jeudi, 07 juin 2007
NATACHA
Natacha aime les jours de pluie
Aujourd'hui elle attend son enfant
Qu'elle a eu à plus de trente ans
Il vit chez son père à la ville
Aujourd'hui elle file,
S'agite sous son parapluie.
Acheter le plus beau des cadeaux
Pour lui ce n'est jamais trop beau.
Elle n'a pas réussi dans la vie,
Un chien pour seule compagnie.
Aujourd'hui elle file.
Elle a les yeux qui brillent,
Un fils pour seul horizon.
Natacha aujourd'hui perd la raison.
14:30 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : poème, poésie, écriture, journal intime
mardi, 05 juin 2007
EN CHEMIN
Je vais chez ma grand-mère, je regarde les vitrines des magasins et les différents commerces qui se succèdent dans la rue principale.
Après avoir traversé le pont du canal, le "Bar de la Marine" peint en bleu foncé accueille les jeunes lycéens qui se détendent autour d'un verre ou les ouvriers de la céramique à la sortie de leur travail.
Un magasin de disques et de matériel électroménager, tenu par un ami de mon père, présente ses nouveautés. Des affiches publicitaires variées garnissent les murs à l'intérieur et la vitrine. Derrière son comptoir, le commerçant conseille une cliente. Je me souviens avoir gardé quelques heures le magasin pendant l'absence brève de cet ami de mon père. Je n'avais pas l'habitude et je me demandais comment j'allais faire face à la clientèle. Heureusement pour moi, le seul client qui s'était présenté avait demandé un renseignement sur un disque, un 45 tours, qui n'était pas encore sorti. J'ai pu ce jour là m'en sortir très bien.
L'Hôtel avec sa grande salle au rez de chaussée et son bar où l'on peut entendre les rires des joueurs de cartes, anime ce quartier. La fumée emplit le bar mais ne gêne personne. Quand je passe devant, je regarde à chaque fois à l'intérieur pour essayer d'apercevoir mon grand père tirant les cartes avec ses copains. Il y passe quelquefois l'après-midi, les jours où il ne va pas à la pêche. Il prend alors son solex, met son béret sur la tête, et part se distraire un peu.
A la suite de l'Hôtel, la boucherie où je ne suis jamais entrée me semble bien petite. Quelquefois, le boucher se tient devant sa porte. Il porte un tablier blanc tâché de sang sur son ventre rebondi et regarde les passants en attendant les clients. Je lui dis bonjour timidement. Je sais que ma grand mère se sert chez lui.
Mais ce que j'aime le plus c'est la mercerie. Les deux vitrines qui se trouvent de chaque côté de la porte d'entrée offrent un étalage varié et renouvelé toutes les semaines. Je me rappelle y être entrée avec maman qui cherchait du fil à coudre. On y trouve des canevas, des fils de toutes les couleurs, de toutes les grosseurs, des napperons à faire soi-même, des aiguilles à tricoter, des foulards, des ceintures, des sous-vêtements. Même si la mercerie est étroite, les étagères qui montent jusqu'au plafond contiennent tout ce qui fait le bonheur des dames.
Après la mercerie, il me faut tourner la rue et je retrouve des maisons alignées jusqu'à la rue à angle droit où se tient une épicerie.
Il faut monter quelques marches pour y accéder. Le plancher craque quand on entre. Il fait assez sombre. Mais tout est en ordre sur les étagères et dans les cagettes. Les senteurs des fruits lui donnent tout son charme. L'épicière est assez âgée et ma grand mère aime lui raconter un peu sa vie.
Je poursuis ensuite mon chemin et je m'éloigne de tous les commerces de la ville. La rue n'est plus ouverte que sur des maisons, des jardins ainsi que des hangars d'usine. C'est là qu'habitent mes grand-parents.
07:55 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Ecriture, journal intime
mercredi, 30 mai 2007
EN TROIS SAISONS
J'ai jeté l'ancre un jour de printemps,
Nous avons depuis caressé le temps.
Nous nous sommes unis au coeur de l'été,
Dans les champs murissaient les blés.
Un jour d'automne je me suis liée à toi,
Tu as enfilé la bague à mon doigt.
