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vendredi, 12 décembre 2008

Tout lieu est retraite

J'ai bâti ma maison parmi les humains

Mais nul bruit de cheval ou de voiture ne m'importune.

- Comment cela se peut-il ?

- A coeur distant, tout lieu est retraite.

(T'AO YUAN MING, Poèmes)

Cet auteur Chinois est né en 365 et il est décédé en 427.cheval.jpg

jeudi, 04 décembre 2008

LUNE ORANGE

Ne me demandez pas de l'oublier

Sa peau et la mienne sont soeurs

Elles s'attirent, se connaissent par coeur

Nos regards ne peuvent le nier

Tous deux enfants de la lune

Nos pages se tournent une à une

Un jour nous rejoindrons la poussière

D'une lune orange et claire.

 

jeudi, 27 novembre 2008

DANS UN LIT

Le lit est tout le mariage.

(Honoré de Balzac, Psychologie du mariage)

Heureux qui peut dormir sans peur et sans remords

Dans le lit paternel, massif et vénérable,

Où tous les siens sont nés aussi bien qu'ils sont morts.

(José Maria de Heredia, Les Trophées)

Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes

Planant sous les rideaux inconnus du remords.

(Stéphane Mallarmé, Poésies)

Mais quand au lit nous serons

Entrelacés, nous ferons

Les lascifs selon les guises

Des amants qui librement

Pratiquent folâtrement

Dans les draps cent mignardises.

(Pierre de Ronsard, Les amours de Cassandre)

 

samedi, 22 novembre 2008

PREMIER TRIMESTRE (Le Journal de Juliette, lycéenne n° 41)

pantalon vert.jpgJuliette s'est acheté un pantalon vert à la Foire. Elle le porte au bal de ce soir et regrette qu'Alain ne soit pas venu. Elle avait tant espéré le voir et peut être qu'il l'aurait invitée à danser. Mais elle s'était fait des illusions une fois de plus : Caroline porte depuis une semaine une bague en or avec une belle perle blanche, à sa main gauche. En cours d'Allemand, elle est toujours assise près d'Alain et de Lise.

bague.jpg

Serge et Pascal offrent des bonbons aux filles de la classe. Ils draguent à "tout va" les filles de seconde à chaque récréation. Serge demande à Juliette de lui prêter son livre écrit en anglais "Four Sherlock Holmes stories". Elle accepte.

En heure de permanence, Pascal aide Aurélie et Juliette à faire la version d'Allemand tout en faisant le pitre. Juliette le regarde faire et lève les yeux au ciel. Mais elle finit par en rire et le trouve sympathique.

Cette semaine a lieu un échange avec des lycéens et lycéennes Allemands au lycée. Ils sont hébergés dans les familles des camarades de Juliette. En cours d'Allemand, le professeur passe l'heure à discuter avec les correspondants. Juliette se demande si le professeur est sérieux car ses cours ne sont pas très intéressants, les élèves sont déjà trop nombreux dans la classe. Malgré tout, elle garde le moral car elle a obtenu de bonnes notes jusqu'à maintenant. Son travail de révisions durant les grandes vacances d'été porte ses fruits...

Aurélie n'a pas le moral car un garçon lui a lancé en passant près d'elle : "ça va la grosse !". Annie et Juliette l'invitent au Café de la Grand' Rue pour en discuter. Mais elle refuse d'y aller. Annie prête quelques livres à Juliette : Le Rêve d'Emile Zola et Le Journal d'un Curé de Campagne de Bernanos, qu'elle lira avant Noël.

Guy étale sur son bureau, pendant le cours de physique, 4 photos de la correspondante Allemande de Véronique avec laquelle il a flirté en ville la semaine dernière.

Juliette surnomme sa professeur d'Anglais "la viellle chouette" à cause de son regard perçant. 

Le professeur de géographie fait pleurer Marie Christine ; il lui a mis une mauvaise note car elle bavardait pendant le cours. Mais elle n'était pas la seule.

Avant les vacances de Noël, une Boum sera organisée par les élèves de seconde et de première. Juliette ira certainement.

 

mardi, 18 novembre 2008

PRIERE

La prière est la soeur tremblante de l'amour.

(Victor Hugo - La légende des siècles)

Voilà pourquoi les fleurs, ces prières écloses

Dont Dieu lui-même emplit les corolles de miel,

Pures comme les lis, chastes comme les roses,

Semblent prier pour nous dans les maisons du ciel.

