dimanche, 11 août 2019
LEO FERRE : METANEC
Ces oiseaux que tu portes en toi depuis septembre
Cette pâleur jalouse où tu mets tes pensées
Ce ventre qui te prend comme un enfant de cendre
Ces souvenirs gâchés qui t'ont pris tes années
Regarde cette église au bout de l'habitude
Regarde ce dessin de Rembrandt dans la nuit
Regarde cette femme en allée vers le Sud
Regarde ce printemps et son sourire appris
Ces parfums qui t'assaillent et qui te désapprennent
Ces routes perforées dans ton programmateur
Ce silence ordonné dans ton coeur qui se traîne
Cette mort de l'oubli comme venue d'ailleurs
Ecoute l'horizon dans les bras d'une femme
Ecoute la seconde éternelle qui tue
Ecoute la lueur qui regarde ton âme
Ecoute l'analyse et prends-toi par la rue
Ces chiens partis ailleurs dans ton enfance double
Cet horizon doublé par tes pensées de chien
Ce hasard muselé dans ta télévitrouble
Ce linge larmoyant où sèchent tes chagrins
Goûte cette Raison qui se prend pour ta tête
Goûte dans la Folie ta tête de Raison
Goûte cette chanson qui s'en va dans la fête
Goûte le flot rendu sur la plage des cons.....
11:17 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : musique, poèmes, poètes, poésie, léo ferré, chanson, auteur
jeudi, 11 juillet 2019
UN SEUL UNIVERS
Où dorment les papillons la nuit ?
Y a-t-il encore de l'eau dans les puits ?
Si les anges ne font pas de bruit
Si la lune dans le ciel luit
Si les paroles nous divisent
Je préfère faire mon analyse
Je suis un animal avant tout
Sans être un casse-cou ni un fou
Nous vivons dans un seul univers
Nous partageons ensemble la terre.
18:10 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : poème, poète, poésie, vers, culture, recueil, écriture
mardi, 09 juillet 2019
Victor HUGO ( A André CHENIER - Les Contemplations)
Oui, mon vers croit pouvoir, sans se mésallier,
Prendre à la prose un peu de son air familier.
André, c’est vrai, je ris quelquefois sur la lyre.
Voici pourquoi. Tout jeune encor, tâchant de lire
Dans le livre effrayant des forêts et des eaux,
J’habitais un parc sombre où jasaient des oiseaux,
Où des pleurs souriaient dans l’œil bleu des pervenches ;
Un jour que je songeais seul au milieu des branches,
Un bouvreuil qui faisait le feuilleton du bois
M’a dit : — Il faut marcher à terre quelquefois.
La nature est un peu moqueuse autour des hommes ;
Ô poëte, tes chants, ou ce qu’ainsi tu nommes,
Lui ressembleraient mieux si tu les dégonflais.
Les bois ont des soupirs, mais ils ont des sifflets.
L’azur luit, quand parfois la gaîté le déchire ;
L’Olympe reste grand en éclatant de rire ;
Ne crois pas que l’esprit du poëte descend
Lorsque entre deux grands vers un mot passe en dansant.
Ce n’est pas un pleureur que le vent en démence ;
Le flot profond n’est pas un chanteur de romance ;
Et la nature, au fond des siècles et des nuits,
Accouplant Rabelais à Dante plein d’ennuis,
Et l’Ugolin sinistre au Grandgousier difforme,
Près de l’immense deuil montre le rire énorme.
-
- Les Roches, juillet 1830.

19:46 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : poésie, poème, poète, auteur, victor hugo, culture, vers
mercredi, 26 juin 2019
LA SALLE A MANGER (Francis JAMMES 1868-1938)
Il y a une armoire à peine luisante
qui a entendu les voix de mes grand-tantes
qui a entendu la voix de mon grand-père,
qui a entendu la voix de mon père.
À ces souvenirs l’armoire est fidèle.
On a tort de croire qu’elle ne sait que se taire,
car je cause avec elle.
Il y a aussi un coucou en bois.
