vendredi, 23 mars 2007
GUITARE ET LITTERATURE (3)
Guitare : qui a tué ?
Mais alors où est-il ce héros guitaristique au sourire d'acier et aux doigts magiques ? Apparemment pas dans la littérature avec un grand L. Il ne nous reste plus qu'à plonger dans celle qu'on achète dans les kiosques de gare. Commençons par la vénérable Série Noire. Baignons-nous dans cette fin des années quarante avec son super détective Lemmy Caution qui sait tout faire : se battre, séduire, boire, comprendre un peu et jouer de la guitare. Dans Vous pigez ? (Peter Cheyney, Série Noire n° 7 - 1948), notre flic de choc se retrouve dans un bar mexicain où un orchestre typique pousse ses romances. Lemmy saisit une guitare au grand effroi de l'assistance. Tout en chantant, il lance à la môme Molinas des oeillades enflammées.
Le rock'n'roll, quelques années plus tard, a imposé sa culture et ses modes et le roman noir américain s'en est beaucoup servi.
Dans Amère Pilule (Sam Ross, Série Noire n° 1273 de 1969), le personnage principal, Scotty, est un riche héritier blasé, drogué, dont le seul rêve est d'être une rock star. Il achète les plus beaux instruments mais ne reste qu'un piètre technicien : "Dave n'en revenait pas. Une Fender Jaguar toute étincelante, aux cordes d'acier scintillantes. Il plaqua un accord. Les ondes de son électronique le terrifièrent. Oh mec ! encore un accord. C'est ça, petit pote, quand y'en a plus y'en a encore".
Steve Rice, la pop star d'On tue aussi les anges (Kenneth Jupp, Série Noire n° 1843 en 1981) nous dit : "les véritables racines du jazz, blues, country et folk, s'étaient affaiblies puis fondues en une vaste entreprise dont l'influence sur les foules était semblable, mais supérieure, à celle du football." Steve va devenir le jouet de ce formidable enjeu commercial, balloté de droite à gauche, tentant de garder sa spontanéité et sa sincérité, mais il finira par succomber à la pression."
En France, beaucoup de livres sur les musiciens sortent, policiers, bien sûrs, mais pas uniquement. Patrick Modiano dans Une jeunesse décrit les années soixante et leur ambiance générale avec émotion et humour. Françoise Mallet-Joris, dans Dickie roi (Grasset-Fasquelle en 1979) s'intéresse à la condition du musicien et souvent au guitariste.
Frédéric Jaunissert dit Fred Jones, dans le roman de Paul Fournel (Un rocker de trop Balland, 1983) nous parle de guitares et s'y connaît. Ancien guitariste de Dany Boy et ses Pénitents, Fred vivote comme musicien de studio. Mais le démon de la scène et des tournées le reprend et il se rejoue sa jeunesse oubliée.
Pour ce qui est du roman policier, plusieurs publications concernant la guitare et les guitaristes, nous parlent des musiciens qui courent après le cachet. Dans La longue Mémoire de F. Morel et R. Pruniaux ("Engrenage" n° 52, 1982) : la guitare l'ensorcelait. Le guitariste dont il est question dans ce livre va connaître des mésaventures terribles et sanglantes.
Dans Chaudes bises (Série Noire n° 1917, 1983), Marie et Joseph imaginent qu'un commando a décidé de supprimer toutes les vedettes invitées.
Deux auteurs qui possèdent la particularité d'être des musiciens : le premier qui est carrément guitariste : René Belleto nous a offert deux merveilles en quelques années : Le Revenant puis Sur terre comme au ciel (Hachette P.O.L.) avec une petite musique d'accompagnement de notes de guitare classique.
Boris Vian dans En avant la zizique ..., paru en 1958, parle des musiciens : "des musiciens, il n'y a pas grand chose à dire, sinon qu'on leur demande un travail difficile et qu'ils le font. Ceux qui ne le font pas ne reviennent généralement pas aux séances. Le musicien sait en général mieux la musique que l'interprète, et l'on a par conséquent raison d'être plus exigeant avec lui... ça lui apprendra."
Note d'humour : N'oubliez pas que la guitare se trouve aussi dans les doigts de LUCKY LUKE, de HAMSTER JOVIAL et des FREAK BROTHERS de Crumb.
FIN
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jeudi, 22 mars 2007
GUITARE ET LITTERATURE (2)
GUITARE OU LUNE
(Vicente Aleixandre)
Guitare comme lune
Est-ce la lune ou son sang ?
C'est un coeur minuscule qui s'est échappé
Et qui sur les bois passe, laissant sa musique bleue et insomniaque.
Une voix ou son sang
Une passion ou son horreur,
Un poisson ou une lune sèche
qui frétille dans la nuit, éclaboussant les vallées.
Main profonde, en colère menacée,
la lune est-elle rouge ou jaune ?
Non, ce n'est pas un oeil injecté de fureur
à pressentir les limites de la terre, petite.
Main qui dans les cieux cherche la vie même,
Cherche le pouls d'un ciel qui perd son sang,
Cherche dans les entrailles, parmi les vieilles planètes
charmées par la guitare qui s'allume dans la nuit.
Peine, peine d'un coeur que personne ne définit
quand les fauves sentent leurs poils hérissés
Quand ils se sentent trempés dans la lumière froide
qui cherche leur peau comme une main chimérique.
Ecoutons pour finir la voix de Federico Garcia Lorca. La guitare, souvent présente dans son oeuvre, y devient progressivement métaphore, archétype et symbole :
La guitare
Commencent les pleurs
de la guitare.
Se brisent les coupes de l'aube.
Commencent les pleurs
de la guitare.
Il est inutile
de la faire taire.
Il est impossible
de la faire taire.
Elle pleure monotone,
Comme pleure l'eau
Comme pleure le vent
sur la névée.
Elle pleure pour des choses
lointaines.
