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mercredi, 11 septembre 2019

VIEILLIR (un texte de Bernard Pivot)

J'aurais pu dire:

Vieillir, c'est désolant, c'est insupportable,

C'est douloureux, c'est horrible,

C'est déprimant, c'est mortel.

Mais j'ai préféré «chiant»

Parce que c'est un adjectif vigoureux

Qui ne fait pas triste.

Vieillir, c'est chiant parce qu'on ne sait pas quand ça a commencé et l'on sait encore moins quand ça finira.

Non, ce n'est pas vrai qu'on vieillit dès notre naissance.

On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant.

On était bien dans sa peau.

On se sentait conquérant. Invulnérable.

La vie devant soi. Même à cinquante ans, c'était encore très bien….Même à soixante.

Si, si, je vous assure, j'étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.

Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps j'ai vu le regard des jeunes…

Des hommes et des femmes dans la force de l'âge qui ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté, même à la marge.

J'ai lu dans leurs yeux qu'ils n'auraient plus jamais d'indulgence à mon égard.

Qu'ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables.

Sans m'en rendre compte, j'étais entré dans l'apartheid de l'âge.

Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants.

"Avec respect", "En hommage respectueux", "Avec mes sentiments très respectueux".

Les salauds! Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur stylo plein de respect? Les cons!

Et du « cher Monsieur Pivot » long et solennel comme une citation à l'ordre des Arts et Lettres qui vous fiche dix ans de plus !

Un jour, dans le métro, c'était la première fois, une jeune fille s'est levée pour me donner sa place…..

J'ai failli la gifler. Puis la priant de se rasseoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué. !!!... ?

 

-- "Non, non, pas du tout, a-t-elle répondu, embarrassée. J'ai pensé que…".

-- Moi aussitôt : «Vous pensiez que?

-- "Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous asseoir".

- "Parce que j'ai les cheveux blancs"?

- "Non, c'est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que moi, çà été un réflexe, je me suis levée".

-- "Je parais beaucoup…beaucoup plus âgé que vous"?

-"Non, oui, enfin un peu, mais ce n'est pas une question d'âge".

-- "Une question de quoi, alors?"

- "Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois".»

J'ai arrêté de la taquiner, je l'ai remerciée de son geste généreux et l'ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre.

Lutter contre le vieillissement c'est, dans la mesure du possible, ne renoncer à rien.

Ni au travail, ni aux voyages, ni aux spectacles, ni aux livres, ni à la gourmandise, ni à l'amour, ni au rêve.

Rêver, c'est se souvenir tant qu'à faire, des heures exquises.

C'est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent.

C'est laisser son esprit vagabonder entre le désir et l'utopie.

La musique est un puissant excitant du rêve. La musique est une drogue douce.

J'aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant soit l'adagio du Concerto no 23 en la majeur de Mozart,

soit, du même, l'andante de son Concerto no 21 en ut majeur,

musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l'au-delà.

Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés.

Nous allons prendre notre temps.

Avec l'âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement.

Nous ignorons à combien se monte encore notre capital. En années? En mois? En jours?

Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital.

Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut jouir sans modération.

Après nous, le déluge?....Non, Mozart.

Voilà, ceci est bien écrit, mais cela est le lot de tous, nous vieillissons !...

Bien ou mal, mais le poids des ans donne de son joug au quotidien

 

Bernard Pivot

Extrait de son livre paru en avril 2011 : Les mots de ma vie.

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vendredi, 05 juillet 2019

LE COUP DE CHALUMEAU dans les vignes du Midi

Texte de Catherine Bernard, vigneronne dans l'Hérault.

" Le coup de chalumeau dans les vignes du Midi n’est pas une calamité agricole.

