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jeudi, 31 août 2006

BOULOU ET ELIOS FERRE

medium_FERRE_Boulou.jpg

Fabuleux techniciens de la six cordes, ces deux musiciens savent aussi bien jouer du BACH, du PARKER ou du flamenco que du DJANGO !

Boulou FERRE est né le 24 avril 1951 à PARIS. Son père, Matelot FERRE fut longtemps le compagnon privilégié de Django REINHARDT.

Dès l'âge de 8 ans, il joue tout le répertoire de Django mais il déchiffre aussi les solos de Charlie PARKER, Dizzy GILLESPIE ou Miles DAVIS. A 12 ans, il accompagne déjà Jean FERRAT et commence une véritable carrière internationale qui le mènera en 1964 au célèbre Festival de Jazz d'Antibes et chez Barclay qui lui signe 2 albums qui révèlent un talent très précoce. Depuis 1964 et jusqu'à son association en duo avec son frère Elios, il a expérimenté de nombreuses formules musicales, du jazz au jazz rock en passant par la musique contemporaine, dont l'expérience la plus réussie fut son célèbre Corporation Gipsy Orchestra.

Son frère Elios, né le 18 décembre 1956 à PARIS, a commencé la guitare par l'étude du flamenco avec Francisco GIL (un ami de Carlos MONTOYA) et dès l'âge de 13 ans il donne des concerts de flamenco. En 1972, il rejoint son frère dans le fameux Corporation Gipsy Orchestra. A partir de 1976 il commence à travailler très régulièrement en duo avec Boulou, révolutionnant la technique de l'accompagnement au niveau de la guitare, poussant encore plus loin les recherches du grand Django.

L'eclectisme et la richesse de leur répertoire sont remarquables (Bach, Albéniz, Scarlatti, Messiaen, Gillespie, Django, flamenco, tristano ...). Ils ne sacrifient jamais le "feeling" aux prouesses digitales les plus élaborées.

Il est dommage que certains chroniqueurs s'obstinent à vouloir les présenter comme des guitaristes manouches car depuis fort longtemps ils ont dépassé le cadre étroit et limité de leur musique maternelle car, comme le disait Duke ELLINGTON : "Boulou est comme un arc-en-ciel traversant le génie de Django !".

22:55 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : musique, guitare

mardi, 29 août 2006

ROLAND DYENS

medium_Roland_Dyens_2.jpgLes qualités essentielles de Roland DYENS sont : maîtrise de l'instrument et de la pensée musicale alliée à la plus grande liberté interprétative, respect des compositeurs qui s'attache plus à l'esprit qu'à la lettre des oeuvres.

Né le 19 octobre 1955 à Tunis, Roland DYENS prend ses premières leçons de guitare à 10 ans. Il entre à l'Ecole Normale de Musique de Paris en 1969 et devient l'élève d'Alberto PONCE qui lui transmet son intérêt pour les oeuvres contemporaines et donc pour le travail du son. La grande virtuosité de Roland DYENS lui a permis de prolonger cet enseignement par des recherches personnelles et d'obtenir une palette exceptionnelle. Ses interprétations des pièces de Leo BROUWER sont particulièrement intéressantes.

En 1976, Roland DYENS obtient la licence de concert à l'Ecole Normale où il donne des cours dès l'année suivante. Licence de concert obtenue à l'unanimité avec félicitation du jury.

Après avoir pris contact dès 1971 avec la musique brésilienne, il en est devenu, après de nombreux séjours au Brésil, l'un des meilleurs interprètes.(bossa nova, samba, baio ...).

Ses connaissances techniques et une profonde affinité avec l'univers émotionnel de cette musique donnent à ses transcriptions de nombreux Chôros (Dilermendo, Reis, Joào Pernambuco, Ernesto Nazareth) un intérêt tout particulier : humour, tendresse, exubérance, mélancolie...s'y mêlent inextricablement.

medium_Roland_DYENS.jpgRoland DYENS est aussi un des meilleurs spécialistes des oeuvres de Villa-Lobos dont il a enregistré l'intégrale des Préludes pour guitare seule. On notera le soin avec lequel il fait ressortir les lignes mélodiques, évitant le plus possible les changements de cordes pour obtenir une meilleure homogénéité sonore à l'intérieur de chaque phrase. Il fut d'ailleurs en 1979 lauréat du concours d'Alessandria consacré à Villa-Lobos et prix d'honneur du concours international de Porto Alegre.