Sable du Sud chaud
qui demande des camélias blancs.
Elle pleure, flèche sans cible,
le soir sans matin
et le premier oiseau mort
sur la branche.
Oh, guitare !
coeur blessé à mort,
par cinq épées.
Les six cordes
La guitare
fait pleurer les rêves
le sanglot des âmes
perdues
s'échappe par sa bouche
ronde
Et comme la tarentule,
elle tisse une grande étoile,
pour chasser les soupirs
qui flottent dans sa noire
citerne de bois.
(à suivre)
07:00 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Culture, musique, guitare
mercredi, 21 mars 2007
GUITARE ET LITTERATURE (1)
Si l'on met de côté les biographies et autobiographies de guitaristes célèbres, la guitare et ses instrumentistes ne semblent pas fournir aux écrivains une inépuisable source d'inspiration ! Jazzmen, mais aussi pianistes romantiques sembleraient mieux côtés que le guitariste et sa guitare, que l'on trouve souvent à un moment de l'intrigue pour décrire un milieu d'artistes ou camper un cadre. F. Morris dans THE OCTOPUS en 1901, décrit des Hispano-Américains à Guadalajara "traînant du saloon au restaurent et du restaurant à la plaza, vestiges d'une génération précédente, représentants d'un ordre des choses différent, totalement oisifs, vivant heureux avec leur cigarette, leur guitare, leur verre de mescal et leur sieste".
Et A. CARPENTIER, dans Concerto baroque en 1974, fait appel à la guitare comme élément du cadre mexicain qui marque le début du roman : "pour se mettre dans l'ambiance, le domestique prit sa guitare de Paracho et se mit à chanter les aubades du Roi David avant d'aborder les chansons du jour".
Mais de toute façon, guitare et guitaristes n'ont d'existence littéraire un peu conséquente que dans les oeuvres issues d'une société dans laquelle la guitare à une existence significative et la littérature un contact avec la réalité. Littérature de la "beat génération", du folk ? Non, ou si peu, au hasard de lignes de Jack KEROUAC, Léonard COHEN ou Wooody GUTHRIE. L'Angleterre punk ou rock ... peu aussi rejoignant en cela une certaine tradition "poétique" de la chanson française (BRASSENS, DUTEIL...).
Nous irons donc chercher en Espagne la première et la plus conséquente présence littérature de la guitare.
CASTILLANE ET ANDALOUSE
La présence de la guitare dans la littérature espagnole est systématiquement liée à l'évocation de la musique et des danses populaires andalouses, très souvent assimilées à la culture gitane. Ainsi, l'instrument subit-il les vicissitudes des rapports entre les intellectuels ibériques et le sud de la péninsule : alternativement, l'austère Vieille-Castille ou la sensuelle Andalousie dominent les forces politiques et les valeurs artistiques du moment, entraînant dans leur triomphe le rejet ou l'exaltation de la culture andalouse, de ses chants et de la guitare.
La première grande référence que nous possédons concernant la guitare dans la littérature espagnole nous est fournie par CERVANTES. Son oeuvre maîtresse, DON QUICHOTTE, reste muette sur ce point. Même les NOUVELLES EXEMPLAIRES évitent ce thème, à l'exception de la Gitanilla, dont le personnage principal, Preciosa, est une jeune chanteuse et danseuse. Par contre, les entremeses et les comédies de CERVANTES abondent en notations sur le rôle de la guitare dans la musique populaire de l'époque.
L'instrument paraît indispensable pour l'accompagnement des danses (La Eleccion de los Alcades de Daganzo et Pedro de Urdemalas). Dans cette dernière oeuvre, Maldonado, "comte" des gitans, adresse ses encouragements aux danseuses.
Dans le "Prologue au lecteur" de ses comédies, CERVANTES écrit que derrière la vieille couverture qui sert de rideau se tiennent les musiciens chantant sans guitare quelque ancienne romance. Cette coutume opposait d'ailleurs les gitans aux Andalous pour lesquels la guitare était l'accompagnement quasi obligatoire du chant.
A la mort de CERVANTES (1616), l'Espagne est entrée dans l'austérité morale imposée par ses monarques, depuis Charles QUINT et son petit-fils, Philippe II. Dès lors, le peuple et les gitans ne sont plus à la mode et il faudra attendre les débuts d'une législation plus "éclairée", à la fin du XVIIIè siècle, pour voir réapparaître une littérature s'attachant à la description des traditions populaires.
Les Cartas marruecas de José Cadalso, écrivain gaditain, publiées en 1774, sont à l'origine d'une longue série d'oeuvres littéraires folkloriques.
Dans la lettre n° 7, Nuno, qui représente l'auteur, prétend stigmatiser la licence des moeurs de la jeunesse de l'époque et prend pour cible une réunion dans une taverne sur la route de Cadix.
On trouverait dans de nombreuses autres oeuvres mineures de la première moitié du XIXè siècle l'association entre la guitare et ces réunions spontanées qui rappelent le carnaval et les rites païens. Mais apparaît vers la même époque un autre personnage : le rebelle populaire, souvent un contrebandier ; la guitare est souvent sa confidente et devient cette fois personnage tragique. Dans El Diablo Mumdo, de ESPRONCEDA, publié vers 1840, le personnage principal apprend en prison à jouer de la guitare.
Dans ses Poesias andaluzas en 1841, Tomas RODRIGUEZ Y DIAS RUBI met lui aussi en scène des bandits-héros populaires environnés de guitares.
Même adéquation de la guitare tragique et de la délinquance-protestation sociale dans Cuentos et romances andaluces de Manuel MARIA DE SANTA ANA, publiés en 1844 et dont succès provoqua une réédition en 1869. Contrebandiers, voleurs, vagabonds, prostituées ... se rencontrent dans le cadre traditionnel de la taverne.
