Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 27 décembre 2022

NOEL 1914 DANS LES TRANCHEES

Extrait du Journal de guerre de mon grand-père Arthur.

J'ai publié son Journal de guerre intégralement dans mon livre ARTHUR et MADELEINE paru chez TheBookEdition en 2012.

noël,tranchées,guerre 14-18,argonne,verdun,première guerre mondiale,grand-père,arthur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"On repart aux Islettes le 21 novembre au matin. La neige tombe et tout le long du chemin on la reçoit en flocons serrés. Cela empêche les avions et les obus. C’est tout ce que l’on demande. On est vacciné pendant ce temps contre la typhoïde et beaucoup sont malades. Nous reprenons notre vie de famille avec le père Guillemin. Mais elle fût de courte durée.

Le 28 on repartait en réserve à la maison forestière où on travaille à faire des abris à la sapinière. Dans la nuit du 1er au 2 décembre, on reprenait les avant-postes à la Haute Chevauchée. Les tranchées sont près de celles de l’ennemi et pour aller au Commandant il faut suivre de longs boyaux sinueux et pendant la route les balles affluent. Leplus va souvent au court et je lui donne les rapports. Le Capitaine malade est resté aux Islettes et c’est le Lieutenant Kern qui reprend le commandement. Quelle barbe ! Toute la journée il ne cherche qu’à ennuyer tout le monde. Je m’y fais quand même. Tous les soirs avec Leplus, Rivière et Clément on se fait le chocolat au lait et on s’amuse bien malgré la proximité des boches. On fume des pipes, on fait des manilles. L’on passe ainsi le temps sauf quand Kern nous ennuie. Quelle vie que celle des tranchées. Il pleut et on est plein de boue. Toujours enterrés sans relâche. Quelle vie. Leplus connaît très bien l’Abbé Hazard et on cause ainsi comme de vieilles connaissances. Il a été son élève à l’école St Joseph. Leplus est sans nouvelles de sa famille depuis le début. Il est avocat à Lille. Quel bon chrétien !

On revient à la Sapinière les 10 et 11. On repart au 31ème (Soutrens) et arrivée le soir. La nuit se passe sous la pluie, une nuit noire sous les balles. Laudin est tué, 3 sont blessés.

Le lendemain on continue les tranchées sous la pluie. On est relevés le 13 et on repart à la Sapinière. On se repose. Arrive Raymond et des engagés et volontaires. Je suis content de revoir mon chef-adjudant Pecquemal. La cuisine est bonne, on se repose. A la source on fait le nettoyage.

Aux avant-postes le 17, première journée et embêtement avec Kern. On construit une casemate. On passe les soirées avec les agents de liaison. Dans les tranchées, la pluie et la boue. Leplus part aux éclaireurs. On bombarde les tranchées ennemies, des tranchées de 20 lignes. On joue aux cartes le soir, on fait des manilles.

Le 23 décembre, on pose des fils de fer à 5 sur la Haute Chevauchée. On entend le sifflement des balles.

Nous sommes relevés le 26, après le Réveillon du 24 où l’on boit du chocolat et où l’on rigole. En réserve au poste du Commandant, on fait les corvées. On se réveille à 6 heures. Il rentre tous les jours du ravitaillement et on a de nouveau des ennuis avec Kern.

Le 31, Kern part et Raymond est nommé sous-lieutenant. Nous sommes contents du départ de Kern. Mais en ce dernier jour de 1914, les corvées sont arrosées d’obus. Vermeren est tué et on a des blessés dans la tranchée ".