(Alphonse de Lamartine)

hydrangea.jpg

mardi, 11 novembre 2008

COULEURS D'AUTOMNE

Dans ce pays où le mistral dessèche la terre

Et soulève dans les rues la grise poussière

Quand le chant des cigales s'est enfin tu

Que la pluie sur le sol s'est abattue

Que l'automne apporte son ciel blanc

Comme la brume qui s'attarde sans élan

Quelques nuages alourdissent l'horizon

Je laisse derrière moi la maison

Pour prendre ce petit chemin grimpant

Sur la colline où l'été desséchant

A depuis des mois tué l'herbe du printemps

Les feuilles aux couleurs gourmandes

En taches isolées ou en guirlandes

Se fondent dans le vert paysage

Et forment un joli gribouillage.

taurize 11.JPG(photo de Chris-tian Vidal)

jeudi, 06 novembre 2008

LA VOIX

Une voix, une voix qui vient de si loin

Qu'elle ne fait plus tinter les oreilles

Une voix, comme un tambour, voilée,

Parvient pourtant, distinctement jusqu'à nous.

Bien qu'elle semble sortir d'un tombeau

Elle ne parle que d'été et de printemps.

Elle emplit le corps de joie,

Elle allume aux lèvres le sourire.

Je l'écoute. Ce n'est qu'une voix humaine

Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,

L'écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.

Et vous ? Ne l'entendez-vous pas ?

Elle dit : "la peine sera de courte durée".

Elle dit : "la belle saison est proche".

Ne l'entendez-vous pas ?

(Robert DESNOS (Contrée)

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vendredi, 31 octobre 2008

SUR LE BORD D'UNE FONTAINE (Rémy BELLEAU - 1528 - 1577 Les Pierres précieuses)

C'était une belle brune

Filant au clair de lune,

Qui laissa choir son fuseau

Sur le bord d'une fontaine,

Mais courant après la laine

Plongea la tête dans l'eau

Et se noya la pauvrette

Car à sa voix trop faiblette

Nul son désastre sentit,

Puis assez loin ses compagnes

Parmi les vertes campagnes

Gardaient leur troupeau petit.

Ah ! trop cruelle aventure !

Ah ! mort trop fière et trop dure !

Et trop cruel le flambeau

Sacré pour son hyménée,

Qui l'attendant, l'a menée

Au lieu du lit, au tombeau.

Et vous, nymphes fontainières

Trop ingrates et trop fières,

Qui ne vintes au secours

De cette jeune bergère,

Qui faisait la ménagère

Noya le fil de ses jours.

Mais en souvenance bonne

De la bergère mignonne,

Emus de pitié, les dieux

En ces pierres blanchissantes

De larmes toujours coulantes

Changent l'émail de ses yeux.

Non plus yeux, mais deux fontaines,

Dont la source et dont les veines

Sourdent du profond du coeur ;

Non plus coeur, mais une roche

Qui lamente le reproche

D'Amour et de sa rigueur.

Pierre toujours larmoyante,

A petits flots ondoyante,

Sûr témoins de ses douleurs ;

Comme le marbre de Sipyle

Qui se fond et se distille

Goutte à goutte en chaudes pleurs.

Ô chose trop admirable,

Chose vraiment non croyable,

Voir rouler dessus les bords

Une eau vive qui ruisselle

Et qui de course éternelle

Va baignant ce petit corps !

Et pour le cours de cette onde

La pierre n'est moins féconde

Ni moins grosse, et vieillissant

Sa pesanteur ne s'altère :

Ains toujours demeure entière

Comme elle était en naissant.

Mais est-ce que de nature

Pour sa rare contexture

Elle attire l'air voisin,

Ou dans soi qu'elle recèle

Cette humeur qu'elle amoncelle

Pour en faire un magasin ?

Elle est de rondeur parfaite

D'une couleur blanche et nette

Agréable et belle à voir,

Pleine d'humeur qui ballotte

Au dedans, ainsi que flotte

La gloire en l'oeuf au mouvoir

Va, pleureuse, et te souvienne

Du sang de la plaie mienne

Qui coule et coule sans fin,

Et des plaintes épandues

Que je pousse dans les nues

Pour adoucir mon destin.

fontaine.jpg

mardi, 28 octobre 2008

L'ARBRE QUI PLEURE

Un jardin, des fleurs

Et un arbre qui pleure

Je vais le couper

Dit le jardinier

Sur l'échelle est monté

Une à une a coupé

Les branches en entier

Les fleurs ont montré

Tout à coup leur joie

De voir la mise à mort

D'un arbre qui ploie

Et qui n'a plus de ressort.

j'aime les fleurs.JPG

vendredi, 24 octobre 2008

LA CHAISE

Vis-à-vis la mienne

Une chaise attend :

Elle fut la sienne,

La nôtre un instant ;

D'un ruban signée

Cette chaise est là,

Toute résignée,

Comme me voilà !

(Marceline Desbordes-Valmore, Poésies)

chaise.jpg