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vendredi, 10 novembre 2017

LES POILUS de 1914

Extrait du journal de guerre 1914 de mon grand-père paternel paru dans mon livre ARTHUR ET MADELEINE, chez TheBookEdition

https://www.thebookedition.com/fr/arthur-et-madeleine-p-8...

 

Le 22 août : à 2 heures debout. Les balles tombent toujours. L’émotion est très grande dans la nuit. On part sur les hauteurs vers la droite que nous occupions la veille. Longwy brûle toujours. Des nuages rapides emmenés par le vent déjà violent filent au ciel vers le sud. Enfin l’aube vient, le ciel est rouge. Dans les avoines, on n’observe rien. Au loin quelques coups de fusil. Le petit jour vient. Le 46ème aux avant-postes donne le refrain. Les bois se dessinent toujours parmi les champs d’avoine. La brume se lève, matinale. Plus rien. On attend environ une heure. Enfin l’ordre de partir en Belgique. On part à travers les champs de trèfle et d’avoine. La rosée tombe et pénètre dans les souliers. On est arrivés à Romain. On marche en colonne de Compagnies à travers les champs. On arrête à 100 mètres du pays. Halte. On se repose. On attend. Tout à coup, les balles pleuvent. On se couche sur le chemin. J’en profite pour me glisser derrière un tas de cailloux. Plusieurs balles tapent derrière moi sur le chemin et passent en sifflant dans les orties dont est bordé le chemin. Je bondis jusqu’à la 1ère maison et je me mets à l’abri avec tous ceux qui y sont déjà.

Les chefs ne savent plus, perdent la tête. Pour comble on n’a pas d’éclaireurs. Certains disent que c’est le 2ème bataillon qui tire sur nous, d’autres le 46ème. On joue les refrains des 2 régiments. Nouvelle grêle de balles. Les gens se cachent dans les avoines. La fusillade n’arrête pas. On se rue dans les maisons et quand tout le monde est rentré, là horreur ! Terrible méprise ! Le 46ème tirait sur nous. Cela nous a coûté 2 morts et 5 blessés restés sur le terrain. On rassemble. Tout le monde est consterné. Barrier et Accault sont là pour toujours enveloppés dans la mort. Nous avons reçu le vrai baptême du feu par nos propres balles.

Tout à coup en face : Ploc ! Ploc ! Ploc ! D’autres balles sifflent et ce sont des boches ! Poubeau monte à la crête à environ 200 mètres du village et nous rapporte son renseignement. On occupe les 1ères maisons et les murs de jardins et du cimetière, et on fait face à l’ennemi. Plusieurs montent dans les greniers. Je les suis, mais au moment de tirer par la lucarne, une balle passe projetant le plâtre du mur sur la figure, je sens qu’il ne faut pas insister. Je redescends, je me mets au mur avec d’autres et, de là, on tire sur les boches qui paraissent à la crête. Mais aussitôt ils sont nettoyés. Tous tombent. C’est un enfer. Les balles sifflent de partout. Un instant, ils sont descendus à mi-côte tout près d’un noyer et d’une meule de paille et on les oblige à remonter la côte sous notre feu. Ils ne peuvent avancer. Une batterie se met de la partie et on entend passer nos obus qui fauchent derrière la crête les tirailleurs venus des bois voisins. L’ennemi hésite. Quelques Compagnies du 46ème passent derrière nous et battent en retraite, venant de la droite. Tout le monde part et il ne reste plus au mur que le Lieutenant Kern avec une dizaine d’hommes. Il nous supplie de partir mais on n’entend rien. Le bruit est épouvantable. Je tire sur ceux que je vois mais je m’arrête bientôt car les cartouches s’épuisent et je ne peux plus tenir mon fusil qui me brûle les mains.

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Commentaires

Bon soir Elisabeth,
Mes deux grands pères ont vécu ces moments terribles aussi mais sur la seconde guerre mondiale, tous deux dans la résistance, et tous deux envoyés en camps de concentration.
Puissions nous espérer ne jamais avoir à revivre cela, ni nous ni les prochaines générations.
J'ai également de vieux documents comme ceux-là.
Je te souhaite une belle fin de journée.

Écrit par : Pascale | vendredi, 10 novembre 2017

Un émouvant témoignage en espérant que cette folie ne se reproduise pas

Écrit par : ulysse | samedi, 11 novembre 2017

Quel beau travail tu as fait !
bravo
arielle

Écrit par : arielle textes et poésies | samedi, 11 novembre 2017

bonjour Elisabeth

un récit qui donne la chair de poule....il avait le talent d'écrire on ressent si bien ses émotions...

doux WE Elisabeth
bisous ☺♥

Écrit par : nays | samedi, 11 novembre 2017

L'Europe a servi au moins à cela, à préserver la Paix!

Écrit par : alezandro | samedi, 11 novembre 2017

Alezandro : il faut regarder le positif en effet. Bon week end.
Nays : oui mon grand père s'était appliqué à bien écrire, il voulait que ce soit clair comme du temps où il était à l'école, appliqué et bon élève en orthographe. Merci et très bon week end à toi. Gros bisous.
Arielle : merci beaucoup. C'était le moment de rappeler l'histoire. Bisous et bon week end.
Ulysse : s'il y a folie, elle se ferait d'une autre façon, vu que les temps ont changé et que tout a évolué. Mais espérons que nous n'arriverons pas à d'autres folies. Bon week end.
Pascale : bon week end et merci de ton témoignage.

Écrit par : elisabeth | samedi, 11 novembre 2017

Bonsoir Elisabeth,
une tranche d'histoire où mon grand-père avait reçu une médaille. Que de douleurs dans cette guerre. Un grand merci pour ce récit si poignant. je t'envoie mille bises et te souhaite une belle soirée

Écrit par : Nell | samedi, 11 novembre 2017

UN JOURNAL QUI A DONNE UN FABULEUX LIVRE GRACE A TON TRAVAIL

Écrit par : laura | dimanche, 12 novembre 2017

Laura : je te remercie beaucoup, c'est vrai que le journal de mon grand-père méritait d'être partagé comme témoignage en plein coeur de cette guerre. Bon dimanche et bisous.
Nell : j'essaierai chaque 11 novembre de mettre un extrait de ce journal, comme je l'ai fait pendant quelques années sur ce blog. Bonne fin de dimanche et gros bisous.

Écrit par : elisabeth | dimanche, 12 novembre 2017

Une superbe idée de publier cet extrait de journal. Amitiés.

Écrit par : Ariaga | dimanche, 12 novembre 2017

Ariaga : je republie pour mes nouveaux amis commentateurs qui n'ont pas pu lire les autres extraits que j'avais publiés il y a plusieurs années. Amitiés Ariaga.

Écrit par : elisabeth | dimanche, 12 novembre 2017

C'est très émouvant. Un récit au coeur de l'action, qui donne la chair de poule...

Écrit par : écureuil bleu | mercredi, 15 novembre 2017

Les commentaires sont fermés.