(Photos d'une feuille de houx que mon grand-père Arthur avait gardée dans un tiroir, en souvenir de NOEL 1914)

noël,tranchées,guerre 14-18,argonne,verdun,première guerre mondiale,grand-père,arthurnoël,tranchées,guerre 14-18,argonne,verdun,première guerre mondiale,grand-père,arthur

 

 

vendredi, 16 juillet 2021

AOUT 1914 (extrait du Journal de guerre de mon grand père Arthur)

Le 21 août, on reçoit des ordres. On doit
partir à Loison et on se met en route vers 6
heures du matin. Aussitôt sortis du village,
on prend les positions du combat en ordre
déployé, mais il n’y a rien. On prend la route
vers Longuyon-Louvrois et on doit aller
cantonner à Musson (Belgique). 
Au début, on nous distribue des trousses de
cartouches. J’en ai pour ma part 264
représentant ainsi 10 kilos. La route est
sinueuse, le terrain est accidenté. La brume
tombe. On encadre un groupe d’artillerie et
tout le corps d’armée suit. On commence à
fatiguer. Le long de la route avant
Longuyon, on voit l’éclipse de soleil (21 août
1914). On fait la grande halte mais on n’a
que 40 minutes pour faire le café. Les
Allemands sont passés avant nous et ont
tout pillé. Ils ont pris les chevaux des
cultivateurs, empêchant ainsi la fauchaison
des récoltes. On arrive à Longuyon vers
midi. La ville est coquette, gentille. Elle a
subi l’invasion allemande quelques jours.
Aussi les habitants sont-ils heureux de nous
voir. La ville est dans un bas fond et la
colonne remonte la côte de l’autre côté. Elle
est bien dure et on a chaud. Au bas passe la
voie ferrée, la Meuse. La ville se trouve
entre les deux hauteurs et le paysage est
beau. Les habitants nous font un accueil
enthousiaste. Ils nous offrent de la bière, du
café, du pain, du chocolat, des allumettes,
des cigares, du tabac, du sucre. Des jeunes
filles nous donnent des fleurs. On se dirige
vers Longwy. La côte est bien dure et
longue. On la monte péniblement. Depuis le
matin la canonnade se rapproche. Les
Allemands assiègent Longwy et réduisent la
ville depuis plusieurs jours mais elle tient et
ne se rendra que vers le 26 août. On
commence à rencontrer les premiers
immigrants. Avec cela la fatigue croît, on n’a
pas mangé et voilà 12 heures que l’on
marche sans repos. L’orage se déchaîne. La
pluie tombe. On arrive vers 7 heures à
Cosnes (Meurthe et Moselle). On signale les
boches. On passe dans un ravin où la
colonne se masse. Le 46ème est parti avant le
combat déjà et on voit les tirailleurs
repousser les Allemands à travers les
champs où la récolte est coupée. Tout à
coup on demande 2 Compagnies pour aider
le 46ème. On traverse le village et on y va.
On se déploie en tirailleurs dans les champs
bourbeux. La nuit tombe. En face de nous la
fusillade crépite vers un bois noir. Derrière
ce bois, le 46ème se bat à la baïonnette dans
le village. Sur notre droite, on perçoit le
bruit de leurs marmites se dirigeant sur
Longwy. La ville est en feu et à chaque
détonation du brasier immense, partout des
étincelles qui montent jusqu’au ciel. Les
flammes montent jusqu’aux nuages qui
passent vite et au bas c’est sinistre.
Tout à coup arrive un ordre : aider le 46ème à
prendre le village d’assaut. Terrible
angoisse. Mais au bout d’une demi-heure on
nous dit : « demi-tour ». On rentre. De
partout c’est un immense soulagement. On
part hâtivement malgré la nuit, la fatigue,
les guérets, la pluie. Nuit noire où on n’y
voit rien. 9 heures et demi : l’incendie est