22:45 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : poésie, poème, écriture, journal intime
lundi, 28 mai 2007
DEUX MUSICIENNES
Dans notre chambre, ma soeur et moi, nous nous retrouvons quelquefois pour nous détendre. Et pour soulager notre maman. Ma soeur me dit de prendre ma flûte et mon livre de solfège. Elle fait de même. Par chance, nous avons le même livre car nous fréquentons le même collège et avons de ce fait le même professeur de solfège. Nous choisissons un morceau à deux voix. Elle me demande de jouer la première voix pendant qu'elle joue la deuxième.
Elle bat la mesure avec sa tête. Comme le morceau n'est pas long, nous réussissons à le terminer à l'unisson.
Les cours de solfège avec notre professeur se déroulent avec les moyens de l'époque, ceux des années 60.
Il nous apprend à déchiffrer une partition en chantant et nous suivons sur notre manuel. Un autre jour, il apporte sa chaine Hifi et quelques disques et nous fait écouter de la musique classique. Il nous dicte ensuite son cours que nous recopions sur un cahier réservé exclusivement au solfège. Nous faisons ainsi connaissance de Bach, de Mozart, de Beethoven, de leur vie, de leurs oeuvres. Nous apprenons à nous servir d'un instrument : le pipeau, très facile à transporter dans le cartable et pas cher.
Heureusement nous n'avons pas à chanter en solo en classe. Car il n'est pas donné à tout le monde de chanter juste.
Revenue à la maison, ma soeur aînée me demande de reprendre une chanson apprise en cours. Vous devez vous rappeler de celle-ci : "Colchiques dans les prés, fleurissent, fleurissent, colchiques dans les prés, c'est la fin de l'été. La feuille d'automne emportée par le vent....". Mais un vent nouveau est alors arrivé par les ondes radios les mois suivants... et les colchiques ont été emportés par le vent.
23:10 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : Ecriture, journal intime
vendredi, 25 mai 2007
OH ! SOLEIL !
Oh ! Soleil ! arrête ta vigueur
Il n'est pas encore l'heure
De céder à la paresse
Quand tu tiens tes promesses.
Un léger voile nuageux
Pour soulager le besogneux
Même si la voilure t'irrite,
Voilà ce que tu mérites.
Avec ton regard suffisant
Accepte tous ces présents,
Ces chants impénétrables
De la nature redevable.
07:30 Publié dans Mes poèmes | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : poésie, poème, écriture, journal intime
jeudi, 24 mai 2007
LA CHAINE DES POETES
Transmise par JOS à LAURA, la chaîne des poètes consiste à "présenter le texte poétique qui vous a le plus marqué, fait le plus frissonner".
Voici donc le mien :
X
Quinze longs jours encore et plus de six semaines
Déjà ! Certes, parmi les angoisses humaines,
La plus dolente angoisse est celle d'être loin,
On s'écrit, on se dit que l'on s'aime ; on a soin
D'évoquer chaque jour la voix, les yeux, le geste
De l'être en qui l'on met son bonheur, et l'on reste
Des heures à causer tout seul avec l'absent.
Mais tout ce que l'on pense et tout ce que l'on sent
Et tout ce dont on parle avec l'absent, persiste
A demeurer blafard et fidèlement triste.
Oh ! l'absence le moins clément de tous les maux !
Se consoler avec des phrases et des mots,
Puiser dans l'infini morose des pensées
De quoi vous rafraîchir, espérances lassées,
Et n'en rien remonter que de fade et d'amer !
Puis voici, pénétrant et froid comme le fer,
Plus rapide que les oiseaux et que les balles
Et que le vent du sud en mer et ses rafales
Et portant sur sa pointe aiguë un fin poison,
Voici venir, pareil aux flèches, le soupçon
Décroché par le Doute impur et lamentable.
Est-ce bien vrai ? Tandis qu'accoudé sur ma table
Je lis sa lettre avec des larmes dans les yeux,
Sa lettre, où s'étale un aveu délicieux,
N'est-elle pas alors distraite en d'autres choses ?
Qui sait ? Pendant qu'ici pour moi lents et moroses
Coulent les jours, ainsi qu'un fleuve au bord flétri,
Peut-être que sa lèvre innocente a souri ?
Peut-être qu'elle est très joyeuse et qu'elle oublie ?
Et je relis sa lettre avec mélancolie.
(Paul VERLAINE - La bonne chanson - 1871) Le livre de poche classique - 4ème trimestre 1963
10:50 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Culture, poésie, poème, écriture, journal intime
mercredi, 23 mai 2007
L'ECLUSE
Au bout du boulevard s'étend le canal où je regarde passer les péniches qui s'en vont traverser le pays. Elles transportent leur matériel à livrer.