Formation classique et amour de la musique brésilienne sont liés dans les activités de Roland DYENS. Analyse des oeuvres de Villa-Lobos et initiation à la musique populaire brésilienne sont au programme de nombreux stages qu'il anime.

En 1987 il fut Grand Prix de l'Académie Charles CROS pour son enregistrement consacré à Villa-Lobos.

medium_GHA126059.jpgSes compositions (3 Saudades, Capricornes, Sonatine ...) sollicitent à la fois toutes les ressources sonores de la guitare classique contemporaine et les inventions harmoniques et rythmiques les plus intéressantes des guitaristes brésiliens. Roland DYENS ouvre ainsi au répertoire de l'instrument une voie nouvelle, déjà solidement établie sur la base d'une sérieuse expérience de l'écriture musicale (parallèlement à ses études instrumentales, il a suivi les cours de composition de Désiré DONDEYNE).

Soliste international, il est professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique de PARIS.

+O+O+O+

medium_sgs-Dyens.jpgIl y a dans le style et la musique de Roland DYENS toute la diversité et la générosité de la vie : étrange osmose entre le musicien et l'instrument, comme si le sang circulait dans les cordes de sa guitare et la vibration du bois dans ses veines.

 

22:00 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Culture, musique

jeudi, 03 août 2006

LA "FIRST LADY" DE LA GUITARE

Liona BOYD est née à LONDRES, le 11 juillet 1949.

Ces parents étaient artistes peintres et lui permirent d'évoluer librement dans un milieu artistique et sensible.

Elle est malgré tout la seule musicienne de la famille, ses frères et soeurs ont suivi des carrières scientifiques.

Elle a joué pendant longtemps de la flûte à bec, puis, un jour elle rencontre par hasard le grand maître Julian BREAM. Ce fut pour elle une véritable révélation.

Elle part alors avec sa famille pour le Canada et elle suit des cours de guitare classique à TORONTO avec Elie KASSNER.

Trois ans après, c'est le premier contact professionnel avec le public. Elle déménage ensuite au Mexique où elle poursuit ses cours avec des cassettes.

Elle hésite longtemps entre ses études littéraires et la musique. Elle choisit le milieu des concertistes et travaille beaucoup.

Revenue dans sa ville de Toronto, elle perfectionne sa technique avec de grands guitaristes : Alirio DIAZ, Narcisso YEPES, Christopher PARKENNING et Alexandre LAGOYA dont elle suivra les cours au Conservatoire de PARIS pendant deux ans.

De retour au Canada, elle enseigne et commence à voyager dans son pays d'adoption : elle joue dans tous les villages sans relâche.

Son premier disque se vend à 45 000 exemplaires. Jusqu'au jour où Gordon LIGHFOOT l'engage en première partie du spectacle de sa tournée. Ce fut un triomphe et pourtant le public n'était pas venu pour écouter de la guitare classique.

Fidèle à son répertoire conventionnel, elle n'hésite cependant pas à créer certaines adaptations, et joue même en quatuor avec Chet ATKINS.

En photo, la couverture de son disque sorti le 13 septembre 2005, ROMANZA où elle joue de ses propres compositions ainsi que des morceaux de Emilio PUJOL, Francisco TARREGA, SOR, Joao TEIXEIRA GUIMARAES.

Vous pouvez aller visiter son site très complet où vous trouverez des vidéos clips, des photos, des articles et quelques unes de ses peintures (de guitares, bien entendu).

Adresse de son site : www.lionaboyd.com

16:00 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : culture, musique, guitare

mercredi, 26 juillet 2006

FEMININ GUITARE : JONI MITCHELL

medium_Joni_Mitchell_Hejira.jpgJoni MITCHELL est née au Canada en 1943.

