dimanche, 17 février 2008
LES VEUVES (BAUDELAIRE)
Avez-vous quelquefois aperçu des veuves sur ces bancs solitaires, des veuves pauvres ?
Quelles soient en deuil ou non, il est facile de les reconnaître. D'ailleurs, il y a toujours dans le deuil du pauvre quelque chose qui manque, une absence d'harmonie qui le rend plus navrant. Il est contraint de lésiner sur sa douleur.
Le riche porte la sienne au grand complet.
Quelle est la veuve la plus triste et la plus attristante, celle qui traîne à sa main un bambin avec qui elle ne peut pas partager sa rêverie, ou celle qui est tout à faire seule ? Je ne sais ... Il m'est arrivé une fois de suivre pendant de longues heures une vieille affligée de cette espèce ; celle-là roide, droite, sous un petit châle usé, portait dans tout son être une fierté de stoïcienne.
Elle était évidemment condamnée, par une absolue solitude, à des habitudes de vieux célibataire, et le caractère masculin de ses moeurs ajoutait un piquant mystérieux à leur austérité.
22:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : Poésie, écriture, littérature, poèmes, livres
lundi, 11 février 2008
UN COEUR QUI BAT
J'attends le printemps
Impatiente en guettant
Le moindre clair instant
De chaleur ambiant
La verdure est présente,
Les fleurs sont absentes
La sève monte en moi
J'ai trop le coeur qui bat
Devant moi si sérieux
Tu murmures des mots
A mon oreille aussitôt
Je rêve à nous deux
Je te veux dans mes bras
La sève monte en moi
Déjà tu n'es plus là
J'ai jeté mes bras
Dans le lit vide de toi
Tu ne reviendras pas
Ailleurs que dans mes rêves
Déjà le jour se lève.
22:17 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : poésie, poèmes, culture, écriture, journal intime, littérature
jeudi, 10 janvier 2008
DIFFERENCE
Quelle est la différence entre le romancier et l'écrivain ?
Si cela vous intéresse de participer au débat, rendez-vous ici :
Quelques citations :
Le hasard est le plus grand romancier du monde, pour être fécond, il n'y a qu'à l'étudier.
(Blazac, La Comédie humaine)
Les grands écrivains, ces rois qui n'en ont pas le nom, mais qui règnent véritablement par la force du caractère et la grandeur des pensées, sont élus par les évènements auxquels ils doivent commander.
(Robert de Lamennais)
14:55 Publié dans Jeux | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : écriture, jeu, culture, littérature
mercredi, 12 décembre 2007
JE VOUS RACONTE
Etant enfant, j'avais participé à un jeu télévisé et j'avais gagné un beau livre de contes pour enfants. Je vais vous raconter une des histoires...
Il y avait une fois un prince qui voulait épouser une princesse, mais une princesse véritable. Il fit donc le tour du monde pour en trouver une, et, à la vérité, les princesses ne manquaient pas ; mais il ne pouvait jamais s'assurer si c'étaient de véritables princesses ; toujours quelque chose en elles lui paraissait suspect. En conséquence, il revint bien affligé de n'avoir pas trouvé ce qu'il désirait.
Un soir, il faisait un temps horrible, les éclairs se croisaient, le tonnerre grondait, la pluie tombait à torrents ; c'était épouvantable !
Quelqu'un frappa à la porte du château et le vieux roi s'empressa d'ouvrir.
C'était une princesse. Mais grand Dieu ! comme la pluie et l'orage l'avaient arrangée ! L'eau ruisselait de ses cheveux et de ses vêtements, entrait dans ses souliers, et sortait par le talon. Néanmoins, elle se donna pour une véritable princesse.
"C'est ce que nous saurons bientôt !" pensa la vieille reine. Puis, sans rien dire, elle entra dans la chambre à coucher, ôta toute la literie, et mit un pois au fond du lit. Ensuite, elle prît vingt matelas, qu'elle étendit sur le pois, et encore vingt édredons qu'elle entassa par-dessus les matelas.
C'était la couche destinée à la princesse. Le lendemain matin, on lui demanda comment elle avait passé la nuit.
"Bien mal ! répondit-elle ; à peine si j'ai fermé les yeux de toute la nuit : Dieu sait ce qu'il y avait dans le lit ; c'était quelque chose de dur qui m'a rendu la peau toute violette. Quel supplice !".
A cette réponse, on reconnut que c'était une véritable princesse, puisqu'elle avait senti un pois à travers vingt matelas et vingt édredons. Quelle femme, sinon une princesse pouvait avoir la peau aussi délicate ?