Je dois tourner vers la droite pour accéder au pont qui enjambe le canal.
La maison de l'éclusier est entourée de toutes ces manivelles qui servent à faire fonctionner l'écluse. Quand je passe près d'elle, j'aperçois de temps en temps cet homme qui veille au passage des péniches. Sa maison, construite au début des années 60, n'est pas très belle. Ce spectacle me rappelle certains livres de HERGE quand Tintin et le Capitaine sont sur le pont d'un navire. Mais ici, ce n'est pas le monde de la mer. Juste un canal qui fut construit entre la Sambre et l'Oise.
Je m'arrête sur le pont, juste au-dessus de l'écluse, et je regarde la péniche entrer et les lourdes portes se refermer derrière elle. Elle est emprisonnée maintenant. Son propriétaire attend sur le pont le signal, c'est à dire l'ouverture des portes au devant du bateau. J'entends l'éclusier lui parler pendant qu'il fait les manoeuvres. Le bruit de la chute de l'eau qui fait tomber le niveau à l'intérieur l'empêche de continuer à bavarder. La péniche doucement descend. Je reste là à regarder jusqu'à ce que les portes libèrent la péniche dont le moteur se remet à tourner à plus vive allure. D'un signe de la main, les deux hommes se disent "au revoir". Et le voyage peut continuer. Car le client attend sa livraison et il ne faut pas le décevoir.
10:45 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Ecriture, journal intime, culture
jeudi, 17 mai 2007
LES CRIS DU PASSE
Famille, j'ai besoin de vous
Pour oublier le désespoir.
Comme dans un miroir,
J'ai besoin de vous voir.
Tant de pas sur le trottoir
Qui frappent tout à coup.
Des passants qui s'empressent
Devant tant de richesses.
Déracinée, me voilà.
Je marche sur leurs pas.
Famille, j'ai besoin de vous
Ce n'est pas un cri de fou.
07:00 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : Poésie, poème, écriture, journal intime
mardi, 15 mai 2007
LA DROGUERIE
J'entre dans la droguerie avec maman.
La lourde porte en bois annonce notre arrivée car la petite cloche accrochée tout en haut est bousculée.
Ce qui frappe en entrant, c'est l'odeur de vernis, de peintures, de cires, le mélange de tout ce qui s'y vend.
Le droguiste nous accueille en lançant un bonjour un peu traînant. Il nous dévisage en abaissant ses petites lunettes.
Il porte une blouse grise et nous demande ce que nous désirons.
Maman a fait sa liste qu'elle débite aussitôt. Le droguiste la conseille pendant que je regarde les étagères qui grimpent jusqu'au plafond et la profondeur du magasin.
Il disparaît derrière une porte au fond de sa boutique tout en parlant. Il en revient avec un pot. C'est de la cire d'abeille que maman appliquera sur le bois de ses armoires.
Elle cherche également des pinceaux pour repeindre la grille du jardin. Elle ne sait quelle taille prendre. Là encore, le droguiste lui montre un choix en la conseillant.
Elle demande combien elle doit avec tous ses achats. En payant, ils parlent tous les deux du beau temps qui va nous permettre de refaire les peintures extérieures. Nous aiderons papa et maman pendant les grandes vacances. Ainsi, nous ne nous ennuierons pas. Nous gagnerons notre argent de poche qui permettra de nous acheter quelques disques ou livres.
07:45 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : Ecriture, journal intime
lundi, 07 mai 2007
BALADES DANS LA VILLE
J'aime me promener dans ma ville natale, aller de quartier en quartier, retrouver des instants enfouis au plus profond de moi. Je prends les petites rues, je tourne à droite ou à gauche, je fais une boucle et je reviens à l'endroit où je m'étais trouvée quelques instants auparavant. J'ai le coeur plein de souvenirs heureux. Des images défilent dans ma tête. Je me pose aussi quelques questions : pourquoi a-t-on élevé ce monument ? Ces maisons anciennes appartenaient à qui ? Appartiennent à qui maintenant ?
Ayant vu des photos anciennes de certains bâtiments, je peux en retracer l'histoire. Le souvenir de récits de mes grands parents ou mes parents me permettent de compléter le puzzle de leur vie.
L'histoire se perd dans le visage quotidien de ces murs. Je me retrouve à la maison à tourner les pages du livre retraçant la vie de cette petite ville où je suis née et où j'ai grandi.
15:00 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : écriture, journal intime, culture.