vendredi, 01 juin 2007
MOMENT
L'Amour prit le sablier du Temps et le retourna dans ses mains étincelantes.
Chaque moment, sous la secousse légère, s'écoula en sable d'or ...
(A. TENNYSON, Locksley Hall)
Lord Alfred TENNYSON est né en 1809 et il est décédé en 1893.
22:55 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Culture, écriture
mercredi, 30 mai 2007
EN TROIS SAISONS
J'ai jeté l'ancre un jour de printemps,
Nous avons depuis caressé le temps.
Nous nous sommes unis au coeur de l'été,
Dans les champs murissaient les blés.
Un jour d'automne je me suis liée à toi,
Tu as enfilé la bague à mon doigt.
22:45 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : poésie, poème, écriture, journal intime
lundi, 28 mai 2007
DEUX MUSICIENNES
Dans notre chambre, ma soeur et moi, nous nous retrouvons quelquefois pour nous détendre. Et pour soulager notre maman. Ma soeur me dit de prendre ma flûte et mon livre de solfège. Elle fait de même. Par chance, nous avons le même livre car nous fréquentons le même collège et avons de ce fait le même professeur de solfège. Nous choisissons un morceau à deux voix. Elle me demande de jouer la première voix pendant qu'elle joue la deuxième.
Elle bat la mesure avec sa tête. Comme le morceau n'est pas long, nous réussissons à le terminer à l'unisson.
Les cours de solfège avec notre professeur se déroulent avec les moyens de l'époque, ceux des années 60.
Il nous apprend à déchiffrer une partition en chantant et nous suivons sur notre manuel. Un autre jour, il apporte sa chaine Hifi et quelques disques et nous fait écouter de la musique classique. Il nous dicte ensuite son cours que nous recopions sur un cahier réservé exclusivement au solfège. Nous faisons ainsi connaissance de Bach, de Mozart, de Beethoven, de leur vie, de leurs oeuvres. Nous apprenons à nous servir d'un instrument : le pipeau, très facile à transporter dans le cartable et pas cher.
Heureusement nous n'avons pas à chanter en solo en classe. Car il n'est pas donné à tout le monde de chanter juste.
Revenue à la maison, ma soeur aînée me demande de reprendre une chanson apprise en cours. Vous devez vous rappeler de celle-ci : "Colchiques dans les prés, fleurissent, fleurissent, colchiques dans les prés, c'est la fin de l'été. La feuille d'automne emportée par le vent....". Mais un vent nouveau est alors arrivé par les ondes radios les mois suivants... et les colchiques ont été emportés par le vent.
23:10 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : Ecriture, journal intime
vendredi, 25 mai 2007
OH ! SOLEIL !
Oh ! Soleil ! arrête ta vigueur
Il n'est pas encore l'heure
De céder à la paresse
Quand tu tiens tes promesses.
Un léger voile nuageux
Pour soulager le besogneux
Même si la voilure t'irrite,
Voilà ce que tu mérites.
Avec ton regard suffisant
Accepte tous ces présents,
Ces chants impénétrables
De la nature redevable.
07:30 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : poésie, poème, écriture, journal intime
jeudi, 24 mai 2007
LA CHAINE DES POETES
Transmise par JOS à LAURA, la chaîne des poètes consiste à "présenter le texte poétique qui vous a le plus marqué, fait le plus frissonner".
Voici donc le mien :
X
Quinze longs jours encore et plus de six semaines
Déjà ! Certes, parmi les angoisses humaines,
La plus dolente angoisse est celle d'être loin,
On s'écrit, on se dit que l'on s'aime ; on a soin
D'évoquer chaque jour la voix, les yeux, le geste
De l'être en qui l'on met son bonheur, et l'on reste
Des heures à causer tout seul avec l'absent.
Mais tout ce que l'on pense et tout ce que l'on sent
Et tout ce dont on parle avec l'absent, persiste
A demeurer blafard et fidèlement triste.
Oh ! l'absence le moins clément de tous les maux !
Se consoler avec des phrases et des mots,
Puiser dans l'infini morose des pensées
De quoi vous rafraîchir, espérances lassées,
Et n'en rien remonter que de fade et d'amer !
Puis voici, pénétrant et froid comme le fer,
Plus rapide que les oiseaux et que les balles
Et que le vent du sud en mer et ses rafales
Et portant sur sa pointe aiguë un fin poison,
Voici venir, pareil aux flèches, le soupçon
Décroché par le Doute impur et lamentable.
Est-ce bien vrai ? Tandis qu'accoudé sur ma table
Je lis sa lettre avec des larmes dans les yeux,
Sa lettre, où s'étale un aveu délicieux,
N'est-elle pas alors distraite en d'autres choses ?
Qui sait ? Pendant qu'ici pour moi lents et moroses
Coulent les jours, ainsi qu'un fleuve au bord flétri,
Peut-être que sa lèvre innocente a souri ?
Peut-être qu'elle est très joyeuse et qu'elle oublie ?
Et je relis sa lettre avec mélancolie.
(Paul VERLAINE - La bonne chanson - 1871) Le livre de poche classique - 4ème trimestre 1963
10:50 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Culture, poésie, poème, écriture, journal intime
mercredi, 23 mai 2007
L'ECLUSE
Au bout du boulevard s'étend le canal où je regarde passer les péniches qui s'en vont traverser le pays. Elles transportent leur matériel à livrer.