Je suis vigneronne.
Je n’écris pas en qualité de vigneronne.
Je n’écris pas non plus en qualité de vigneronne victime d’une calamité agricole, d’une catastrophe naturelle ou d’un accident climatique. Ce qui s’est produit dans les vignes du Gard et de l’Hérault vendredi 29 juin, est d’une tout autre nature, d’un tout ordre, ou plus exactement d’un tout autre désordre.
J’écris en qualité de témoin du changement climatique à l’œuvre, qui est en fait un bouleversement, qui ne concerne pas ici des vignerons, là des arboriculteurs, hier des pêcheurs, demain des Parisiens asphyxiés, mais bien tous, citadins ou ruraux, habitants du Sud comme du Nord, de l’Ouest, ou de l’Est.
J’écris en qualité d’hôte de la terre. Nous sommes chacun, individuellement, interdépendants les uns des autres.
J’étais vendredi matin dans les vignes pour faire un tour d’inspection des troupes et ramasser des abricots dans la haie de fruitiers que j’ai plantée en 2010 entre les terret et les cinsault. Il faisait déjà très chaud. Je ne sais pas combien, je ne veux pas ouvrir le livre des records. Je suis rentrée au frais, et je me suis plongée dans la lecture d’un livre passionnant, La vigne et ses plantes compagnes de Léa et Yves Darricau. J’ai repoussé la plantation de 30 ares de vignes à l’origine programmée pour cette année, à plus tard, à quand je saurai comment et quoi planter. Je cherche. A 18 heures, Laurent, mon voisin de vignes avec qui je fais de l’entraide, m’appelle :
- Là-haut à Pioch Long, les syrah sont brûlées.
- Comment ça brûlées ?
- Oui, brûlées, les feuilles, les raisins, comme si on les avait passé au chalumeau.
J’ai pris ma voiture, et je suis allée dans les vignes. Quand j’ai vu à La Carbonelle, les grenaches, feuilles et grappes brûlées, grillées, par zones, sur la pente du coteau exposée sud-ouest, je n’ai pas pensé à la perte de la récolte. J’ai vu que certaines étaient mortes, que d’autres ne survivraient pas. Il faisait encore très très chaud et j’ai été parcourue de frissons. La pensée m’a traversée que c’était là l’annonce de la fin de l’ère climatique que nous connaissons, la manifestation de la limite de l’hospitalité de la terre. Puis je suis passée sur le plateau de Saint-Christol, là où depuis le XIIème siècle l’homme a planté des vignes pour qu’elles bénéficient pleinement des bienfaits du soleil et du vent. Et là, à droite, à gauche, j’ai vu des parcelles de vignes brûlées, grillées dans leur quasi totalité.
Il y aura des voix, celles des porte-parole des vignerons, chambre d’agriculture, représentants des AOC, et c’est leur rôle, pour évaluer les pertes de récolte, la mortalité des ceps, et demander des indemnisations.
Il y aura les voix invalidantes de la culpabilité, celle des gestes que l’on a faits dans la vigne les jours précédents et que l’on n’aurait peut-être pas dû faire, ou ceux que l’on n’a pas faits et que l’on aurait dû faire. Et si j’aurais su…. A ceux-là, je réponds, les si n’aiment pas les rais.
Il y aura des voix pour dire qu’à cela ne tienne, on va généraliser l’irrigation, et si cela ne suffit pas, eh bien on plantera des vignes, plus haut dans le Nord, ailleurs. Peut-être même y en aura-t-il pour s’en réjouir. A ceux-là, je réponds qu’ils sont, au mieux des autruches, au pire des cyniques absolus et immoraux, dans les deux cas des abrutis aveugles.