Elle a hésité un moment entre la peinture et la musique (elle dessine ou peint toutes ses pochettes de disques).

Elle a très tôt plongé dans les milieux folk new yorkais puis Californiens, à Los Angeles.

Connue et respectée très tôt par des chanteurs plus célèbres qu'elle, elle entend ses propres chansons enregistrées par d'autres avant de pouvoir faire ses propres disques.

En pleine explosion du "Flower Power", elle abandonne le UKULELE avec lequel elle faisait ses premières armes à Toronto ou New York et le remplace par le DULCIMER et la GUITARE dont elle maîtrise déjà la technique.

Les rencontres qu'elle fait à partir de 1968 sont décisives pour son évolution personnelle, son inspiration et aussi pour sa musique : Graham NASH, David CROSBY, James TAYLOR, Stephen STILLS, Léonard COHEN, Neil YOUNG...

Ces influences folk, c'est bien évidemment dans sa période folk qu'on les perçoit le mieux : l'accord ouvert, base du jeu du dulcimer, était aussi l'un des piliers de la musique de David CROSBY ou James TAYLOR, et Joni MITCHELL l'emploie abondamment ; dans l'album For the Roses par exemple sur douze titres, cinq utilisent des accords ouverts : RE, LA, DO, FA#, DO, RE, pour Barangrill, DO, SOL, RE, FA, DO, MI, pour Woman of Heart and Mind, l'accord standard ouvert de RE Majeur pour You Turn me on, I'm a Radio (son premier tube). Corollaire de l'accord ouvert, le jeu qui utilise fréquemment les cordes à vide est très prisé par Joni MITCHELL : ainsi trouve-t-on chez elle de fréquents accords de LA Mineur neuvième dans lesquels le SOL et le DO sont joués respectivement sur la cinquième case de la corde de RE et sur la cinquième case de la corde de SOL tandis que le Mi grave le LA, le SI et le MI aigu sonnent à vide.

Le jeu de guitare de Joni MITCHELL est aussi remarquable pour son utilisation des accords avec basses substituées :  Refuge of the Roads dans l'album HEJIRA ou Barangrill en sont de bons exemples.

medium_Joni_Mitchell.jpgSur le plan rythmique, Joni MITCHELL utilise beaucoup d'arpèges réguliers sur les accords ouverts, mais aussi beaucoup d'accents en retour de médiator sur les croches ne correspondant pas à des temps forts, et fait ainsi ressortir les cordes à vide ainsi que les secondes, quartes et sixtes dont elle enrichit souvent ses accords (par exemple Furey sings the blues, dans l'album HEJIRA, Woman of Heart and Mind dans FOR THE ROSES).

Après le point culminant que représente l'album MILES OF AISLES, enregistré en public à l'apogée de la période folk-rock où Joni MITCHELL flirte avec le jazz, rock et folk vont peu à peu disparaître pour laisser la place au jazz et voir de talentueux guitaristes collaborer avec Joni MITCHELL (Larry CARLTON et Pat METHENY entre autres ...) sans jamais la remplacer : ainsi la chanteuse joue les rythmiques de HEJIRA et elle utilise deux guitares en alternance, tout au long du concert. Guitariste accomplie, Joni MITCHELL est donc la chanteuse dont l'apport en tant qu'instrumentiste est le plus original et important.medium_Joni_Mitchell_Travelogue.gifmedium_Joni_Mitchell_Painting_with_words_and_Music.jpg

14:50 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : musique, guitare, artistes

vendredi, 07 juillet 2006

Narciso YEPES

Né à Lorca, province de Murcie, le 14 novembre 1927, le petit Narciso reçu sa première guitare, achetée dans une foire, à l'âge de 4 ans.

Deux ans plus tard, voyant l'enfant pleurer en écoutant un disque de musique classique, son père décide de l'inscrire à des cours de solfège, puis de piano et de guitare. En 1940, il entre au Conservatoire de Valence et suit des cours d'harmonie et de composition.