Je dois tourner vers la droite pour accéder au pont qui enjambe le canal.
La maison de l'éclusier est entourée de toutes ces manivelles qui servent à faire fonctionner l'écluse. Quand je passe près d'elle, j'aperçois de temps en temps cet homme qui veille au passage des péniches. Sa maison, construite au début des années 60, n'est pas très belle. Ce spectacle me rappelle certains livres de HERGE quand Tintin et le Capitaine sont sur le pont d'un navire. Mais ici, ce n'est pas le monde de la mer. Juste un canal qui fut construit entre la Sambre et l'Oise.
Je m'arrête sur le pont, juste au-dessus de l'écluse, et je regarde la péniche entrer et les lourdes portes se refermer derrière elle. Elle est emprisonnée maintenant. Son propriétaire attend sur le pont le signal, c'est à dire l'ouverture des portes au devant du bateau. J'entends l'éclusier lui parler pendant qu'il fait les manoeuvres. Le bruit de la chute de l'eau qui fait tomber le niveau à l'intérieur l'empêche de continuer à bavarder. La péniche doucement descend. Je reste là à regarder jusqu'à ce que les portes libèrent la péniche dont le moteur se remet à tourner à plus vive allure. D'un signe de la main, les deux hommes se disent "au revoir". Et le voyage peut continuer. Car le client attend sa livraison et il ne faut pas le décevoir.
10:45 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Ecriture, journal intime, culture
jeudi, 17 mai 2007
LES CRIS DU PASSE
Famille, j'ai besoin de vous
Pour oublier le désespoir.
Comme dans un miroir,
J'ai besoin de vous voir.
Tant de pas sur le trottoir
Qui frappent tout à coup.
Des passants qui s'empressent
Devant tant de richesses.
Déracinée, me voilà.
Je marche sur leurs pas.
Famille, j'ai besoin de vous
Ce n'est pas un cri de fou.
07:00 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : Poésie, poème, écriture, journal intime
mardi, 15 mai 2007
LA DROGUERIE
J'entre dans la droguerie avec maman.
La lourde porte en bois annonce notre arrivée car la petite cloche accrochée tout en haut est bousculée.
Ce qui frappe en entrant, c'est l'odeur de vernis, de peintures, de cires, le mélange de tout ce qui s'y vend.
Le droguiste nous accueille en lançant un bonjour un peu traînant. Il nous dévisage en abaissant ses petites lunettes.
Il porte une blouse grise et nous demande ce que nous désirons.
Maman a fait sa liste qu'elle débite aussitôt. Le droguiste la conseille pendant que je regarde les étagères qui grimpent jusqu'au plafond et la profondeur du magasin.
Il disparaît derrière une porte au fond de sa boutique tout en parlant. Il en revient avec un pot. C'est de la cire d'abeille que maman appliquera sur le bois de ses armoires.
Elle cherche également des pinceaux pour repeindre la grille du jardin. Elle ne sait quelle taille prendre. Là encore, le droguiste lui montre un choix en la conseillant.
Elle demande combien elle doit avec tous ses achats. En payant, ils parlent tous les deux du beau temps qui va nous permettre de refaire les peintures extérieures. Nous aiderons papa et maman pendant les grandes vacances. Ainsi, nous ne nous ennuierons pas. Nous gagnerons notre argent de poche qui permettra de nous acheter quelques disques ou livres.
07:45 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : Ecriture, journal intime
vendredi, 11 mai 2007
LA LUNE
LA LUNE EST MORTE CE SOIR, d'après 4 frères....
Poème de de Jacques MAREUIL.
http://dailymotion.com/video/x1y5vf_freres-jacques-la-lun...
14:06 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : poésie, poèmes, écriture
mercredi, 09 mai 2007
PAUL
Paul n'avait pas eu de chance, il n'aurait pas dû venir au monde chez ces gens-là...
Des gens âpres, durs, que la pauvreté, subie de génération en génération, avait rendus bornés d'esprit et de sensibilité, comme rabougris et séchés dans leur condition.
Des gens, comme on disait par ici, qui n'avaient même pas un châtaignier à eux, qui louaient une pauvre ferme et des bâtiments avec quelques hectares, tout juste de quoi se nourrir. Des gens si repliés sur leur misère qu'ils en tiraient une sorte d'orgueil qui les isolait du reste du monde.Trimer du matin au soir était la règle de vie, la seule qu'ils connaissaient, qu'ils respectaient. Les choses étaient classées "utiles" ou "non utiles", c'est tout, et pour les bêtes et les humains c'était pareil, sans autre nuance.
La joie était une trivialité interdite, suspecte, et le plaisir incompatible avec le devoir de labeur. On n'était pas sur terre pour ça. Pas eux. Jamais. Il en avait toujours été ainsi pour les parents, les grands-parents, aussi loin qu'on pouvait remonter dans le temps, et il n'y avait pas de raison que ça change, sauf, si on se relâchait, à risquer de devenir des moins-que-rien, eux qui n'étaient déjà pas grand chose. Des gens qui mettaient leur point d'honneur à ne pas rêver, chez qui la méfiance était devenue un trait de caractère dominant, presque unique, qui annihilait, pour ainsi dire mangeait les autres sentiments.
(Anny Duperey - Allons voir plus loin, veux-tu ?)
23:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : Culture, écriture