sinistre. Halte, on se couche, on attend 10
heures, vagues cris insolites… dans les
champs d’avoine. Baïonnette au canon, des
patrouilles circulent. Tout à coup « Halt, wer
da ? ». C’est une sentinelle allemande qui
nous a entendus et qui nous lâche 3 balles.
On se couche complètement. On attend.
A 11 heures enfin on repart sur Cosne. On
rentre dans la nuit. On se couche exténués
après avoir fait 45 kms sans manger, levés
depuis 3 heures. On loge dans une grange.
Pendant ce temps la fermière nous fait une
soupe à l’oignon que l’on mange avec
avidité. Il pleut… on se met dans le foin et
l’on s’endort, la fatigue aidant, malgré nos
vêtements mouillés, pendant que les balles
tirées par des patrouilles sifflent et crépitent
sur les tuiles et les murs. Nous dormons
exténués. La fatigue a vaincu l’angoisse que
nous inspire le lendemain.
Ainsi le 5ème corps se heurtait à l’armée qui
envahissait le Luxembourg et qui occupait
Arlon et Virton depuis le 9 août. Cette
armée était composée de 4 corps d’armée et
était bien plus nombreuse que notre armée
composée des 4ème, 5ème et 6ème corps vers le
24 août.
Le général commandant le 5ème corps ainsi
que celui commandant la Division étaient
mis en disponibilité le 23 août, lendemain du
jour du 1er combat, pour avoir donné
l’offensive trop tôt ce qui a amené le
déclenchement de ce côté de cette lutte
terrible qui se poursuit encore actuellement.
Le 22 août : à 2 heures debout. Les balles
tombent toujours. L’émotion est très grande
dans la nuit. On part sur les hauteurs vers la
droite que nous occupions la veille. Longwy
brûle toujours. Des nuages rapides
emmenés par le vent déjà violent filent au
ciel vers le sud. Enfin l’aube vient, le ciel est
rouge. Dans les avoines, on n’observe rien.
Au loin quelques coups de fusil. Le petit jour
vient. Le 46ème aux avants-postes donne le
refrain. Les bois se dessinent toujours parmi
les champs d’avoine. La brume se lève,
matinale. Plus rien. On attend environ une
heure. Enfin l’ordre de partir en Belgique.
On part à travers les champs de trèfle et
d’avoine. La rosée tombe et pénètre dans
les souliers. On est arrivés à Romain. On
marche en colonne de Compagnies à travers
les champs. On arrête à 100 mètres du
pays. Halte. On se repose. On attend. Tout à
coup, les balles pleuvent. On se couche sur
le chemin. J’en profite pour me glisser
derrière un tas de cailloux. Plusieurs balles
tapent derrière moi sur le chemin et passent
en sifflant dans les orties dont est bordé le
chemin. Je bondis jusqu’à la 1ère maison et
je me mets à l’abri avec tous ceux qui y sont
déjà.
Les chefs ne savent plus, perdent la tête.
Pour comble on n’a pas d’éclaireurs.
Certains disent que c’est le 2ème bataillon qui
tire sur nous, d’autres le 46ème. On joue les
refrains des 2 régiments. Nouvelle grêle de
balles. Les gens se cachent dans les
avoines. La fusillade n’arrête pas. On se rue
dans les maisons et quand tout le monde est
rentré, là horreur ! Terrible méprise ! Le
46ème tirait sur nous. Cela nous a coûté 2
morts et 5 blessés restés sur le terrain. On
rassemble. Tout le monde est consterné.
Barnier et Arcault sont là pour toujours
enveloppés dans la mort. Nous avons reçu le
vrai baptême du feu par nos propres balles. 
Tout à coup en face : Ploc ! Ploc ! Ploc !
D’autres balles sifflent et ce sont des
boches ! Poubeau monte à la crête à environ
200 mètres du village et nous rapporte son
renseignement. On occupe les 1ères
maisons et les murs de jardins et du
