ;
La vie m'est et trop molle et trop dure ;
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
16:36 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : poésie, poème, poète, écriture, auteur, livre, culture, littérature
samedi, 06 février 2016
BEAUTE
Mais qu'est-ce que la beauté ? C'est une nouvelle aptitude à vous donner du plaisir. (STENDHAL)
La beauté, c'est l'harmonie du hasard et du bien. (Simone WEIL)
Qu'est-ce que la beauté ? Une convention, une monnaie, qui n'a cours qu'en temps et lieu. (Henrik IBSEN)
15:12 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : citations, auteur, culture, littérature, écriture, livre
vendredi, 29 janvier 2016
Paul-Jean TOULET (1867-1920) Plage
Douce plage où naquit mon âme ;
Et toi, savane en fleurs
Que l'Océan trempe de pleurs
Et le soleil de flamme ;
Douce aux ramiers, douce aux amants,
Toi de qui la ramure
Nous charmait d'ombre et de murmure,
Et de roucoulements ;
Où j'écoute frémir encore
Un aveu tendre et fier -
Tandis qu'au loin riait la mer
Sur le corail sonore.
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Les petits carnets bleus (les derniers commentaires de mes lectrices).
Voici les derniers retours de lecture de mon livre LES PETITS CARNETS BLEUS.
Muriel E : "c'est tellement rafraîchissant ! C'est joliment raconté et Juliette est un personnage attachant, bien que, en effet, j'aurais aimé en savoir plus sur son état d'esprit, ses pensées, à certains moments de l'histoire. Merci Elisabeth pour cette immersion dans les années 70 que je n'ai guère connues car je suis née vers la fin de cette décade. Je vous souhaite beaucoup de réussite".
Elisa G. : "les années 70, je m'y retrouve. Juliette est un personnage très attachant. On survole avec elle ses doutes, ses interrogations, ses joies, ses peines, ses amours. J'aurais aimé qu'elle nous ouvre un peu plus son coeur pour mieux la connaître".
12:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : livre, roman, écriture, journal intime, auteur, littérature, culture, années 70
dimanche, 24 janvier 2016
L'HOMME
L'homme est un animal enfermé - à l'extérieur de sa cage. Il s'agite hors de soi (Paul VALERY).
L'être humain est la proie de trois maladies chroniques et inguérissables : le besoin de nourriture, le besoin de sommeil et le besoin d'égards. (Henry de MONTHERLANT)
15:17 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : citations, auteur, écriture, culture, littérature
samedi, 19 décembre 2015
LA TROMPETTE
M. LEPIC arrive de Paris ce matin même. Il ouvre sa malle. Des cadeaux en sortent pour grand frère Félix et soeur Ernestine, de beaux cadeaux, dont précisément (comme c'est drôle !) ils ont rêvé toute la nuit. Ensuite M. LEPIC, les mains derrière son dos, regarde malignement Poil de Carotte et lui dit :
- Et toi, qu'est-ce que tu aimes le mieux : une trompette ou un pistolet ?
En vérité, Poil de Carotte est plutôt prudent que téméraire. Il préférerait une trompette parce que ça ne part pas dans les mains ; mais il a toujours entendu dire qu'un garçon de sa taille ne peut jouer sérieusement qu'avec des armes, des sabres, des engins de guerre. L'âge lui est venu de renifler de la poudre et d'exterminer des choses. Son père connaît les enfants : il a apporté ce qu'il faut.
- J'aime mieux le pistolet, dit-il hardiment, sûr de deviner. Il va même un peu loin et ajoute :
- ce n'est plus la peine de le cacher ; je le vois !
- Ah ! dit M. LEPIC embarrassé, tu aimes mieux un pistolet ! Tu as donc bien changé ?
Tout de suite Poil de Carotte se reprend :
- Mais non, va, mon papa, c'était pour rire. Sois tranquille, je les déteste, les pistolets. Donne-moi vite ma trompette, que je te montre comme ça m'amuse de souffler dedans.
Mme LEPIC :
- Alors pourquoi mens-tu ? pour faire de la peine à ton père, n'est-ce pas ? Quand on aime les trompettes, on ne dit pas qu'on aime les pistolets, et surtout on ne dit pas qu'on voit des pistolets, quand on ne voit rien. Aussi, pour t'apprendre, tu n'auras ni pistolet ni trompette. Regarde-la bien : elle a trois pompons rouges et un drapeau à franges d'or. Tu l'as assez regardée. Maintenant va voir à la cuisine si j'y suis ; déguerpis, trotte et flûte dans tes doigts.
Tout en haut de l'armoire, sur une pile de linge blanc, roulée dans ses trois pompons rouges et son drapeau à franges d'or, la trompette de Poil de Carotte attend qui souffle, imprenable, invisible, muette comme celle du Jugement dernier.
16:57 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : culture, littérature, écriture, auteur, livre, jules renard