L'Andalousie est d'ailleurs à cette époque à la mode dans toute l'Europe. Les souvenirs de voyages laissés par les Anglais, Georges B0RROW et Richard FORD, l'Italien Carlo DEMBROWSKI, les Français Prosper MERIMEE, Théophile GAUTIER, Alexandre DUMAS notent tous l'omniprésence de la guitare.
Une telle attention des écrivains pour la guitare et la musique populaire andalouses correspondait à un véritable engouement du public. Mais, dans la seconde moitié du XIXè siècle, l'abus fut tel et servit de prétexte à des oeuvres d'une si piètre valeur que les intellectuels réagirent violemment contre cette nouvelle mode littéraire.
Dès 1856, dans son prologue à Souvenirs et beautés de l'Espagne, MADRAZO signale que le thème des coutumes andalouses est épuisé et provoque le dégoût. Des auteurs comme Armando PALACIO VALDES et Leopoldo ALAS CLARIN partagent ce sévère jugement, qui se transforme en hostilité déclarée chez les écrivains de la génération de 1898.
La guitare retourne aux oubliettes de la littérature ibérique. Cest que la situation n'est plus propice aux fêtes, ni à la contestation : désastres coloniaux, misère dans les campagnes, révoltes et répressions partout.
Il faudra attendre l'explosion d'espoir des premières années de la République espagnole pour que les écrivains redécouvrent la culture populaire, et avec elle la guitare.
Les poètes, surtout, sauront exprimer ce nouveau visage de la guitare.
(à suivre)
(Editions Atlas "Ma guitare")
06:50 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Culture, littérature, musique, guitare
vendredi, 09 mars 2007
PACO DE LUCIA
Paco de LUCIA est né le 21 décembre 1947 à Algésiras dans une famille modeste.
Il reçoit très jeune les premiers rudiments de son art. Son père et ses frères participent à son éducation flamenco.
Son frère aîné, qui deviendra lui-même un guitariste professionnel renommé, Ramon de Algésiras, lui donne ses premières leçons et Paco le cite toujours comme l'un de ses principaux maîtres, avec Niko Ricardo. A la fin des années cinquante, le flamenco est pour beaucoup d'Andalous un moyen de gagner les quelques pesetas qui assureront le repas du lendemain : Paco passera ses années d'enfance à travailler la guitare avec acharnement, il consacrera chaque jour des heures à répéter gammes et arpèges. Avec le prix national de Cordoba et le prix de la Catedra de flamencologia de Jerez, il reçoit les premières reconnaissances officielles de son travail et de ses dons innés.
A l'âge de treize ans, il entreprend la carrière professionnelle habituelle : accompagnement de la plupart des chanteurs de flamenco de l'époque (mais bientôt il ne jouera plus que pour Fosforito et Camaron de la Isla) et participation à des troupes de ballet espagnol (José Greco-Antonio Gades) avec lesquelles il parcourt le monde et obtient ses premiers triomphes en tant que soliste.
Il tente alors une carrière de concertiste, qui culmine très vite par un concert au Teatro Real de Madrid, jusqu'alors réservé à la musique classique (1975) et il poursuit aujourd'hui avec le succès que l'on sait.
Il est l'auteur d'une discographie pléthorique qui a culminé commercialement en 1986 avec Entre dos aguas ou, dans un autre univers, avec le trio qu'il forma avec Al Di Meola et John McLaughlin dans un rapport au jazz qui enrichira sa vision d'un flamenco moderniste.
http://www.dailymotion.com/video/x11kui_black-orpheus-cor...
Virtuose inoui, Paco de Lucia est l'un des plus grands instrumentistes de notre époque, tous genres confondus, et il continue à se produire avec un septet novateur qui comprend : guitare basse et harmonica, mais aussi le génial Cantaor Duquende tout en ponctuant ses concerts de solos extraterrestres.
Il est de retour dans le midi après avoir fait une nouvelle fois la preuve de son génie.
LUNDI 12 MARS au ZENITH de MONTPELLIER à 20 h 30.
16:00 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : guitare, musique, culture
lundi, 12 février 2007
La Balalaïka, le Doutar, le Sas et le Saz
La balalaïka est un petit instrument que l'on rencontre dans les provinces de Russie.
Son origine semble remonter au XIIè siècle, lors des invasions successives des peuples venus d'Asie.
Sa facture est très rudimentaire et assez éloignée de celle des instruments qu'elle devait reproduire. En effet, les instruments à cordes asiatiques ont une caisse de résonance ovale et la balalaïka possède une table triangulaire et un coprs qui ressemble plus à un diamant taillé qu'à une poire. La balalaïka était habituellement construite en sapin et ne possédait à l'origine que deux cordes accordées à la quarte ; ces cordes étaient bien entendu en boyau. Le technique de jeu, également rudimentaire, était souvent ramenée à un accompagnement rythmique, on battait les cordes avec un ou deux doigts. La table servait alors aussi de membrane de percussion. Une troisième corde vint s'ajouter aux deux premières, accordée à l'unisson de la seconde. Ce n'est que vers le milieu du XIXè siècle qu'une quatrième corde compléta l'accord MI MI LA LA. De nombreux instruments n'ont cependant conservé que trois cordes.
Le résultat acoustique est loin d'être désastreux, et c'est pourquoi les constructeurs ont fabriqué des balalaïkas de toutes les tailles, de plus petites et surtout de plus grosses, alto, ténor et basse, cette dernière de la dimension d'une contrebasse.
Il y eut en Russie des orchestres uniquement formés de balalaïkas, tout comme les orchestres de mandolines aux Etats Unis. Le timbre de la balalaïka oscille entre une sonorité joyeuse et une infinie tristesse. Sa simplicité permet d'exprimer très crûment les sentiments de l'interprète.