cimetière, et on fait face à l’ennemi.
Plusieurs montent dans les greniers. Je les
suis, mais au moment de tirer par la
lucarne, une balle passe projetant le plâtre
du mur sur la figure, je sens qu’il ne faut
pas insister. Je redescends, je me mets au
mur avec d’autres et, de là, on tire sur les
boches qui paraissent à la crête. Mais
aussitôt ils sont nettoyés. Tous tombent.
C’est un enfer. Les balles sifflent de partout.
Un instant, ils sont descendus à mi-côte tout
près d’un noyer et d’une meule de paille et
on les oblige à remonter la côte sous notre
feu. Ils ne peuvent avancer. Une batterie se
met de la partie et on entend passer nos
obus qui fauchent derrière la crête les
tirailleurs venus des bois voisins. L’ennemi
hésite. Quelques Compagnies du 46ème
passent derrière nous et battent en retraite,
venant de la droite. Tout le monde part et il
ne reste plus au mur que le Lieutenant Kern
avec une dizaine d’hommes. Il nous supplie
de partir mais on n’entend rien. Le bruit est
épouvantable. Je tire sur ceux que je vois
mais je m’arrête bientôt car les cartouches
s’épuisent et je ne peux plus tenir mon fusil
qui me brûle les mains.
La Compagnie est partie par petits paquets.
Tous les officiers sont partis. Seuls au mur,
je reste avec Broquet, Desrosiers, Evrat et
quelques uns de ma section et, quand on
juge la situation intenable, on part chacun
de son côté. Je passe le jardin, saute le mur
et je gagne les champs. Je cours et à
chaque pas les balles me sifflent autour. Ils
me voient bien partir, mais chaque minute
m’éloigne d’eux. Je m’arrête à mi-chemin de
la route de Longuyon-Longwy derrière un
mur et, me croyant sans doute touché, ils
arrêtent leur tir.
Pendant ce temps, un tout petit groupe met
le feu à la première maison mais il est obligé
d’évacuer le pays balayé par les obus. Après
un instant de repos, je reprends la marche
vers une ferme où je retrouve Morlat avec le
cheval du Capitaine. Le 164ème est là aussi et
je reprends la marche vers Cosnes. Ainsi on
a tenu derrière ce petit mur, derrière lequel
j’étais presque sauvé et je ne pouvais m’en
aller. On y est resté de 4 à 12 heures avec
peu de pertes : 5 tués, 10 blessés et 10
disparus causant des pertes sérieuses au
régiment qui nous avait attaqués.
Le corps d’armée débordé bat en retraite
vers Longuyon.
Nous restons arrière-garde sur le terrain de
Cosnes que nous quittons vers 6 heures.
Pendant ce temps, les marmites tombent
sur le plateau et le ravin où s’est produit le
rassemblement du corps d’armée parti
depuis un moment et ils n’en sont pas
avares. La prairie est pleine de trous de ces
percutants et on dirait une immense
passoire. Nous quittons le terrain sans que
les boches semblent nous poursuivre. Le
Bataillon se rassemble avant Longuyon et on
bivouaque. Je ramasse quelques bottes de
paille et je m’étends harassé de fatigue. Je
mange une boite de singe avec des biscuits.
Malgré cela on dort quand même. Dans la
nuit on reçoit des obus de réserve et on
repart sur Longuyon. En route on rencontre
les premiers émigrants fuyant devant
l’invasion et le corps d’armée revient sur ses
pas à Bramont ou abandonne la route à
Longwy pour jeter sur la droite. Là,
l’artillerie se masse et son devoir va être
d’arrêter l’élan de l’Allemand. Nous battons
en retraite du côté de Saint Laurent (sur
Othain). Au fur et à mesure que les masses
allemandes arrivent, elles sont fauchées et
doivent rester sur place sans bouger.