Je ne sais pourquoi il n’a plus de voix.
Je ne peux pas le lui demander.
Peut-être bien qu’elle est cassée,
la voix qui était dans son ressort,
tout bonnement comme celle des morts.
Il y a aussi un vieux buffet
qui sent la cire, la confiture,
la viande, le pain et les poires mûres.
C’est un serviteur fidèle qui sait
qu’il ne doit rien nous voler.
Il est venu chez moi bien des hommes et des femmes
qui n’ont pas cru à ces petites âmes.
Et je souris que l’on me pense seul vivant
quand un visiteur me dit en entrant :
- comment allez-vous, monsieur Jammes ?
07:09 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : poésie, poème, poète, francis jammes, auteur, culture, littérature, livre, recueil
vendredi, 14 juin 2019
LES MORTS NE PARLENT PLUS
Non les morts ne parlent plus
Dans les cadres sur les meubles
La nature ne meurt jamais
Moi seule j'ai su t'aimer
Moi seule ai pris soin de toi
Les jours passés avec toi
Non les morts ne parlent plus
Dans les cadres sur les meubles.
14:42 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : poésie, amour, mort, vie, aimer, meubles, souvenirs
dimanche, 09 juin 2019
Paul VERLAINE : LES INGENUS
Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent
Interceptés ! – et nous aimions ce jeu de dupes.
Parfois aussi le dard d’un insecte jaloux
Inquiétait le col des belles sous les branches,
Et c’était des éclairs soudains de nuques blanches,
Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.
Le soir tombait, un soir équivoque d’automne :
Les belles, se Pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre âme depuis ce temps tremble et s’étonne.
mercredi, 22 mai 2019
DANS LA NUIT
Les couleurs du jour
Après les heures qui courent
Deviennent horizontales
La nuit triomphale
Vole le feu du ciel
L'édredon devient miel
Les rêves se démêlent.
(en photo, ver luisant dans la pelouse de mon jardin, il y a quelques années)
14:15 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : nuit, couleurs, feu, rêves, poésie, poète, poème, écriture
mardi, 14 mai 2019
JOLI MAI
Joli mois de mai
Que je préfère
Pour l'atmosphère
Dans les roseraies
L'été tressaille
Et se chamaille
Dans la grisaille
Avec la caille
Joli mois de mai
Que je préfère
Est bien entamé
Pour nous distraire.
14:31 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : poèmes, poètes, poésie, mai, saison, mois de mai, printemps, vers, culture
jeudi, 09 mai 2019
LE THE (Théodore de BANVILLE (1823-1891)
Miss Hellen, versez-moi le Thé
Dans la belle tasse chinoise,
Où des poissons d'or cherchent noise
Au monstre rose épouvanté.
J'aime la folle cruauté
Des chimères qu'on apprivoise :
Miss Hellen, versez-moi le Thé
Dans la belle tasse chinoise.
Là sous un ciel rouge irrité,
Une dame fière et sournoise
Montre en ses longs yeux de turquoise
L'extase et la naïveté ;
Miss Hellen, versez-moi le Thé.
(Théodore de Banville est né à Moulins. Venu à Paris à l'âge de 7 ans, ce fils d'aristocrates républicains refusant l'ordre bourgeois, cette "apothéose de l'épicerie", affirme très tôt son engouement pour la poésie. Il imite les genres poétiques moyenâgeux, écrit des pièces de théâtre en vers. Sur la fin de sa vie, la prose l'emporte sur la poésie).
mercredi, 20 février 2019
LE PARESSEUX (Marc-Antoine de SAINT-AMANT)
Accablé de paresse et de mélancolie,
Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.
Là, sans me soucier des guerres d'Italie,
Du comte Palatin, ni de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie.
Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je vois déjà s'en enfler ma bedaine,
Et hais tant le travail, que, les yeux entr'ouverts,
Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine
Ai-je pu me résoudre à t'écrire ces vers.
http://www.unjourunpoeme.fr/auteurs/saint-amant-marc-anto...
12:12 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : poésie, poète, poème, écriture, auteur, saint amant