C'est à 16 ans qu'il fait une rencontre déterminante : celle du pianiste et compositeur, Vicente ASENCIO. Celui-ci exige de son élève qu'il exécute avec la guitare des gammes aussi rapides et détachées que celles qu'il obtient au piano. Narciso YEPES développe alors des techniques personnelles de gamme, utilisant tous les doigts de la main droite, sauf l'auriculaire, et, capable enfin de jouer ses gammes "prestissimo", il retourne chez son professeur. ASENCIO aura alors de nouvelles exigences que Narciso réussira toujours à satisfaire au grand bénéfice de l'évolution des techniques guitaristiques. En 1946, Narciso YEPES s'installe à MADRID sur les conseils d'Ataulfo ARGENTA, directeur de l'Orchestre National espagnol. L'année suivante, pour son premier concert, il donne avec le même chef d'orchestre, le Concerto de Aranjuez (dont il gravera la permière version enregistrée en 1955).

Ce premier triomphe ouvre à Narciso YEPES une carrière internationale : première tournée européenne, débutant à GENEVE, en 1948 ; premier concert à PARIS, salle Gaveau en 1950.

Dès lors, Narciso YEPES donne en moyenne plus de cent concerts par an dont un très grand nombre, ce qui n'est pas si courant pour un guitariste, avec des chefs d'orchestre de la stature d'Igor Markevitch.

Narciso YEPES obtient un grand succès populaire avec la composition et l'enregistrement en 1952 de la musique d'un film de René Clément, Jeux Interdits.

Cette carrière prestigieuse n'empêche pas Narciso YEPES de consacrer une partie de son temps à la recherche musicale.

Le résultat le plus important en est certainement la mise au point, en 1964, d'une guitare à dix cordes, dont les deux premiers modèles furent construits par José Ramirez et Ignacio Fleta.

C'est bien grâce à Narciso YEPES que la guitare à dix cordes n'est plus une simple curiosité mais un instrument à part entière qui possède maintenant sa propre littérature (en particulier les très belles oeuvres de Maurice OHANA).

L'adjonction de 4 cordes graves donne un plus grand équilibre sonore, chacun des douze sons de la gamme chromatique possédant une résonnance par sympathie sur une corde à vide. Surtout, le nouvel instrument a permis à YEPES d'exhumer etmedium_Narciso_YEPES.jpg de jouer sans transcription un très grand nombre d'oeuvres pour le luth, la vihuela ou la guitare baroque. Cest aussi à Narciso YEPES que nous devons le premier enregistrement intégral des 24 études de Fernando SOR (1967).

Mais son travail en faveur de la musique ancienne ne détourne pas pour autant Narciso YEPES de la musique contemporaine : il a créé les oeuvres que de nombreux compositeurs actuels, tels OHANA, MORENO, TORROBA, BACARISSE, HALFFTER, RUIZ PIPO, MADERNA, BALADA ... lui ont dédiées ou ont écrites pour lui.

Ajoutons que le maître a dirigé quelques cours d'interprétation à MADRID et à CHAMONIX.

Narciso YEPES avait d'autres passions : les échecs, la natation, le yoga, la composition musicale mais aussi la littérature.

Il est décédé le 3 mai 1997 en Espagne.

22:25 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : culture, musique, guitare

mercredi, 14 juin 2006

LA RENAISSANCE DE LA GUITARE A LA FIN DU 19 ème SIECLE

Trois compositeurs et un interprète de génie en sont à l'origine.

 

medium_GUITARE_ANCIENNE.jpgLe 1er de ces compositeurs est Francisco TARREGA : après des études de piano et de composition au conservatoire de MADRID, il entreprend l'étude approfondie de la guitare à laquelle il se consacre en tant que virtuose et compositeur.

Deux élèves de TARREGA, comme lui interprètes et compositeurs, poursuivent son oeuvre : Miguel LLOBET (ami de RAVEL et de DEBUSSY) est surtout connu pour ses harmonisations de mélodies populaires catalanes.