L'Asie centrale et l'Europe de l'Est sont riches en instruments de musique à cordes, des cousins de la guitare. Trois régions sont à ce titre remarquables. L'Ousbékistant et le Tadjikistan, Sud de la Sibérie et nord de l'Iran et de l'Afganistan, ont été jadis un grand carrefour de cultures. Au début de notre ère, au IIIè siècle avant J. C., des figurines de terre cuite et des bois d'argent gravés témoignent de l'influence asiatique. Plus tard, la culture européenne viendra s'y mêler. Le plus répandu des instruments est le doutar. Il possède deux cordes accordées à la quarte (Ré-Sol). Son corps est fait de lamelles de mûrier et son long manche affiné porte quatorze barrettes en boyau. Beaucoup plus à l'Ouest, en Azerbaïdjan, se rencontre le sas qui est aussi un instrument piriforme construit en mûrier. Il possède 4 à 8 cordes et parfois plus, réparties en trois groupes accordés à la quinte et à la quarte. Cela donne des possibilités de jeu infinies, comme en témoigne le répertoire des musiciens achoughes.
Plus à l'ouest encore, la Turquie maintient depuis des siècles la culture arabopersane. Aux XVIe et XVIIe siècles, les chanteurs s'accompagnent d'un luth au corps allongé : le saz. L'usage des gammes pentatoniques atteste que l'origine de la musique turque se situe bien en Asie centrale. Il n'est donc pas étonnant de rencontrer ici des instruments assez voisins.
12:20 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : Culture, musique, guitare
mardi, 30 janvier 2007
LE DULCIMER (cousin de la guitare)
Rien de plus facile que de jouer du dulcimer .... Si le dulcimer est correctement accordé, il est impossible de jouer faux.
Il suffit de poser l'instrument à plat sur ses genoux, les chanterelles vers soi. La main droite, à l'aide d'un plectre et par un ample mouvement de va et vient, gratte toutes les cordes au niveau de l'échancrure de la touche.
La main gauche appuie sur les chanterelles à différentes hauteurs, c'est tout.
LE SON
Le son du dulcimer est très clair et très doux, il n'est pas fait pour être joué fort.
Les harmoniques naturelles sont nombreuses, c'est sûrement pour cela qu'il donne envie de chanter. C'est d'ailleurs l'instrument de prédilection pour accompagner le chant traditionnel, sans amplification. Il s'agit, à l'origine, de chansons traditionnelles américaines. Car, pour être plus précis, le dulcimer porte un nom à rallonge : dulcimer des Appalaches ou dulcimer des montagnes. Les Appalaches sont une chaîne de montagnes qui, du nord au sud, barre tout l'est des Etats Unis.
C'est dans cette région que, il y a 60 ans, on pouvait trouver dans le grenier des fermes le fameux dulcimer.
Depuis, il est redescendu sur le plancher des vaches et ne doit sa survivance qu'à l'impulsion des Folk Singers.
Sous la véranda, le dulcimer accompagnait les vieilles ballades du temps jadis. Celle à qui l'on doit l'initiative du renouveau de cet instrument est la grande Jean Ritchie, joueuse du Kentucky, qui appris de son père l'art de jouer du dulcimer selon la tradition orale.
C'est elle qui rechercha les origines de ce bel instrument. Le dulcimer est ainsi une forme élaborée d'instrument dont les colons emportèrent avec eux le souvenir.
En Europe, les traces d'instruments semblables sont nombreuses mais ils peuplaient plus facilement les greniers que les veillées télévisées.
En Islande, elle trouve le Langspil, en Allemagne le Scheiltholt, en Suède le humle et en Finlande le hommel et, pour finir, en France l'épinette des Vosges, la petite du Val-d'Ajol et la grande de Gérardmer.
Ces instruments sont tous semblables et souvent connus depuis le Moyen Age.
C'est la vague folk qui déferla aux Etats Unis qui réactiva le jeu de ces arrière-petits-cousins de la guitare.
Toutes les ballades, toutes les chansons de travail, d'amour, les airs à danser, les berceuses, les chansons pour rire s'accommodent du dulcimer.
LA PERSONNALITE DU DULCIMER
Le dulcimer n'a pas, à proprement parler, de manche mais une touche qui court sur la caisse de résonance. La caisse de résonance est à fond plat d'une épaisseur de 4 à 10 centimètres. La table est percée en 2 ou 4 endroits d'ouvertures représentant souvent un petit coeur, un pique, deux carreaux ou quatre trèfles. Les cordes en acier sont tendues au-dessus de la touche.
Elles sont attachées à une extrémité à l'aide d'un cordier ou de simples clous. Le dulcimer possède 3 et souvent 4 cordes, la première étant doublée à l'unisson : deux chanterelles, un bourdon aigu et un bourdon grave.
La mélodie se joue sur les chanterelles. La touche est munie de barettes irrégulièrement espacées.
LE JEU
Le joueur de dulcimer traditionnel utilise un noteur pour appuyer sur les chanterelles, un petit morceau de bois dur fait parfaitement l'affaire. A l'aide d'une plume d'oie, la main gauche bat les cordes sur un rythme simple.
Beaucoup de musiciens modernes utilisent également les bourdons comme notes mélodiques. Ils plaquent les accords et jouent séparément sur chaque corde en picking.
Le dulcimer devient alors un instrument à 3 ou 4 cordes séparées. Il devient à nouveau possible de faire des fausses notes.
Quelques variantes de jeu sont possibles: l'Anglais Barry Dransfield tient son dulcimer électrifié comme une guitare, ou d'autres musiciens le joue à l'archet, comme une vielle à archet, le dulcimer debout, posé sur le genou gauche.
Mary Rhoads utilise toutes les techniques entre autre celle qui consiste à frapper les cordes à l'aide d'un baguette. Il faut tenir la baguette entre le pouce et l'index de la main gauche. Que l'on monte ou que l'on descende la main droite, la baguette s'abaisse et frappe les cordes. Elle obtient ainsi un bourdon rythmique très gai.
