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lundi, 07 octobre 2013

MES VACANCES EN LORRAINE (5)

Samedi 14 septembre, nous nous sommes arrêtés à ROMAIN pour nous recueillir devant l'ossuaire militaire qui se trouve dans le cimetière civil du village. Inauguré le 31 août 1923, ce monument a été érigé en hommage aux morts du 22 août 1914 (plus de 150 victimes). Deux des habitants de ROMAIN furent également tués pendant la bataille. Après ces combats sanglants, le village fut incendié par les Allemands.

 

Dans mon livre ARTHUR ET MADELEINE, mon grand-père raconte :

"Le 22 août : à 2 h debout. Les balles tombent toujours... Dans les avoines, on n'observe rien. Au loin quelques coups de fusil. Le petit jour vient. Le 46ème aux avant-postes donne le refrain. Les bois se dessinent toujours parmi les champs d'avoine. Enfin l'ordre de partir en Belgique. On part à travers les champs de trèfle et d'avoine... On est arrivés à ROMAIN. On marche en colonne de Compagnies à travers les champs. On arrête à 100 mètres du pays. Halte. On se repose. On attend. Tout à coup, les balles pleuvent. On se couche sur le chemin. J'en profite pour me glisser derrière un tas de cailloux. Plusieurs balles tapent derrière moi sur le chemin et passent en sifflant dans les orties dont est bordé le chemin. Je bondis jusqu'à la 1ère maison et je me mets à l'abri avec tous ceux qui y sont déjà. Les chefs ne savent plus, perdent la tête. Pour comble on n'a pas d'éclaireurs. Certains disent que c'est le 2ème bataillon qui tire sur nous, d'autres le 46ème. On joue les refrains des 2 régiments. Nouvelle grêle de balles. Les gens se cachent dans les avoines. La fusillade n'arrête pas. On se rue dans les maisons et quand tout le monde est rentré, là horreur ! Terrible méprise ! Le 46ème tirait sur nous. Cela nous a coûté 2 morts et 5 blessés restés sur le terrain. On rassemble. Tout le monde est consterné. BARRIER et ACCAULT sont là pour toujours enveloppés dans la mort...

D'autres balles sifflent et ce sont les boches... On occupe les 1ères maisons et les murs de jardins et du cimetière, et on fait face à l'ennemi. Plusieurs montent dans les greniers. Je les suis, mais au moment de tirer par la lucarne, une balle passe projetant le plâtre du mur sur la figure, je sens qu'il ne faut pas insister. Je redescends, je me mets au mur avec d'autres et, de là, on tire sur les boches qui paraissent à la crête. Mais aussitôt ils sont nettoyés. Tous tombent. C'est un enfer. Les balles sifflent de partout. Un instant, ils sont descendus à mi-côte tout près d'un noyer et d'une meule de paille et on les oblige à remonter la côte sous notre feu. Ils ne peuvent avancer....."

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Commentaires

Bonjour Elisabeth, le récit de ton grand père fait froid dans le dos. C'est lui qui l'a écrit ou bien c'est toi qui as retrouvé ses souvenirs. Bises et bonne journée, je comprends mieux ta balade sur cet endroit.

Écrit par : danae | lundi, 07 octobre 2013

Danae : c'est mon grand-père qui a écrit tout ! je n'ai fait que recopier ses écrits. Heureusement, je suis là... sinon tu ne m'aurais pas connue s'il était mort. Bises Danae.

Écrit par : elisabeth | lundi, 07 octobre 2013

Je suis touchée par ce texte. Il faut te dire que je n'ai pas connu mon grand-père qui n'est jamais revenu de cette guerre. Malade pour avoir bu de l'eau dans un trou d'obus. Ma grand-mère avait gardé toutes ses lettres, je ne sais ce qu'elles sont devenues depuis sa mort. Maman a beaucoup souffert lors de la libération, en rentrant de l'école elle a trouvé sa mère en larmes, elle a compris qu'elle ne reverrait jamais son père...
Mes amicales pensées.

Écrit par : Hécate | lundi, 07 octobre 2013

Hécate : mon grand-père aussi a été malade en novembre 1914 pour avoir bu de l'eau stagnante. Il n'y avait pas de possibilité de trouver de l'eau potable et il avait soif depuis un bon moment. Mais c'était moins grave que pour ton grand-père car il s'est remis... Les conditions de vie étaient épouvantables : ils ne mangeaient pas à leur faim, ils devaient attendre qu'on leur trouve à manger et ça pouvait durer des jours et des jours. Il est d'ailleurs revenu très maigre de cette guerre. J'ai des photos qui parlent. Amitiés.

Écrit par : elisabeth | lundi, 07 octobre 2013

J'ai des photos de mon grand-père ; il était d'une constitution fragile , il n'a pas résisté. Il dessinait très bien. J'ai deux dessins de lui dont un représente un chien qui tire un enfant tombée dans le feu...Merci de ta réponse. Terribles ces guerres.Mes amitiés.

Écrit par : Hécate | lundi, 07 octobre 2013

Quelle émotion pour toi Elisabeth... C'est comme si tu étais venue saluer de sa part les amis disparus de ton grand-père... La guerre, il faut la toucher de près pour vraiment se rendre compte...quand on sort de l'anonymat, pour mettre des noms sur tous ces pauvres jeunes...

Écrit par : sister for ever | mardi, 08 octobre 2013

J'ai lu avec beaucoup d'émotion ces textes écrits par ton grand père... Ce fut une guerre terrible...c'était du corps à corps..Ton grand père est-il revenu vivant de cette guerre ?
Ta grand mère est elle toujours en vie ? cela lui ferait plaisir de savoir combien tu t'intéresses à ton pépé...
Gros bisous

Écrit par : loula | mardi, 08 octobre 2013

Quand nous pleurons, à juste titre, les 100 soldats Français morts en Afghanistan depuis 4 ans, pensons bien que cela ne représente que 2 heures de combats de la guerre de 14-18 !...

Écrit par : Jeanmi | mardi, 08 octobre 2013

Jeanmi : on peut en effet comparer... merci de ton intervention.
Loula : Mon grand-père est revenu vivant de la guerre et s'est marié ensuite. Mon père est né en 1922, il était leur fils unique. Mon grand-père est mort en juin 1981 et ma grand-mère en juin 1982. Gros bisous.
Sister : c'est le lieu qui a été le plus émouvant pour moi, ce cimetière... et pourtant je suis passée dans d'autres lieux (chemins, villages) où il a marché avec ses camarades de combat. Ils ont tant marché à pied...
Hécate : les conditions sont terribles !

Écrit par : elisabeth | mardi, 08 octobre 2013

vraiment tres beau et émouvant super j'aime

Écrit par : hellyane | vendredi, 11 octobre 2013

Les commentaires sont fermés.