D'une toute autre importance est l'oeuvre d'Emilio PUJOL : sa méthode de guitare en 4 volumes reste la plus complète à l'heure actuelle, ses transcriptions des vihuelistes espagnols sont à la base du renouveau de la vihuela et ses compositions s'apparentent par leur style à l'oeuvre de l'Ecole Nationale Espagnole du début du XX ème siècle, notamment à GRANADO (Tonadilla, Tango, Guajira).

 

Mais c'est surtout aux qualités interprétatives exceptionnelles d'Andrès SEGOVIA que la guitare classique doit son immense popularité : la qualité de ses concerts a en effet réussi à convaincre de nombreux compositeurs non guitaristes du début du XX ème siècle d'écrire pour l'instrument.

 

Le plus célèbre de ces compositeurs est certainement Manuel DE FALLA, son hommage pour le tombeau de Claude DEBUSSY (1920) reste l'une des plus jouées par les interprètes contemporains.

 

A la suite, de nombreux compositeurs espagnols et sud américains ont consacré à la guitare des oeuvres influencées par la musique populaire de leur pays pour la thématique et le style néo classique en ce qui concerne la construction : les plus importants sont :

- pour l'Espagne :

medium_torroba.jpg Joaquim TURINA, compositeur prolifique dont l'oeuvre s'étend à toutes les formations instrumentales (ex : pour guitare seule une Sonatina en 3 mouvements et un hommage à Tarrega),

Federico Moreno TORROBA a composé plus de 100 pièces dont certaines avec orchestre. Ses plus belles réussites mélodiques sont les petites "pièces caractéristiques".

Ses oeuvres les plus ambitieuses sont : Sonatina, Suite Castellana, le Concerto Castallan, les Nocturnes pour deux guitares et orchestre,

Joaquim RODRIGO est célèbre pour son Concerto d'Aranjuez. Son style proche de celui des 2 compositeurs précédents se distingue cependant par une orchestration très colorée et l'influence du style galant du 18 ème siècle ( Fantaisie pour un Gentilhomme - Concerto Madrigal).

Frédérico MONPOU dont le style est marqué par DEBUSSY se singularise par l'absence de modulations, le renoncement au développement et son goût pour les mélodies populaires (suite compostelana).

- pour l'Amérique Latine :

Augustin BARRIOS est un guitariste virtuose dont l'oeuvre est marquée par l'influence de Bach et celle du folklore (la Catedral et de nombreux préludes et études - suite andine - danse paraguayenne).

Guido SANTORSOLA construit une oeuvre sobre dont l'importance s'affirme au fil des opus (suite Antigo - 5 préludes, 4 tientos, musique de chambre avec guitare, sonates pour 2 guitares).

Antonio LAURO est connu pour ses valses vénézuéliennes.

Manuel PONCE : son style harmonique et orchestral est très marqué par l'impressionnisme et ses thèmes sont souvent empruntés au folklore américain (24 préludes, 5 sonates, fugues : Las Folias, et Concerto del sur ...).

- En Europe :

medium_PUJOL.jpgMario Castelnuovo TEDESCO italien établi aux Etats Unis à partir de 1939, au style néoclassique (sonate pour guitare et flûte, quintette avec guitare, 2 concertos pour guitare et orchestre, 24 préludes et fugues pour 2 guitares, "les guitares bien tempérées", Capricios de Goya).

- En Angleterre :

William WALTON (5 bagatelles), Benjamin BRITTEN (Nocturnal), Reginald SMITH BRINDLE (El Polifemo de Oro), Stephen DOGSON (Partita et études), Lennox BERKELEY (élève de Nadia Boulanger).

- En France :

Albert ROUSSEL, Georges MIGOT (Sonate pour 1 ou 2 guitares), Darius MILHAUD (hommage à DEBUSSY, Segoviana), Alexandre TANSMAN (variations sur un thème de Scriabine, hommage à Chopin), Francis POULENC (sarabande), Henri SAUGUET  (soliloque, 3 préludes , Musiques pour Claudel), André JOLIVET (2 études de concert, Le tombeau de Robert De Visée, sérénade pour 2 guitares).