QUELQUES JOUEURS
Rares étaient les concerts folk des années 70 où l'on ne sortait pas un dulcimer ou une épinette des Vosges de ses valises. Quelques noms sont restés comme celui de MALICORNE avec Gabriel et Marie Yacoub. Les véritables solistes n'ont jamais été nombreux mais citons Marc Robine, Michel Legoubé et Claude Besson en France, John Molineux et Roger Nicholson en Grande Bretagne, Jean Ritchie et Mary Rhoads, Richard Farina aux Etats Unis.
11:00 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : Musique, guitare, culture
jeudi, 18 janvier 2007
LA GUITARE ET LE BRESIL
Je voudrais vous faire partager encore aujourd'hui ma passion pour la guitare.
Parler de la guitare au Brésil, c'est inévitablement parler du Brésil lui-même car on ne peut ignorer les multiples conséquences de l'énorme brassage de races et de cultures qui ont influencé la formation de la culture brésilienne et, en particulier, la musique.
Cette dernière est en effet une synthèse extraordinaire de tous les "crus" folkloriques sur lesquels sont venues progressivement se greffer les influences occidentales. C'est cette synthèse qui fait que, désormais, la musique brésilienne peut se considérer comme une forme de musique à part entière, au même titre que le jazz, dépassant ses frontières avec sa façon d'être. Il ne faut pas oublier que, lorsque la première caravelle portugaise mouilla dans les eaux brésiliennes, tout cet immense territoire n'était qu'une immense forêt, peuplée de-ci, de-là par quelques tribus vivant des produits de leur chasse et de leur pêche. Il s'agissait souvent de nomades qui déménageaient leurs cabanes de paille dès que les denrées se faisaient rares. Le courant culturel indien s'est donc, dans un premier temps, mélangé au courant portugais. Par la suite, de nombreuses autres populations ont su prendre part à la construction de la forme musicale brésilienne. Les Africains, au départ venus comme esclaves dans les plantations de canne à sucre, surent rapidement introduire leurs rythmes et leurs percussions. Ainsi, Indiens, Portugais et Noirs Africains sont certainement les premiers ingrédients qui furent nécessaires à la naissance de la musique brésilienne. Les Français ont collaboré à l'élaboration de la forme musicale puisqu'ils ont su introduire des danses, comme le quadrille et de nombreuses chansons enfantines. L'influence des Etats Unis est beaucoup plus récente mais sera d'une importance capitale pour la nouvelle vague des années cinquante : la bossa-nova.
C'est vers 1530 que l'on vit apparaître la guitare au Brésil. Elle est arrivée avec les premiers colons portugais et espagnols. Ces derniers, plutôt établis dans des pays comme l'Uruguay ou l'Argentine, auraient alors pu introduire la guitare par les régions du sud du Brésil. Quant aux Portugais, ils ont certainement amené aussi la guitare avec les chanteurs et troubadours qui accompagnaient les expéditions des colonisateurs.
Cela explique sans doute pourquoi la guitare a reçu tant de noms différents au Brésil : guitarra (sans équivoque le nom espagnol) ; viola (sans doute d'origine portugaise, la viola a une caisse plus petite que celle d'une guitare traditionnelle) ; viola dedilhada (mot à mot : viole que l'on joue avec les doigts, par opposition à l'instrument joué avec un plectre ; on voit apparaître ici un instrument muni de six cordes doubles, donc assez proche de la guitare à douze cordes d'aujourd'hui) ; violao.
C'est au XVII ème siècle que l'influence espagnole s'est le plus fait sentir. Les grandes maisons riches organisaient de nombreuses soirées musicales, important de ce fait la culture espagnole. C'est aussi une époque où l'on voit l'arrivée de nombreux Africains qui apportent leurs rythmes. C'est ainsi qu'au XVIII è siècle on rencontrera déjà de nombreuses formes typiquement brésiliennes au sein de la musique folklorique. Cette énorme synthèse musicale explosera au 19 è siècle avec des genres bien particuliers.
La modinha, une des premières pièces de musique populaire venant de la moda (chanson portugaise) ; c'est une chanson sentimentale qui passe dans le genre populaire vers 1830. A ce moment, les compositeurs brésiliens s'intéressèrent à ce genre de forme en introduisant la guitare à la place du piano ou du clavecin pour l'accompagnement.
La maxixe venant de la polka européenne, la maxixe est une des premières danses afro-brésiliennes que l'on trouve.
La choro, un genre de musique où la guitare va prendre son essor ; venu du verbe chorar, qui veut dire pleurer, il est d'un rythme calme, généralement interprété par un groupe de musiciens, les choroes. Le rôle de la guitare est très important dans le choro car son accompagnement est généralement sous la forme d'un contrepoint très mélodique et virtuose à la fois.
Le chorinho d'un rythme plus rapide et bucolique, il reste dans la lignée de son frère, le choro.
Le baiao typique du Nordeste, cette danse trouve son origine dans des interludes guitaristiques que les chanteurs utilisaient pour faire preuve de leurs talents oratoires et poétiques.
LE PHENOMENE BOSSA-NOVA
La musique brésilienne a traversé de nombreuses phases d'évolution et la guitare en a souvent été directement influencée. Pourtant, une de ces dernières phases devait marquer à jamais le phénomène musical brésilien. Vers la fin des années vingt, certains courants nouveaux, dus à l'arrivée d'une génération de musiciens très talentueux, devinrent d'une importance capitale. C'est au départ un phénomène d'amateurs.
Il est impossible de donner une date à la naissance de ce nouveau courant musical car la bossa-nova surgit d'une longue période de gestation et de maturation. A l'origine de l'essor de ce mouvement, on trouve l'activité des boites de nuit. Vers les années cinquante, une nouvelle façon de chanter et de jouer se fit jour. L'influence portugaise et celle africaine se firent sentir dès les premiers accords de guitare. C'est la musique populaire des Etats Unis qui a eu le dessus, dans ce sens que la forme elle-même du jazz n'a de commun avec la bossa que le cheminement harmonique. La bossa-nova devait souffrir plus tard des phénomènes pop et rock.
