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jeudi, 09 mai 2019

LE THE (Théodore de BANVILLE (1823-1891)

Miss Hellen, versez-moi le Thé

Dans la belle tasse chinoise,

Où des poissons d'or cherchent noise

Au monstre rose épouvanté.

J'aime la folle cruauté

Des chimères qu'on apprivoise :

Miss Hellen, versez-moi le Thé

Dans la belle tasse chinoise.

Là sous un ciel rouge irrité,

Une dame fière et sournoise

Montre en ses longs yeux de turquoise

L'extase et la naïveté ;

Miss Hellen, versez-moi le Thé.

 

(Théodore de Banville est né à Moulins. Venu à Paris à l'âge de 7 ans, ce fils d'aristocrates républicains refusant l'ordre bourgeois, cette "apothéose de l'épicerie", affirme très tôt son engouement pour la poésie. Il imite les genres poétiques moyenâgeux, écrit des pièces de théâtre en vers. Sur la fin de sa vie, la prose l'emporte sur la poésie).

 

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mercredi, 20 février 2019

LE PARESSEUX (Marc-Antoine de SAINT-AMANT)

Accablé de paresse et de mélancolie,

Je rêve dans un lit où je suis fagoté,

Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,

Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.

Là, sans me soucier des guerres d'Italie,

Du comte Palatin, ni de sa royauté,

Je consacre un bel hymne à cette oisiveté

Où mon âme en langueur est comme ensevelie.

Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,

Que je crois que les biens me viendront en dormant,

Puisque je vois déjà s'en enfler ma bedaine,

Et hais tant le travail, que, les yeux entr'ouverts,

Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine

Ai-je pu me résoudre à t'écrire ces vers.

 

http://www.unjourunpoeme.fr/auteurs/saint-amant-marc-anto...

 

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samedi, 09 février 2019

L'ALPHABET DE L'AMOUR

A comme amour

On le trouve toujours

B comme baiser

Envie de t'embrasser

C comme coeur

Je te connais par coeur

D comme ton prénom

Je ne dis pas non

E comme équilibre

Je te laisse libre

De me choisir 

Ou de partir

F comme frissons

Quand on perd la raison

G comme gourmands

Nous sommes amants

H comme heures

Celles du bonheur

I comme intérieur

L'amour est à l'intérieur

J comme jouer

L'amour n'est pas jouer

K comme K.way

Sous la pluie on marchait

L comme lune

Je suis dans la lune

M comme miroir

Me renvoie notre histoire

N comme nuptial

Je marche sous le vitrail

O comme or

Le monde doux dehors

P comme pardonner

Je t'ai tout pardonné

Q comme quotidien

Le mien est lié au tien

R comme recette

Il n'y a pas de recette

S comme souvenirs

Les meilleurs à retenir

T comme toujours

On s'aime nuit et jour

U comme unis

Jusqu'à l'infini

V comme vie

Celle que l'on vit

W comme wagon

A la gare on se cherchait

X comme Xérès

L'amour et le vin jusqu'à l'ivresse

Y comme yeux

Les tiens sont bleus

Z comme Zanzibar

Trouvés par hasard.

(mai 2006).


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mercredi, 09 janvier 2019

NUIT BLANCHE (Albert SAMAIN - Au Jardin de l'Infante)

Cette nuit, tu prendras soin que dans chaque vase

Frisonne, humide encore, une gerbe de fleurs.

Nul flambeau dans la chambre - où tes chères pâleurs

Se noieront comme un rêve en des vapeurs de gaze.

Pour respirer tous nos bonheurs avec emphase,

Sur le piano triste, où trembleront des pleurs,

Tes mains feront chanter d'angéliques douleurs

Et je t'écouterai, silencieux d'extase.

Tels nous nous aimons, sévères et muets.

Seul, un baiser parfois sur tes ongles fluets

Sera la goutte d'eau qui déborde des urnes.

Oh soeur ! et dans le ciel de notre pureté

Le virginal Désir des amours taciturnes

Montera lentement comme un astre argenté,

Ton souvenir est comme un livre bien aimé,

Qu'on lit sans cesse, et qui jamais n'est refermé,

Un livre où l'on vit mieux sa vie, et qui vous hante

D'un rêve nostalgique, où l'âme se tourmente.