Les innovations de 3 très grands créateurs ont marqué tous les jeunes guitaristes :

Le plus ancien est le compositeur Brésilien Heitor VILLA LOBOS. Son style, synthèse du riche folklore brésilien et de l'harmonie de l'école française du début du XX ème siècle, l'a amené à proposer aux guitaristes des techniques inédites avant lui que l'on trouve réunies dans ses 12 études :

- arpèges complexes, combinés avec des liaisons ou accompagnant irrégulièrement une mélodie jouée à l'annuaire (études 1,2 et 7).

- mélodie accompagnée par des formules en liaison à la main gauche (étude 10).

- mélodies dans le registre médium et sollicitant les notes glissées sur une même corde (études 9 et 10).

- accords répétés ou glissés, notes répétées (études 4, 6 et 12).

- trilles ornementaux très développés (étude 7).

- positions de main gauche glissées, mélangées avec des cordes à vide en pédale (dans Suite populaire brésilienne, Chôro n° 1, 12 études, 5 préludes, Concerto pour guitare et petit orchestre et sextuor mystique).

Mauricio OHAMA est un des plus importants compositeurs contemporains. Son style très personnel ne peut être rattaché à aucune école. On lui doit 3 oeuvres pour guitare : tiento, 3 graphiques pour guitare et orchestre, Si le Jour Paraît, Cadran Lunaire.

Le compositeur cubain, Léo BROUWER, avec ses 1ères oeuvres très intéressantes par l'utilisation rythmique et harmonique du folklore cubain : Danza Caracteristica, Tres Apuntes, Micro Piezas pour 2 guitares, 3 danses pour guitare et orchestre, Pièce sans titre, L'éloge de la danse.

Les oeuvres de Villa LLOBOS, OHANA et BROUWER ont une influence profonde sur la plupart des compositeurs pour guitares. C'est ainsi que Hans Werner HENZE a composé Les Memorias de El Cimarron en hommage à Léo BROUWER.

medium_DYENS.jpgL'influence de BROUWER et de la musique brésilienne se mèle en des oeuvres qui démontrent l'arbitraire des distinctions en musiques populaires et savantes (Egberto GISMONTI, Roland DYENS).

Francis KLEINJANS pratique une écriture mélodique et harmonique plus traditionnelle marquée par l'influence impressionniste. On notera aussi les recherches sonores de Tristan MURAIL (Tellui) et les formes ouvertes de Arnaud DUMONT (lythanie).

 

15:00 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : CULTURE

jeudi, 01 juin 2006

LA GUITARE DOUZE CORDES

La guitare 12 cordes semble une simple extension de la guitare. Sa lutherie est identique à la guitare 6 cordes.

L'histoire et l'utilisation musicale de la 12 cordes montre sa spécificité.

Elle est l'instrument de prédilection de nombreux bluesmen du Sud des Etats Unis (Texas, Mississipi, Georgie). On lui prête une origine mexicaine.

L'accord offre ainsi une richesse de timbre inégalée.

Elle ouvre la voix à tous les artifices de doublage que recherchent les guitaristes actuels.

La puissance, impératif des chanteurs ou instrumentalistes placés au coin d'une rue ou dans des salles bruyantes, est accrue grâce au double des cordes. Elle permet de rapprocher encore la guitare du piano rag ou boogie en faisant des lignes de basse de véritables mélodies et en enrichissant le rôle d'accompagnement harmonique des accords sur les 4 cordes aigües.

Un nombre double de cordes entraîne une tension supplémentaire qui a obligé les fabricants à renforcer les manches et le barrage de la table.

La virtuosité est problématique dans le cas de phrases mélodiques rapides.

La 12 cordes a surtout servi d'instrument d'accompagnement puissant et riche.

Les folksingers l'ont un peu remise à l'honneur, confrontés à la nécessité de se faire entendre dans la rue ou les clubs bruyants (John DENVER, Joan BAEZ ou GORDON LIGHFOOT

Pour le blues : Stéphan GROSSMAN, Léo KOTTLE).

Peu utilisée en acoustique par les jazzmen, elle a été occasionnellement mise à l'honneur par Ralph TOWNER et Larry CORYELL.