Le premier nom qui vient à l'esprit est celui de Baden Powell. Pourtant il n'est qu'un des nombreux interprètes de cette musique. Il ne faut pas oublier Luiz Bonfà, ni Joào Gilberto ainsi que Edu Lobo et Toquinho.
Pour terminer, trois piliers de la guitare brésilienne : Heitor Villa-Lobos (1887-1961) qui reste incontestablement un des grands compositeurs pour la guitare, Baden Powell, compositeur de grand talent, et Egberto Gismonti, chef de file de la nouvelle génération de guitaristes et compositeurs au Brésil.
La guitare a su incontestablement s'épanouir au Brésil. Elle est aujourd'hui l'instrument de la vie de tous les jours dans ce pays. Si elle atteint de nos jours des niveaux très érudits et sophistiqués, elle n'a jamais oublié qu'elle est au départ un instrument populaire.
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mercredi, 11 octobre 2006
LA GUITARE ET LE CINEMA
Quels sont les films dans lesquels la guitare a une grande importance ?
Les deux fims le plus souvent cités sont Jeux interdits de René Clément (1952) où la musique interprétée par Narciso Yepès a joué un rôle important dans la magie et le succès du film et Johnny Guitar de Nicholas Ray (1954) où la guiitare n'est là que comme un argument supplémentaire à la thèse soutenue, l'aspect musical n'étant que très secondaire.
Dans le cinéma des années 1950-1960, époque où la guitare devint très populaire grâce à des chanteurs-musiciens comme BRASSENS, BREL, FERRAT, HALLYDAY, Marie Josée NEUVILLE, ou Françoise HARDY, l'instrument servait surtout d'élément de décor : une guitare accrochée au mur d'une chambre signifiait tout l'esprit, tout le mode de vie propre à celui qui la possédait : poète, bohème ou marginal, même si jamais on ne le voyait ni ne l'entendait s'en servir.
Un contre-exemple pourrait être l'apparition de Marie LAFORET, laquelle jouait et chantait dans Plein Ciel de René Clément en 1959 ou dans La fille aux yeux d'or d'Albicocco en 1960.
Mais c'est sans doute dans le western américain que la guitare vient naturellement jouer son rôle esthétique ou musical.
Dans Johnny Guitar, Johnny porte à l'épaule une guitare, symbole de paix et de non-violence contrairement aux autres protagonistes du film qui portent révolvers et fusils.
Moins intellectuel, Rio Bravo de Howard Hawks en 1959, offre à peu près le même schéma classique, le jeune guitariste fougueux et pur, interprété par le chanteur Ricky Nelson.
Dans Pat Garett et Billy the Kid, de Sam Peckinpah de 1973, Kris Kristofferson et Bob Dylan sont deux chanteurs-guitaristes.
Le western des années 1930-1940 avait lui aussi ses héros chantants, les singing cow-boys. L'idée de cow-boys chantant était venue à un producteur après le succès remporté par Al Jolson dans The Jazz Singer en 1927.Le système était de ponctuer les temps forts de l'action d'un western par l'apparition innocente d'un musicien.
Il fallait trouver des acteurs qui sachent jouer de la guitare et chanter ou des chanteurs sachant jouer la comédie.
La perle rare fut découverte par Mal Levine : Gene Autry qui savait monter à cheval et qui chantait bien. Peu de temps après, Autry devint une des stars les mieux payées de l'Hollywood d'avant guerre. Ses films ne sont pas vraiment des chefs-d'oeuvre, mais ils remportèrent un succès fou.
Parmi les dizaines de films de Gene Autry, on peut citer Mexicali ou Tumbling Tumbleweeds qui ont été pour une génération entière le départ de rêves galopants.Son concurrent le plus dangereux fut certainement Roy Rogers.
La vogue des cow-boys chantant disparut après la Seconde Guerre Mondiale et Gene Autry, Roy Rogers et Tex Ritter s'orientèrent vers les shows télévisés.
Juste avant que le rock'n'roll ne déferle sur le monde, il faut encore citer l'apparition de Marilyn Monroe dans River of no Return de Otto Preminger en 1954 et deux ans plus tard, Bus Stop de Joshua Logan, une autre histoire de cow-boys, de rodéo et de musique.
Au milieu des années cinquante, Bill Haley, Chuck Berry, Eddie Cochran et d'autres ont joué et chanté dans des films surtout intéressants pour leur musique : Rock, rock, rock en 1956, Mister Rock'n'roll en 1957 ou Go, Johnny, go en 1959. On retrouvera Chuck Berry dans les années soixante dix dans une scène nostalgique d'Alice dans les villes de Win Wenders.
Le mythe du héros guitariste-chanteur sera vraiment incarné par Elvis PRESLEY y compris dans les films qu'il tourna.
Il y a beaucoup de choses médiocres mais il reste quand même deux ou trois très bons films comme Bagarre au King Creole en 1958, Le Rock du bagne en 1957 ou Les rôdeurs de la plaine en 1960.
Le cinéma américain des années 60-70 nous a aussi donné de très beaux fils accompangés de guitares acoustiques et électriques : Easy Rider avec Dennis Hopper et Peter Fonda en 1969, Midnight Cow-boy (John Schlessinger) en 1969 et Délivrance (John Boorman) en 1972 dont on ne pourra jamais oublier le fameux dialogue guitare-banjo, Alice's restaurant (Arthur Penn en 1969) où Arlo Guthrie jouait avec naturel son propre rôle dans la ballade hippie et charmante et Nashville (Robert Altman en 1973), ville microcosme où se retrouvaient tous les défauts de l'Amérique d'aujourd'hui.