Je voudrais, convoitant l'impossible en mes voeux,

Enfermer dans un vers l'odeur de tes cheveux ;

Ciseler avec l'art patient des orfèvres

Une phrase infléchie au contour de tes lèvres ;

Emprisonner ce trouble et ces ondes d'émoi

Qu'en tombant de ton âme, un mot propage en moi ;

Dire quelle mer chante en vagues d'élégie

Au golfe de tes seins où je me réfugie ;

Dire, oh surtout ! tes yeux doux et tièdes parfois

Comme une après-midi d'automne dans les bois ;

De l'heure la plus chère enchâsser la relique,

Et, sur le piano, tel soir mélancolique,

Ressusciter l'écho presque religieux

D'un ancien baiser attardé sur tes yeux.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Samain

 

 

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vendredi, 07 décembre 2018

UN MONDE

Deux visions du monde s'opposent

Les uns annoncent la catastrophe

Le terre étouffe sous les déchets

Et puis les autres à l'opposé

Nous disent qu'il faut avoir confiance

Que nous vivons dans l'abondance

Qui nous ouvre un monde nouveau

Un monde tout nouveau tout beau

Mais la vérité saute aux yeux.

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mardi, 20 novembre 2018

BOUCHONS DU MATIN

Les bouchons du matin

Forment des p'tits boudins

Métalliques et changeants

Sinueux et mouvants.

 

 

(le 12.09.2011)

 

 

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samedi, 17 novembre 2018

Serge REGGIANI récite BAUDELAIRE


mercredi, 31 octobre 2018

LA PLUIE

Quand la pluie retarde les projets

On reste prudent et on guette

Le ciel gris ou noir et les gouttes

En attendant une éclaircie

Comme on est bien chez soi ! Et l'on pense

A demain. On garde le moral

On se déguise pour la fête.

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mercredi, 17 octobre 2018

PETITES FLEURS

Des petites fleurs

Qui font du bien

Dans le jardin

Avant la pluie

Que l'on regarde

Après la pluie

Pour se faire du bien.

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dimanche, 23 septembre 2018

Paul GERALDY : TRISTESSE (extrait du livre TOI ET MOI)

Ton Passé !... Car tu as un Passé, toi aussi !

Un grand Passé, plein de bonheurs et plein de peines.

Dire que cette tête est pleine

De vieilles joies, de vieux soucis,

D'ombres immenses ou petites,

De mille visions où je ne suis pour rien !

Redis-les-moi toutes ces choses cent fois dites.

Tes souvenirs, je ne les sais pas encor bien.

Ah ! derrière tes yeux, cette nuit, ce mystère !

Ainsi c'est vrai qu'il fut un temps où quelque part

Tu gambadais dans la lumière

Avec de longs cheveux épars,

Comme sur ces photographies !

Raconte-moi. C'est vrai ? C'est vrai ?

Tu fus pareille à ce portrait

Où tu n'es même pas jolie ?

Explique. En ce temps-là, qu'est-ce que tu faisais ?

Qu'est-ce que tu pensais ? Qu'est-ce que tu disais ?

Que se passait-il dans ta vie ?

Ce grand jardin a existé, qu'on aperçoit ?

De quel côté était la grille ?

Es-tu sûre que ce soit toi

Cette affreuse petite fille ?

Ce chapeau démodé, ce chapeau d'autrefois,

Fut ton chapeau ? Tu es bien sûre ?

Et toutes ces vieilles figures,

Ce sont les gens qui te connurent

Avant moi ?

C'est à ces gens que tu dois ton premier voyage,

Ta première nuit dans un train,

Ta première forêt, et ta première plage ?

C'est eux qui t'ont donné la main,

Et qui t'ont prêté leur épaule,

Et qui t'ont dit : "Regarde là ?..."

Hélas ! pourquoi tous ces gens là

Ne m'ont-ils pas laissé un rôle ?

J'aurais tant aimé t'emporter

Loin, toute seule, et t'inventer

De merveilleux itinéraires !

Je t'aurais révélé les soirs et les étés,

Appris le goût des longues routes solitaires,

Et dit les noms des beaux villages aperçus.

Je t'aurais présenté la Terre.

Je crois que j'aurais très bien su.

Et de tant d'horizons splendides,

De tant de villes, de pays,

Peut être aurait-il rejailli

Un peu de gloire sur le guide...

Ah ! tous ces gens, petit chéri,

Savent-ils bien ce qu'ils m'ont pris ?

C'est fini. L'on n'y peut rien faire.

C'est l'irréparable. Voilà.

Et cependant tous ces gens là

Ont l'air de gens très ordinaires.

Sois certaine qu'entre nous deux,

Si nous sentons aussi souvent des différences,

Ce n'est qu'à cause d'eux, oui, d'eux,

Qui, sous prétexte de vacances,

Te menèrent de-ci, de-là,

Et mirent leur empreinte, avant moi, sur ta vie...

Ne pensons plus à tout cela.

Range-moi ces photographies.

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