L'instrument est amplifié ou électroacoustique et l'adaptation du Boléro de RAVEL par CORYELL ne laisse aucun doute sur l'usage virtuose qui peut être fait de l'instrument ainsi que sa capacité à rappeler le son d'un orchestre complet.

La 12 cordes électrique n'a jamais eu d'utilisateur célèbre exclusif à part Roger McGUINN, le fondateur des BYRDS.

14:45 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : culture

lundi, 10 avril 2006

LA GUITARE ET LE BLUES, UNE LONGUE HISTOIRE D'AMOUR

Les noirs du Sud des Etats Unis, à la fin du XIXè siècle, transformaient les chants du travail (hollers) en blues.

Le blues a ainsi remplacé le chant de travail quand les chanteurs ont décidé d'accompagner leurs chants par une guitare et non par un banjo, pourtant très répandu à l'époque.

Elle avait l'avantage d'être plus humaine.

Les notes courtes et saccadées du banjo ne s'accordaient pas avec le style vocal du blues car il n'offrait ni les notes prolongées, ni la profondeur et la chaleur de la sonorité de la guitare.

Le blues avait besoin d'un instrument à effets quasi vocaux, ce que la flexibilité de la guitare offrait. La guitare fonctionnait comme des choeurs, très en vogue dans le Gospel et la musique religieuse noire.

Charlie PATTON, mort en 1934, fut un des pionniers dans l'utilisation de la guitare.

 

Durant les années 20-30, Blind Lemon JEFFERSON au Texas, inventa le fingerpicking en faisant alterner les basses fortement marquées et des arpèges mélodiques.

 

Blind BLAKE en Géorgie créa un style proche du ragtime agrémenté de rythmes volés aux musiques des Caraïbes.

 

Tommy JOHNSON jouait les basses ambulantes du boogie-woogie pianistique.

 

Son HOUSE, Bukka WHITE, Tampa RED et Robert JOHNSON explorèrent à fond la technique du bottleneck, adaptation indirecte de la guitare hawaïïenne largement en vogue au début du XXè siècle dans le Sud.

Cette technique est une des forces majeures de la guitare bluesy.

 

Big Bill BROONZY, aussi à l'aise dans le picking que dans le ragtime, marque l'histoire de la guitare et celle du blues.

Lonnie JOHNSON inventa très probablement le flat picking : la guitare devenait entre ses doigts un instrument soliste et elle fut alors placée au niveau de la trompette ou du saxphone dans la musique noire américaine. L'après guerre et le début des années 40 furent marqués par l'invention de la guitare électrique. C'est à T. BONNE WALKER que l'on doit l'intrusion de l'électricité dans le monde du blues. La guitare électrique facilitait le passage du Blues Rural au Blues Urbain.

T. BONNE WALKER sera le premier à reprendre sur l'électrique le jeu note à note de Lonnie JOHNSON en accentuant encore plus tous les effets émotifs.

On ira même jusqu'à utiliser des sections de cuivres.

 

Dès 1945, Muddy WATERS créa les formules orchestrales du Chicago Blues et de tout le blues moderne. Champion du bottleneck, B.B. KING portera au début des années 50 la technique instrumentale à son sommet. Il va donner à la guitare ses pleines possibilités expressives. Il transformera les notes en paroles grâce aux effets de furieux glissandos et de brusques ruptures du volume sonore. La guitare sera "la voix", multipliant l'intensité émotive du chant par des solos où le paroxysme est atteint par graduation.

 

La présence de B.B. KING est si forte que les guitaristes apparus ensuite ne purent pas échapper à son influence. Certains ont pu offrir un discours parfois original comme :

Otis RUSH, Buddy GUY,

Jimmy DAWKINS, Lowel FULSON, Magic SAM, Freddy KING

Albert KING

Luther ALLISON, Magic SLIM, Son SEALS, Lonnie BROOKS, Mighty JO YOUNG,

Albert COLLINS,

Phillip WALKER, Fenion ROBINSON.

Luther ALLISON disait "le blues, tu dois le faire corps et âme, sans te retenir, les gens ne doivent pas dire que Luther n'a pas craché toutes ses tripes ! A chaque fois, tout doit sortir de ton coeur et de tes tripes par la guitare ! Le blues c'est la guitare et moi ! et c'est un rude combat !"