guerre 1914,1ère guerre mondiale,guerre 14-18,bataille,journal de guerre

dimanche, 07 mars 2021

LU HIER DIMANCHE

Lu hier et terminé :

LES DAMNES DE LA GUERRE  de Roger Monclin.

https://www.babelio.com/auteur/Roger-Monclin/225855

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Damn%C3%A9s_de_la_Guerre

livre,auteur,culture,guerre 14-18,roger monclin,écriture

 

lundi, 05 novembre 2018

LES POILUS

Extrait du journal de guerre 1914 de mon grand-père paternel paru dans mon livre ARTHUR ET MADELEINE, chez TheBookEdition

https://www.thebookedition.com/fr/arthur-et-madeleine-p-8...

 

Le 22 août : à 2 heures debout. Les balles tombent toujours. L’émotion est très grande dans la nuit. On part sur les hauteurs vers la droite que nous occupions la veille. Longwy brûle toujours. Des nuages rapides emmenés par le vent déjà violent filent au ciel vers le sud. Enfin l’aube vient, le ciel est rouge. Dans les avoines, on n’observe rien. Au loin quelques coups de fusil. Le petit jour vient. Le 46ème aux avant-postes donne le refrain. Les bois se dessinent toujours parmi les champs d’avoine. La brume se lève, matinale. Plus rien. On attend environ une heure. Enfin l’ordre de partir en Belgique. On part à travers les champs de trèfle et d’avoine. La rosée tombe et pénètre dans les souliers. On est arrivés à Romain. On marche en colonne de Compagnies à travers les champs. On arrête à 100 mètres du pays. Halte. On se repose. On attend. Tout à coup, les balles pleuvent. On se couche sur le chemin. J’en profite pour me glisser derrière un tas de cailloux. Plusieurs balles tapent derrière moi sur le chemin et passent en sifflant dans les orties dont est bordé le chemin. Je bondis jusqu’à la 1èremaison et je me mets à l’abri avec tous ceux qui y sont déjà.

Les chefs ne savent plus, perdent la tête. Pour comble on n’a pas d’éclaireurs. Certains disent que c’est le 2ème bataillon qui tire sur nous, d’autres le 46ème. On joue les refrains des 2 régiments. Nouvelle grêle de balles. Les gens se cachent dans les avoines. La fusillade n’arrête pas. On se rue dans les maisons et quand tout le monde est rentré, là horreur ! Terrible méprise ! Le 46ème tirait sur nous. Cela nous a coûté 2 morts et 5 blessés restés sur le terrain. On rassemble. Tout le monde est consterné. Barrier et Accault sont là pour toujours enveloppés dans la mort. Nous avons reçu le vrai baptême du feu par nos propres balles.

Tout à coup en face : Ploc ! Ploc ! Ploc ! D’autres balles sifflent et ce sont des boches ! Poubeau monte à la crête à environ 200 mètres du village et nous rapporte son renseignement. On occupe les 1ères maisons et les murs de jardins et du cimetière, et on fait face à l’ennemi. Plusieurs montent dans les greniers. Je les suis, mais au moment de tirer par la lucarne, une balle passe projetant le plâtre du mur sur la figure, je sens qu’il ne faut pas insister. Je redescends, je me mets au mur avec d’autres et, de là, on tire sur les boches qui paraissent à la crête. Mais aussitôt ils sont nettoyés. Tous tombent. C’est un enfer. Les balles sifflent de partout. Un instant, ils sont descendus à mi-côte tout près d’un noyer et d’une meule de paille et on les oblige à remonter la côte sous notre feu. Ils ne peuvent avancer. Une batterie se met de la partie et on entend passer nos obus qui fauchent derrière la crête les tirailleurs venus des bois voisins. L’ennemi hésite. Quelques Compagnies du 46ème passent derrière nous et battent en retraite, venant de la droite. Tout le monde part et il ne reste plus au mur que le Lieutenant Kern avec une dizaine d’hommes. Il nous supplie de partir mais on n’entend rien. Le bruit est épouvantable. Je tire sur ceux que je vois mais je m’arrête bientôt car les cartouches s’épuisent et je ne peux plus tenir mon fusil qui me brûle les mains.

26 09 1914.jpg

FEUILLE SOUVENIR NOEL 14 RECTO.jpg

SOUVENIR 1914 1917.jpg

vendredi, 10 novembre 2017

LES POILUS de 1914

Extrait du journal de guerre 1914 de mon grand-père paternel paru dans mon livre ARTHUR ET MADELEINE, chez TheBookEdition

https://www.thebookedition.com/fr/arthur-et-madeleine-p-8...