Des films racontent aussi le plus justement la vie des musiciens, comme W.W.Dixie, Born for Glory retraçant la vie de Woody Guthrie, Show-bus où Willie Nelson joue presque son propre rôle, The coal miner's daughter où Sissy Spacek incarne la chanteuse de country et western, Loretta Lynn.
Il faut aussi citer les fims musicaux comme Phantom of the Paradise, Tommy, The Rose, The Blues Brothers et certains films des Beatles, de Frank Zappa... ainsi que les fims reportages sur des groupes, des musiciens ou des grands concerts.
En France, Tino Rossi troubadour dans Ademaï au Moyen Age en 1934, charmeur dans Marinella en 1935 ou Le Gardian en 1945 et celle de Johnny Hallyday dans D'où viens-tu Johnny et A tout casser ...
Georges Brassens eu un rôle intéressant dans Porte des Lilas de René Clair en 1956. Il était "l'artisse" comme l'appelait Pierre Brasseur. Brassens fût déçu par l'expérience et refusa tous les autres rôles qu'on lui proposa par la suite.
16:10 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : musique, guitare, culture
jeudi, 07 septembre 2006
LA GUITARE FOLK AMERICAINE
TRADITION BLANCHE TRADITION NOIRE
TRADITION IRLANDAISE MUSIQUE POPULAIRE GOSPEL BLANC
VIOLON MUSIQUE DE SALON
GUITARE PIANO CHANTS AFRICAINS
OLD TIME :
VIOLON + BANJO .................................BANJO AFRICAIN
STRING BANDS ..COUNTRY PICKING ....DELTA BLUES
AVEC GUITARE
SKILLET LICKERS
CARTER FAMILY NASHVILLE PICKING GOSPEL NOIR
ATKINGS, TRAVIS
FOLK SINGERS RAGTIME
GUITARE RAGTIME
BLUES BAROQUE, ETC
WESTERN SWING ..........SWING
COUNTRY ET WESTERN .......ROCKABILLY
BLUEGRASS ...............ROCK'N ROLL .....RYTHM'N'BLUES
DOC WATSON COUNTRY ROCK
I I
I I
NEWGRASS DAWG ...JAZZGRASS
CLARENCE WHITE TONY RICE
La tradition blanche, importée par les premiers immigrants, et la musique noire, amenée d'Afrique par les esclaves, n'ont pas évolué chacune de leur côté. Leur richesse est due à leur incessante interaction et à la façon dont elles ont digéré leurs apports extérieurs.
Dans la société blanche urbaine, la guitare était depuis le début du 19 è siècle un instrument semi-classique ou de salon.
Les instruments utilisés étaient de petite taille, montés avec des cordes en boyau.
Les luthiers perpétuaient les modes de fabrication européens, mais l'un d'entre eux, C.F. MARTIN, venu d'Autriche, expérimenta vers la fin du siècle de nouveaux barrages de configuration asymétrique.
A la même époque, la fabrication en série et l'essor de la vente par correspondance favorisèrent la popularisation de la guitare.
Dès les débuts du blues, la guitare s'imposa dans ce type de musique comme le principal instrument soliste.
La présence de la guitare donna un coup de pouce au développement du blues et à sa diversification dans différentes tendances.
Les string bands
En musique traditionnelle blanche, les choses se passsèrent différemment. Ce n'est que dans les années 20 que la guitare fut acceptée en musique "old time", localisée dans les monts du Sud des Appalaches (airs de danse de souche irlandaise ou écossaise, joués au violon et au banjo cinq cordes avec parfois le renfort d'une mandoline depuis le début du siècle).
La généralisation des string bands dans les années 20 permit à des guitaristes plus persévérants d'enrichir leurs accompagnements de quelques montées et descentes de basses, jouées au médiator sur des guitares à cordes d'acier.
L'essor parallèle de la radio et du disque 78 tours arrivaient à point pour favoriser celui de la guitare et la commercialisation de la musique rurale.
L'un des guitaristes les plus marquants fut Riley Puckett jouant avec Gid Tanner et ses Skillet Lickers, string band composé de 2 violons, 1 banjo 5 cordes et d'une guitare d'accompagnement.
Le Carter style
A la même époque, la Carter Family faisait ses débuts discographiques après s'être produite pendant des années dans les écoles et les réunions d'Eglise.
Le groupe puisait son répertoire dans une tradition anglosaxonne relativement pure.
Les élégantes harmonies vocales du trio étaient rehaussées des solos que Maybelle prenait sur sa grosse Gibson, inscrivant les notes des mélodies sur les basses et brossant les accords en aiguës pour boucher les trous. Bien qu'utilisant le pouce sur les basses et les doigts pour les accords, Maybelle Carter préfigurait le flatpicking moderne.
La guitare entrait dans les groupes de country music comme instrument soliste.
Le blues des blancs
Sam McGee fit ses débuts de musicien professionnel dans des string bands. Né au Tennessee dans une famille de fermiers violoneux et banjoistes, il a vu l'arrivée de la guitare dans la région comme contemporaine de celle de la radio. Il eut de nombreux contracts avec des guitaristes noirs et introduisit en country music un style de fingerpicking novateur qui reflétait l'influence du blues.
En 1930, il forma avec son frère Kirk et Fiddlin'Arthur Smith un trio. Sam McGee fut le chef de file d'une école méconue de guitaristes blancs contemporains des string bands.
Leur style intégrait des éléments de country music, de blues et de musique populaire.
La fin des années 30 voit la guitare de tradition blanche évoluer dans 2 directions distinctes.
D'un côté le fingerpicking s'affirme grâce aux médias en expansion et à l'apparition de la guitare électrique qui offre des sonorités nouvelles et permet de tenir la scène seul. Merle Travis et Chet Atkins en sont la meilleure illustration. Le fingerpicking devait ensuite être adopté par les folksingers des années soixantes (Bob Dylan, Joan Baez, Tom Paxton) puis inspirer toute une génération de guitaristes américains et européens.
