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jeudi, 18 janvier 2007

LA GUITARE ET LE BRESIL

Je voudrais vous faire partager encore aujourd'hui ma passion pour la guitare.

Parler de la guitare au Brésil, c'est inévitablement parler du Brésil lui-même car on ne peut ignorer les multiples conséquences de l'énorme brassage de races et de cultures qui ont influencé la formation de la culture brésilienne et, en particulier, la musique.

Cette dernière est en effet une synthèse extraordinaire de tous les "crus" folkloriques sur lesquels sont venues progressivement se greffer les influences occidentales. C'est cette synthèse qui fait que, désormais, la musique brésilienne peut se considérer comme une forme de musique à part entière, au même titre que le jazz, dépassant ses frontières avec sa façon d'être. Il ne faut pas oublier que, lorsque la première caravelle portugaise mouilla dans les eaux brésiliennes, tout cet immense territoire n'était qu'une immense forêt, peuplée de-ci, de-là par quelques tribus vivant des produits de leur chasse et de leur pêche. Il s'agissait souvent de nomades qui déménageaient leurs cabanes de paille dès que les denrées se faisaient rares. Le courant culturel indien s'est donc, dans un premier temps, mélangé au courant portugais. Par la suite, de nombreuses autres populations ont su prendre part à la construction de la forme musicale brésilienne. Les Africains, au départ venus comme esclaves dans les plantations de canne à sucre, surent rapidement introduire leurs rythmes et leurs percussions. Ainsi, Indiens, Portugais et Noirs Africains sont certainement les premiers ingrédients qui furent nécessaires à la naissance de la musique brésilienne. Les Français ont collaboré à l'élaboration de la forme musicale puisqu'ils ont su introduire des danses, comme le quadrille et de nombreuses chansons enfantines. L'influence des Etats Unis est beaucoup plus récente mais sera d'une importance capitale pour la nouvelle vague des années cinquante : la bossa-nova.

C'est vers 1530 que l'on vit apparaître la guitare au Brésil. Elle est arrivée avec les premiers colons portugais et espagnols. Ces derniers, plutôt établis dans des pays comme l'Uruguay ou l'Argentine, auraient alors pu introduire la guitare par les régions du sud du Brésil. Quant aux Portugais, ils ont certainement amené aussi la guitare avec les chanteurs et troubadours qui accompagnaient les expéditions des colonisateurs.

Cela explique sans doute pourquoi la guitare a reçu tant de noms différents au Brésil : guitarra (sans équivoque le nom espagnol) ; viola (sans doute d'origine portugaise, la viola a une caisse plus petite que celle d'une guitare traditionnelle) ; viola dedilhada (mot à mot : viole que l'on joue avec les doigts, par opposition à l'instrument joué avec un plectre ; on voit apparaître ici un instrument muni de six cordes doubles, donc assez proche de la guitare à douze cordes d'aujourd'hui) ; violao.

C'est au XVII ème siècle que l'influence espagnole s'est le plus fait sentir. Les grandes maisons riches organisaient de nombreuses soirées musicales, important de ce fait la culture espagnole. C'est aussi une époque où l'on voit l'arrivée de nombreux Africains qui apportent leurs rythmes. C'est ainsi qu'au XVIII è siècle on rencontrera déjà de nombreuses formes typiquement brésiliennes au sein de la musique folklorique. Cette énorme synthèse musicale explosera au 19 è siècle avec des genres bien particuliers.

La modinha, une des premières pièces de musique populaire venant de la moda (chanson portugaise) ; c'est une chanson sentimentale qui passe dans le genre populaire vers 1830. A ce moment, les compositeurs brésiliens s'intéressèrent à ce genre de forme en introduisant la guitare à la place du piano ou du clavecin pour l'accompagnement.

La maxixe venant de la polka européenne, la maxixe est une des premières danses afro-brésiliennes que l'on trouve.

La choro, un genre de musique où la guitare va prendre son essor ; venu du verbe chorar, qui veut dire pleurer, il est d'un rythme calme, généralement interprété par un groupe de musiciens, les choroes. Le rôle de la guitare est très important dans le choro car son accompagnement est généralement sous la forme d'un contrepoint très mélodique et virtuose à la fois.

Le chorinho d'un rythme plus rapide et bucolique, il reste dans la lignée de son frère, le choro.

Le baiao typique du Nordeste, cette danse trouve son origine dans des interludes guitaristiques que les chanteurs utilisaient pour faire preuve de leurs talents oratoires et poétiques.

LE PHENOMENE BOSSA-NOVA

La musique brésilienne a traversé de nombreuses phases d'évolution et la guitare en a souvent été directement influencée. Pourtant, une de ces dernières phases devait marquer à jamais le phénomène musical brésilien. Vers la fin des années vingt, certains courants nouveaux, dus à l'arrivée d'une génération de musiciens très talentueux, devinrent d'une importance capitale. C'est au départ un phénomène d'amateurs.

Il est impossible de donner une date à la naissance de ce nouveau courant musical car la bossa-nova surgit d'une longue période de gestation et de maturation. A l'origine de l'essor de ce mouvement, on trouve l'activité des boites de nuit. Vers les années cinquante, une nouvelle façon de chanter et de jouer se fit jour. L'influence portugaise et celle africaine se firent sentir dès les premiers accords de guitare. C'est la musique populaire des Etats Unis qui a eu le dessus, dans ce sens que la forme elle-même du jazz n'a de commun avec la bossa que le cheminement harmonique. La bossa-nova devait souffrir plus tard des phénomènes pop et rock.