 

 

 

23:00 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : culture

LA GUITARE ET LE BLUES (suite)

Quelques morceaux à écouter de :

Blind BLAKE :

Police Dog blues

Hard Road blues

Diddie Wa diddie tous de 1930

Muddy WATERS :

Manish boy (1975)

Good Morning Little School Girl

I'm ready

 

La guitare de B.B. KING : la fameuse "LUCILLE".

22:50 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture

samedi, 01 avril 2006

LE DOBRO, UN COUSIN DE LA GUITARE

Dans le sud de la LOUISIANE, les guitares vieillissent mal, l'humidité ayant vite raison des bois et des vernis.

John et Rudolph DOPERA qui fabriquaient des banjos depuis 1923 devaient, en 1926, inventer la première guitare amplifiée mécaniquement, peu de temps avant la guitare électrique.

Le principe est de remplacer la table d'harmonie en bois d'une guitare ou la membrane de peau du banjo par une métallique.

John et Rudolph DOPERA sont parvenus à la forme d'un cône très aplati en aluminium, de petite dimension sur lequel s'appuie le chevalet.

Les cordes sont montées comme sur une guitare de jazz avec un cordier au bout de la caisse.

Trois petits cônes furent placés sous le chevalet, deux sous les cordes graves et un sous les aigües.

Une sorte de T en fonte placé à plat, entre le chevalet et le sommet des cônes convexes, transmet les vibrations des cordes.

Ce nouvel instrument était entièrement métallique. Un modèle plus ordinaire rendait l'instrument accessible à tous par son faible prix.

Cette guitare en fer eut beaucoup de succès auprès des guitaristes de blues en Louisiane et surtout auprès des joueurs de guitare Hawaïïenne.

Les fils DOPERA fondèrent la firme DOBRO (DOpera BROthers).

DOBRO est synonyme de guitare à résonateur. Le timbre des instruments change selon la nature de la caisse de résonance (bois, maillechort, laiton chromé et vernis, fer blanc peint).

Les guitaristes hawaïïens jouent avec l'instrument posé à plat sur les genoux, la caisse à droite et le manche à gauche.

Des Dobros sont conçus spécialement pour eux, cordes surélevées.

La section du manche est rectangulaire, les mécaniques à l'envers.

Les guitaristes de blues, quant à eux, apprécient des Dobros en tous points identiques à une guitare, si ce n'est le résonateur.

Dès l'invention en 1931 de la guitare électrique, certains Dobros sont aussi équipés de micros électromagnétiques.

La fime a également produit des mandolines, des banjos, des ukulele à résonateur.

Aux alentours de 1930, National et Dobro sont deux entreprises concurrentes. La seconde guerre mondiale stoppe la fabrication des Dobros qui reprend difficilement ensuite.

Au début des années 60, le constructeur MOSRITE rachète la marque Dobro et produit de très beaux modèles dont certains en fibres de verre.

Devant le succès rencontré, Louis DOPORA, le seul fils qui ait poursuivi l'aventure, redémarre une fabrication sous la marque HOUN'DOG.

MOSRITE fait faillite en 1977 ce qui permet à DOPERA et à ses associés de racheter la marque originelle pour son entreprise devenue Original Musical Instruments INC(OMI) aujourd'hui revenue en Californie après des dizaines d'années à Chicago.

De nombreux fabricants ont, soit copié mal, soit plagié le principe mais en perdant un inévitable procès, soit encore reproduit des modèles DOBRO en achetant la licence, comme le fit MOSRITE ou Paul BEUSCHER en France dans les années 60.

On opté pour le DOBRO :

Beecher Pete KIRBY, Jimmie RODGERS, Molly DAYS, Graig WINGSFIELD, John DUFFEY (avec Country Gazette) Shar JASKSON (avec Doc WATSON), Norman BLAKE (avec Bod DYLAN), Harley GABBARD (avec Johnny CASH) ...

22:35 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : culture