Le prince, bien convaincu que c'était une véritable princesse, la prit pour femme, et le pois fut placé dans le musée où il doit se trouver encore.
14:12 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : Souvenirs, écriture, contes, culture, littérature
lundi, 30 juillet 2007
FEUILLE, FEUILLES ....
DEUX POEMES SUR LES FEUILLES.
DEUX POEMES DIFFERENTS, DEUX MANIERES D'EN PARLER....
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
Mon poème écrit hier soir :
FEUILLES
Des feuilles tristes et usées
D'avoir tant bataillé
Contre un soleil desséchant
Certains jours de grand vent
Tombent sur le sol épuisées
Elles sont toutes recroquevillées.
-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-
-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-
Un poème d'AMBROISE
LA FEUILLE
Un coup de crayon noircit la feuille
Elle tombe de l'arbre
Et virevolte dans la noirceur
De l'immensité planétaire
Au grès du plaisir du vent
Pour finir sa course
Sur l'eau stagnante et vaseuse
D'un lac en terre éloigné.
Texte tiré de son livre DERIVES URBAINES (100 pages - Edition 2007 - Prix : 10 euros) que vous pouvez vous procurer sur son site : http://ambroise.hautetfort.com
14:17 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Poésie, poèmes, écriture, journal intime, livres, blogs, littérature
samedi, 07 juillet 2007
LES LIVRES NOUS CHARMENT
"Les livres nous charment jusqu'à la moelle, nous parlent, nous donnent des conseils et sont unis à nous par une sorte de familiarité vivante et harmonieuse".
PETRARQUE, ( Lettres).
21:07 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : Culture, écriture, littérature, livres
mercredi, 06 juin 2007
LES CEVENNES, OU C'EST ?
Les Cévennes, où c'est ?
Voila ce que tente d'expliquer "Cherchemidi", Léon Larguier, dans le livre que J.P. CHABROL a écrit : LES REBELLES.
"Avant même d'être devenu "Cherchemidi", Léon Larguier s'était fabriqué une série de réponses toutes prêtes, une sorte de "tirade du nez", du pied de nez !
Vulgarisateur : vous voyez le Massif Central, vous voyez la Méditerranée ? A mi-chemin, par le chemin le plus court, la ligne droite ...
Consolant : Vous connaissez Nimes ? Bien sûr. Quand vous quittez la "Cité romaine" en direction du nord-est, avant d'arriver au Puy (vous connaissez Le Puy ? Naturellement !), vous traversez tout un troupeau de montagnettes désolées, quelques hameaux dépeuplés que personne ne connaît ... Une grande ville, pour vous fixer les idées ? Attendez ... attendez ... Non, il n'y a pas de grande ville dans les Cévennes. Les Cévennes sont ce désert où personne ne passe, dont personne ne parle ... vous voyez : il n'y a pas de honte...
Anatomique : Les Cévennes, c'est quand le Massif Central met les pieds dans le plat. Ce sont ses gros orteils qui se tendent vers la Méditerranée, pour voir si l'eau est bonne entre Sète et Marseille.
Touristique : au lieu de foncer à tombeau ouvert sur la grand-route bleue, prenez donc à droite, après Moulins. Si vous connaissez déjà la Côte d'Azur, il y a un endroit où vous aurez envie de vous arrêter, cet endroit, c'est les Cévennes...
Superbe : Les Cévennes ? mais c'est le petit pays devant lequel le Roi Soleil dut mettre les pouces !
Cuistre : "Quod se Cevenna ut muro munitos existimabant ..." Relisez donc Caesar ! De Bello Gallico, livre VII, chapitre VIII ...
Et bien d'autres, hélas ! devenues machinales, dont il était le premier fatigué, si bien qu'il lui arrivait de répondre : je ne vous le dirai pas ! si trop de gens le savaient, les Cévennes ne seraient plus ce qu'elles sont !
Et puis, ailleurs qu'au pays, les gens étaient toujours trop pressés. On n'avait pas le temps de se répondre vraiment.
Les Cévennes ne se présentent pas par téléphone.
Mais, insensiblement, devenant Cherchemidi, Léon Larguier finissait par oublier lui-même ses Cévennes, il n'avait plus, devant la fameuse question, le sursaut cévenol fait de pudeur et d'orgueil. Pour un Cévenol, parler de sa Cévenne, c'est parler de la vie, du pêché, de la mort, de la vie éternelle, de la responsabilité, de la mort à attendre, de la mort à recevoir, de la mort à donner aussi, parfois... La Cévenne, c'est une confidence."
06:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Culture, écriture, littérature
mercredi, 21 mars 2007
GUITARE ET LITTERATURE (1)
Si l'on met de côté les biographies et autobiographies de guitaristes célèbres, la guitare et ses instrumentistes ne semblent pas fournir aux écrivains une inépuisable source d'inspiration ! Jazzmen, mais aussi pianistes romantiques sembleraient mieux côtés que le guitariste et sa guitare, que l'on trouve souvent à un moment de l'intrigue pour décrire un milieu d'artistes ou camper un cadre. F. Morris dans THE OCTOPUS en 1901, décrit des Hispano-Américains à Guadalajara "traînant du saloon au restaurent et du restaurant à la plaza, vestiges d'une génération précédente, représentants d'un ordre des choses différent, totalement oisifs, vivant heureux avec leur cigarette, leur guitare, leur verre de mescal et leur sieste".
Et A. CARPENTIER, dans Concerto baroque en 1974, fait appel à la guitare comme élément du cadre mexicain qui marque le début du roman : "pour se mettre dans l'ambiance, le domestique prit sa guitare de Paracho et se mit à chanter les aubades du Roi David avant d'aborder les chansons du jour".
Mais de toute façon, guitare et guitaristes n'ont d'existence littéraire un peu conséquente que dans les oeuvres issues d'une société dans laquelle la guitare à une existence significative et la littérature un contact avec la réalité. Littérature de la "beat génération", du folk ? Non, ou si peu, au hasard de lignes de Jack KEROUAC, Léonard COHEN ou Wooody GUTHRIE. L'Angleterre punk ou rock ... peu aussi rejoignant en cela une certaine tradition "poétique" de la chanson française (BRASSENS, DUTEIL...).
Nous irons donc chercher en Espagne la première et la plus conséquente présence littérature de la guitare.
CASTILLANE ET ANDALOUSE
La présence de la guitare dans la littérature espagnole est systématiquement liée à l'évocation de la musique et des danses populaires andalouses, très souvent assimilées à la culture gitane. Ainsi, l'instrument subit-il les vicissitudes des rapports entre les intellectuels ibériques et le sud de la péninsule : alternativement, l'austère Vieille-Castille ou la sensuelle Andalousie dominent les forces politiques et les valeurs artistiques du moment, entraînant dans leur triomphe le rejet ou l'exaltation de la culture andalouse, de ses chants et de la guitare.
La première grande référence que nous possédons concernant la guitare dans la littérature espagnole nous est fournie par CERVANTES. Son oeuvre maîtresse, DON QUICHOTTE, reste muette sur ce point. Même les NOUVELLES EXEMPLAIRES évitent ce thème, à l'exception de la Gitanilla, dont le personnage principal, Preciosa, est une jeune chanteuse et danseuse. Par contre, les entremeses et les comédies de CERVANTES abondent en notations sur le rôle de la guitare dans la musique populaire de l'époque.
L'instrument paraît indispensable pour l'accompagnement des danses (La Eleccion de los Alcades de Daganzo et Pedro de Urdemalas). Dans cette dernière oeuvre, Maldonado, "comte" des gitans, adresse ses encouragements aux danseuses.
Dans le "Prologue au lecteur" de ses comédies, CERVANTES écrit que derrière la vieille couverture qui sert de rideau se tiennent les musiciens chantant sans guitare quelque ancienne romance. Cette coutume opposait d'ailleurs les gitans aux Andalous pour lesquels la guitare était l'accompagnement quasi obligatoire du chant.
A la mort de CERVANTES (1616), l'Espagne est entrée dans l'austérité morale imposée par ses monarques, depuis Charles QUINT et son petit-fils, Philippe II. Dès lors, le peuple et les gitans ne sont plus à la mode et il faudra attendre les débuts d'une législation plus "éclairée", à la fin du XVIIIè siècle, pour voir réapparaître une littérature s'attachant à la description des traditions populaires.
Les Cartas marruecas de José Cadalso, écrivain gaditain, publiées en 1774, sont à l'origine d'une longue série d'oeuvres littéraires folkloriques.
Dans la lettre n° 7, Nuno, qui représente l'auteur, prétend stigmatiser la licence des moeurs de la jeunesse de l'époque et prend pour cible une réunion dans une taverne sur la route de Cadix.