Le flatpicking quant à lui évolua plus tardivement. Les frères Delmore jouaient depuis le milieu des années 30 une mixture très réussie de blues, de boogie et de country music avec des harmonies vocales très serrées et une guitare ténor 4 cordes flatpicking comme instrument soliste. Ils s'électrifièrent et furent avec quelques autres (Bill Haley par exemple) à l'origine du rockabilly. Un mandoliniste du Kentucky, Bill Monroe fixait les canons d'une musique directement dérivée de l'old time, qu'il appela le bluegrass. Le banjo 5 cordes joué à 3 doigts y devenait le principal soliste. Mais la guitare restait consignée dans un rôle d'accompagnement basses/accords ponctué de quelques ritournelles.
Ce n'est que vers la fin des années 50 que l'on vit apparaître les prémices d'une guitare bluegrass pleinement soliste. (avec George Shuffler et Don Reno) Ce fut Doc Watson qui donna un peu plus tard le coup d'envoi décisif.
Diversification
Merle Travis est considéré par le public américain comme l'inventeur du fingerpicking alors qu'il ne fit que perfectionner, personnaliser et commercialiser un style déjà existant. Il apprit tout jeune à jouer du banjo, transposant ensuite à la guitare certaines des techniques de cet instrument.
Son style picking très élaboré fut copié par de nombreux musiciens.
Chet Atkins appris à jouer de la guitare à 10 ans en écoutant Merle Travis à la radio.
Il fut également influencé par un bluesman noir local. Il joua dans des émissions de radio avec des groupes de hillbilly (nom de la country à cette époque) et même avec la Carter Familly. Il a élaboré un style de picking personnel, hautement sophistiqué, policé et éclectique. Il a influencé l'évolution de la country music de ces 50 dernières années.
Doc Watson est né aveugle en 1923. Baignant pendant toute son enfance dans un milieu rural imprégné de musique traditionnelle, il apprend à jouer de tous les instruments du cru. Il devient professionnel dans les années 50, jouant dans un groupe de rockabilly. Il travaille le picking dans le style Travis et le médiator d'une façon plus personnelle. Ses adaptations au flatpicking d'airs de violon traditionnels en firent la révélation du festival de Newport en 1963, lui ouvrant les portes des studios d'enregistrement et lui attirant la ferveur du public.
Clarence White.
A partir de la fin des années 60, avec l'évolution du bluegrass et de la guitare flatpicking, les festivals se multiplient et la production discographique devient prolifique.
Les années 70 marquent, avec la tendance newgrass, l'influence du rock et de la pop-music sur le bluegrass.
Clarence White, fils de Canadiens français émigrés en Californie, fut révélé au public par le premier album des Kentucky Colonels.
Son passage chez les BYRDS comme guitariste électrique lui permet d'enrichir la guitare bluegrass de techniques nouvelles Un accident mortel met fin à sa carrière en 1973.
Bluegrass et jazz
Au fil des années 70, la guitare flatpicking mélange de plus en plus au bluegrass des emprunts qu'elle fait au jazz et principalement au swing. Parallèlement à la tendance jazzgrass, qui ajoute une guitare jazz à une formation bluegrass, se développe une musique plus sophistiquée, la dawgmusic de son créateur, le mandoliniste, David Grisman. Synthèse subtile de bluegrass et de swing, la dawgmusic, par ses suites d'accords jazzy, ses gammes dissonantes et sa grande rapidité d'exécution, donne à la guitare flatpicking une nouvelle dimension.
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23:00 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : Musique, culture, guitare
mercredi, 06 septembre 2006
TROIS GUITARES, TROIS STYLES
LA GUITARE CLASSIQUE :
Elle a un son profond dans les graves, clair dans les aigus.
Elle est plus docile et plus facile à jouer grâce à son manche large.
Elle a des cordes plus grosses et plus souples que celles de ses soeurs.
Il est possible de jouer dessus selon toutes les techniques :
- avec les doigts nus ;
- un onglet au pouce ;
- avec un médiator.
Les plus grands guitaristes du monde ont joué sur des guitares de style classique, même en jazz, voire en rock.
Le timbre de la guitare classique s'accomode par excellence à celui de la voix (G. BRASSENS, J. HIGELIN...)
LA GUITARE FOLK :
Elle a un son brillant et puissant.
Elle est robuste et supporte d'être jouée très fort.
Ses cordes rapprochées permettent un jeu rapide et précis.
Elles sont très sensibles à la façon dont elles sont pincées avec des nuances de timbre très franches.
On peut aussi l'électrifier à l'aide d'un micro dans la rosace.
C'est l'instrument symbole du folk des années 60-70 (Bod Dylan, Joan Baez, Pete Seegers, Hugues Auffray ...)
On joue principalement en picking avec les doigts, avec un médiator, ou avec un onglet sur le pouce.
LA GUITARE JAZZ :
Le son de la guitare jazz diffère nettement des autres car le chevalet qui transmet les vibrations de la corde à la table d'harmonie ne le fait plus en tirant sur celle-ci mais en appuyant dessus. Le chevalet est posé comme celui d'un violon.
L'échancrure de son épaule droite permet d'atteindre facilement les petites cases situées en haut du manche.
Ce type de guitare est plus puissant dans les aigus. Le son est clair, moins puissant et moins riche en harmoniques que celui de ses soeurs.
Electrifiée, elle donne un son rond et chaud que l'on peut amplifier comme l'on veut.
Le corps plein n'étant pas une caisse de résonnance, il ne sonne pas par lui-même. Sa technique de jeu se rapproche de celle des guitares folk.
Cette guitare permet de tout jouer mais pour jouer du rock, du rock'n blues, du jazz rock, il vaut mieux jouer au médiator. (Django Reinhardt, B.B. King ...)
14:00 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Culture, musique