Ce qui s’est produit ce vendredi 29 juin dans les vignes du Midi, est un avertissement, un carton rouge. Ce n’est pas seulement les conséquences d’un phénomène caniculaire isolé doublé d’un vent brûlant, mais la résultante de trois années successives de stress hydrique causé par des chaleurs intenses et de longues périodes de sécheresse qui, année après année, comme nous prenons chaque année des rides, ont affaibli les vignes, touchant ce vendredi 29 juin, celles qui étaient plantées dans ce qui était jusqu’alors considéré comme les meilleurs terroirs. C’est aussi la résultante d’un demi-siècle de pratiques anagronomiques.
La Carbonelle est plantée de vignes depuis 1578. C’est un mamelon en forme de parallélogramme bien exposé au vent et soleil. Ce qui s’est passé le 29 juin, dit que l’ordre des choses s’est littéralement inversé. Le vent et soleil ne sont plus des alliés de l’homme. La solution de l’irrigation est la prolongation d’un défi prométhéen. On se souviendra qu’il lui arrive quelques bricoles à Prométhée. Cela dit aussi que le changement va plus vite que la science agronomique et ses recherches appliquées, cela nous précipite dans un inconnu. Il nous faut radicalement changer notre rapport à la terre, ne plus nous en considérer comme des maîtres, mais des hôtes, que l’on soit paysan ou citadin.
Ceux qui voudraient circonscrire à la viticulture du Midi ce qui s’est produit le 29 juin s’illusionnent. Le phylloxéra a été identifié en 1868 à Pujaud dans le Gard. Les vignerons des autres régions ont cru ou feint de croire qu’ils seraient épargnés. En 1880, le puceron avait éradiqué la totalité du vignoble français, et gagné toute l’Europe. Le phylloxéra était lui-même la « récompense » de notre quête du mieux, du plus. Il a été à l’origine de la seule grande émigration française et d’une reconstruction du vignoble qui a profondément changé l’équilibre même de la vigne. Nous en sommes les héritiers directs.
Ceux qui voudraient circonscrire le phénomène à la viticulture se dupent aussi. La vigne nous accompagne, sur notre territoire, depuis plus de deux millénaires, et l’homme depuis plus de 6 000 ans. Sa culture est tout à la fois un pilier et un symbole de notre civilisation. Si la vigne n’a plus sa place dans le Midi, l’homme ne l’aura pas davantage car le soleil et le vent seront brûlure sur sa peau.
Nous, vignerons, devons en tout premier lieu renouer avec la dimension métaphysique de notre lien à la terre et alors, nous pourrons changer radicalement nos pratiques. Mais il faudra autant de temps pour retricoter ce que nous avons détricoté. L’œuvre elle-même est vaine si par ailleurs, nous, vous, moi continuons à prendre l’avion comme nous allons promener le chien, goûtons aux fruits exotiques comme si on les cueillait sur l’arbre, mettons la capsule dans la machine à café comme un timbre sur une lettre, ainsi de suite. Ce que les vignes disent, c’est que notre civilisation elle-même est menacée.
Les abeilles l’ont aussi dit, avant la vigne. Mais nous ne les avons pas entendues. "