On trouverait dans de nombreuses autres oeuvres mineures de la première moitié du XIXè siècle l'association entre la guitare et ces réunions spontanées qui rappelent le carnaval et les rites païens. Mais apparaît vers la même époque un autre personnage : le rebelle populaire, souvent un contrebandier ; la guitare est souvent sa confidente et devient cette fois personnage tragique. Dans El Diablo Mumdo, de ESPRONCEDA, publié vers 1840, le personnage principal apprend en prison à jouer de la guitare.
Dans ses Poesias andaluzas en 1841, Tomas RODRIGUEZ Y DIAS RUBI met lui aussi en scène des bandits-héros populaires environnés de guitares.
Même adéquation de la guitare tragique et de la délinquance-protestation sociale dans Cuentos et romances andaluces de Manuel MARIA DE SANTA ANA, publiés en 1844 et dont succès provoqua une réédition en 1869. Contrebandiers, voleurs, vagabonds, prostituées ... se rencontrent dans le cadre traditionnel de la taverne.
L'Andalousie est d'ailleurs à cette époque à la mode dans toute l'Europe. Les souvenirs de voyages laissés par les Anglais, Georges B0RROW et Richard FORD, l'Italien Carlo DEMBROWSKI, les Français Prosper MERIMEE, Théophile GAUTIER, Alexandre DUMAS notent tous l'omniprésence de la guitare.
Une telle attention des écrivains pour la guitare et la musique populaire andalouses correspondait à un véritable engouement du public. Mais, dans la seconde moitié du XIXè siècle, l'abus fut tel et servit de prétexte à des oeuvres d'une si piètre valeur que les intellectuels réagirent violemment contre cette nouvelle mode littéraire.
Dès 1856, dans son prologue à Souvenirs et beautés de l'Espagne, MADRAZO signale que le thème des coutumes andalouses est épuisé et provoque le dégoût. Des auteurs comme Armando PALACIO VALDES et Leopoldo ALAS CLARIN partagent ce sévère jugement, qui se transforme en hostilité déclarée chez les écrivains de la génération de 1898.
La guitare retourne aux oubliettes de la littérature ibérique. Cest que la situation n'est plus propice aux fêtes, ni à la contestation : désastres coloniaux, misère dans les campagnes, révoltes et répressions partout.
Il faudra attendre l'explosion d'espoir des premières années de la République espagnole pour que les écrivains redécouvrent la culture populaire, et avec elle la guitare.
Les poètes, surtout, sauront exprimer ce nouveau visage de la guitare.
(à suivre)
(Editions Atlas "Ma guitare")
06:50 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Culture, littérature, musique, guitare
jeudi, 04 janvier 2007
LA PIQURE DU DESIR
Nous nous tenions la main.
Je sentais la piqûre du désir
S'enfoncer dans mon coeur énervé.
Et le désir croissait, de se sentir observé.
Oh ! l'âpre volupté que le danger procure !
(Jean Richepin, Les Caresses)
23:18 Publié dans Citations | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Culture, citation, litterature, amour, poésie
lundi, 09 octobre 2006
LES POEMES GERMENT DANS LES TETES
Michel BUTOR, 80 ans, écrivain, nous dit à quoi sert la poésie (ce dont nous avons déjà parlé sur ce blog).
"Dans ma tête, les poèmes germent surtout le matin, quand je vais me promener dans les bois avec mon chien. Je les griffonne sur de petits carnets Rhodia n° 12, puis je les retravaille sur l'ordinateur. Quelle peut être l'utilité de la poésie, dans un monde où la dictature de l'image tend à la bâillonner ? Je pense qu'elle doit justement lutter contre cette dictature-là, omniprésente, sournoise. Plus que jamais, la poésie a un devoir de résistance, mais elle a bien d'autres missions. Je crois d'abord qu'elle a une mission d'éveil. Elle nous aide à trouver une nouvelle spiritualité, à forger de nouvelles mythologies afin de proposer une alternative aux discours religieux actuels lesquels sont de plus en plus monolithiques, voire intégristes. Mais la poésie a une autre mission essentielle elle aussi : parce qu'elle est invention, surtout sur le plan musical, elle ajoute aux mots de tous les jours des éléments nouveaux qui les transforment, les décapent et les purifient en les détournant de leur usage routinier. La poésie sert à faire évoluer notre langage. Enfin, parce qu'ils travaillent dans le pluriel de l'imaginaire, la polyphonie et la fantaisie, les poètes tracent des chemins buissonniers qui permettent d'éviter les écueils du dogmatisme. J'ajouterais enfin qu'ils ne gagnent pas d'argent et que cette image est très subversive dans un monde où le fric est devenu un dieu."
12:06 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Culture, poésie, littérature