 

Le 22 août : à 2 heures debout. Les balles tombent toujours. L’émotion est très grande dans la nuit. On part sur les hauteurs vers la droite que nous occupions la veille. Longwy brûle toujours. Des nuages rapides emmenés par le vent déjà violent filent au ciel vers le sud. Enfin l’aube vient, le ciel est rouge. Dans les avoines, on n’observe rien. Au loin quelques coups de fusil. Le petit jour vient. Le 46ème aux avant-postes donne le refrain. Les bois se dessinent toujours parmi les champs d’avoine. La brume se lève, matinale. Plus rien. On attend environ une heure. Enfin l’ordre de partir en Belgique. On part à travers les champs de trèfle et d’avoine. La rosée tombe et pénètre dans les souliers. On est arrivés à Romain. On marche en colonne de Compagnies à travers les champs. On arrête à 100 mètres du pays. Halte. On se repose. On attend. Tout à coup, les balles pleuvent. On se couche sur le chemin. J’en profite pour me glisser derrière un tas de cailloux. Plusieurs balles tapent derrière moi sur le chemin et passent en sifflant dans les orties dont est bordé le chemin. Je bondis jusqu’à la 1ère maison et je me mets à l’abri avec tous ceux qui y sont déjà.

Les chefs ne savent plus, perdent la tête. Pour comble on n’a pas d’éclaireurs. Certains disent que c’est le 2ème bataillon qui tire sur nous, d’autres le 46ème. On joue les refrains des 2 régiments. Nouvelle grêle de balles. Les gens se cachent dans les avoines. La fusillade n’arrête pas. On se rue dans les maisons et quand tout le monde est rentré, là horreur ! Terrible méprise ! Le 46ème tirait sur nous. Cela nous a coûté 2 morts et 5 blessés restés sur le terrain. On rassemble. Tout le monde est consterné. Barrier et Accault sont là pour toujours enveloppés dans la mort. Nous avons reçu le vrai baptême du feu par nos propres balles.

Tout à coup en face : Ploc ! Ploc ! Ploc ! D’autres balles sifflent et ce sont des boches ! Poubeau monte à la crête à environ 200 mètres du village et nous rapporte son renseignement. On occupe les 1ères maisons et les murs de jardins et du cimetière, et on fait face à l’ennemi. Plusieurs montent dans les greniers. Je les suis, mais au moment de tirer par la lucarne, une balle passe projetant le plâtre du mur sur la figure, je sens qu’il ne faut pas insister. Je redescends, je me mets au mur avec d’autres et, de là, on tire sur les boches qui paraissent à la crête. Mais aussitôt ils sont nettoyés. Tous tombent. C’est un enfer. Les balles sifflent de partout. Un instant, ils sont descendus à mi-côte tout près d’un noyer et d’une meule de paille et on les oblige à remonter la côte sous notre feu. Ils ne peuvent avancer. Une batterie se met de la partie et on entend passer nos obus qui fauchent derrière la crête les tirailleurs venus des bois voisins. L’ennemi hésite. Quelques Compagnies du 46ème passent derrière nous et battent en retraite, venant de la droite. Tout le monde part et il ne reste plus au mur que le Lieutenant Kern avec une dizaine d’hommes. Il nous supplie de partir mais on n’entend rien. Le bruit est épouvantable. Je tire sur ceux que je vois mais je m’arrête bientôt car les cartouches s’épuisent et je ne peux plus tenir mon fusil qui me brûle les mains.

26 09 1914.jpg

FEUILLE SOUVENIR NOEL 14 RECTO.jpg

SOUVENIR 1914 1917.jpg

 

 

vendredi, 11 octobre 2013

MES VACANCES EN LORRAINE (7)

Ceci est la dernière note de la série concernant mes vacances en Alsace et Lorraine.

 

Jeudi 12 septembre nous nous sommes arrêtés à la Butte de VAUQUOIS où le village a été entièrement détruit pendant les 4 années de combat (1914-1918). Il ne reste que de gros cratères coupant le sommet de la butte. Le lieu sera classé en Zone Rouge après la guerre (munitions et cadavres sous le site). Un nouveau village est reconstruit au pied de cette butte et un monument en hommage aux combattants et morts de Vauquois est réalisé en 1925.