Catherine Bernard

mercredi, 08 août 2018

A ESSAYER

Si vous avez déjà le matériel (ventilateur, cache volant de voiture, tuyau plastique, quelques vis), pourquoi ne pas essayer en ces jours de fortes chaleurs ?

Je n'ai pas essayé moi-même mais j'ai le matériel, sauf le tuyau plastique... Cela ne coûte rien ou presque.


vendredi, 23 juin 2017

DEPUIS L'ANNEE DERNIERE

Une petite maison pour observer les abeilles, installée depuis un an dans mon village (à côté de l'enclos des 2 moutons et de la chèvre).

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vendredi, 12 août 2016

LE TRAVAIL BIEN FAIT

Un travail bien fait est un travail achevé, pas bâclé.

Apprendre à bien travailler c'est se soucier du travail bien fait.

On est alors fier d'avoir réussi son objectif.

Le sans-faute devient un but à atteindre mais il faut savoir mettre des limites.

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samedi, 18 février 2012

PERSECUTE ?

Le diagnostic entre un paranoïaque et une vraie victime de harcèlement moral se fait par la tonalité générale de la plainte. Les vraies victimes de harcèlement moral sont dans le doute, s'interrogent sur les propres agissements, et cherchent des solutions pour mettre fin à leur tourment. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elles laissent la situation s'enliser et qu'elles ne réagissent pas suffisamment tôt. Elles veulent avant tout trouver une issue qui rétablisse leur dignité.

Les paranoïaques au contraire ne doutent pas. Ils affirment et accusent.

(Marie France HIRIGOYEN)

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L'ENVIE, La JALOUSIE, LA RIVALITE

L'envie est un sentiment naturel qui surgit inévitablement dès que deux personnes sont susceptibles de se comparer l'une à l'autre ou d'être en position de rivalité. Elle peut faire des ravages considérables en rendant les individus destructeurs, mais c'est un concept ignoré des sciences sociales qui font comme si ce sentiment n'existait pas. Il est vrai que c'est un sentiment qu'on n'avoue pas facilement.

Comment dire aux autres, et comment se dire à soi-même : "je ne le supporte pas parce qu'il est plus intelligent, plus beau, plus riche, ou qu'il paraît plus aimé, que moi !" Ne pouvant le dire, on l'agit et on essaie de casser l'autre afin de se rehausser. En médisant, on réduit l'écart entre soi et ce qu'on imagine des autres.

(Marie France HIRIGOYEN)

psychologie,science,société

lundi, 02 janvier 2012

JANVIER

Janvier sec et sage

Est un bon présage.

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mardi, 29 juin 2010

CHAINE DE MORAL

Je suis interpelée par Maître Chronique ( http://maitrechronique.hautetfort.com ) qui me demande de participer à une chaîne de moral.

Je dois citer 3 choses qui me sapent le moral.

 

Voici une sélection, il y en a d'autres bien sûr...

LES MAREES NOIRES  dont la dernière, qui font des dégâts, je pense irréversibles. Nous ne serons plus là pour voir les conséquences dans 40 ou 100 ans. Et je pense aussi que malheureusement d'autres marées noires viendront s'ajouter ce qui augmentera encore les effets des autres. Je crains pour la majorité des pays...

DANS LES TRANSPORTS EN COMMUN, DANS LES RUES : ceux qui veulent nous imposer leur musique en levant le son de leur baladeur - ou ceux qui traversent la rue en nous voyant arriver en voiture alors que le feu piéton est rouge pour eux. Ils peuvent déclencher de graves accidents....

LES ECARTS DE REVENUS qui s'aggravent pas seulement entre les pays eux-mêmes, mais aussi dans un même pays alors que le travail est plus pénible car il est demandé toujours plus de rentabilité ! Au nom de quoi ?.... Je pense aux conséquences et je ne peux qu'avoir le moral "au raz des paquerettes"....

On peut aussi ajouter 3 choses qui remontent le moral, j'ajouterai donc :

- mes amis, virtuels ou non, ceux avec qui je peux partager des idées, des loisirs, des livres, de la musique, etc...

- ma famille, unie, sur qui je peux compter...

- un travail qui me satisfait....

Vous pouvez participer à cette chaine de moral, si vous le désirez..... Merci.

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dimanche, 02 août 2009

EN COUPLE

Qu'on soit en couple ou pas, on se lève chaque matin, on prend son petit déjeuner, puis sa douche, on s'habille, on déjeune à midi, la nuit on dort... Bref, la routine est inévitable et, au lieu d'y voir un handicap, c'est un atout. C'est en effet la routine qui apporte une sécurité et un confort dans la vie à deux. Partager les petits rituels quotidiens renforce le lien à condition qu'on profite vraiment de ces moments d'intimité, qu'on continue d'être là pour l'autre, qu'on l'écoute, qu'on le regarde, qu'on lui parle avec autant d'attention jour après jour.

 

Ce qui tue l'amour ce n'est pas la routine mais l'indifférence, le fait de vivre sans se voir et de se dire que la vie avec lui ne peut plus nous surprendre.

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