Le premier nom qui vient à l'esprit est celui de Baden Powell. Pourtant il n'est qu'un des nombreux interprètes de cette musique. Il ne faut pas oublier Luiz Bonfà, ni Joào Gilberto ainsi que Edu Lobo et Toquinho.

Pour terminer, trois piliers de la guitare brésilienne : Heitor Villa-Lobos (1887-1961) qui reste incontestablement un des grands compositeurs pour la guitare, Baden Powell, compositeur de grand talent, et Egberto Gismonti, chef de file de la nouvelle génération de guitaristes et compositeurs au Brésil.

La guitare a su incontestablement s'épanouir au Brésil. Elle est aujourd'hui l'instrument de la vie de tous les jours dans ce pays. Si elle atteint de nos jours des niveaux très érudits et sophistiqués, elle n'a jamais oublié qu'elle est au départ un instrument populaire.

00:05 Publié dans guitare | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : Culture, musique, guitare

Commentaires

c'est la super note !!! quelle érudition !!
je viens d'apprendre des tas de choses ...
je te remercie ...pourquoi ne mets tu pas qelques jolies notes de guitare sur cette note si savante ??
à bientôt..

Écrit par : bernard | jeudi, 18 janvier 2007

Ah la bossa .... et les brésiliennes sont si belles .... et les brésiliens jouent si bien avec un ballon de foot !

Écrit par : gil | jeudi, 18 janvier 2007

Ca me fait penser à mon visiteur brésilien l'autre jour...

Écrit par : laura | jeudi, 18 janvier 2007

Marie Christine et Bernard : je n'ai pas le temps pour l'instant de préparer un morceau de musique brésilienne car cela fait 7 ans que je n'ai pas travaillé ce genre de morceau. Mais, peut être que dans quelque temps je vous en ferai écouter un, quand je serai prête musicalement.
Laura et Gil : merci pour vos commentaires.
Il y aura d'autres notes sur le thème de la guitare prochainement.

Écrit par : elisabeth | jeudi, 18 janvier 2007

Très interessant article.
On pourrait rajouter dans les instruments à cordes le cavaquinho, petite guitare se rapprochant un peu du bouzouki et de la balalaika très utilisée dans les choros... Comme autres compositeurs "historiques" citons aussi Ernesto Nazareth, le roi du choro et Pixinguinha qui avec "Carinhoso" a résumé toute les qualités de cette musique.
La musique du Nordeste, plus rugueuse et campagnarde mérite également l' attention des plus curieux.

Disque très interessant pour vous je pense: Hamilton de Hollanda qui joue lui, de la mandoline avec une fougue toute appréciable.

Merci enfin de parler de Baden Powell, aujourd' hui disparu. Jose Barrense Dias très bon guitariste évolue lui aussi un peu dans le même registre.

NB: je ne veux pas faire de pub, mais sur mon blog, vous trouverez des extraits des Sublimes Afro-Sambas de Baden Powell ainsi que de Siba, enthousiasmant métissage de fanfare et de mélodies brésilienne qui sont dans un style un peu plus "binaire" et moins syncopé que les bossa et autres.

Bonne continuation et surtout bonne guitare !

Écrit par : disch | jeudi, 18 janvier 2007

Merci disch, les morceaux que tu cites sont archivés en septembre 2006 sur ton blog, je dis cela pour ceux qui veulent écouter.

Écrit par : elisabeth | jeudi, 18 janvier 2007

J'ai eu, il y a quelques temps un visiteur brésilien sur mon blog....

Écrit par : laura | jeudi, 18 janvier 2007

C'est bien Laura, tu peux savoir de quel pays sont tes visiteurs. Moi, je ne sais pas comment je pourrais savoir qui vient d'un autre pays. A part Mamiejessy...

Écrit par : elisabeth | jeudi, 18 janvier 2007

Une explication tout en musique (j'arrive à entendre une guitare qui murmure un air nostalgique)... Merci Elisabeth.
ps: je rejoins Bernard.... quelques notes de guitare en accompagnement seraient un régal.
Bien à toi.

Écrit par : Ambroise | jeudi, 18 janvier 2007

j'aime les musiques bresiliennes!!!merci pour cette note tres instructive
bizz

Écrit par : monette | jeudi, 18 janvier 2007

Où est Mamie Jessy?
Si tu vas sur le blog de ton visiteur, tu peux savoir où il vit...
Ce fut mon cas.
Sinon, Titag te donne l'origine de tes visiteurs.

Écrit par : laura | vendredi, 19 janvier 2007

Laura : Mamie Jessy vit au Canada... Voir lien Psychologie, bien être

Écrit par : elisabeth | vendredi, 19 janvier 2007

bravo pour cette page et tout l'interet que tu porte au brésil je me permet de signaler ctte page que j'ai consacré à la guitare dans la bossa nova

http://perso.orange.fr/bass.batterie.guitar/index-100-guitare.html

cordialement
jean marc

Écrit par : jean marc | dimanche, 21 janvier 2007

Jean Marc : je te remercie et je suis allée le visiter. Je travaille actuellement deux morceaux du Brésil : un choros et un morceau de Roland DYENS (rue d'Ipamena). Peut être serais-je capable de le mettre en ligne ici quand je serai au point ?.

Écrit par : elisabeth | lundi, 22 janvier 2007

Bonjour et merci beaucoup pour cet article, ça donne des idées pour les fêtes de fin d'année. Bossa nova peut être une très bonne idée de fond musical lorsqu'on reçoit des invités, c'est très douce et agréable.

Écrit par : Yves | vendredi, 13 décembre 2013

Yves : merci de votre passage et de votre commentaire. J'aime beaucoup la bossa nova. Bon week end.

Écrit par : elisabeth | samedi, 14 décembre 2013

Les commentaires sont fermés.