Nous avons ensuite visité le cimetière militaire de VAUQUOIS.

guerre 14-18,saison,écriture,voyages,tourisme,société.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

guerre 14-18,saison,écriture,voyages,tourisme,société.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

guerre 14-18,saison,écriture,voyages,tourisme,société.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

guerre 14-18,saison,écriture,voyages,tourisme,société.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 guerre 14-18,saison,écriture,voyages,tourisme,société.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

guerre 14-18,saison,écriture,voyages,tourisme,société.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous avons repris la route vers DOUAUMONT pour visiter l'ossuaire.

L'ossuaire de DOUAUMONT est une nécropole créée après la bataille de VERDUN. Elle abrite un cloître long de près de 137 mètres avec des tombeaux d'environ 130 000 soldats inconnus allemands et français. En face de cet ossuaire se trouve un cimetière de 16 142 tombes individuelles de soldats français dont un carré de 592 soldats musulmans de l'empire colonial.

Un ossuaire provisoire avait été construit entre 1920 et 1927.

L'ossuaire actuel en béton a été inauguré le 7 août 1932 par Albert LEBRUN, Président de la République à l'époque.

La Tour des Morts, haute de 46 mètres, offre à son sommet une vue panoramique sur les champs de bataille. Le bourdon de la Victoire résonne aux cérémonies importantes et le phare (lanterne des morts) rayonne sur le champ de bataille.

Au 1er étage se trouve le musée de guerre qui comporte des reliques des villages détruits, des vues stéréoscopiques en relief du champ de bataille ainsi que de nombreuses armes.

guerre 14-18,saison,écriture,voyages,tourisme,société.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

guerre 14-18,saison,écriture,voyages,tourisme,société. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus loin, nous nous sommes arrêtés devant le Mémorial de VERDUN à Fleury devant Douaumont, créé en 1967 à l'initiative du Comité National du Souvenir de Verdun, sous l"égide de l'académicien et ancien combattant, Maurice GENEVOIX.

Une collection de nombreux objets personnels découverts dans les tranchées y évoquent la vie quotidienne et le martyre des hommes pendant la Première Guerre Mondiale.

Le Mémorial de VERDUN était fermé pour cause de travaux. Cependant, nous avons pu photographier les canons de 75 exposés devant le Mémorial.

guerre 14-18,saison,écriture,voyages,tourisme,société.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

guerre 14-18,saison,écriture,voyages,tourisme,société.

 

 

 

 

mercredi, 09 octobre 2013

MES VACANCES EN LORRAINE (6)

Mercredi 11 septembre, nous nous sommes arrêtés à LAIMONT (464 habitants environ), près de l'église médiévale Saint Rémy, construite au XVème siècle.

Elle fut bombardée entre le 6 et le 12 septembre 1914.

Dans mon livre, ARTHUR ET MADELEINE, mon grand-père raconte ce qu'il a vu pendant ces quelques jours de septembre 1914.

Le 7, on revient le soir pour passer devant le bois dans les tranchées de Laimont. Le Bataillon n'a presque plus d'officiers et le Lieutenant qui nous conduit se perd. Las d'être menés dans des conditions pareilles, démoralisés, je me laisse choir dans un champ de betteraves avec la section et j'y reste la nuit... Le lendemain 8, le Bataillon est en bas de Laimont. Le bois que nous devons traverser est canonné incessamment et on ne peut pas passer. On nous fait remettre avec le 1er Bataillon et on reste ainsi devant Bussy. La nuit il pleut et on est percé par la pluie. Le Capitaine nous envoie dans le village malgré la canonnade pour nous sécher et nous donne ordre de prendre ce que l'on trouve pour manger ou boire... Un soir, des volées d'obus s'abattent, soit sur Laimont, soit sur les bivouacs repérés par nos aéros à la nuit tombante. L'ennemi cherche à répondre et toute la journée leurs marmites tombent un peu partout. Ils ne peuvent occuper Laimont balayé à tout instant...

Nous sommes dans Bussy qui se démolit peu à peu...

On entre à Laimont les premiers, le 11 au soir. Ce village n'a pu être occupé, quoique presque pas détruit et les caves et les maisons regorgent de nourriture abandonnée par les boches.... 

