mardi, 17 juin 2008
LUDOVIC
Ludovic était un garçonnet longiligne au visage émacié. Il avait les épaules tombantes, les bras musclés, les cheveux châtain clair taillés au bol par Madame Blanchard qui craignait les poux. Les yeux étaient verts, démesurément. Le regard s'y mouvait, craintif, comme une bête forcée.
Depuis sept ans qu'il vivait au bord de la mer, Ludovic ne l'avait jamais vue. Il l'entendait. Mais au grenier la lucarne donnait sur la cour, sur le fournil, et là-bas sur des pins monotones que les brouillards matinaux calfeutraient. Rugissement, murmure, le bruit se poursuivait jour et nuit, si fort par mauvais temps que même les ronflements du boulanger s'effaçaient. L'enfant serait bien allé voir ; mais la porte était fermée à clé.
(LES NOCES BARBARES - Yann QUEFFELEC)
12:18 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : culture, écriture, littérature, livre
dimanche, 15 juin 2008
DEVOIR
Avec le mot devoir, on fait danser le citoyen comme un ours avec une musette.
(Rémy de Gourmont)
11:05 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, culture, écriture, livre
EPICURISME
Le sot glisse sur les plaisirs,
Mais le sage y demeure ferme
En attendant que ses désirs
Ou ses jours finissent leur terme.
(Théophile de Viau)
11:03 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, écriture, culture, livres
jeudi, 12 juin 2008
SI TU VEUX NOUS NOUS AIMERONS
Si tu veux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire
Cette rose ne l'interromps
Qu'à verser un silence pire
Jamais de chants ne lancent prompts
Le scintillement du sourire
Si tu veux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire
Muet muet entre les ronds
Sylphe dans la pourpre d'empire
Un baiser flambant se déchire
Jusqu'aux pointes des ailerons
Si tu veux nous nous aimerons
(Stéphane MALLARME - 1842 - 1898 - )
13:50 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : culture, littérature, écriture, poésie, poèmes
mercredi, 11 juin 2008
UN PETIT SIGNE DE TOI
Il me manque toi
Et le son de ta voix
Le rayonnement de ta joie
Il me manque toi
Pour briser le silence
De ma vie trop tranquille
Mais tu es toujours en partance
Moi je suis sur mon île
Mais seule entre quatre murs
Je ne connais plus personne
Je ne vois pas le futur
J'attends que tu me donnes
Un petit signe de toi
Car il me manque toi.
(04.09.06)
Je republie ce texte pour participer à la "Farandole" lancée par TRACES
http://tracesecrites.free.fr/blog/index.php?2008/05/30/36...
dans laquelle je suis Laura : http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/01/24/mes-p...
NEIGE continue la danse folle de la farandole ici :
http://laneigedesmots.wordpress.com
11:44 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : jeux, poésie, poèmes, écriture, journal intime
lundi, 09 juin 2008
BONHEUR
Nous recherchons tous le bonheur, mais sans savoir où, comme des ivrognes qui cherchent leur maison, sachant confusément qu'ils en ont une. (Voltaire)
14:41 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : littérature, écriture, culture
AVEU (Le journal de Juliette, lycéenne n° 29)
Les regards croisés entre Juliette et Alain continuent.
Cependant, quand elle le voit trop souvent avec la blonde, Caroline, Juliette se montre indifférente dès le lendemain.
Le 15 mai, la soeur de Juliette qui a enfin réussi son examen de permis de conduire au bout de la 5ème fois, est allée chercher sa première voiture : un 4 L bleu marine. Elle la montre à ses parents et à tout le quartier.....
Cet après midi là, Juliette participe au voyage scolaire à BAVAY avec sa classe. Alain et Caroline flirtent dans le bus. En rentrant le soir chez elle, Juliette est en même temps en colère et triste. Elle se met à chanter : "... ma robe a encore ses reprises, et j'ai toujours mes cheveux fous, et c'est ainsi qu'il m'avait prise, je crois qu'il m'aimait un peu, il pleut sur le jardin sur le rivage et si j'ai de l'eau dans les yeux, c'est qu'il me pleut sur le visage..."
Le lendemain matin, elle raconte tout à Aurélie qui est époustouflée.
Le lundi 25 mai, Juliette est heureuse, elle a eu une très bonne note à son Bilan d'Allemand. La professeur lui a dit : "je vous avais mis moins et puis j'ai relu votre devoir qui m'a semblé meilleur que les autres ; alors je vous ai mis 13.
La fin de l'année scolaire commence à se faire sentir, l'ambiance est joyeuse pendant les cours.
Mercredi 27 mai, Juliette a reçu la photo de classe prise fin avril dans la cour du Lycée. Elle passe de mains en mains et ses camarades lui écrivent des petits mots gentils sur le dos de la couverture.
Pendant que Lise est au tableau avec la professeur d'Allemand, Alain se retourne vers Juliette, regarde la photo posée sur le coin du bureau et lui dit :
- c'est à toi ?
- oui !
- Je peux la prendre ?
- oui, bien sûr !
Puis il s'applique à écrire son petit mot. Pendant ce temps, Juliette continue à écouter Lise au tableau et corrige les quelques fautes de son devoir.
Alain rend la photo à Juliette qui lit avec surprise et émotion ces quelques mots "Toi qui as tellement troublé mes longues nuits blanches d'adolescent noyé dans la tristesse et la mélancolie"...
09:51 Publié dans Journal de Juliette | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : journal intime, écriture, culture, études, littérature
vendredi, 06 juin 2008
ANAGRAMME
Marie, qui voudrait votre nom retourner,
Il trouverait Aimer : aimez-moi donc, Marie ;
Votre nom de nature à l'amour vous convie,
Il faut votre jeunesse à l'amour adonner.
(Pierre de Ronsard, Les Amours de Marie)
14:12 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : culture, écriture, littérature, poésie, poèmes
mercredi, 04 juin 2008
LARME
Dieu sait que nous n'avons jamais à rougir de nos larmes, car elles sont comme une pluie sur la poussière aveuglante de la terre qui recouvre nos coeurs endurcis.
(Charles DICKENS, Les Grandes Espérances)
09:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : littérature, écriture, livre, culture
mardi, 03 juin 2008
VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT
Depuis longtemps, je n'étais retourné à Rancy. Tant qu'à être traqué par le cauchemar, je me demandais s'il ne valait pas mieux aller faire un tour de ce côté, d'où tous les malheurs venaient, tôt ou tard ... J'en avais laissé là-bas derrière moi des cauchemars... Essayer d'aller au-devant d'eux pouvait à la rigueur passer pour une espèce de précaution ... Pour Rancy, le plus court chemin, en venant de Vigny, c'est de suivre par le quai jusqu'au pont de Gennevilliers celui qui est tout à plat, tendu vers la Seine. Les brumes lentes du fleuve se déchirent au ras de l'eau, se pressent, passent, s'élancent, chancellent et vont retomber de l'autre côté du parapet autour des quinquets acides. La grosse usine des tracteurs qui est à gauche se cache dans un grand morceau de nuit. Elle a ses fenêtres ouvertes par un incendie morne qui la brûle en dedans et n'en finit jamais.
(Louis Ferdinand CELINE)
10:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : littérature, écriture