 

tourisme,saison,guerre 14-18,souvenirs,histoire,culture
















 

 

tourisme,saison,guerre 14-18,souvenirs,histoire,culture

tourisme,saison,guerre 14-18,souvenirs,histoire,culture

tourisme,saison,guerre 14-18,souvenirs,histoire,culture

tourisme,saison,guerre 14-18,souvenirs,histoire,culture

tourisme,saison,guerre 14-18,souvenirs,histoire,culture

lundi, 07 octobre 2013

MES VACANCES EN LORRAINE (5)

Samedi 14 septembre, nous nous sommes arrêtés à ROMAIN pour nous recueillir devant l'ossuaire militaire qui se trouve dans le cimetière civil du village. Inauguré le 31 août 1923, ce monument a été érigé en hommage aux morts du 22 août 1914 (plus de 150 victimes). Deux des habitants de ROMAIN furent également tués pendant la bataille. Après ces combats sanglants, le village fut incendié par les Allemands.

 

Dans mon livre ARTHUR ET MADELEINE, mon grand-père raconte :

"Le 22 août : à 2 h debout. Les balles tombent toujours... Dans les avoines, on n'observe rien. Au loin quelques coups de fusil. Le petit jour vient. Le 46ème aux avant-postes donne le refrain. Les bois se dessinent toujours parmi les champs d'avoine. Enfin l'ordre de partir en Belgique. On part à travers les champs de trèfle et d'avoine... On est arrivés à ROMAIN. On marche en colonne de Compagnies à travers les champs. On arrête à 100 mètres du pays. Halte. On se repose. On attend. Tout à coup, les balles pleuvent. On se couche sur le chemin. J'en profite pour me glisser derrière un tas de cailloux. Plusieurs balles tapent derrière moi sur le chemin et passent en sifflant dans les orties dont est bordé le chemin. Je bondis jusqu'à la 1ère maison et je me mets à l'abri avec tous ceux qui y sont déjà. Les chefs ne savent plus, perdent la tête. Pour comble on n'a pas d'éclaireurs. Certains disent que c'est le 2ème bataillon qui tire sur nous, d'autres le 46ème. On joue les refrains des 2 régiments. Nouvelle grêle de balles. Les gens se cachent dans les avoines. La fusillade n'arrête pas. On se rue dans les maisons et quand tout le monde est rentré, là horreur ! Terrible méprise ! Le 46ème tirait sur nous. Cela nous a coûté 2 morts et 5 blessés restés sur le terrain. On rassemble. Tout le monde est consterné. BARRIER et ACCAULT sont là pour toujours enveloppés dans la mort...

D'autres balles sifflent et ce sont les boches... On occupe les 1ères maisons et les murs de jardins et du cimetière, et on fait face à l'ennemi. Plusieurs montent dans les greniers. Je les suis, mais au moment de tirer par la lucarne, une balle passe projetant le plâtre du mur sur la figure, je sens qu'il ne faut pas insister. Je redescends, je me mets au mur avec d'autres et, de là, on tire sur les boches qui paraissent à la crête. Mais aussitôt ils sont nettoyés. Tous tombent. C'est un enfer. Les balles sifflent de partout. Un instant, ils sont descendus à mi-côte tout près d'un noyer et d'une meule de paille et on les oblige à remonter la côte sous notre feu. Ils ne peuvent avancer....."

histoire,guerre 14-18,région,vacances,lorraine,tourisme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

histoire,guerre 14-18,région,vacances,lorraine,tourisme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

histoire,guerre 14-18,région,vacances,lorraine,tourisme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

histoire,guerre 14-18,région,vacances,lorraine,tourisme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

histoire,guerre 14-18,région,vacances,lorraine,tourisme

dimanche, 09 décembre 2012

MES LIVRES DEDICACES

Si vous souhaitez recevoir mes livres dédicacés, plutôt que de passer par TheBookEdition, contactez-moi en me laissant un commentaire ici ou par mail.

Couverture livre.jpg